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02/06/25

Naissance de la Jordanie

Fiche synthétique

La Jordanie sous les projecteurs

des articles 75 et 80 de la Charte de l'ONU

-fruit d'une proclamation en suspension du mandat et en l'absence d'accord de tutelle-

https://ninstravelog.wordpress.com/2014/08/12/crossing-jordan/jordan-historical-map/


Cette fiche peut être considérée en suite de FS Triple Entente 

B - Palestine mandataire orientale 

1. Population

  • 1919, Vilayet de Damas - estimée à 225 000 habitants
    • Les Rwala : migrants saisonniers entre la Syrie et le Nejd, leurs zones de pâturage traditionnelles se trouvaient à l'est du chemin de fer du Hedjaz
    • Les Bani Sakhr : dominant la région de Balqa à l'ouest, qui migrèrent jusqu'au Jebel Druze au nord et au Wadi Sirhan au sud
    • Les Howaitat : présents dans les zones méridionales de la Transjordanie, jusqu'à Aqaba
  • Des minorités ethniques et religieuses ;

    • Arabes chrétiens descendants des  Ghassanides, chrétiens monophysites ou orthodoxes arabes qui ont précédé l’islam et se sont maintenus en milieux ruraux et montagnards : environ 15 000 personnes, réparties dans différentes régions 
    • Circassiens et Tchétchènes : environ 10 000 personnes, installées principalement dans les zones urbaines comme Amman
    • Assyriens ottomans chrétiens et Libanais chassés par les violences turques (massacres de 1860, répression de 1915–18, etc.)

    • Arméniens : quelques survivants du génocide arménien de 1915 avaient transité par le sud syrien et la Transjordanie, mais leur nombre restait très faible.

    • Tsiganes, Kurdes et Turcomans : groupes itinérants parlant leurs langues respectives, exerçant des métiers tels que l'agriculture, la ferronnerie et le divertissements
    • Indiens : commerçants itinérants échangeant des tapis et des tissus contre des chevaux
    • Afro-Jordaniens : descendants d'esclaves africains, principalement dans le sud-ouest de la Transjordanie. ePrints Soton
    • Juifs
  • Présence juive estimée en Transjordanie avant 1921

    • Plusieurs dizaines de familles juives vivaient dans des villes comme Salt, Irbid et Kerak, et dans les zones rurales du Hauran et du Gilead, souvent dans des conditions précaires.

    • Des communautés plus anciennes (séfarades ou mizrahim) étaient parfois établies depuis des siècles dans les régions proches de la Palestine centrale, en nombre limité.

    • Certains Juifs y avaient acquis des terres agricoles, dans les dernières décennies de l’Empire ottoman

    Expulsions et politique hachémite

    • Dès 1922-1923, les autorités britanniques et émirales interdisent toute immigration juive à l’est du Jourdain par décret. Cette politique est officialisée par le mémorandum du 16 septembre 1922 sur la Transjordanie

    • Les familles juives présentes furent incitées ou contraintes à partir : plusieurs documents indiquent qu’elles subirent des pressions administratives, voire des violences communautaires, notamment dans les années 1923-1925, avec l’aval tacite des autorités hachémites

    • Il ne s’agit pas d’une expulsion massive documentée, mais plutôt d’une exclusion progressive accompagnée de harcèlement, de déni de droits et d’interdiction d’achat de terres. Cela s’est traduit par la disparition quasi complète de la présence juive en Transjordanie aux années 1930

Avant 1918, il n’existait pas de division administrative correspondant à l'Emirat puis la Jordanie moderne. Jeu de chaises de laisser à leur place les Ibn Séoud en 1924 sur majeure partie de la Péninsule arabique. Principaux districts turcs que les Hachémites du Hedjaz assujettiront soutenus par les Albion. 

1.Sandjak de Kerak (Karak)

Appartenance ottomane : Du Vilayet de Syrie (Damas), parfois rattaché à celui de Jérusalem selon les périodes administratives
Agglomérations principales : Kerak, Madaba, Dhiban
Caractéristiques : Région agricole et montagneuse, avec minorités chrétiennes et tribus arabes non hachémites
Rôle post-ottoman : Rejoint l’administration transjordanienne dès 1921

2. Sandjak de Salt -parties orientales-

Appartenance ottomane : Sandjak de Salt, relevant du vilayet de Damas.
Agglomérations principales : Es-Salt, Amman (petite localité ottomane)
Caractéristiques : Transition entre la Syrie ottomane et les steppes tribales de l’est
Rôle post-ottoman : Devient le noyau administratif de la Transjordanie avec Amman comme capitale dès 1921

3. Région de l'Azraq et du désert oriental

Statut ottoman : Non constituée en sanjak propre ; relevant de la zone tribale semi-autonome sous autorité militaire ottomane ou sous-administration de Damas
Caractéristiques : Territoire de confins, peu peuplé, étape vers l’Irak
Rôle post-ottoman : Intégré dans la Transjordanie sans base ottomane structurée

4. Sandjak de Ma'an

Appartenance ottomane : Rattaché au vilayet de Hedjaz de Médine et La Mecque
Agglomérations principales : Ma'an, Aqaba, Tafileh, parfois incluant Karak
Caractéristiques : Zone tribale peu contrôlée, carrefour caravanier, région majoritairement arabe bédouine (non hachémite)
Rôle post-ottoman : Base d’implantation des Hachémites venus du Hedjaz, notamment l’émir Abdallah

Vilayet de Damas, env. 1914
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vilayet_de_Syrie

Synthèse

En contradiction de la teneur du Pacte des Nations, du mandat SDN de 1920 et du principe de protection des minorités, la Transjordanie séparée unilatéralement par la Couronne anglicane a vu sa petite population juive historique éliminée administrativement et socialement sous le pouvoir des Hachémites à partir de 1919/1923 jusqu'en 1948. 

Les émeutes musulmanes antisémites durant la première décennie du mandat palestinien occidentale auraient obligé à constater que "Arabes" et "Juifs" ne cohabiteraient pas pacifiquement, en tout cas elles sont données pour motif par le mandataire anglais semble-t-il, et qu'il fallait en créer un autre, celui-là musulman. C'est là l'émergence de la conception du deuxième état, ou plutôt du troisième proto état musulman arabe...

Une torsion lexicale et un jeu numéral - En effet, l'on vient de voir le premier proto état musulman arabe, déjà tout à rebours des engagements et du mandat initial, créé à la barbe et au nez de tous. La solution que porte le Quai d'Orsay, en particulier paraissant depuis de Gaulle, devrait donc plutôt s'appeler celle "à trois états".

A suivre 28 ans plus tard celui de l'autodétermination de la Charte des Nations Unie reprenant le Pacte est bafoué par la Légion arabe jordanienne attaquante commandée par Abdallah et Glubb pacha, et le corridor de Gaza par l'Egypte dans leur ligue attaquante, spoliant, persécutant et expulsant les Juifs de Jérusalem-Est et Judée Samarie israéliennes. Cependant, la proposition de plan de partage 181 de 1947 n'a jamais donné licence à quiconque, ni s'abstenant (UK), ni de vote négatif (tous les nouveaux pays dits arabes), de chasser tous les Juifs autochtones et réfugiés du proto état ou de l'Etat d'Israël légal,  d'en détruire sites archéologiques notables, institutions civiles et lieux de culte -cinquantaine de destructions- et d'y reloger diverses populations de toutes origines généralement musulmanes.

L'Europe moderne taiseuse donnant ainsi des gages à l'Islam arabe, alors que François 1er et autres monarques le firent près de l'Islam turc ottoman.

Se pliant devant des exigences désormais arabes musulmanes (Hedjaz) en reniant sa victoire de 14/18 sur le Front du Levant, l'Emirat de Transjordanie est autorisé à sa politique d'interdiction d'immigration, d'acquisition foncière. Cet environnement hostile aboutit à une épuration douce mais effective des Juifs de la Vilayet de Damas. La conception d’un espace dit arabe sans Juifs à l’est du Jourdain en Palestine orientale a été, de fait, instaurée très tôt grâce à la suspension du mandat. 

Par la suite et soutenu en cela par les US, des parties grandissantes de la Palestine occidentale seront également disputées à l'Etat des Juifs auquel s'engagea la SDN, retranchant d'autres parties sous prétexte de

- possession territoriale souveraine arabe musulmane antérieure -niés les siècles turcs depuis 1517-
- recensement de musulmans plus importants que de juifs -majorité religieuse ne faisant pourtant pas souveraineté, et religion ne faisant pas nation moderne-
- langue véhiculaire (dialecte arabophone levantin, ou syrio libanais) dans les districts ex-turcs -dialecte n'étant pas langue nationale, ainsi du breton qui n'est pas du français et ne fait pas le Français-

Cela aura donc représenté le premier cas du principe d'éviction des Juifs du XXème siècle des pays musulmans, par des discriminations négatives de divers degrés, avant tous ceux qui vont advenir concernant près de million d'entre eux dans les pays du MOAN (en anglais, MENA, Middle East North Africa) de l'Irak à l'Ethiopie en passant par la Turquie.

L'on voit aussi que dès 1921, l'Empire britannique met en marche sa politique habituelle de division et de colonisation. Pourtant, la lignée du Hedjaz n'est jamais accusée de colonialisme, alors, que, parallèlement, effacement de toutes ethnies et nations par l'arabisation.

Cependant, depuis les années 60 grâce à la déshistoricisation et en dépit du mandat fondé sur des textes inexpugnables le précédant qui autorisaient l'immigration de réfugiés juifs de 1920 à 1948, puisque prolongé par la Charte ONU (art. 75 et 80) sans nouvelle autorité de tutelle nommé en relais des Britannique et de l'Agence juive légale, ce ne sont que les Juifs et Israël qui restent accusés de colonialisme en lieu et place.

Sources et bibliographie

  • Howard Sachar, A History of Israel: From the Rise of Zionism to Our Time (Knopf, 1979)

  • Martin Gilbert, Israel: A History (Doubleday, 1998)

  • Yehoshua Porath, The Emergence of the Palestinian-Arab National Movement 1918–1929 (Frank Cass, 1974)

  • Efraim Karsh, Empires of the Sand: The Struggle for Mastery in the Middle East, 1789–1923 (Harvard University Press, 2001)

  • British White Paper on Palestine, Cmd. 1785, July 1922

  • League of Nations Mandate for Palestine, Article 25, 1922

  • Moshe Brawer, The Boundaries of Modern Palestine, 1840–1947 (Routledge, 2009)

  • Jerusalem Center for Public Affairs: jcpa.org

Les groupes linguistiques jordaniens 

Locuteurs des dialectes arabophones, palestinien (27,7%), égyptien (13,5%), syrien (6,1%), irakien (4%), du kabarde (1,4%), de l'adygué (0,9%) ou du circassien, de l'arabe saoudien du Nadji (1%), du turc (0,6%), du domérien (0,4%), %), de l'arménien (0,1 %), etc. Les dialectes arabes font partie de la famille afro-asiatique (ou chamito-sémitique), alors que l'arménien  est un isolat indo-européen et que l'adygué (circassien) et le tchétchène et le kabarde font partie des langues caucasiennes. Les locuteurs de l'hébreu sont absents depuis l'exigence soumise par Hussein ibn Ali du Hedjaz en préalable de son acceptation du territoire à coloniser du bon gré unilatéral de la Couronne.

Voir "Transjordan during the Mandate Period, 1921-1946", des analyses détaillées de la composition démographique et des dynamiques tribales de la région. ePrints Soton

2. Ressentiment ou révoltes contre les Hachémites imposés par les Anglais (1920–1924)

Aucune concertation ou consultation des populations, en rupture avec les principes du Pacte, son article 22,  et l'article 2 du mandat SDN et à suivre de la Charte ONU, sur 

  • La Déclaration de Londres (1922), validant l’administration séparée de la Transjordanie, précise :

"Aucune disposition du Mandat ne s’appliquera en Transjordanie qui concernerait le foyer national juif, la naturalisation des Juifs, ou l'administration au bénéfice d'une quelconque minorité"
  • Ainsi aucune garantie des droits civils et religieux pour les non-Arabes n’a été maintenue 
  • Les Juifs étaient interdits d’installation par décret administratif
  • Les chrétiens locaux (gréco-catholiques, melkites, latins, protestants) ont vu leurs écoles restreintes et leurs voix politiques marginalisées par la domination tribale et clanique arabe-musulmane.
  • Les tribus non hachémites (Adwan, Majali, Hadid) ont été militairement réprimées lorsqu’elles ont contesté cette gouvernance imposée sans concertation.

a) Répression des révoltes  

  • Les tribus de Transjordanie (Bani Sakhr, Hadid, Adwan, Majali...) étaient autonomes et souveraines localement.

  • Les chrétiens de Karak et Madaba faisaient partie intégrante des structures tribales locales et ont souvent résisté, avec les musulmans locaux, à l’arrivée du pouvoir hachémite appuyé par les Anglais.

  • Exemple : la révolte d'Adwan (1923), bien que musulmane dans sa base tribale, comptait des soutiens intertribaux (y compris chrétiens) contre le régime central de l’émir Abdallah.

1. Révolte des tribus d’Ajloun (1921)

  • Lieu : Nord de la Transjordanie, autour d’Ajloun et Irbid.

  • Acteurs : Tribus locales sunnites, en majorité Bani Obeid et autres groupes du Hawran


2. Révolte d’Al-Karak (1922)

  • Lieu : Région sud, bastion chrétien et tribal de la famille Majali

  • Acteurs : Tribus Majali, Tarawneh et alliés — incluant musulmans et chrétiens


3. Grande révolte d’Adwan (1923)

  • Lieu : Région de Salt et Balqa.

  • Chef : Sultan al-Adwan.

  • Acteurs : Coalition tribale large, incluant des familles chrétiennes et des clans musulmans hostiles à l’émir Abdallah

b) Ressentiment contre l’“importation” hachémite

  • Le pouvoir hachémite était vu comme étranger, car provenant du Hedjaz, c’est-à-dire de l’ouest de la péninsule Arabique (famille de la Mecque), sans lien historique avec les tribus de Transjordanie.

  • Les tribus locales, y compris chrétiennes, n’avaient pas été consultées. Elles considéraient l’instauration de l’émirat comme une imposition britannique sans légitimité endogène.

c) Ségrégation confessionnelle implicite

  • L’émirat hachémite était fondé dès l’origine sur une idéologie panarabe islamisante.

  • Les postes de pouvoir, la police et l’armée étaient réservés de facto aux musulmans sunnites.

  • Bien que les chrétiens aient conservé une certaine liberté religieuse (notamment grâce à l’administration britannique), ils furent exclus du pouvoir décisionnel, ce qui suscita un mécontentement diffus, souvent exprimé par l’émigration ou le retrait politique.

3. Superficie de la Palestine mandataire orientale 

En septembre 1922, la Société des Nations a approuvé un mémorandum excluant explicitement la Transjordanie des dispositions du Mandat relatives au foyer national juif. Les frontières y sont précisées. 

4. Opposition de Hussein ibn Ali à l'installation juive

Aucun Juif n’avait le droit de résider ou d’acquérir de terres en Transjordanie, une politique qui resta en vigueur jusqu’à la transformation de l’émirat en royaume indépendant (Jordanie) en 1946, et se prolongea de facto au-delà.

Les Hachémites  du Hedjaz et la Transjordanie : Dès la création de l'émirat en 1921, l'Émir Abdallah a imposé l'interdiction de l'installation juive en Transjordanie. Cette interdiction était en grande partie une réponse aux préoccupations de son père Hussein, concernant l'immigration juive dans la région de Palestine mandataire depuis 1920. La position des Hachémites s'inscrivait dans une politique visant à préserver la région comme une terre arabe et à éviter l'expansion du sionisme, dont ils considéraient qu'il constituait une menace pour la domination arabe.

En janvier 1924, Hussein ibn Ali, roi du Hedjaz et père de l'Émir Abdallah, a reçu à Amman (région fut conquise par les Arabes en 634, lors de la bataille de Yarmouk), une délégation dirigée par le rabbin Yaakov Meir. Il a maintenu son opposition à l'installation juive en Transjordanie. Cette position a été perçue comme extrémiste par les autorités britanniques et sionistes. Wikipédia

5. Annulation de projets de location de terres à des Juifs (1933)

En janvier 1933, l'Émir Abdallah a annulé un accord prévoyant la location de 70 000 dounams de ses terres personnelles à une entreprise juive. Cette décision faisait suite à des pressions de la part du gouvernement de Palestine et de dirigeants arabes, notamment le Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini. L'Émir a également déclaré qu'il n'avait jamais signé d'accord avec des Juifs pour la location de terres, affirmant qu'il avait seulement signé une option de location, mais qu'il était désormais déterminé à ne pas louer ses terres à des étrangers. Jewish Telegraphic Agency+3Jewish Telegraphic Agency+3Jewish Telegraphic Agency+3

6. Conclusion

  • Les chrétiens de Transjordanie en 1919 étaient majoritairement des Arabes (considérés autochtones) de tradition orthodoxe, enracinés dans les hautes terres de Moab et d’Edom.

  • Ils n’ont pas été consultés lors de la création de l’émirat et ont vu l’arrivée des Hachémites comme une domination étrangère, imposée avec l’armée britannique.

  • Bien que leurs révoltes n’aient pas été confessionnelles, ils participèrent souvent aux résistances tribales locales, refusant la centralisation hachémite.


xxxx


  • L’article 75 de la Charte des Nations Unies adoptée en 1945 ne reprend pas directement les mandats institués par la SDN en 1920, mais il en constitue en quelque sorte une reconfiguration ou prolongation partielle à travers un nouveau système de tutelle internationale. Voici l’essentiel pour comprendre le lien :

FaitBase juridiqueRégime applicable
Le mandat SDN pour la Palestine incluait la TransjordanieTexte du mandat (1920 et addendum 1922), article 24 -25✔️ 
Le Royaume-Uni a exclu la Transjordanie de l’application du mandatDécision unilatérale validée par la SDN✔️
La Transjordanie a été soumise à un régime de tutelle ONU en 1945❌ Non⚠️
Confusion
La Jordanie est née d’un traité bilatéral avec le Royaume-Uni (1946)✔️ Traité d’indépendance✔️


Texte de l’article 75 de la Charte de l’ONU (1945) :

« L’Organisation des Nations Unies établit, sous son autorité, un régime international de tutelle pour l’administration et la surveillance des territoires qui pourraient être placés sous ce régime par des accords particuliers ultérieurs. »

Objectif du système de tutelle

L’article 75 inaugure le Système international de tutelle (chapitre XII de la Charte), destiné à :

  • succéder partiellement au système des mandats de la SDN (mis en place en 1920 selon l’article 22 du Pacte de la SDN) ;

  • gérer les territoires non autonomes ou sous tutelle dans un cadre multilatéral visant la préparation à l’indépendance ou à l’autonomie.

Différences avec le système de mandats SDN

AspectMandats SDN (1920)Tutelle ONU (1945)
Organe de surveillanceConseil de la SDNConseil de tutelle de l’ONU
Légalité du dispositifDérivé de l'article 22 du PacteBasé sur les chapitres XII et XIII de la Charte de l’ONU
Nature des mandatairesPuissances administrant mandatées (France, Royaume-Uni, etc.)Puissances administrant sous contrôle de l’ONU
FinalitéAdministration au nom de populations des colonies turques
ou allemandes
Préparer les territoires à l’autonomie ou à l’indépendance
Types de territoires concernésEx-territoires ottomans, ex-allemandsMandats SDN restants, colonies volontaires, territoires sous tutelle après guerre

Cas emblématique : la Palestine mandataire

Extrait de l’introduction du Mandat britannique pour la Palestine :

"Attendu que les Principales Puissances alliées ont également convenu que le Mandataire soit responsable de la mise en œuvre de la déclaration faite à l'origine le 2 novembre 1917 par le gouvernement de Sa Majesté et adoptée par lesdites Puissances, en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif... "

  • La Palestine mandataire faisait partie des mandats SDN (mandat confié au Royaume-Uni).

  • Après 1945, ce mandat n’a pas été transformé en tutelle sous l’ONU (faute d’accord entre les parties concernées).

Conclusion : l’article 75 ne l’a donc pas directement repris, et le mandat a expiré en mai 1948 sans transition vers un régime onusien par la Proclamation légale de l'Etat d'Israël du 14 mai 1948.

A savoir 

Précédent des batailles du Front moyen-oriental de la Guerre de 14/18

Batailles du Front du Moyen-Orient -Afrique du Nord - Caucase - Perse - Dardanelles - Mésopotamie
Sinaï et Palestine - ArménieCtésiphon (11-1915) Kut-el-Amara (12-1915) Romani (8-1916) Magdhaba (12-1916) Révolte arabe Rafa (1-1917) Bagdad (3-1917) 1re Gaza (3-1917) 2e Gaza (4-1917) Aqaba (7-1917) Beer-Sheva (10-1917) 3e Gaza (11-1917) Jérusalem (12-1917) Megiddo (9-1918) Damas (9-1918) Alep (10-1918)
Amman (09-1918)

1. Le mandat SDN pour la Palestine incluait initialement tout le territoire entre Méditerranée et frontière irakienne, soit :
les sandjaks d'Acre, Naplouse, Jérusalem, Gaza 
et partie de la vilayet de Damas (sandjaks vus plus haut) actuelle Jordanie (Emirat de Transjordanie à l’époque)

1919//1920, la Palestine mandataire

2. Base juridique de la séparation : 
Article 25 (Mandat, 1922) 

3. Mise en œuvre : 1922–1923
1921 : Conférence du Caire → le Royaume-Uni décide de créer un Émirat autonome de Transjordanie, confié à l’émir Abdallah, membre de la dynastie hachémite
1922 : Le Conseil de la SDN approuve cette interprétation du mandat (sans en faire un mandat séparé)

Cette interprétation suspend tous les articles du mandat de création des conditions d'un Foyer national juif, afin de permettre la première entité arabe, ou premier protoétat musulman arabe, en train de mettre en place depuis 1919, suite à Bataille d'Amman de septembre 1918 :
 "Article 2 du Mandat britannique pour la Palestine (extrait officiel) : " Le Mandataire sera responsable de placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques telles qu’elles assureront l’établissement du foyer national juif, tel qu’il est prévu dans le préambule, et le développement d’institutions autonomes, ainsi que la sauvegarde des droits civils et religieux de toutes les populations habitant la Palestine, quelle que soit leur race et leur religion."
1923 : L’émirat de Transjordanie de facto administré séparément de la Palestine occidentale, mais sans traité d’indépendance ni nouveau mandat

4. Il ne s'agit pas d'un accord de tutelle onusien (article 75 de la Charte ONU)
La Jordanie n’est pas née d’un régime de tutelle ONU en 1945
Elle est née d’un aménagement unilatéral du mandat SDN par le Royaume-Uni, validé politiquement par la SDN mais non transformé en mandat séparé ni en tutelle ONU

5. Proclamation de l’indépendance jordanienne
1946 : Traité entre le Royaume-Uni et l’Émirat → l’indépendance de la Transjordanie est proclamée (le 25 mai 1946)
1947 : Admission de la Jordanie à l’ONU refusée (notamment par l’URSS)
1955 : La Jordanie finalement admise à l’ONU après compromis
"En ce qui concerne les territoires situés à l’est du Jourdain, le Mandataire aura le droit de suspendre ou de différer l'application de tout ou partie des dispositions du présent Mandat."

Cela signifie que la Transjordanie n’a jamais été formellement exclue du mandat SDN, mais que le Royaume-Uni a suspendu l’application toutes dispositions relatives au foyer national juif à l’est du Jourdain. A la tête de l'armée de la Légion arabe, Glubb Pacha, officier britannique sous commandement d'Abdallah attaquera Israël, investira Jérusalem-est en chassant tous les familles juives ainsi que de la Judée Samarie israélienne avec destruction ou profanation de tout lieu de culte du judaïsme -Avec Gaza par l'Egypte, environ une soixantaine, notamment d'inestimable lieux archéologiques-


En résumé

L’article 75 n’a pas été conçu pour “reprendre” automatiquement les mandats SDN, mais pour offrir un nouveau cadre — plus multilatéral et orienté vers l’autodétermination — qui pouvait intégrer certains anciens mandats à condition qu’ils soient placés volontairement sous tutelle par des accords spécifiques.

Constat de base : La Charte de l'ONU n'a pas abrogé explicitement les mandats SDN

La disparition de la SDN en avril 1946 n’a pas juridiquement annulé les mandats. Le mandat SDN sur la Palestine, en particulier, n’a jamais été formellement révoqué par une autorité internationale compétente. Par conséquent :

Les dispositions du mandat, notamment son Préambule et ses articles 1 et 2, restent en vigueur tant qu'elles n'ont pas été abrogées ou remplacées par un acte juridique ultérieur valide (traité, résolution exécutoire, etc.).


Les articles 1 et 2 du mandat britannique pour la Palestine (1920)

  • Article 1 : Reconnaît le mandat confié au Royaume-Uni 

  • Article 2 : Oblige le mandataire à placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques favorables à l’établissement d’un foyer national juif.

Ce sont des engagements internationaux à caractère obligatoire pour le mandataire, et ces engagements n’ont jamais été annulés par l’ONU.


Position du droit international

  1. Continuité des engagements internationaux :
    La doctrine juridique majoritaire (cf. travaux de Lauterpacht, Oppenheim, etc.) considère que les obligations internationales créées par un instrument comme un mandat continuent d’exister même après la disparition de l’institution créatrice (SDN), sauf abrogation explicite ou transformation.

  2. Charte de l’ONU, art. 80 (la "clause de sauvegarde") :
    Cet article protège les droits acquis en vertu des mandats SDN :

    « Aucune disposition du présent Chapitre ne sera interprétée comme donnant pouvoir aux Nations Unies d’altérer de quelque manière que ce soit les droits d’un quelconque État ou d’un quelconque peuple ou les termes d’instruments internationaux existants auxquels les Membres respectifs des Nations Unies peuvent être parties. »

    Cela signifie explicitement que les droits issus du Mandat SDN pour la Palestine mandataire restent valables tant qu’ils n’ont pas été remplacés par un accord postérieur valide.


En résumé

En l’absence d’un mécanisme de succession ou d’abrogation formelle, le Préambule et les articles 1 et 2 du mandat SDN restent valides dans le cadre du droit international.

La Charte des Nations Unies elle-même, par son article 80, confirme cette continuité juridique.

Le système de tutelle onusien n’a jamais remplacé le mandat palestinien, car aucun accord de tutelle n’a été conclu.

Deux axes de conclusion générale

  1. La création de l’Émirat de Transjordanie puis du Royaume hachémite de Jordanie en violation des principes de la SDN et de l’ONU ;

  2. Le rôle de la Jordanie comme “chef de file du Judenrein*” parmi les pays MOAN / MENA*.


1. Contexte juridique et politique de la création de la Jordanie

L’Émirat de Transjordanie établi en 1921 par les Britanniques en faveur de l’émir Abdallah, un Hachémite originaire du Hedjaz, sur la portion orientale du Mandat britannique pour la Palestine.
Or, ce territoire était inclus dans le Mandat de la SDN (San Remo, 1920), qui devait préparer à l’établissement du proto état dit foyer national juif (Lettre Balfour, article 2 du mandat, et lettres italiennes et françaises).

Cependant, le 12 août 1922, l’article 25 du mandat fut activé pour suspendre l’application des clauses relatives au "foyer juif" à l’est du Jourdain. Cela permit à la Grande-Bretagne de gouverner en Transjordanie séparément — en totale contradiction avec l’esprit du mandat. Aucun nouveau mandat n’a été rédigé ni entériné pour justifier cette séparation.

Infraction majeure :

  • Non-respect de l’unité territoriale du mandat

  • Création d’un émirat non prévu par les engagements de la SDN

  • Instauration d’un État interdit aux Juifs (par droit d’entrée et de propriété), avec l’assentiment britannique, ce qui constitue une dérogation unilatérale aux engagements internationaux.

Avec l'indépendance de la Jordanie en 1946, elle devint un État judenrein de jure. Ce statut ne fut jamais contesté par l’ONU, malgré la Charte (1945) prônant l’égalité entre peuples et la fin des discriminations.

  • Les leaders terroristes palestiniens revendiquent ce territoire et tentent de chasser la dynastie arabe du Hedjaz, qu'ils jugent moins fondés qu'eux à coloniser l'ex-partie orientale du mandat SDN 1922. Ainsi, années 1960, du Fatah, faction de l'OLP et Septembre noir (1970-1971) ou de l'assassinat à Jérusalem d'Abdallah, laissant place à Talal ben Abdallah en 1950. Hussein reprend les rênes en écrasant les fedayins.


2. Jordanie et Judenrein : rôle moteur ?

La Transjordanie a été, dès les années 1920, un territoire exclusivement arabo-musulmanles Juifs étaient interdits de résidence, d’achat foncier et de culte, par ordonnance britannique sous pression musulmane arabe.

Après 1948, la Jordanie a :

  • Annexé la Judée-Samarie (Cisjordanie) en 1950 (annexion illégale reconnue seulement par le Royaume-Uni et le Pakistan), Jérusalem-Est et le corridor de Gaza,

  • Spolié et expulsé toute population juive de Jérusalem-Est, Hébron, Nablus, etc., remplacé par des musulmans et chrétiens kurdes, arméniens, arabes, etc.

  • Détruit ou profané tous les lieux juifs : 58 synagogues de Jérusalem rasées ou converties, y compris le Quartier juif de Jérusalem-Est vidé et miné.

En cela, elle se distingue par la systématicité de sa politique de purification ethno-religieuse.

Dans la zone MOAN, plusieurs États ont connu des vagues d’expulsions ou de départs juifs (Irak, Égypte, Libye, etc.), mais la Jordanie est le seul à avoir revendiqué juridiquement une exclusion juive complète de tout le territoire national. Même l’Arabie saoudite, aussi rigide soit-elle, n’a pas annexé de territoire avec population juive existante à chasser.

Chef de file du Judenrein régionalement :

  • En raison de son statut pionnier,

  • De la justification officielle et constante de l’exclusion,

  • De sa collaboration active à la réislamisation des lieux saints (Waqf jordanien à Jérusalem, refus de reconnaissance juive).


En résumé

Oui, on peut affirmer que :

  • La création de la Jordanie constitue une violation manifeste du mandat de la SDN, par suspension des engagements envers le foyer juif.

  • La Jordanie est historiquement le premier État judenrein institutionnalisé de la région MENA, et probablement le plus cohérent dans cette politique.

Cela en fait un précédent fondamental, resté impuni par les instances internationales, et dont la charge symbolique et politique reste forte aujourd’hui encore, notamment à travers son rôle sur le Mont du Temple et à Jérusalem-Est.


Population juive dans la zone ANMO

Actuellement, la comparaison des 21 % de citoyen non Juifs en Israël face aux ANMO se passe de commentaires :

Population juive estimée par pays (1920–2025)

Pays≈1920≈1948 ≈1970≈2000≈2025 (est.)
Maroc≈ 120 000≈ 250 000≈ 50 000≈ 5 000≈ 1 500 – 2 000
Algérie≈ 130 000≈ 140 000≈ 1 000≈ 100≈ 0 – 50
Tunisie≈ 75 000≈ 105 000≈ 10 000≈ 1 500≈ 1 000 – 1 500
Égypte≈ 60 000≈ 75 000≈ 2 500≈ 100≈ 3 – 20
Libye≈ 25 000≈ 38 000≈ 500≈ 800
Irak≈ 90 000≈ 135 000≈ 3 000≈ 100≈ 0 – 4
Syrie≈ 20 000≈ 30 000≈ 4 000≈ 50≈ 0 – 1
Liban≈ 15 000≈ 20 000≈ 2 000≈ 100≈ 20 – 50
Yémen≈ 50 000≈ 55 000≈ 500≈ 100≈ 0 – 6
Jordanie≈ centaines≈ 500≈ 000
Iran≈ 80 000≈ 100 000≈ 80 000≈ 25 000≈ 8 000 – 12 000
Turquie≈ 100 000≈ 77 000≈ 45 000≈ 20 000≈ 14 000 – 15 000
Éthiopie*≈ 40 000      ≈ 150 000    ≈ 50 000    ≈ 5 000    ≈ 1 000 – 2 000

Résumé de l'évolution régionale (ordre de grandeur)

AnnéeTotal estimé (hors Israël)
1920≈ 800 000
1948≈ 950 000 – 1 000 000
1970≈ 200 000
2000≈ 60 000
2025≈ 25 000 – 35 000

Sources principales


*Judenrein, nettoyé de tout Juif, et judenfrei, libre de tout Juif, sont des termes n'existant pas en 1921 du temps d'Abdallah ibn Ali et Winston Churchill, appliqués années 30 en Allemagne nazie et utilisés plus largement après les exterminations de la Seconde guerre mondiale en Europe écrasée par l'hitlérisme.

*MOAN ou ANMO - MENA - Middle East North Africa = Moyen Orient Afrique du Nord https://fr.wikipedia.org/wiki/MENA



Christine Gamita
Revue et réagencée via Chat GPT 2025