Réputé modéré, le mufti de Komotini évite d'unir des époux de moins de 15 ans, affirme-t-il, «mais cette fois il a fait une exception car il s'agissait pour les deux familles, tziganes, de sauver l'honneur» après le viol de la fillette.
Selon des sources de la minorité, les deux autres dignitaires locaux, tous nommés par l'État, sont eux encore moins regardants et marient des filles dès 12 ans et des garçons dès 14 comme la charia l'autorise.
La loi grecque fixe à 18 ans l'âge légal du mariage, même si, par exemple en cas de grossesse, la justice peut délivrer des exemptions, sans limite d'âge.
L'immense majorité des mariages grecs sont religieux, le passage à la mairie, facultatif, n'ayant été introduit qu'en 1981.
« Il n'y a pas de statistiques pour la minorité, mais vu le nombre de divorces traités par les muftis, cinq fois supérieurs à la moyenne du pays, on peut déduire que beaucoup de couples se sont formés trop tôt », a affirmé à l'AFP Iannis Ktistakis, professeur de droit à l'université de Thrace.
Prononcés eux aussi sur la base de la charia, ces divorces sont défavorables aux mères pour la garde des enfants, rappelle-t-il. Et même si en théorie, les membres de la minorité peuvent se tourner vers les tribunaux réguliers, en pratique, ces derniers ne remettent pas en cause les décisions des muftis.
Pour les associations féministes et les défenseurs de droits de l'homme, le statut des femmes de la minorité est depuis longtemps dénoncé comme scandaleux.
« Mais les autorités préfèrent fermer les yeux », le statut de la minorité, majoritairement de souche turque, étant considéré comme un dossier explosif des relations gréco-turques, s'indigne l'ex-député européenne et militante féministe Anna Karamanou.
Mariées à 12 ou 13 ans, en toute légalité, tel est le sort que connaissent depuis des années en Grèce des fillettes de la minorité musulmane de Thrace (nord-est), sans que l'État et l'opinion publique n'y trouvent à redire.
Cette violation des règles européennes de protection de l'enfance vient d'être illustrée par le cas extrême d'une fillette mariée à 11 ans en août dernier à un homme de 22 ans à Komotini, une des bourgades de Thrace où sont installés les quelque 100 000 membres de la minorité.
Saisi de l'affaire après l'émigration du couple en Allemagne, un tribunal de Düsseldorf a ordonné la séparation le 23 décembre dernier, placé l'enfant dans un foyer, et des poursuites sont envisagées contre «l'époux», a indiqué à l'AFP le député musulman Ilhan Ahmet, de la majorité conservatrice grecque.
«Le problème c'est que le mariage a été contracté en toute légalité», la Grèce reconnaissant aux trois muftis de Thrace, la compétence de juges pour traiter des affaires familiales de la minorité sur la base de la loi islamique, a-t-il souligné.
Réputé modéré, le mufti de Komotini évite d'unir des époux de moins de 15 ans, affirme-t-il, «mais cette fois il a fait une exception car il s'agissait pour les deux familles, tziganes, de sauver l'honneur» après le viol de la fillette.
Selon des sources de la minorité, les deux autres dignitaires locaux, tous nommés par l'État, sont eux encore moins regardants et marient des filles dès 12 ans et des garçons dès 14 comme la charia l'autorise.
La loi grecque fixe à 18 ans l'âge légal du mariage, même si, par exemple en cas de grossesse, la justice peut délivrer des exemptions, sans limite d'âge.
L'immense majorité des mariages grecs sont religieux, le passage à la mairie, facultatif, n'ayant été introduit qu'en 1981.
«Il n'y a pas de statistiques pour la minorité, mais vu le nombre de divorces traités par les muftis, cinq fois supérieurs à la moyenne du pays, on peut déduire que beaucoup de couples se sont formés trop tôt», a affirmé à l'AFP Iannis Ktistakis, professeur de droit à l'université de Thrace.
Prononcés eux aussi sur la base de la charia, ces divorces sont défavorables aux mères pour la garde des enfants, rappelle-t-il. Et même si en théorie, les membres de la minorité peuvent se tourner vers les tribunaux réguliers, en pratique, ces derniers ne remettent pas en cause les décisions des muftis.
Pour les associations féministes et les défenseurs de droits de l'homme, le statut des femmes de la minorité est depuis longtemps dénoncé comme scandaleux.
«Mais les autorités préfèrent fermer les yeux», le statut de la minorité, majoritairement de souche turque, étant considéré comme un dossier explosif des relations gréco-turques, s'indigne l'ex-député européenne et militante féministe Anna Karamanou.
À quelques exceptions près, les médias grecs n'ont pas consacré une ligne à l'histoire de la mariée de 11 ans.
En l'absence d'une prise en charge sociale efficace de l'enfance dans le pays, la communauté tzigane, très marginalisée, continue elle aussi de «marier» ses jeunes souvent avant 18 ans, selon une étude menée par l'Université de Ioannina en 1999.
Mais pour les tziganes chrétiens, et sauf à trouver un pope complaisant, les unions sont célébrées hors église, selon Maria Vassiliadou, une des auteurs de cette étude.
Pour la minorité, un progrès a quand même été enregistré en 2004 avec l'interdiction, recommandée par la Commission nationale des droits de l'homme, des «mariages par procuration», encore plus propices aux abus.
Jugeant que le droit national et européen doit l'emporter sur le statut de la minorité, défini par le Traité de Lausanne de 1923, il plaide pour une stricte limitation des compétences des muftis à leurs fonctions religieuses. Ou à défaut pour la possibilité pour les membres de la minorité de choisir entre justice musulmane ou régulière, une solution également prônée par M. Ahmet." Article publié par cyberpress Canada et repris par minorités.org
Christine Gamita,