Communiqué n° 3
cite et s'associe
"Un Comité interministériel sur le handicap étant sur le point de se réunir (le 29 octobre) avec dans l'engagement n°10 :
"Lancement d'un débat sur l'accompagnement à la vie intime et sexuelle, avec la saisine du Conseil consultatif national d'éthique, en lien avec le Conseil national consultatif des personnes handicapées ".
Outre le fait que pour de nombreuses personnes handicapées, elle renforcerait leur exclusion, les traite dans une approche compassionnelle et paramédicale, la reconnaissance de l'" assistance sexuelle" enfoncerait une brèche dans la loi contre le système prostitutionnel.
Manifeste pour une vie affective et sexuelle digne
pour les personnes en situation de handicap.Ce manifeste, écrit par des associations de personnes en situation de handicap, s’adresseà tous les acteurs et à toutes les actrices politiques, sociaux, sociales et économiques quiœuvrent pour le respect des droits des personnes en situation de handicap en France, etdans le monde.
La Convention Relative Aux Droits Des Personnes Handicapées de l’ONU, entrée envigueur en 2008, et ratifiée par la France en 2009, rappelle dans son préambule lesprincipes proclamés dans la Charte des Nations Unies sur « la reconnaissance de la dignitéet de la valeur inhérentes à tous les membres de la famille humaine ». Elle s’appuie aussisur le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre1948 adopté par l’Assemblée Générale des Nations-Unies à Paris dans lequel est rappelé :
« la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et deleurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de lapaix dans le monde ;
dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans lesdroits fondamentaux de l'Homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus àfavoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une libertéplus grande ».
Par conséquent, le présent manifeste insiste sur l’exigence de dignité que nous,personnes handicapées, réclamons dans notre désir de vie sexuelle et affective.
Nous, personnes handicapées, voulons vivre dans un environnement qui nous permetd’avoir une vie sociale, de rencontrer des partenaires, de choisir celle ou celui avec quinous voulons avoir des relations sexuelles et affectives.
Nous nous opposons donc à toute disposition particulière et spécifique qui nous traitecomme une entité homogène, sans tenir compte de la diversité des individus, ne faitque nous renvoyer dans l’exclusion et nous mettre en dehors de la société. Nous disonsnon à la discrimination sexuelle des personnes handicapées car nous sommes desindividus à part entière au sein de la société et parce qu’il n’existe pas de besoinssexuels propres aux personnes en situation de handicap. Nous, personnes handicapées, voulons sortir du tabou la sexualité afin qu'elle noussoit reconnue et facilitée et non plus refoulée et niée. Nous voulons affirmer notreautonomie.Nous, personnes handicapées, refusons toute approche compassionnelle, envisagéecomme un recours contre « la misère sexuelle » et tournée vers la satisfaction de« pseudo-besoins », essentiellement masculins. Car on sait que la demande d’« assistance sexuelle » vient à 95% d'hommes. Quant aux femmes handicapées, lesviolences qu'elles subissent pour la grande majorité d’entre elles, n’ont que depuispeu, grâce à nos appels et à nos alertes, suscité des réactions et ont été prises enconsidération. On se contente souvent de leur imposer une contraception nonpersonnalisée. Nous, personnes handicapées, nous voulons pouvoir établir des relationsenrichissantes, peut-être stables, dans la durée. Notre demande affective est très forte.Nous ne voulons pas de relations sexuelles marchandes et tarifées, nous ne voulons pasdevenir une cible et un marché lucratif pour le système prostitutionnel. Nous nousopposons à la création de nouvelles formes de prostitution déguisée sous le nom de« assistance sexuelle » qui est en fait de la « prostitution pour hommes handicapés »qui, traités depuis l’enfance d’indésirables, exigent d’acheter le désir». Les industries dusexe voudraient, comme dans d’autres pays, la plupart pro-prostitution, faire de grosprofits en s’emparant de ce « créneau », créant ainsi une brèche dans la loi de luttecontre le système prostitutionnel.
Nous, personnes handicapées, respectons la dignité des êtres humains comme nousvoulons que la nôtre soit respectée.
Nous ne voulons pas être instrumentalisées et servir de prétexte pour justifier un« ajustement » des lois sur le proxénétisme et de la loi de 2016 sanctionnant l’achatd’acte sexuel, alors que la France est engagée dans la lutte contre le systèmeprostitutionnel, les violences faites aux femmes et le trafic des êtres humains. Nossouhaits ne doivent pas se réaliser en instaurant des situations de sujétion pourcompenser des difficultés et souffrances.
Nous, personnes handicapées, sommes capables, souvent autrement que lespersonnes dites « valides », de développer notre sexualité.
Nous ne voulons pas qu’on nous fournisse un nouveau service de soin, nous maintenantà domicile dans l’exclusion, dans une approche paramédicale, passéiste.
Nous, personnes handicapées, défendons l'égalité femmes-hommes.Nous ne voulons pas reproduire une relation d’inégalité et de domination entre femmeset hommes, où un homme achète le corps d’une femme et le domine par l’argent. Nousne voulons pas de nouvelles « femmes de réconfort », avec toutes les dérives etviolences inhérentes à cette situation.
Nous, personnes handicapées, qui pour la majorité, vivons dans la précarité, souventsous le seuil de pauvreté, nous avons besoin de financements pour avoir un logementdécent, un emploi valorisant et lucratif, des aides quotidiennes, des moyens detransport, des occasions de rencontre.
Nous nous opposons donc au financement par la sécurité sociale de formations etservices sexuels dédiés aux personnes en situation de handicap et demandons que desfinancements soient mis à notre disposition, là où nous en avons besoin pour notre vie decitoyens et citoyennes.
Nous, personnes handicapées voulons qu’on respecte notre intimité.Nous nous insurgeons contre le fait que les médias ressassent, avec délectation car ils’agit de sexe, le sujet de l’ « assistance sexuelle », sans débat de fond, les journalistespensant ainsi faire de l’audience. Nous ne voulons pas que notre sexualité alimente levoyeurisme des spectateurs et spectatrices, sans réel débat.
Nous, personnes handicapées, voulons qu’on nous nous laisse occuper nous-mêmes denotre vie affective et sexuelle alors que celle des «personnes dites « valides » n’est souvent pas un modèle !
Nous leur refusons toute légitimité pour penser et agir au nom des personneshandicapées.
Nous, personnes handicapées, interpellons toute la société sur la sexualité : commentpréparer les enfants et les jeunes à des relations sexuelles dans le respect de l’autre, àles informer de la richesse des différences, quelle place pour la sexualité dans unesociété de consommation, d’urgence et de pornographie, quel équilibre assurer entreliberté individuelle et contraintes sociales ?
Nous, personnes handicapées, souhaitons que la société change de regard sur notresexualité et notre vie affective, sans nous stigmatiser mais en nous incluant dans la viesociale.
Pour cela, nous, personnes handicapées, demandons :
Une éducation sexuelle dès le plus jeune âge dans le respect de l’autre, de sonessentiel “consentement”, dans l’échange des désirs comme des plaisirs.
La déconstruction des stéréotypes et préjugés sur le handicap par unesensibilisation dans les établissements scolaires et par le mélange, dès la vieenfantine, des enfants et des personnes atypiques et différentes dans le mêmeespace social. Cette déconstruction nécessite une formation des professionnelsencadrant des personnes handicapées.
Une information sur les droits sexuels et reproductifs en particulier pour les jeunesfilles et femmes : choix de la contraception, maternité, parentalité.
Une information sur les droits sexuels et les responsabilités individuelles pour lesjeunes garçons et les hommes : choix de la contraception, paternité, et respectpermanent des désirs, hors des schémas pornographiques.
Le développement de l’accessibilité universelle des lieux de loisir, de sports, detravail, de vie sociale.
Le développement d’aides techniques. pour favoriser la vie quotidienne despersonnes en vulnérabilité quelqu’en soient les raisons et les besoins.
Toute personne ou association partageant les valeurs, arguments et demandes de ceManifeste est invitée à nous communiquer sa signature à l’adresse :claire.desaint@fdfa.fr
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Communiqué n° 1.2015 En https://susaufeminicides.blogspot.com/2015/09/sexual-serfdom.html
Communiqué n° 2.2018 https://susaufeminicides.blogspot.com/2018/09/a-bas-la-maternite-ancillaire_25.html
Belgique http://susaufeminicides.blogspot.com/2018/02/ne-perdez-pas-le-nord.html
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- Fondamentaux de ce journal ethnographique engagé pour le droit du sexe féminin
B - Androcides - http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/androcides.html
Mais plus encore : http://susaufeminicides.blogspot.fr/2013/08/salon-de-demoiselles.html
Des preuves ? http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/cest-de-la-carte-tentative-darticle.html
Des chiffres ? http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/combien.html
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