04/09/15

Servage sexuel, non merci

"Sa ruine ne peut pas être séparée de la vôtre, parce que vous êtes la mère et parce que si elle devenait femme du monde, vous deviendriez sa messagère avec le monde, et vous seriez à punir sévèrement, tandis que sa faute ne semble peut-être pas impossible à être excusée, vus nos propres défauts [...], vous tueriez d’un seul coup votre âme et votre honneur ainsi que ceux de votre fille [...], ne permettez pas que non seulement la chair de votre pauvre fille soit déchirée et vendue, mais que vous-même en soyez le boucher" Veronica Franco*


Esclavage sexuel dans l'Empire turc ottoman
Anonyme- Fillette réfugiée arménienne en Syrie, islamisée, bordélisée -tatouages d'identification pour éviter la fuite-

25 août 1919, Underwood & Underwood/Corbis
http://www.damedepic.com/le-tatouage-lexposition-tatoueur-tatoue/


Communiqué de presse
 AERAFEM n° 1

Pour les besoins de la cause, vous trouverez la traduction en langue anglaise ici http://susaufeminicides.blogspot.fr/2015/09/sexual-serfdom.html

Au chevet de la clique proxénète ?

Le 11 août 2015, Amnesty International se prononce résolument en faveur de la libéralisation du "commerce du sexe". Selon l’association, seules des mesures minimalistes mises en œuvre par les pouvoirs publics permettraient de garantir les "droits de l'Homme des travailleuses et travailleurs du sexe".

En poussant la logique commerciale à son terme et étant communément entendu que les employées du commerce sont des vendeuses, s’agirait-il, dans le Code du Commerce, de sécuriser les vendeuses de sexe dans l’opération soit de location de partie du corps, soit de cession gratuite, qui deviendrait alors don d’organe ?

AERAFEM ne saurait cautionner, en aucun cas, un tel dévoiement quant aux droits fondamentaux des femmes. En effet, l’association internationale tient un double discours, qui ne fait que révéler son souci premier à l’égard des acheteurs.

Serait-ce que le droit à la vie privée de ces derniers, venu manifestement en "sous-bassement" de la dignité essentielle de la femme et de l’homme ainsi que du droit à la vie, devrait supplanter leur sûreté et leur liberté ? Cependant, le commerce est une activité publique, s’il est de droit privé, il ne relève pas de la vie privée : trottoirs, vitrines et centres ouverts en témoignent.

AI s’arrange en tout cas d’écarter et d’ignorer ces points et suggère que, précisément, quelle que soit la primauté, aucun de ces principes fondamentaux n’est violé puisque la « sexualité » est un besoin humain - confondu par là le sens de besoin et celui de besoin vital (où la vie serait mise en danger) - qu’il ne peut y avoir en l’occurrence servitude et que, par conséquent, la prostitution relève également de préférences individuelles qui ne sauraient admettre le regard indiscret de l’État.

Dans le même temps, A. I. insiste, dans un contexte économique imparfait, sur la validité du « choix » prostitutionnel pour les femmes en situation de précarité. C’est ainsi que cette logique d’urgence sexuelle virile mais humanitaire viendrait combler les lacunes clairement libérales des propositions de l’Organisation Non Gouvernementale : la prostitution de solution serait salutaire pour les femmes pauvres, leur enlever le pain de la bouche est indécent, les acheteurs seraient des bienfaiteurs ainsi que les pourvoyeurs …

En tant qu’association agissant pour l’éradication des féminicides dans le monde, une telle position nous paraît intenable, les femmes ayant droit à la vie, la liberté, la sécurité et la dignité d’office.

Or et par définition, ces principes fondamentaux ne peuvent être fonction de l’état de fait mais, bien au contraire, sont à même de créer un contexte au sein duquel le politique peut dûment intervenir pour contredire la licence coutumière des hommes qui paient pour utiliser en nombre écrasant des enfants, des fillettes et les femmes telles des « outils-vivants » à jouir. Et à perpétuer la lignée sans plus s’embarrasser de contraintes sociales ? Le sens mécaniste et utilitaire envers le sexe féminin qui doit se savoir honoré d’être utilisé par le désir viril pourrait passer, à n’en pas douter, sous la coupe d’une mutation en "proxénétisme reproductif" (1).

Il s’agit là d’une position de principe : le corps humain ne peut faire l’objet d’échange. Le corps humain n’est en rien une propriété cessible. Qu’est-ce qu’un sujet de droit sans corps ? À moins de renier la hiérarchie de principes, la servitude volontaire, pas plus que la traite, ne trouve de justification dans le cadre de ceux affirmés par les diverses « Déclarations Universelles des Droits de l’Homme » !

Si l’argent déboursé en conditions matérielles optimales constitue la seule médiation possible pour déterminer ou non un lien de subordination et d’exploitation, il va sans dire que la traite sexuelle peut très facilement devenir une simple question de libre circulation de « travailleuses ». D’autant que A. I. se prononce en faveur de la régularisation systématique des migrantes, qui ainsi concernant un continent s’évaporeraient, et dans les échanges inter -continentaux apparaîtraient socio- professionnellement en services commerciaux de coopération dans les statistiques de la rémittence (2) de la Banque mondiale ?

A.I. brouille les termes à dessein, de sorte que la contrainte doive absolument atteindre un paroxysme, afin que les femmes prostituées ainsi que toute femme puissent seulement espérer une quelconque sécurité. En effet, miser sur la bonne volonté et l’ « éthique » des « proxéneurs » (acheteurs) et des proxénètes (VRP - voyageurs de commerce) revient à rendre les droits fondamentaux des femmes négociables, appréciés au gré d’humeurs seigneuriales plus ou moins bienveillantes. Ce qui confond la survie et le droit à la vie, tandis que la condition première de la vie elle-même, à savoir l’intégrité du corps, en est bassement monnayée.

AERAFEM ne souscrit en rien à ce renoncement gestionnaire (3), lequel d’évidence et au nom d’un relativisme pragmatique, contribue et continue à justifier des pratiques féminicidaires archaïques, tant contre les prostituées que l’ensemble des fillettes et des femmes.

Prétendre encadrer commercialement a minima ne rencontre aucun succès depuis des siècles et relève finalement, et dans l’ensemble, d’un simple immobilisme historique ; lequel se trouve ainsi en contradiction nette avec une promotion cohérente et digne des Droits des femmes à l’échelle mondiale. D’autant que la preuve n’est nulle part faite par Amnesty International de sa rigoureuse méthodologie scientifique, AERAFEM lui dénie toute crédibilité en ce domaine.

AERAFEM salue et remercie les innombrables protestations d’antennes nationales de l’association qui se désolidarisent de cette position bafouant les législations souveraines et démocratiques, ainsi que les Conventions et Traités internationaux d’égalité des sexes et de protection des fillettes et des femmes.

AERAFEM Paris, siège et Antenne Marseille, le 4 septembre 2015

Veronica Franco, 7 Lettere familiari a diversi, cit., p. 41-42, 43, 45  https://journals.openedition.org/italique/362#bodyftn7  in Piotr Salwa, Veronica Franco et la dignité d’une courtisane, Italiques XV | 2012, Conférence Barbier-Mueller 2012, p. 235-259 https://doi.org/10.4000/italique.362 
"En s’adressant à une mère qui pense à diriger sa fille vers la prostitution, elle écrit :
la rovina di lei non può essere separata dalla vostra et perché sete madre et perché s’ella diventasse femina del mondo voi diventerete sua messaggera col mondo et sareste da punir acerbamente, dove forse il fallo di lei non sembra del tutto incapace di scusa fondata sopra le nostre colpe [...], essortandovi di nuovo [...] a non uccider in un medesimo colpo l’anima e l’honor vostro insieme a quello della vostra figlia [...], non sostenete che non pur le carni della misera vostra figlia si squarcino et si vendano, ma d’esserne voi stessa il macellaio."

  • Notes du communiqué


1. Le proxénétisme reproductif étant communément désigné sous la notion de "Gestation pour autrui"

2. Remittance - Envoi de fonds aux proches des régions d’origine de travail immigré (terme de géographie)


3. Renoncement gestionnaire - 
Cette expression est employée en référence à la tendance dite de "Nouvelle gestion publique" selon laquelle les pratiques propres au secteur privé devraient s'appliquer dans le public. Les citoyens ne deviennent plus que des consommateurs. Les autorités publiques doivent ainsi satisfaire chaque demande, le but étant l'efficacité ainsi que l'efficience de l'action publique. La loi n'impose aucune autre limite que celle démarquée par la violence. La loi devient un simple outil de gestion. C'est une réactualisation du vieux concept libéral de "liberté négative"

Nota bene - Précisions sur la notion de servitude volontaire d'Etienne de la Boétie. http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/etienne.html

***
  • Amnistie sans grâce... Une organisation qui s'occupe de quérir amnistie de prisonniers politiques s'occupe de soutenir les souteneurs : A contre courant de l'abolition ? Cela en est pourtant synonyme. Autrement dit que ce ramdam va contre son objet même :
"Corresp. rom. : prov. abolitió. 1. 1316 « action de prononcer l'effacement d'un délit » terme jur. (Ordonn. faictes en parlement tenu à Vannes, à la suite des Coust. de Bret. ds Gdf. Compl. : Graces, remissions etabolucions)http://www.cnrtl.fr/lexicographie/abolition
Ces messieurs de la Haute chambre veulent sauver les meubles ?
http://www.hellocoton.fr/edouard-vii-bien-remis-en-selle-ce-fauteuil-des-voluptes-qui-provient-de-l-une-des-plus-celebres-maisons-closes-de-paris-sera-expose-au-petit-palais-en-avril-11320824
L'on sait moins ce que les officiers de Police de Suède dirent solennellement à nos assemblées législatives car le compte rendu sur la mise en oeuvre du modèle suédois de pénalisation des proxéneurs en fût faussé.. Découvrons-en les termes et circonstances. http://blogs.mediapart.fr/blog/patricjean/121015/le-senat-trafique-un-temoignage-pour-refuser-labolition-de-la-prostitution

Faux jetons et fantômes - 20 sénatrices et sénateurs présents en hémicycle pour rejeter le rétablissement de l'article 16 de pénalisation des proxéneurs*, grâce aux élus républicains et écologistes... Vous aurez remarqué que le communiqué ci-dessus vaut également pour tout autre rapport. Autres commissions, autres organismes privés et publics, qui s'évertuent bille en tête à épargner les
proxéneurs, au point que l'on songe à compter fermement leur nombre en leurs membres. Pour d'autres sénateurs qui ne seraient pas proxéneurs, il s'agit juste de condescendance et pitié paternaliste d'excuser les pauvres hommes de recourir au servage sexuel des femmes, pour leur propre intérêt. Mais qui a voté contre ? http://www.senat.fr/scrutin-public/2015/scr2015-24.html


L'on rit sous cape du chevet de savoir trop bien que l'industrie pornoprostitutionnelle reste très loin d'être malade ou affaiblie. Au contraire, toujours plus de filles y sont poussées par des arguments lénifiants qui les poussent au bas servage. L'on sait facilement ceux qui s'amusaient au Chabanais, lupanar parisien de haut vol bénéficiant d'un snobisme raffermi. L'on ne saura jamais ceux qui se vidaient la goutte d'or car les maisons d'abattage sont moins appréciées des plumitifs, moins chics, moins voluptueuses. Les deux styles de lieu de servage virent passer en tout cas toutes les colorations politiques à couvert.

  • MAJ octobre 2015 - Malheureuse confirmation de notre doute quant à la méthodologie testimoniale et d'enquête prétendue d'AI qui va, en fait, jusqu'à une évidente collusion ?
"La vice-présidente d’un organisme qui a officiellement conseillé une instance supérieure de l’ONU sur sa politique en matière de prostitution a été emprisonnée au début de l’année après avoir été reconnue coupable de traite à des fins sexuelles." http://www.prostitutionetsociete.fr/actualites/actualites-monde/onusida-aux-mains-des-maquereaux
A savoir que vice-CEO de NGO Sex Work Projects (ong Projets de travail sexuel) dont Amnesty International tirait caution, afin de favoriser les campagnes qui promeuvent la prétendue liberté de se vendre, et avis a été condamnée pour traite à 15 ans. http://www.faber.co.uk/blog/a-human-rights-scandal-by-kat-banyard/
  • Crédit illustrations
Esclavage sexuel dans l'Empire turc ottoman - Anonyme- Réfugiée arménienne en Syrie, islamisée, bordélisée -identification par tatouage pour empêcher leur fuite- 25 août 1919, Underwood et Underwood/Corbis

Il est notable que l'esclavage sexuel de traite humaine qui a été le lot des Arméniennes, Grecques et autres femmes prises en servitude par les Ottomans n'est pas le servage sexuel, où une contractualisation de servage existe comme dans les maisons de passe ou la prostitution de rue avec ou sans souteneurs.

Cependant, il reste vital de considérer ces mécanismes lointains et en même temps présents qui facilitent et dont certains justifient le servage sexuel. 
  • Autres articles évoquant les avatars de l'amicale proxène*, viriles récréations et reproductions 
  • Fondamentaux de ce journal ethnographique engagé pour le droit des fillettes :
B - Androcides - http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/androcides.html
Mais plus encore : http://susaufeminicides.blogspot.fr/2013/08/salon-de-demoiselles.html
Des preuves ? http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/cest-de-la-carte-tentative-darticle.html
Des chiffres ? http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/combien.html


Message de remerciements - AERAFEM, ONG française, remercie tous les blogs féministes et plateformes numériques qui projettent sur la Toile son communiqué et espère que de nombreux liens vigoureux de protestation se rajouteront en commentaires ci-dessous...

http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/be/
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