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24/05/25

Tunnels armés

 Fiche synthétique
Archéologie, écologie, droit

"Métro de Gaza" - 700 km de QG* de jihâd terroriste

Capture d'écran de Honest reporting https://tunnels.honestreporting.com/p/1

*QG - Quartiere Général

Depuis la seconde guerre mondiale, l'archéologie et l'UNESCO ont conquis nombre de nouveaux espaces de recherche er découvertes. Cependant, cette vigilance scientifique et culturelle a été suspendue dans les zones investies par le Jihad, en Irak, Syrie, ou en ce qui concerne la région de Gaza.

L'impérialisme religieux terroriste et son jihad ont mis les bouchées doubles en Asie et mis a mal des sites exceptionnels (ex. Bouddhas de Bâmiyân, vestiges néoassyriens) et d'autres moins marquants. Ainsi, bien que n'étant que rarement présentés sous cet angle, c'est aussi le cas hautement destructif du creusement de tunnels avec les fonds de l'aide internationale à Gaza ou au Liban. Nous n'examinerons ici leur impact que concernant le "métro de Gaza".

Actuels usages des tunnels

Principalement masculins, et deux cas très particuliers où y séjournent des femmes 

- civils combattants antisémites, constitués en milices armées des factions jihadistes (12 connues)
 
- caches familiales de hauts dignitaires jihadistes, comme celle de Yahia Sinwar 

- protégés par certains otages israéliens qui y sont emprisonnés.

Ceux-ci sont utilisés en bouclier et garantie de troc humain depuis le 7 octobre 2023, dont des Israéliennes mineures (80 des 251 enlèvements terroristes étant de sexe féminin ou mineurs, dont la plus jeune âgée de16 ans et le plus jeune de 8 mois). Certaines d'entre elles ont été troquées, des dépouilles ont été récupérées par l'armée israélienne, d'autres restituées -comme celles suppliciées de Shiri Bibas et ses deux enfants en bas âge, Ariel et Kfir, les plus jeunes otages-, certaines toujours retenues par Gaza.

Cadre général et genèse historique

Tunnels souterrains antiques dans le Croissant fertile et en Égypte

Ce tableau recense les tunnels attestés dans l’Antiquité pour des usages techniques, religieux ou militaires, mais pas spécifiquement pour la contrebande, qui n'est pas documentée sous forme souterraine à cette époque.

Nom du tunnelLocalisationDatation approximativeFonction principaleCommentaire
Tunnel d'ÉzéchiasJérusalemvers 700 av. E. C.Acheminement d’eauLong tunnel creusé pour relier la source du Gihon à l’intérieur de la ville, pour résister à un siège.
Qanats persesIran, puis Syrie, IrakDès le 1er millénaire av. E. C.Irrigation souterraineRéseaux souterrains pour conduire l’eau à travers les zones arides.
Hypogée des rois (tombeaux royaux)Thèbes (Égypte)Nouvel Empire (env. 1500–1000 av. E. C.)Sépultures royales souterrainesGaleries et chambres funéraires creusées dans la roche.
Tombe de CyrusPasargades, IranVIe siècle av. E. C.Sépulture royaleStructure surélevée avec possible chambre souterraine.
Galeries de TanisDelta du Nil (Égypte)XXe dynastie (~1200 av. E. C.)Sépultures royalesGaleries sous des temples, pour dissimuler et protéger les tombes.
Passages sous les muraillesAntioche, JérusalemHellenistique / romainÉvasion ou déplacement clandestin urbainUtilisés lors de sièges ou révoltes, notamment pendant la révolte juive contre Rome.
Catacombes d’AlexandrieAlexandrie (Égypte)Époque romaine (IIe siècle)Funéraire / cultuel / parfois abriRéseau souterrain complexe, jamais utilisé pour commerce.

Aucune source archéologique ou textuelle ne permet d'affirmer l’existence de tunnels organisés pour la contrebande dans l’Antiquité proche-orientale. Les tunnels existaient, mais à des fins religieuses, techniques ou militaires, jamais commerciales ou logistiques au sens clandestin moderne.

Origine moderne : premiers creusements années 1950, sous administration militaire égyptienne :

  • dans la zone de Rafah, ville divisée par la frontière avec le Sinaï,

  • pour contourner les restrictions militaires égyptiennes et acheminer discrètement armes, biens ou combattants fedayin vers Israël

  • Le corridor ou couloir de Gaza était tombé sous administration militaire égyptienne après la guerre arabo israélienne de 1948-49, en vertu des accords d'armistice (1949), qui en font la Bande de Gaza ;

  • Les frontières étaient militarisées sans relever d'un blocus économique ou logistique tel qu'on l'entend aujourd’hui 

  • Israël ne contrôlait aucun accès direct à Gaza avant la guerre des Six Jours (1967) ;

  • Des galeries rudimentaires sont creusées entre Rafah et le Sinaï égyptien pour 

    • contourner les restrictions militaires égyptiennes sur les mouvements de groupes fedayin opérant contre Israël,
    • discrètement armer des cellules locales sans engager directement le Caire dans des affrontements frontaux. Ces premiers tunnels, courts et non fortifiés, servaient à la contrebande tactique et aux infiltrations limitées, système qui sera multiplié et militarisé après les années 1990.
  • Ces tunnels constituent l’embryon historique du réseau souterrain développé après 1987 (intifada), puis surtout après le retrait israélien total de Gaza en 2005 et la prise du pouvoir par le Hamas en 2007.

➤ Évolution pendant et entre les conflits

-huit guerres déclarées à Israël : 1948-1949, Suez 1956, Six Jours 1967, et durant 1967, Kippour 1973, Liban 1982, Liban 2006, Gaza 2023-

  • Après 1967 (guerre des Six Jours, suite à un acte de guerre de blocus, aux propos bellicistes de dirigeants arabes et à la mobilisation des armées arabes, Israël riposte par attaque aérienne et terrestre le 5 juin 1967 contre l'Égypte), Gaza passe sous contrôle israélien. Les tunnels anciens deviennent obsolètes ou sont détruits.

  • Reprise ponctuelle des creusements pendant la Première Intifada (1987–1993, "guerre des pierres" - 6 décembre 1987, un officier israélien assassiné à Gaza, 8 décembre, un camion israélien percute une voiture palestinienne, trois morts et des blessés graves, l'émeute cautionnée par OLP et CNU -soit FDLP, Fatah, le FPLP et PCP- Arrêt des hostilités 1989 suivi de La conférence de Madrid d’octobre 1991 et les accords de paix d’Oslo du 13 septembre 1993 considérés comme y mettant fin).

  • À partir de 2006–2007, après le retrait israélien total de 2005 et la prise du pouvoir par le Hamas, le réseau souterrain devient une infrastructure stratégique majeure, surnommée plus tard « métro de Gaza » (notamment après 2014).

  • Le Hamas, administrateur élu de la bande autonome, a dépensé un milliard de dollars en 15 ans pour ces tunnels, chacun coûtant 3 millions de dollars et nécessitant 350 camions de matériaux, dont du béton turc détourné des constructions civiles. 

Impacts écologiques directs de la construction

1. Perturbation des nappes phréatiques

  • Pompage anarchique pour l’excavation des galeries → abaissement du niveau de la nappe côtière.

  • Salinisation progressive par intrusion marine.

  • Contamination des puits civils anciens, notamment à Rafah et Khan Younès.

2. Érosion et instabilité des sols

  • Sols sablonneux, peu cohérents, propices aux effondrements.

  • Absence d’étayage dans de nombreuses sections → risques structurels sous les quartiers civils.

3. Extraction désorganisée de matériaux

  • Prélèvement illégal de sables dunaires, ciment, tôles, ferraille.

  • Utilisation fréquente de matériaux recyclés sur ruines civiles (post-frappes), aggravant la pénurie en ressources constructives.


Effets liés à l’emploi armé et aux frappes

4. Frappes ciblées et dommages secondaires

  • Bombardements aériens de galeries → effondrements en cascade, cratères larges, ruptures de canalisations.

  • Pollution accidentelle des eaux, relargage de matériaux inertes ou toxiques (PVC brûlé, câbles, batteries).

5. Incendies souterrains de composants toxiques

  • Combustion d’explosifs, carburants, câblage → émission de gaz (dioxines, furanes, acides chlorés).

  • Exposition indirecte de la population dans les zones denses (Zeitoun, Shuja’iyya).


Contamination souterraine prolongée

6. Déchets militaires enfouis

  • Restes de projectiles, ogives, composants chimiques, batteries lithium, hydrocarbures.

  • Infiltration progressive dans le sol → contamination à long terme de nappes et zones agricoles.

7. Eaux stagnantes insalubres

  • Absence de drainage → accumulation d’eaux croupies dans les galeries inutilisées ou effondrées.

  • Risques de transmission hydrique (typhoïde, leptospirose, choléra).


Conséquences structurelles sur le tissu civil

8. Ponction sur les ressources de construction

  • Réorientation massive de ciment humanitaire vers les tunnels (constaté par ONU dès 2010).

  • Fragilisation des infrastructures civiles : hôpitaux, écoles, logements inachevés ou instables.

9. Obstruction du développement futur

  • Saturation du sous-sol empêche :

    • implantation de réseaux d’assainissement modernes,

    • développement de transports souterrains civils,

    • sécurité géotechnique des nouvelles constructions.


Chronologie militaire illustrée

DateZoneIncident souterrainRépercussion écologique
1955-1956RafahPremiers tunnels rudimentaires sous contrôle égyptienContournement tactique, début de perturbation locale des nappes
2009RafahFrappes israéliennes sur galeries de contrebandeCratères, pollution de puits
2014Shuja’iyyaDestruction de tunnels tactiquesÉcroulements d’habitations, rupture de réseau d'égout
2021Khan YounèsExplosion d’un dépôt souterrainRejets chimiques en surface
2023ZeitounInondation de galeries abandonnéesContamination de nappe phréatique

Conclusion militaire

Le réseau de tunnels de Gaza, amorcé sous contrôle égyptien dans les années 1950 comme outil clandestin de contournement, est devenu un système stratégique de guerrilla urbaine et suburbaine.

Ses conséquences écologiques sont profondes, multiformes et durablement délétères :

  • Altération des sols et des eaux,

  • Obstacle à la reconstruction,

  • Pollution résiduelle permanente.

À ce titre, il représente un facteur d’effondrement structurel lent du territoire civil.


🏛️ Écologie culturelle : risques pour les vestiges archéologiques souterrains

10. Destruction ou contamination de sites antiques

  • La bande de Gaza est stratégiquement positionnée sur l’ancien corridor syro-égyptien, peuplé depuis l’âge du bronze.

  • Plusieurs strates urbaines enfouies sous les quartiers modernes (Tell es-Sakan, Tell al-Ajjul, zone de Rafah, sud de Gaza ville).

  • Le creusement non documenté de centaines de kilomètres de galeries a :

    • traversé des couches archéologiques fragiles,

    • endommagé des structures funéraires, citernes, fondations antiques.

11. Absence totale de suivi patrimonial

  • Aucun relevé, aucune fouille préventive, aucun repérage n’est conduit avant le percement.

  • Les vestiges sont soit détruits, soit volés, soit coulés sous béton sans enregistrement.

12. Risque d’irréversibilité patrimoniale

  • Les galeries postérieures à 2007 passent parfois sous ou à travers des sites signalés par les missions anciennes (Palestine Exploration Fund, années 1930).

  • Ces atteintes ne sont pas documentées dans la littérature archéologique contemporaine faute d’accès.

13. Pollution culturelle

  • Des déchets militaires ou composants toxiques infiltrés dans les couches antiques rendent les fouilles futures hasardeuses ou impossibles.

  • Risque de stérilisation patrimoniale : impossibilité de reconstituer les occupations passées du site.

FOCUS 2023/2025 - "Métro" de Gaza

"Au cours des deux dernières décennies, le Hamas a construit un vaste réseau de tunnels souterrains sous Gaza, long de 560 à 720 kilomètres . Cette carte n'en montre qu'une fraction. Longueur des tunnels Cartographié : 60 km | Simulé : 582 km
Source des totaux du tunnel
Plus de 5 700 puits d'entrée ont été intégrés dans des maisons, des écoles, des mosquées et des hôpitaux. Consultez la légende pour comprendre comment les infrastructures civiles ont été militarisées." https://tunnels.honestreporting.com/p/1
Reuters précisent certains éléments sur le sol https://www.reuters.com/graphics/ISRAEL-PALESTINIANS/GAZA-TUNNELS/

Données additionnelles

Dans les tunnels modernes utilisés à Gaza par les milices paramilitaires jihadistes et terroristes contre les civils israéliens ou multinationaux, même musulmans ou arabes et leurs employés de toutes nationalités :

  • Aucun usage féminin structuré n'est documenté : les tunnels sont exclusivement occupés et utilisés par des hommes combattants, à l’exception de rares caches familiales réservées aux chefs.

  • Ces tunnels ont servi à détenir dans des conditions inhumaines des otages israéliens, dont des femmes et des mineurs. Ces otages sont utilisés comme boucliers humains ou comme garanties d’échange contre des prisonniers palestiniens incarcérés en Israël pour actes de terrorisme.

  • Ils n'ont pas seulement servi mais servent encore à détenir inhumainement et sans accès du Comité international de la Croix-Rouge, en violation grave de la IVe Convention de Genève (art. 126).

Parmi les 253 otages recensés après les attaques du 7 octobre 2023, environ 36 femmes (la plus jeune de 16 ans) et 32 enfants ou adolescents (moins de 18 ans les plus jeunes étant les Bibas) ont été identifiés, dont beaucoup ont été transférés dans les tunnels.

Plusieurs sources indépendantes attestent des mauvais traitements :

Recours opérationnels et juridiques

Il est connu que les combattre reste des plus que malaisé et cela mériterait un long article, que nous éviterons ici. Selon la chaîne al djazeera,
"L'Égypte aurait déversé des eaux usées dans les tunnels de contrebande en provenance de Gaza." cf Analyse : Comment Israël pourrait-il trouver, cartographier, prendre et conserver les tunnels de Gaza ?

Enjeux juridiques liés à la guérilla urbaine dans la bande de Gaza

La guérilla urbaine pratiquée par les milices jihadistes dans la bande de Gaza soulève d’importantes questions de droit international humanitaire (DIH) et de droit des conflits armés (DCA), dont seul Gaza est ouvertement coupable :

  • Distinction combattants/civils : Le DIH exige que les parties au conflit distinguent en tout temps les civils des combattants. Le camouflage des combattants parmi la population civile constitue une violation grave, exposant les civils à des risques accrus.

  • Protection des otages : La détention d’otages, notamment de femmes et d’enfants, dans des conditions inhumaines dans des tunnels, et le refus d’accès au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), violent les articles 27 et 126 de la IVe Convention de Genève, qui protègent les personnes civiles et régulent la détention.

  • Usage des boucliers humains : Le recours à des civils ou otages comme boucliers humains est formellement interdit par les Conventions de Genève et constitue un crime de guerre

  • Respect des infrastructures civiles : Le DIH impose le respect des infrastructures civiles, or la transformation d’écoles, hôpitaux, et habitations en bases militaires ou tunnels souterrains à usage militaire contrevient à ces règles, accroissant le danger pour la population civile.

  • Responsabilité pénale : Ces violations peuvent engager la responsabilité pénale individuelle des dirigeants et combattants, notamment devant la Cour pénale internationale.

Références juridiques sur la guérilla urbaine et le droit international humanitaire

  1. Distinction entre civils et combattants

  2. Protection des personnes civiles et des otages

    • Articles 27 et 126 de la IVe Convention de Genève (1949) :
      Article 27 : Protection des personnes civiles contre les atteintes à leur dignité et à leur sécurité.
      Article 126 : Obligation d’assurer le respect de la Convention.

    • Texte officiel (français) :
      https://ihl-databases.icrc.org/ihl/fr/430

    • Prohibition de la détention illégale d’otages :
      Article 34 de la IVe Convention interdit la prise d’otages.

    • Texte officiel :
      https://ihl-databases.icrc.org/ihl/INTRO/380?OpenDocument

  3. Usage des boucliers humains

  4. Respect des infrastructures civiles

  5. Responsabilité pénale et Cour pénale internationale (CPI)

  6. Troc d’otages et traite humaine forcée à l'initiative des jihadistes

    Ces derniers misent sur les principes du judaïsme et de la judaïcité en général de respect de la vie et des défunts pour exercer le chantage initiant un troc humain.

    Le troc d’otages détenus dans les tunnels de Gaza, y compris des femmes et des mineurs, constitue une forme de traite humaine forcée. Ces personnes sont exploitées comme monnaie d’échange pour obtenir la libération de prisonniers palestiniens, en violation du droit international.

    L’Article 34 de la IVe Convention de Genève interdit strictement la prise d’otages (source). La Convention de Palerme (2000) condamne toute forme de traite des êtres humains, incluant ce type d’exploitation (source). Cette pratique viole aussi l’Article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui interdit l’esclavage et la servitude (source).

    Ainsi, le troc d’otages est une violation grave du droit international humanitaire et un crime contre la dignité humaine

  7. Torture et traitement des otages

    La torture et traitements dégradants des otages, prisonniers de guerre -conscrits israéliens et réservistes- ou civils non combattants est formellement interdite par le droit international humanitaire. Il a été noté le retour de plusieurs otages squelettiques, alors que leurs geôliers paraissent correctement alimentés.

    L’Article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 interdit les atteintes à la vie, à la personne, notamment la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradants envers toute personne privée de liberté dans un conflit armé non international (texte officiel).

    De même, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (1984) condamne strictement tout acte de torture.

    Les témoignages recueillis dans les tunnels de Gaza, confirmés par plusieurs enquêtes internationales, dénoncent des traitements inhumains infligés aux otages, ce qui constitue une violation grave des normes internationales et un crime de guerre.

    Christine Gamita
    Fiche revue, révisée et mise en forme IA Chat GPT 2025

 Merci d'avance pour vos commentaires, critiques ou compléments, ci-dessous.

21/05/24

Punitions collectives

 Fiche synthétique 
juridique, politique et historiographique


L'Egypte et l'article 23 de la Convention de Genève


Dans un tel cas catastrophique du kurban du 7 octobre 2023 et de la riposte annoncée, l'Egypte possédant une frontière de douze kilomètres avec la Bande de Gaza créée par occupation militaire de mai 1948 du corridor de Gaza (450 000 hab. mixtes env.), entérinée par les Accords de Rhodes, devait-elle l'ouvrir large, secondée par toutes institutions, organisations et diplomaties, tant au nom de la libre circulation des personnes que de l'article 23 de la Convention de Genève ? D'autant qu'il s'agit de guérilla urbaine, où tout type de bâtiments est utilisé par les factions jihadistes* retranchées, ce qui rend tout maintien civil non combattant particulièrement risqué.

Cette question mérite d'être posée puisque, au contraire, les prétextant dangereux fauteurs de troubles et les forçant à rester sur des terres, prétendues ancestrales par les propagandes impérialistes, anglicane et soviétique, entre autres, les Nations Unies et le lobby des associations internationales ont empêché qu'ils soient mis à l'abri, même temporairement pour raisons humanitaires avec leur encadrement et garantie. Il s'agit de plus de deux millions de Gazans, formés de Gazaouis et de non Gazaouis de statut spécifique de réfugiés héréditaires UNWRA à vie sur déclaration de deux ans de résidence ou travail sur le territoire mandataire jusqu'au 14 mai 1948. Si jamais qui que ce soit d'autre osait généraliser de la dangerosité d'une population, imaginez les hauts cris. Dans ce cas-ci précisément, cela serait excusable par la souveraineté du pays en paix, pourtant occupant de fait par intermittence depuis 1948, y ayant exilé régulièrement, à commencer par l'époque Anouar El Sadate, ses islamistes et Frères musulmans à partir de 1951. Tout le monde ferme les yeux sur l'Egypte, présentée en tampon de stabilité, qui n'ouvre parcimonieusement qu'un point d'entrée à ses voisins, prétendus dangereux (nombre et mentalité) non combattants ? Si jamais qui que ce soit osait généraliser par motif de "péché originel de création de son état" (jugé illégitime par les Frères musulmans, de se trouver en Islam) et punir toute population de cette origine, ne serait-ce pas également intolérable ? Pourtant, tout Juif et tout Israélien, en Israël comme hors Israël, se trouve assigné en punition collective de culpabilités diverses.

Quid de l'occupation égyptienne directe, indirecte et diffuse ? La question reste en suspens La conséquence en est qu'alors qu'il aurait pu être évité toute victime civile non combattante, le Hamas peut se glorifier d'innombrables shahid du jihad, que l'organisation terroriste. L'Autorité palestinienne devant la multiplication exponentielle des pensions à payer aux familles des combattants rapidement n'aura plus les moyens de payer cette surenchère pour faits héroïques religieux antisionistes versées aux disparus. 

En place devant l'urgence et le volume nécessaire d'ouvrir d'autres passages'Egypte ne conditionne que moitié de l'entrée par un seul poste frontière sur ses 12 km de 50 % de l'aide. Il est possible de suivre l'avancée des camions par 

''Le COGAT suit et enregistre toute l'aide transférée à Gaza. Chaque cargaison est documentée selon son origine et son itinéraire (aérien, maritime, jordanien, Kerem Shalom, etc.). Cela fournit un aperçu complet de toutes les livraisons d'aide à Gaza. Les camions transportant des biens humanitaires sont comptés lors du processus d'inspection côté israélien, puis transférés côté gazaoui des points de passage pour que les organisations humanitaires puissent les collecter et les distribuer." https://gaza-aid-data.gov.il/main/

A quand une résolution du Conseil de sécurité NU envers l'Egypte d'ouvrir maximum de sa frontière aux personnes et aux biens, et un examen plus sérieux et remise en question du statut effectif de fait depuis 1948 des actions égyptiennes occupantes sur le corridor de Gaza puis la Bande de Gaza ?

Position juridique de l’article 23 de la IVe Convention de Genève et son application au cas égypto-gazan

Texte applicable : Article 23 de la IVe Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre (1949)

Article 23 : « Chaque Partie contractante permettra le libre passage de toutes expéditions de médicaments et de matériel sanitaire destinées seulement à des civils d’une autre Partie, même ennemie. Elle permettra également le libre passage de toutes les expéditions de vivres essentiels, vêtements et tonifiants spécialement envoyées aux enfants de moins de quinze ans, aux femmes enceintes et aux femmes en couches. »

Analyse juridique :

  1. Champ d’application de l’article 23 :

    • L’article concerne le transit de biens de secours humanitaire, non la circulation des personnes.

    • Il vise les expéditions à destination de civils se trouvant sur un territoire relevant d’une autre Partie contractante, y compris ennemie.

  2. Conditions d’application :

    • Le passage peut être subordonné à des garanties assurant que les biens ne bénéficieront pas indirectement à l’effort de guerre de l’ennemi.

    • Il n’y a pas d’obligation absolue d’ouverture sans conditions.

  3. Situation particulière de l’Égypte :

    • L’Égypte n’exerce ni contrôle ni occupation de la bande de Gaza au sens du droit international humanitaire.

    • Le point de passage de Rafah se situe en territoire souverain égyptien, où s’applique le droit de contrôle des frontières, inhérent à toute souveraineté étatique.

    • En l’absence d’occupation ou de belligérance directe, l’Égypte ne saurait être assimilée à une « Partie contractante » responsable du territoire gazaoui en vertu de l’article 23.

    • Par ailleurs, aucune obligation positive ne pèse sur un État tiers d’autoriser le passage de personnes ou de biens, en dehors de procédures concertées ou d’accords spécifiques (comme ceux encadrant l’aide humanitaire internationale sous mandat de l’ONU).

  4. Considérations politiques :

    • L’attitude de l’Égypte à l’égard du Hamas, entité issue des Frères musulmans, s’inscrit dans une logique de sécurité intérieure et de politique régionale.

    • Le discours dominant de la communauté internationale tend à concentrer la responsabilité juridique et humanitaire sur l’État israélien, considéré par certains acteurs comme puissance exerçant un « contrôle effectif indirect » sur Gaza, bien qu’il s’en soit retiré formellement en 2005 en exilant tous ses citoyens israéliens, soit remettant la Bande de Gaza en état de judenrein -après en ayant repris les territoires occupés depuis 1948 lors de l'attaque arabo musulmane de 1967-

Conclusion :
L’article 23 de la IVe Convention de Genève n’impose pas à l’Égypte l’ouverture inconditionnelle de sa frontière avec Gaza. Celle-ci demeure libre d’exercer son contrôle souverain, tant qu’elle ne contrevient pas à des obligations humanitaires internationales spécifiques. En l’état, aucune violation juridique formelle ne peut être imputée à l’Égypte au titre de cet article.

L’Égypte 

  • Contrôle uniquement de son propre territoire

  • Irresponsabilité sur le plan du droit humanitaire

  • Bénéfice d’une forme d’impunité médiatique et diplomatique, comme évoqué plus haut


En dépit, depuis l'attaque coordonnée d'Israël et son occupation militaire du 14 mai 1948, il est donc totalement occulté du fait notoire d'occupation directe, indirecte et diffuse égyptienne. Malgré qu'ayant dès lors
 
- surpeuplé le corridor et ses deux ports par une implantation massive de population, notamment d'origine égyptienne, à lire de nombreux patronymes typiquement égyptiens présents,  

- majorité des habitants implantés ayant de la famille en Egypte, 

- sans compter, les tunnels innombrables qui débouchent sur son territoire, fonctionnant pendant la guerre, même de manière réduite, et actuellement encore selon des matériaux et matériels découverts par l'armée occupante.

🔸 Conclusion (juridique) :

L’Égypte peut moralement être critiquée pour la fermeture du passage de Rafah, mais il est argué qu'aucune règle du droit international humanitaire ne l’oblige formellement à l’ouvrir à l’aide ou aux réfugiés, en l’absence :

  • d’occupation militaire,

  • de statut de belligérant,

  • de résolution du Conseil de sécurité.

  • Israël et l'article 23

Par contre, Israël en état occupant du fait de sa riposte à l'attaque de déclaration de guerre religieuse par l'administration autonome de Gaza remplit ses obligations de continuer à offrir sa part d'eau et électricité, bien que l'Autorité palestinienne reste son débiteur endetté.
"Eau Avant la guerre, 90 % de l'eau de Gaza provenait des stations de pompage et des usines de dessalement locales. Seulement 10 % de l'eau provenait d'Israël via trois canalisations. (...) Au sud de Gaza, deux conduites d'eau en provenance d'Égypte sont actuellement en service, toutes deux financées et construites par les Émirats arabes unis. La première a été mise en service le 19 décembre 2023. Ensemble, elles fournissent environ 10 000 litres d'eau par jour. 
Entre janvier 2024 et début juillet, plus de 59 coordinations ont été menées pour la réparation et le ravitaillement du réseau d'eau de Gaza. Par ailleurs, le COGAT a coordonné la réparation de trois pompes à l'usine de dessalement de l'UNICEF à Deir Albalah. Ces réparations ont permis de ramener la capacité de l'usine à 1 000 mètres cubes par jour. (...)
Avant le 7 octobre, environ 50 % de l'électricité de Gaza provenait d'Israël. Dix lignes à haute tension reliaient Israël à Gaza et fournissaient environ 120 mégawatts d'électricité. Le reste de l'électricité était produit de manière autonome dans la bande de Gaza, grâce à un vaste réseau solaire, des générateurs indépendants et une centrale électrique. " cf. Infrastructures https://gaza-aid-data.gov.il/main/humanitarian-effort-within-the-gaza-strip/
Cet état contrôle légalement l'arrivée d'aides, qui profitent en tout cas aux factions terroristes -civils combattants armés- et leurs familles, par les entrées de ses postes frontières, avec la méthodologie précisée en mars 2024. cf. https://www.gov.il/en/pages/transparency-and-methodology-issues-in-the-ipc-special-brief-of-18-march-2024

De même que chaque planning de bombardement de caches identifiées en surface ou en tunnels (500 km de souterrains interdits aux civils par les miliciens retranchés) reste étudié par les avocats, des messages divers sont portés préalablement à la population d'abandonner les aires ciblées, ce contrôle est suivi attentivement par ses juristes. Ces examens sont d'autant plus approfondis que les captifs pris en otages présents utilisés en monnaie de troc mais aussi en boucliers humains.

CONCLUSION GENERALE

Victimes de guerre - La retenue immorale des civils non combattants dans la Bande de Gaza et les menées des factions jihadistes dont les miliciens du Hamas, élu administrateur autonome depuis 2007, restent la raison des décès à Gaza non naturels, dont le nombre reste invérifiable. 

En l'absence d'une quelconque comptabilité, tant des rituels d'enterrement, que des linceuls (sous forme de sacs mortuaires entrés par l'aide -sachant que les stocks à novembre 2024, au début de l'offensive de défense terrestre israélienne relevaient du nombre courant de décès naturels-), il ne peut s'agir que de projections à partir d'un croisement de la comptabilité des subventions versées aux familles par l'AP, le ratio commun de mortalité de coutume, dont nous n'avons pas trouvé le calcul plus précis.

Cependant, à comparaison d'autres conflits, il semblerait que le ratio civil soit le plus bas connu.

Une résolution du Conseil de sécurité NU concernant l'Egypte et l'examen plus attentif du statut effectif de l'Egypte depuis 1948 manquent manifestement.

En leur absence, les populations civiles non combattantes n'ont pas été suffisamment protégées par l'Egypte, l'ONU en toutes ses agences, et les associations internationales humanitaires et politiques.

  • MAJ au 15 février 2025 

Capture d'écran - MAJ 25/02/2025 de la Coordination de l'aide 
https://gaza-aid-data.gov.il/main/#RecentUpdate

  • *Jihad de Gaza

"Le fer de lance du jihad

8 La section de Gaza des Frères musulmans de Palestine est établie le 25 novembre 1946 [9]. La date est choisie pour coïncider avec le nouvel an 1366 du calendrier islamique, mais le lieu est le très profane cinéma Samer, ouvert au centre-ville durant le second conflit mondial. La Confrérie met en avant deux sexagénaires respectés à Gaza : le cheikh Omar Sawan, magistrat à la retraite, a effectué une brillante carrière sous l’Empire ottoman (avec une nomination au Yémen contre la volonté de l’imam de Sanaa [10]), puis en Palestine mandataire ; son adjoint est le cheikh Abdallah al-Qaychawi, prêcheur de la grande mosquée de Gaza et membre actif de sa chambre de commerce et grand pourfendeur des velléités missionnaires [11]. Mais l’homme clé est le secrétaire général de la section de Gaza, Zafer Shawa, d’une génération plus jeune que les cheikhs Sawan et Qaychawi, qui a déjà une expérience nourrie d’organisation de la jeunesse dans des clubs sportifs ou les Scouts islamiques [12]. Tous les trois appartiennent à des familles de notables, établies de longue date à Gaza [13].

9 La structure des Frères musulmans en Palestine demeure très intégrée à l’appareil égyptien de la Confrérie et la section de Gaza est fréquemment visitée par des responsables de la maison-mère cairote [14]. À mesure que s’approche la fin du mandat britannique, la Palestine devient pour Hassan al-Banna le théâtre principal de mobilisation, où il compte peser dans le jihad antisioniste et former des combattants capables de passer à l’action révolutionnaire à leur retour en Égypte. À la fin de l’hiver 1947-1948, les forces britanniques ont renoncé de fait à assurer l’administration du district de Gaza, ce qui ne peut que favoriser la minorité active des Frères musulmans. Du 19 au 22 mars 1948, Banna vient lui-même galvaniser ses partisans sur place et inaugurer leur base de Nusseyrat [15]. Au cours du mois d’avril, des commandos islamistes, aussi bien palestiniens qu’égyptiens, harcèlent les colonies juives du secteur, sans grand résultat [16]. Des officiers égyptiens sont infiltrés en Palestine pour encadrer ces militants, notamment, le 10 mai, lors de l’assaut (infructueux) contre le kibboutz Kfar Darom [17].

10 La proclamation de l’État d’Israël, le 14 mai 1948, la veille du terme du mandat britannique sur la Palestine, provoque l’intervention des armées arabes, dont dix mille militaires égyptiens dans le secteur de Gaza, ce qui marginalise le rôle des irréguliers islamistes. En outre, Hajj Amine al-Husseini charge Jamal Sourani, le fils d’un ancien maire de Gaza, de réorganiser la milice nationaliste du « Jihad sacré » dans le Sud de la Palestine [18]. Certes, les Frères musulmans contribuent à la prise de Yad Mordechai, le 24 mai, et ils s’emparent de la position d’Asluj, le 17 juillet [19]. Mais leur refus de s’intégrer à l’ordre de bataille ou de respecter les trêves détériore leurs relations avec l’armée égyptienne, d’autant que la Confrérie mène campagne sur le thème de la « trahison » des régimes arabes face aux conquêtes sionistes.

11 La tension monte tellement au Caire que le Premier ministre, Mahmoud Noqrashi, décrète, le 8 décembre, l’interdiction des Frères musulmans et la confiscation de tous leurs biens. Les militants islamistes se vengent en assassinant le Premier ministre, vingt jours plus tard. Et le cycle de violence se poursuit avec le meurtre, le 12 février 1949, de Hassan al-Banna. La propagande des Frères musulmans ne cessera plus, dès lors, de le représenter comme un « martyr », tombé pour avoir trop défendu la Palestine, tandis que la milice islamiste sera censée avoir sauvé en 1948 l’honneur arabe dévoyé par les régimes et leurs armées." Jean-Pierre Filiu, Les fondements historiques du Hamas à Gaza (1946-1987), p.3-14 https://shs.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2012-3-page-3?lang=fr

  • Crédit illustration - Cercueil de Ramsès II 

  • Annexe I - Ramsès II et punition collective des Hébreux par "l'Exode" ?

   I - Sites archéologiques impliqués dans le débat sur l’Exode

Site DécouverteImportance Référence archéologique
Tell el-Dab‘a (ancien Avaris, dans le delta oriental)Traces de population asiatique (tombeaux, céramiques syro-palestiniennes, maisons "levantines")Lieu possible d’établissement de groupes sémitiques, peut-être proto-hébreuxBietak, M. (2003), "Rich beyond the dreams of avarice?" in Egypt and the Levant
Pi-Ramsès (Qantir)Capitale de Ramsès II, édifiée sur ou près d’AvarisMentionnée dans Ex 1:11 comme l'une des villes construites par les HébreuxKitchen, K.A. (1996), On the Reliability of the Old Testament
Désert du Sinaï (en particulier Kadesh-Barnea, Ain Qudeirat)Absence quasi totale d’occupation sédentaire ou campements vers 1300–1100 av. E. C.Va contre l’idée d’un séjour prolongé des Hébreux dans le désertFinkelstein, I. & Silberman, N.A. (2001), The Bible Unearthed
Haute Judée / Samarie (collines centrales de Canaan)Villages nouveaux à la fin de l’âge du Bronze (~1200 av. E. C.), souvent sans os de porcIndice d’un groupe distinct sédentarisé venant de l’intérieur (pas de l’Égypte)Dever, W.G. (2001), What Did the Biblical Writers Know and When Did They Know It?

 II - Sources égyptiennes mentionnant des Sémites ou "Habiru"

Source / TexteDate approx.ContenuPertinence pour l’ExodeRéférence
Papyrus Anastasi VXIXe dynastie (~1250 av. E. C.)Mentionne des "Shasou de Yhw" dans le désert de SeirPremière mention du dieu YHWH dans une source non-bibliqueRainey, A.F. (2008), "Who is a Hebrew?" in Biblical Archaeology Review
Stèle de Mérenptah (aussi appelée "Stèle d'Israël")~1208 av. E. C.Mentionne "Israël est dévasté, sa semence n’est plus"Première mention d’Israël dans les sources égyptiennesKitchen, K.A. (1996), op. cit.
Lettres d’AmarnaXIVe s. av. E. C.Les rois cananéens demandent l’aide du pharaon contre des groupes appelés "Habiru" (ou ‘Apiru)Certains pensent que ces "Habiru" pourraient être des proto-HébreuxMoran, W.L. (ed., 1992), The Amarna Letters
Texte de la tombe de Rekhmirê (vizir de Thoutmôsis III)~1450 av. E. C.Décrit des Asiatiques (Aamu) employés dans les travaux de constructionRappelle l’image biblique des Hébreux esclavesDavies, N. de G. (1943), The Tomb of Rekhmirê

III - Pharaons candidats au rôle du "Pharaon de l’Exode"

Pharaon proposéRègne approx.Arguments en faveurObjectionsRéférences
Thoutmôsis III1479–1425 av. E. C.Règne surpuissant, expansion cananéenneTrop tôt par rapport à l’apparition d’Israël en Canaan (stèle Mérenptah)Wood, B.G. (1997), Did the Exodus Happen?
Aménophis II1427–1401 av. E. C.Problèmes internes évoqués dans certaines inscriptionsAucune mention explicite de troubles majeurs liés à des esclavesKitchen, K.A. (1996)
Akhenaton1353–1336 av. E. C.Monothéisme radical, tensions socialesÉpoque plus tardive que le récit biblique suggéréRedford, D.B. (1987), Akhenaten: The Heretic King
Ramsès II1279–1213 av. E. C.Mention de "Pi-Ramsès", longue construction dans le DeltaAucun désastre, chute ou exode mentionné sous son règneBietak, M. (2003), op. cit.



 IV- Chronologie d'éléments historiques et hypothèses liés 

Vers 1800–1550 av. E. C. : Hyksôs

  • Événement : Des Sémites venus du Levant contrôlent le Delta oriental, capitale : Avaris (Tell el-Dab‘a)

  • Pertinence : Hypothèse que des traditions hébraïques conservent la mémoire d’un pouvoir asiatique antérieur en Égypte

  • Source archéologique : Bietak, Egypt and the Levant (2003)


Vers 1550–1290 av. J.-C. : Nouvelle dynastie, expulsions, travail forcé

  • Pharaons concernés : Ahmôsis I → Aménophis III

  • Faits :

    • Expulsion des Hyksôs (~1550) évoquée dans des textes égyptiens.

    • Traces de main-d’œuvre asiatique dans les chantiers égyptiens (Rekhmirê).

  • Extrait traduit :

    "Ils (les Asiatiques) transportaient briques d’argile, pierres et outils, dirigés par les contremaîtres égyptiens." – Tombe de Rekhmirê (TT100)


Vers 1350 av. J.-C. : Lettres d’Amarna

  • Lieu : Akhetaton (Tell el-Amarna)

  • Type : Correspondance entre pharaon et princes cananéens

  • Mention cruciale : Les ‘Apiru (ou Habiru) apparaissent comme groupe social instable, armé

  • Extraits traduits (Lettre EA 286, Abdi-Heba de Jérusalem) 

    "Les Habiru ont pris les villes du roi. Mon seigneur, envoie des troupes sinon tout est perdu."

  • Débat :

    • "Habiru" désigne-t-il une ethnie ? Non : plutôt un statut marginal, parfois banditique, parfois militaire, parfois ouvrier

    • Certains groupes "habiru" auraient pu être ancêtres des Israélites


Vers 1270–1213 av. E. C. : Ramsès II

  • Événement : Construction de Pi-Ramsès (mentionnée dans Exode 1:11)

  • Sources : Inscriptions à Qantir, textes administratifs.

  • Absence : Aucun texte ne mentionne de révolte ou de fuite massive

  • Importance : Ramsès devient, dans la tradition ultérieure, le candidat principal au rôle du pharaon de l’Exode par analogie scripturaire, non historique


Vers 1208 av. E. C. : Mérenptah

  • Texte de la Stèle de Mérenptah - Poème de victoire gravé sur pierre

  • Mention :

    "Israël est dévasté, sa semence n’est plus."

  • Importance : Première mention d’Israël dans l’histoire (sous forme de peuple, pas de royaume)

  • Analyse grammaticale :

    • "Israël" y est traité avec un déterminatif de peuple, non de lieu → pas encore une nation urbaine ou territoriale

  • Réf. : Kitchen (1996), Redford (1987)


Analyse linguistique : le mot Habiru / ‘Apiru

ÉlémentDétail
Racine‘pr en akkadien : signifie "passer", "traverser" → d’où le terme "ceux qui passent" ou "étrangers"
AttestationsÉgypte, Mésopotamie, Hatti, Canaan entre -1800 et -1100
CatégorieNon ethnique mais socio-professionnelle : hors-la-loi, ouvriers, mercenaires, fuyards
ProximitéLe mot "ivri" (עברי) = "Hébreu" pourrait être dérivé ou de tradition liée, mais ce n’est aucunement prouvé
Hypothèse prudenteCertains groupes de "Habiru" auraient pu former le noyau d’une future coalition israélite en Canaan

Annexe II - M/hypothèse Habiru

  • En tant qu'ethnologue, cependant avec toute la prudence qu'exige mon aire de recherche habituelle hors Levant, je formule une autre hypothèse plausible, qui serait que la racine ʿ-B-R ou Ḫ-B-R / ʿP-R ait pu, dans sa transmission diachronique sémitique, nourrir ultérieurement des formes comme "ʿarab" (عرب) ou "ereb" (ערב) — notamment par le jeu des métathèses consonantiques typiques des langues sémitiques, surtout dans leurs formes pré-classiques non vocalisées.

Autres interrogateurs sur un lien éventuelle d'Habiru (ou ʿApiru) avec Arabes (ʿarab). Bien que cette hypothèse ne soit pas dominante, elle a été évoquée, discutée ou suggérée par plusieurs chercheurs, notamment dans le cadre d'études sur l'étymologie des ethnonymes sémitiques.


Études et auteurs ayant abordé cette hypothèse

1. Jean Bottéro – Entre nomades et sédentaires : les Habiru (1980)

Dans cet article, Bottéro explore le rôle des Habiru comme groupe social intermédiaire entre nomades et sédentaires. Il souligne leur marginalité et leur mobilité, caractéristiques également associées aux groupes désignés plus tard comme "Arabes". Bien qu'il ne propose pas explicitement une étymologie reliant "Habiru" à "Arabes", il met en lumière des similitudes socioculturelles qui ont pu influencer des désignations ultérieures. Persée+2Persée+2cjconroy.net+2

2. Henri Cazelles – Hébreu, Ubru, Hapiru (1958)

Cazelles examine les liens linguistiques entre les termes "Hébreu", "Ubru" et "Hapiru". Il discute de la racine sémitique ʿ-B-R, signifiant "traverser", présente dans plusieurs langues sémitiques, y compris l'arabe. Il note que cette racine pourrait être à l'origine de divers ethnonymes, bien qu'il ne propose pas directement une connexion entre "Habiru" et "Arabes". Persée+1cjconroy.net+1

3. A Comparative Lexical Study of Qurʼānic Arabic – Kees Versteegh (2001)

Dans cette étude, Versteegh mentionne la théorie selon laquelle le nom "Arabes" pourrait dériver de la racine sémitique ʿ-B-R, signifiant "traverser", tout comme le terme "Hébreu". Il suggère que cette étymologie pourrait refléter une caractéristique commune de mobilité ou de nomadisme. Cependant, il souligne que l'origine du nom "Arabes" reste incertaine. Ebin

Synthèse

Bien que l'hypothèse d'une origine commune entre "Habiru" et "Arabes" ne soit pas prédominante, elle a été envisagée et discutée dans des travaux académiques. Cela témoigne de l'intérêt continu pour l'exploration des racines linguistiques et des connexions entre les peuples anciens du Proche-Orient.

Rainey (2008), Moran (1992), Hoffmeier (1997)

Vérifications à l'aide de l'IA GPT - Rappel des formes en jeu

TermeLangueRacineSignificationDate
ʿApiru / HabiruAkkadien (et ouest-sémitique)ʿ-B-R ou Ḫ-B-R"Traversant", marginal, déraciné~1800–1200 av. J.-C.
ʿivri (עברי)Hébreuʿ-B-R"Hébreu", "venu de l’autre côté"~1200 av. J.-C.
ʿarab (عرب)Arabeʿ-R-B (évent. ʿ-R-B ou ʿ-B-R)Nom des nomades, du désert ; puis peuple arabe~900 av. J.-C. (forme proto-arabe)
ʿerev (ערב)Hébreuʿ-R-B"Mélange", "soir", parfois "étranger"Biblique, usage multiple

Hypothèse : métathèse et glissement sémantique

Les langues sémitiques sont trilitères (à 3 consonnes) et largement non vocalisées dans les états anciens. Cela permet 

  • des permutations de racines

  • des glissements sémantiques (de "traversant" à "marginal", puis à "nomade" ou "extérieur"),

  • des réinterprétations ethniques a posteriori

Ayant donc suggéré que :

Habiru (ʿ-B-R ou Ḫ-B-R) → métathèse → ʿ-R-B (ʿarab)
Avec glissement : de "ceux qui passent" → "ceux qui errent" → "ceux du désert"

Cette hypothèse est linguistiquement plausible, mais ne repose sur aucune attestation textuelle directe. Il s'agit donc d'une reconstruction inductive, mais pas une certitude historique.


Arguments favorables

  • Le mot ʿarab désigne dans les inscriptions assyriennes du IXe-VIIIe s. av. E. C. des groupes tribaux nomades à l’est de la Transjordanie.

    • (aribi, arubu, urbi dans les textes néo-assyriens)

  • Le sens de marginalité nomade correspond partiellement à celui des Habiru, souvent perçus comme en marge des cités

  • Les métathèses sont documentées dans plusieurs racines sémitiques, notamment entre B-R / R-B, P-R / R-P, etc.


Objections

  • La racine ʿ-R-B est bien attestée dans d'autres contextes sémitiques :

    • En hébreu biblique : ʿerev = mélange, confusion, soir (cf. "ʿerev rav", la "multitude bigarrée" sortie avec les Hébreux, Ex 12:38).

    • En arabe : ʿarab = "clairs", "distincts" dans l’étymologie traditionnelle (cf. "ʿarabī" = éloquent vs "ʿajamī" = barbare)

  • Il pourrait donc s’agir de racines parallèles, pas dérivées

  • Les formes consonantiques des textes cunéiformes sont souvent ambiguës : , ʿ, b, p, r peuvent être confondus


Conclusion Habiru

Interprétation étymologique inverse et stimulante : que le mot ʿarab soit un héritier métathétique et sémantique de Habiru. Cette thèse reste

- Linguistiquement possible dans un cadre sémitique ancien,
restant non attestée et non consensuelle parmi les philologues ;

- Hypothèse érudite, fondée sur des phénomènes réels (métathèse, glissement sémantique, racine ʿ-B-R), mais qui nécessite plus d'appuis textuels pour devenir démonstrative.

  • Nota bene - Vérifications et mises en forme grâce à Chat GPT

  • Biblio








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