"Association Trans Santé France FPATH – Thématiques 6/10 « Standards of Care Version 8 – WXPATH » - 7/10 : « Les parcours dans la durée » Université Lumière Lyon 2 : Berges du Rhône
Compte rendu du 2ème congrès TRANS-SANTE France / FPATH Ville de Lyon, 6 et 7 octobre 2022. - Compte-Rendu-Congres-TransSanteFrance-2022.pdf
L’Association Trans Santé France (TSF) représentée en particulier par le Dr Nicolas Morel-Journel, chirurgien urologue lyonnais, co-président, existe depuis 18 mois (co-présidente Béatrice Denaes). Elle est très introduite. Elle a rencontré à plusieurs reprises l’IGAS, la HAS ainsi que la CNAM. Nicolas Morel-Journel a été nommé co-président des travaux de l’IGAS pour les prochaines recommandations et il est chargé de présenter les personnes intéressées pour les travaux de la HAS. Le groupe de travail sera composé de 25 personnes dont 7 à 8 personnes concernées (trans) ainsi que des sociologues.
*IGAS : Inspection générale des affaires sociales / HAS : Haute Autorité de la Santé / CANAM : Caisse Nationale de l’Assurance Maladie.
Entre 2013 et 2022, le nombre de demandes d’ALD a été multiplié par 10. En 2002, il y avait 4 chirurgiens qui faisaient des vaginosplasties en France. Ils sont 30 chirurgiens aujourd’hui. Malgré cela, il y a des listes d’attente très longues. Un des buts de FTS et st de militer pour former plus de praticiens.
*ALD : Affection de Longue Durée (n°31 hors listes pour les personnes se disant transgenres)
> Idées clés exposées plusieurs fois pendant les 2 jours du congrès <
La détresse des personnes trans s’explique par les expériences de rejet social et de violence dont elles font l’objet –et donc pas par la transidentité elle-même). Le sentiment de détresse n’est pas de la responsabilité des personnes trans mais celle des tiers. Exemple donné : pour une étude de terrain sur les personnes trans financée par la DGS, le CPP a soulevé une objection car les assistants de recherche étaient recrutés parmi les personnes trans. Selon Marie de la Chenelière, c’est de la transphobie institutionnelle suscitant la détresse des personnes trans.
Être Trans n’est pas une pathologie en soi, les personnes trans peuvent avoir des difficultés psychiatriques comme tout le monde, ces difficultés ne peuvent constituer une contre indication au parcours de transition médicale. Si un majeur n’est pas en pleine capacité de donner son consentement, ce n’est pas un obstacle, puisque « le consentement n’est pas éclairé à 100% pour personne car nous n’avons pas de données aux long cours » Il faut permettre l’expression de genre quel que soit le contexte psychiatrique. En particulier, la schizophrénie ou l’autisme ont é été cités comme ne constituant nullement des obstacles au parcours de transition médicale.
Il faut mieux prendre en charge la non-binarité (définie dans les SOC 89 de la WPATH. Cela signifie notamment que dès qu’une personne non binaire formule « une demande pour une augmentation de sa satisfaction corporelle, les professionnels de santé doivent satisfaire ses besoin ou ses envies ». Pour cela, il faut notamment accéder aux demandes d’interventions médicales en l’absence e transition sociale de genre, accéder eaux demandes chirurgicales en l’absence de traitement hormonal (sauf si celui-ci est indispensable pour le traitement à, accéder aux demandes d’intervention imaginées par le patient. Aujourd’hui on peut presque tout faire. Le rôle des équipes médicales est de répondre à la demande des patients. « Nous sommes l’expérience, il faut continuer » (encouragement donné par une personne trans dans la salle).
*SOC8 : Standards Of Care 8 de la WPATH (World Professional Association For Transgender Health)
Dans le SOC8, il n’y a plus de limite d’âge fixée pour les adolescents (la limite de 14 ans envisagée a été rejetée). Il suffit que l’ »adolescent ait une maturité suffisante. L’enfance s’arrête au stade pré-pubertaire. Le blocage de la puberté peut être fait dès l’âge de 8 ou 9 ans (La Dre Laetitia Martinerie a confirmé l’avoir déjà fait) au démarrage de la puberté. L’hormonothérapie doit normalement durer 12 mois avant la chirurgie mais ce délai n’set pas nécessairement respecté en France. Les hormones croisées en France peuvent être données avant 16 ans, surtout pour les enfants déjà suivis depuis 9-10 ans.
*Dre Laetitia Martinerie, pédiatre, hôpital Robert-Debré – APP-HP Paris.
Si l’adolescent n’est pas capable d’exprimer valablement son consentement –troubles psychiatriques altérant sa faculté de discernement) mais que ses parents sont d’accord avec les bloqueurs et les hormones, alors le parcours de transition médicale peut être mis e »n œuvre. Si les parents sont en désaccord, on peut saisir le juge. Il faut songer à utiliser les dispositions du Code de la Santé publique qui permettent de en pas informer les parents à la demande de l’enfant –ici intervention du Dr Jean Chambry qui indique que le juge a toujours refusé pour les jeunes de moins de 16 ans en estimant qu’il n’y avait pas de risque vital, ce qui signifie donc que son équipe a déjà essayé de by-passer l’opposition parentale.
*Dr Jean Chambry, président de la Société Française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, chef de pôle 7ème arrondissement (Secteur Adulte 75G04 – Infanto-juvénile 75109) au sein du GHU Paris psychiatrie & neurosciences.
Ce qui compte, ce n’est pas l’expression de genre mais le déclaratif de l’enfant. C’est la stigmatisation sont son victimes les enfants trans qui entrainent troubles psy et stratégies d’auto-confirmation.
Pour les enfants, la transition sociale doit être mise en œuvre à leur demande. Il faut l’imposer aux établissements scolaires : faire appel à la Crip si les parents sont toxiques, aiguiller les jeunes vers le Refuge, saisir le délégué à l’égalité de chaque académie, saisir le rectorat, investir la journée du 17 mai et s’appuyer sur la pair-aidance : intervention des associations en milieu scolaire pour informer ou intervenir auprès des directeurs/proviseurs d’établissement privé pour qu’ils accèdent à la demande.
Intervention de la Dre Laetitia Martinerie : à Robert Debré, selon son graphique, en 2021 40-45% de Mt et 55-60% de FtM. Tendance semble être la même pour 2022. Elle a proposé aux participants au congrès de réfléchir à un cas clinique exposé 15 jours auparavant lords d’un autre congrès à Amsterdam : un jeune garçon suivi à partir de 8 ans mis sous bloqueur à 15 ans au stade 3 de Tanneur et qui depuis refus les œstrogènes car il ne veut pas de développement mammaire. Il a maintenant 17 ans et les examens montre une déminéralisation osseuse ; Question : peut-on continuer les bloqueurs (que veut le garçon car il ne veut pas développer de caractéristiques sexuelles secondaires de son sexe) sans hormones croisées dont le garçon ne veut pas ou doit-on stopper le traitement ?
FtM : Femme vers Homme / MtF : Homme vers Femme
Sa réponse : la densité osseuse devrait être comparée non pas avec celle des garçons de sa classe d’âge, mais celle du sexe opposé… Il faut continuer l e traitement en donnant un traitement ostéoprotecteur.
Sur les conséquences neuro-développementales, elle a répondu qu’elle reçoit en consultation des personnes dont les gonades ne fonctionnent pas et qu’elle ne constate pas de retard scolaire ou autre (sous-entendu, elle ne voit pas pourquoi il n’en serait pas de même avec les bloqueurs).
Elle répond la demande des patients : ainsi elle a eu un patient qui voulait des œstrogènes alors qu’il avait un risque génétique de thrombose. Elle lui a donné avec des anticoagulants.
Pour la responsabilité, elle a exposé qu’elle insistait sur le fait qu’il s’agissait d’une décision dont la responsabilité était partagée (avec le mineur et ses parents et qu’elle le faisait écrire au patient mineur et à ses parents (pour se protéger au maximum. C’est au jeune de peser le pour et le contre du traitement.
>Quelques réalités formulées quand même<
Défaut d’information reconnu sur l’impact sur la sexualité : « pour de jeunes adultes, cela a été un choc, une fois affirmés, de se rendre compte que les traitements avaient un impact sur leur sexualité.
Transmission du VIH active chez les femmes trans : prévalence moyenne 19,1% (27% si femme trans en situation de prostitution ; 15% si pas en situation de prostitution).
Mortalité d’origine cardio-vasculaire 3 fois plus élevée chez les femmes trans.
Population personnes trans en consultation à Lille : sur une population de 400 personnes trans suivies de mai à2018 à mai 2022, il y avait moitié homme trans, moitié femmes trans. Les hommes trans étaient plus jeunes, 50% d’entre eux étaient mineurs, 30 à 40% avaient moins de 16 ans.
>Prochaines étapes<
Obtenir des recommandations de l’IGAS et de la HAS conformes aux SOC8.
Faire disparaître le syntagme « incongruence de genre » pour le remplacer par « variance de genre ».
Poursuivre le travail pour pouvoir classifier (condition nécessaire pour avoir accès aux remboursements en sortant de tout diagnostic.
Obtenir la reconnaissance du savoir « expérimentiel » comme professionnalisant : un DU à Lyon et 3 licences à Paris XIII et Bordeaux (autre concept : celui de pair-aidance).
Former les médecins pour que tout médecin recevant un enfant lui parle de transidentité dans son cabinet – démarche active sans attendre que l’enfant lui en parle) et informe l’enfant et sa famille sur les variations possibles, puisque tout médecin soit capable de coordonner la trajectoire de transition.
Formation des professionnels aux psychothérapies transaffirmatives pour favoriser l’expression du genre ressenti puis sa réalisation.
Adoption d’une loi reprenant la circulaire Blanquer : obligation d’utiliser le prénom et pronom choisi par le mineur, y compris en cas d’opposition des parents.
Supprimer les mentions du sexe sur les documents d’identité –à plus long terme, les politiques n’étant psis prêts).