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21/05/24

Punitions collectives

 Fiche synthétique 
juridique, politique et historiographique


L'Egypte et l'article 23 de la Convention de Genève


Dans un tel cas catastrophique du kurban du 7 octobre 2023 et de la riposte annoncée, l'Egypte possédant une frontière de douze kilomètres avec la Bande de Gaza créée par occupation militaire de mai 1948 du corridor de Gaza (450 000 hab. mixtes env.), entérinée par les Accords de Rhodes, devait-elle l'ouvrir large, secondée par toutes institutions, organisations et diplomaties, tant au nom de la libre circulation des personnes que de l'article 23 de la Convention de Genève ? D'autant qu'il s'agit de guérilla urbaine, où tout type de bâtiments est utilisé par les factions jihadistes* retranchées, ce qui rend tout maintien civil non combattant particulièrement risqué.

Cette question mérite d'être posée puisque, au contraire, les prétextant dangereux fauteurs de troubles et les forçant à rester sur des terres, prétendues ancestrales par les propagandes impérialistes, anglicane et soviétique, entre autres, les Nations Unies et le lobby des associations internationales ont empêché qu'ils soient mis à l'abri, même temporairement pour raisons humanitaires avec leur encadrement et garantie. Il s'agit de plus de deux millions de Gazans, formés de Gazaouis et de non Gazaouis de statut spécifique de réfugiés héréditaires UNWRA à vie sur déclaration de deux ans de résidence ou travail sur le territoire mandataire jusqu'au 14 mai 1948. Si jamais qui que ce soit d'autre osait généraliser de la dangerosité d'une population, imaginez les hauts cris. Dans ce cas-ci précisément, cela serait excusable par la souveraineté du pays en paix, pourtant occupant de fait par intermittence depuis 1948, y ayant exilé régulièrement, à commencer par l'époque Anouar El Sadate, ses islamistes et Frères musulmans à partir de 1951. Tout le monde ferme les yeux sur l'Egypte, présentée en tampon de stabilité, qui n'ouvre parcimonieusement qu'un point d'entrée à ses voisins, prétendus dangereux (nombre et mentalité) non combattants ? Si jamais qui que ce soit osait généraliser par motif de "péché originel de création de son état" (jugé illégitime par les Frères musulmans, de se trouver en Islam) et punir toute population de cette origine, ne serait-ce pas également intolérable ? Pourtant, tout Juif et tout Israélien, en Israël comme hors Israël, se trouve assigné en punition collective de culpabilités diverses.

Quid de l'occupation égyptienne directe, indirecte et diffuse ? La question reste en suspens La conséquence en est qu'alors qu'il aurait pu être évité toute victime civile non combattante, le Hamas peut se glorifier d'innombrables shahid du jihad, que l'organisation terroriste. L'Autorité palestinienne devant la multiplication exponentielle des pensions à payer aux familles des combattants rapidement n'aura plus les moyens de payer cette surenchère pour faits héroïques religieux antisionistes versées aux disparus. 

En place devant l'urgence et le volume nécessaire d'ouvrir d'autres passages'Egypte ne conditionne que moitié de l'entrée par un seul poste frontière sur ses 12 km de 50 % de l'aide. Il est possible de suivre l'avancée des camions par 

''Le COGAT suit et enregistre toute l'aide transférée à Gaza. Chaque cargaison est documentée selon son origine et son itinéraire (aérien, maritime, jordanien, Kerem Shalom, etc.). Cela fournit un aperçu complet de toutes les livraisons d'aide à Gaza. Les camions transportant des biens humanitaires sont comptés lors du processus d'inspection côté israélien, puis transférés côté gazaoui des points de passage pour que les organisations humanitaires puissent les collecter et les distribuer." https://gaza-aid-data.gov.il/main/

A quand une résolution du Conseil de sécurité NU envers l'Egypte d'ouvrir maximum de sa frontière aux personnes et aux biens, et un examen plus sérieux et remise en question du statut effectif de fait depuis 1948 des actions égyptiennes occupantes sur le corridor de Gaza puis la Bande de Gaza ?

Position juridique de l’article 23 de la IVe Convention de Genève et son application au cas égypto-gazan

Texte applicable : Article 23 de la IVe Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre (1949)

Article 23 : « Chaque Partie contractante permettra le libre passage de toutes expéditions de médicaments et de matériel sanitaire destinées seulement à des civils d’une autre Partie, même ennemie. Elle permettra également le libre passage de toutes les expéditions de vivres essentiels, vêtements et tonifiants spécialement envoyées aux enfants de moins de quinze ans, aux femmes enceintes et aux femmes en couches. »

Analyse juridique :

  1. Champ d’application de l’article 23 :

    • L’article concerne le transit de biens de secours humanitaire, non la circulation des personnes.

    • Il vise les expéditions à destination de civils se trouvant sur un territoire relevant d’une autre Partie contractante, y compris ennemie.

  2. Conditions d’application :

    • Le passage peut être subordonné à des garanties assurant que les biens ne bénéficieront pas indirectement à l’effort de guerre de l’ennemi.

    • Il n’y a pas d’obligation absolue d’ouverture sans conditions.

  3. Situation particulière de l’Égypte :

    • L’Égypte n’exerce ni contrôle ni occupation de la bande de Gaza au sens du droit international humanitaire.

    • Le point de passage de Rafah se situe en territoire souverain égyptien, où s’applique le droit de contrôle des frontières, inhérent à toute souveraineté étatique.

    • En l’absence d’occupation ou de belligérance directe, l’Égypte ne saurait être assimilée à une « Partie contractante » responsable du territoire gazaoui en vertu de l’article 23.

    • Par ailleurs, aucune obligation positive ne pèse sur un État tiers d’autoriser le passage de personnes ou de biens, en dehors de procédures concertées ou d’accords spécifiques (comme ceux encadrant l’aide humanitaire internationale sous mandat de l’ONU).

  4. Considérations politiques :

    • L’attitude de l’Égypte à l’égard du Hamas, entité issue des Frères musulmans, s’inscrit dans une logique de sécurité intérieure et de politique régionale.

    • Le discours dominant de la communauté internationale tend à concentrer la responsabilité juridique et humanitaire sur l’État israélien, considéré par certains acteurs comme puissance exerçant un « contrôle effectif indirect » sur Gaza, bien qu’il s’en soit retiré formellement en 2005 en exilant tous ses citoyens israéliens, soit remettant la Bande de Gaza en état de judenrein -après en ayant repris les territoires occupés depuis 1948 lors de l'attaque arabo musulmane de 1967-

Conclusion :
L’article 23 de la IVe Convention de Genève n’impose pas à l’Égypte l’ouverture inconditionnelle de sa frontière avec Gaza. Celle-ci demeure libre d’exercer son contrôle souverain, tant qu’elle ne contrevient pas à des obligations humanitaires internationales spécifiques. En l’état, aucune violation juridique formelle ne peut être imputée à l’Égypte au titre de cet article.

L’Égypte 

  • Contrôle uniquement de son propre territoire

  • Irresponsabilité sur le plan du droit humanitaire

  • Bénéfice d’une forme d’impunité médiatique et diplomatique, comme évoqué plus haut


En dépit, depuis l'attaque coordonnée d'Israël et son occupation militaire du 14 mai 1948, il est donc totalement occulté du fait notoire d'occupation directe, indirecte et diffuse égyptienne. Malgré qu'ayant dès lors
 
- surpeuplé le corridor et ses deux ports par une implantation massive de population, notamment d'origine égyptienne, à lire de nombreux patronymes typiquement égyptiens présents,  

- majorité des habitants implantés ayant de la famille en Egypte, 

- sans compter, les tunnels innombrables qui débouchent sur son territoire, fonctionnant pendant la guerre, même de manière réduite, et actuellement encore selon des matériaux et matériels découverts par l'armée occupante.

🔸 Conclusion (juridique) :

L’Égypte peut moralement être critiquée pour la fermeture du passage de Rafah, mais il est argué qu'aucune règle du droit international humanitaire ne l’oblige formellement à l’ouvrir à l’aide ou aux réfugiés, en l’absence :

  • d’occupation militaire,

  • de statut de belligérant,

  • de résolution du Conseil de sécurité.

  • Israël et l'article 23

Par contre, Israël en état occupant du fait de sa riposte à l'attaque de déclaration de guerre religieuse par l'administration autonome de Gaza remplit ses obligations de continuer à offrir sa part d'eau et électricité, bien que l'Autorité palestinienne reste son débiteur endetté.
"Eau Avant la guerre, 90 % de l'eau de Gaza provenait des stations de pompage et des usines de dessalement locales. Seulement 10 % de l'eau provenait d'Israël via trois canalisations. (...) Au sud de Gaza, deux conduites d'eau en provenance d'Égypte sont actuellement en service, toutes deux financées et construites par les Émirats arabes unis. La première a été mise en service le 19 décembre 2023. Ensemble, elles fournissent environ 10 000 litres d'eau par jour. 
Entre janvier 2024 et début juillet, plus de 59 coordinations ont été menées pour la réparation et le ravitaillement du réseau d'eau de Gaza. Par ailleurs, le COGAT a coordonné la réparation de trois pompes à l'usine de dessalement de l'UNICEF à Deir Albalah. Ces réparations ont permis de ramener la capacité de l'usine à 1 000 mètres cubes par jour. (...)
Avant le 7 octobre, environ 50 % de l'électricité de Gaza provenait d'Israël. Dix lignes à haute tension reliaient Israël à Gaza et fournissaient environ 120 mégawatts d'électricité. Le reste de l'électricité était produit de manière autonome dans la bande de Gaza, grâce à un vaste réseau solaire, des générateurs indépendants et une centrale électrique. " cf. Infrastructures https://gaza-aid-data.gov.il/main/humanitarian-effort-within-the-gaza-strip/
Cet état contrôle légalement l'arrivée d'aides, qui profitent en tout cas aux factions terroristes -civils combattants armés- et leurs familles, par les entrées de ses postes frontières, avec la méthodologie précisée en mars 2024. cf. https://www.gov.il/en/pages/transparency-and-methodology-issues-in-the-ipc-special-brief-of-18-march-2024

De même que chaque planning de bombardement de caches identifiées en surface ou en tunnels (500 km de souterrains interdits aux civils par les miliciens retranchés) reste étudié par les avocats, des messages divers sont portés préalablement à la population d'abandonner les aires ciblées, ce contrôle est suivi attentivement par ses juristes. Ces examens sont d'autant plus approfondis que les captifs pris en otages présents utilisés en monnaie de troc mais aussi en boucliers humains.

CONCLUSION GENERALE

Victimes de guerre - La retenue immorale des civils non combattants dans la Bande de Gaza et les menées des factions jihadistes dont les miliciens du Hamas, élu administrateur autonome depuis 2007, restent la raison des décès à Gaza non naturels, dont le nombre reste invérifiable. 

En l'absence d'une quelconque comptabilité, tant des rituels d'enterrement, que des linceuls (sous forme de sacs mortuaires entrés par l'aide -sachant que les stocks à novembre 2024, au début de l'offensive de défense terrestre israélienne relevaient du nombre courant de décès naturels-), il ne peut s'agir que de projections à partir d'un croisement de la comptabilité des subventions versées aux familles par l'AP, le ratio commun de mortalité de coutume, dont nous n'avons pas trouvé le calcul plus précis.

Cependant, à comparaison d'autres conflits, il semblerait que le ratio civil soit le plus bas connu.

Une résolution du Conseil de sécurité NU concernant l'Egypte et l'examen plus attentif du statut effectif de l'Egypte depuis 1948 manquent manifestement.

En leur absence, les populations civiles non combattantes n'ont pas été suffisamment protégées par l'Egypte, l'ONU en toutes ses agences, et les associations internationales humanitaires et politiques.

  • MAJ au 15 février 2025 

Capture d'écran - MAJ 25/02/2025 de la Coordination de l'aide 
https://gaza-aid-data.gov.il/main/#RecentUpdate

  • *Jihad de Gaza

"Le fer de lance du jihad

8 La section de Gaza des Frères musulmans de Palestine est établie le 25 novembre 1946 [9]. La date est choisie pour coïncider avec le nouvel an 1366 du calendrier islamique, mais le lieu est le très profane cinéma Samer, ouvert au centre-ville durant le second conflit mondial. La Confrérie met en avant deux sexagénaires respectés à Gaza : le cheikh Omar Sawan, magistrat à la retraite, a effectué une brillante carrière sous l’Empire ottoman (avec une nomination au Yémen contre la volonté de l’imam de Sanaa [10]), puis en Palestine mandataire ; son adjoint est le cheikh Abdallah al-Qaychawi, prêcheur de la grande mosquée de Gaza et membre actif de sa chambre de commerce et grand pourfendeur des velléités missionnaires [11]. Mais l’homme clé est le secrétaire général de la section de Gaza, Zafer Shawa, d’une génération plus jeune que les cheikhs Sawan et Qaychawi, qui a déjà une expérience nourrie d’organisation de la jeunesse dans des clubs sportifs ou les Scouts islamiques [12]. Tous les trois appartiennent à des familles de notables, établies de longue date à Gaza [13].

9 La structure des Frères musulmans en Palestine demeure très intégrée à l’appareil égyptien de la Confrérie et la section de Gaza est fréquemment visitée par des responsables de la maison-mère cairote [14]. À mesure que s’approche la fin du mandat britannique, la Palestine devient pour Hassan al-Banna le théâtre principal de mobilisation, où il compte peser dans le jihad antisioniste et former des combattants capables de passer à l’action révolutionnaire à leur retour en Égypte. À la fin de l’hiver 1947-1948, les forces britanniques ont renoncé de fait à assurer l’administration du district de Gaza, ce qui ne peut que favoriser la minorité active des Frères musulmans. Du 19 au 22 mars 1948, Banna vient lui-même galvaniser ses partisans sur place et inaugurer leur base de Nusseyrat [15]. Au cours du mois d’avril, des commandos islamistes, aussi bien palestiniens qu’égyptiens, harcèlent les colonies juives du secteur, sans grand résultat [16]. Des officiers égyptiens sont infiltrés en Palestine pour encadrer ces militants, notamment, le 10 mai, lors de l’assaut (infructueux) contre le kibboutz Kfar Darom [17].

10 La proclamation de l’État d’Israël, le 14 mai 1948, la veille du terme du mandat britannique sur la Palestine, provoque l’intervention des armées arabes, dont dix mille militaires égyptiens dans le secteur de Gaza, ce qui marginalise le rôle des irréguliers islamistes. En outre, Hajj Amine al-Husseini charge Jamal Sourani, le fils d’un ancien maire de Gaza, de réorganiser la milice nationaliste du « Jihad sacré » dans le Sud de la Palestine [18]. Certes, les Frères musulmans contribuent à la prise de Yad Mordechai, le 24 mai, et ils s’emparent de la position d’Asluj, le 17 juillet [19]. Mais leur refus de s’intégrer à l’ordre de bataille ou de respecter les trêves détériore leurs relations avec l’armée égyptienne, d’autant que la Confrérie mène campagne sur le thème de la « trahison » des régimes arabes face aux conquêtes sionistes.

11 La tension monte tellement au Caire que le Premier ministre, Mahmoud Noqrashi, décrète, le 8 décembre, l’interdiction des Frères musulmans et la confiscation de tous leurs biens. Les militants islamistes se vengent en assassinant le Premier ministre, vingt jours plus tard. Et le cycle de violence se poursuit avec le meurtre, le 12 février 1949, de Hassan al-Banna. La propagande des Frères musulmans ne cessera plus, dès lors, de le représenter comme un « martyr », tombé pour avoir trop défendu la Palestine, tandis que la milice islamiste sera censée avoir sauvé en 1948 l’honneur arabe dévoyé par les régimes et leurs armées." Jean-Pierre Filiu, Les fondements historiques du Hamas à Gaza (1946-1987), p.3-14 https://shs.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2012-3-page-3?lang=fr

  • Crédit illustration - Cercueil de Ramsès II 

  • Annexe I - Ramsès II et punition collective des Hébreux par "l'Exode" ?

   I - Sites archéologiques impliqués dans le débat sur l’Exode

Site DécouverteImportance Référence archéologique
Tell el-Dab‘a (ancien Avaris, dans le delta oriental)Traces de population asiatique (tombeaux, céramiques syro-palestiniennes, maisons "levantines")Lieu possible d’établissement de groupes sémitiques, peut-être proto-hébreuxBietak, M. (2003), "Rich beyond the dreams of avarice?" in Egypt and the Levant
Pi-Ramsès (Qantir)Capitale de Ramsès II, édifiée sur ou près d’AvarisMentionnée dans Ex 1:11 comme l'une des villes construites par les HébreuxKitchen, K.A. (1996), On the Reliability of the Old Testament
Désert du Sinaï (en particulier Kadesh-Barnea, Ain Qudeirat)Absence quasi totale d’occupation sédentaire ou campements vers 1300–1100 av. E. C.Va contre l’idée d’un séjour prolongé des Hébreux dans le désertFinkelstein, I. & Silberman, N.A. (2001), The Bible Unearthed
Haute Judée / Samarie (collines centrales de Canaan)Villages nouveaux à la fin de l’âge du Bronze (~1200 av. E. C.), souvent sans os de porcIndice d’un groupe distinct sédentarisé venant de l’intérieur (pas de l’Égypte)Dever, W.G. (2001), What Did the Biblical Writers Know and When Did They Know It?

 II - Sources égyptiennes mentionnant des Sémites ou "Habiru"

Source / TexteDate approx.ContenuPertinence pour l’ExodeRéférence
Papyrus Anastasi VXIXe dynastie (~1250 av. E. C.)Mentionne des "Shasou de Yhw" dans le désert de SeirPremière mention du dieu YHWH dans une source non-bibliqueRainey, A.F. (2008), "Who is a Hebrew?" in Biblical Archaeology Review
Stèle de Mérenptah (aussi appelée "Stèle d'Israël")~1208 av. E. C.Mentionne "Israël est dévasté, sa semence n’est plus"Première mention d’Israël dans les sources égyptiennesKitchen, K.A. (1996), op. cit.
Lettres d’AmarnaXIVe s. av. E. C.Les rois cananéens demandent l’aide du pharaon contre des groupes appelés "Habiru" (ou ‘Apiru)Certains pensent que ces "Habiru" pourraient être des proto-HébreuxMoran, W.L. (ed., 1992), The Amarna Letters
Texte de la tombe de Rekhmirê (vizir de Thoutmôsis III)~1450 av. E. C.Décrit des Asiatiques (Aamu) employés dans les travaux de constructionRappelle l’image biblique des Hébreux esclavesDavies, N. de G. (1943), The Tomb of Rekhmirê

III - Pharaons candidats au rôle du "Pharaon de l’Exode"

Pharaon proposéRègne approx.Arguments en faveurObjectionsRéférences
Thoutmôsis III1479–1425 av. E. C.Règne surpuissant, expansion cananéenneTrop tôt par rapport à l’apparition d’Israël en Canaan (stèle Mérenptah)Wood, B.G. (1997), Did the Exodus Happen?
Aménophis II1427–1401 av. E. C.Problèmes internes évoqués dans certaines inscriptionsAucune mention explicite de troubles majeurs liés à des esclavesKitchen, K.A. (1996)
Akhenaton1353–1336 av. E. C.Monothéisme radical, tensions socialesÉpoque plus tardive que le récit biblique suggéréRedford, D.B. (1987), Akhenaten: The Heretic King
Ramsès II1279–1213 av. E. C.Mention de "Pi-Ramsès", longue construction dans le DeltaAucun désastre, chute ou exode mentionné sous son règneBietak, M. (2003), op. cit.



 IV- Chronologie d'éléments historiques et hypothèses liés 

Vers 1800–1550 av. E. C. : Hyksôs

  • Événement : Des Sémites venus du Levant contrôlent le Delta oriental, capitale : Avaris (Tell el-Dab‘a)

  • Pertinence : Hypothèse que des traditions hébraïques conservent la mémoire d’un pouvoir asiatique antérieur en Égypte

  • Source archéologique : Bietak, Egypt and the Levant (2003)


Vers 1550–1290 av. J.-C. : Nouvelle dynastie, expulsions, travail forcé

  • Pharaons concernés : Ahmôsis I → Aménophis III

  • Faits :

    • Expulsion des Hyksôs (~1550) évoquée dans des textes égyptiens.

    • Traces de main-d’œuvre asiatique dans les chantiers égyptiens (Rekhmirê).

  • Extrait traduit :

    "Ils (les Asiatiques) transportaient briques d’argile, pierres et outils, dirigés par les contremaîtres égyptiens." – Tombe de Rekhmirê (TT100)


Vers 1350 av. J.-C. : Lettres d’Amarna

  • Lieu : Akhetaton (Tell el-Amarna)

  • Type : Correspondance entre pharaon et princes cananéens

  • Mention cruciale : Les ‘Apiru (ou Habiru) apparaissent comme groupe social instable, armé

  • Extraits traduits (Lettre EA 286, Abdi-Heba de Jérusalem) 

    "Les Habiru ont pris les villes du roi. Mon seigneur, envoie des troupes sinon tout est perdu."

  • Débat :

    • "Habiru" désigne-t-il une ethnie ? Non : plutôt un statut marginal, parfois banditique, parfois militaire, parfois ouvrier

    • Certains groupes "habiru" auraient pu être ancêtres des Israélites


Vers 1270–1213 av. E. C. : Ramsès II

  • Événement : Construction de Pi-Ramsès (mentionnée dans Exode 1:11)

  • Sources : Inscriptions à Qantir, textes administratifs.

  • Absence : Aucun texte ne mentionne de révolte ou de fuite massive

  • Importance : Ramsès devient, dans la tradition ultérieure, le candidat principal au rôle du pharaon de l’Exode par analogie scripturaire, non historique


Vers 1208 av. E. C. : Mérenptah

  • Texte de la Stèle de Mérenptah - Poème de victoire gravé sur pierre

  • Mention :

    "Israël est dévasté, sa semence n’est plus."

  • Importance : Première mention d’Israël dans l’histoire (sous forme de peuple, pas de royaume)

  • Analyse grammaticale :

    • "Israël" y est traité avec un déterminatif de peuple, non de lieu → pas encore une nation urbaine ou territoriale

  • Réf. : Kitchen (1996), Redford (1987)


Analyse linguistique : le mot Habiru / ‘Apiru

ÉlémentDétail
Racine‘pr en akkadien : signifie "passer", "traverser" → d’où le terme "ceux qui passent" ou "étrangers"
AttestationsÉgypte, Mésopotamie, Hatti, Canaan entre -1800 et -1100
CatégorieNon ethnique mais socio-professionnelle : hors-la-loi, ouvriers, mercenaires, fuyards
ProximitéLe mot "ivri" (עברי) = "Hébreu" pourrait être dérivé ou de tradition liée, mais ce n’est aucunement prouvé
Hypothèse prudenteCertains groupes de "Habiru" auraient pu former le noyau d’une future coalition israélite en Canaan

Annexe II - M/hypothèse Habiru

  • En tant qu'ethnologue, cependant avec toute la prudence qu'exige mon aire de recherche habituelle hors Levant, je formule une autre hypothèse plausible, qui serait que la racine ʿ-B-R ou Ḫ-B-R / ʿP-R ait pu, dans sa transmission diachronique sémitique, nourrir ultérieurement des formes comme "ʿarab" (عرب) ou "ereb" (ערב) — notamment par le jeu des métathèses consonantiques typiques des langues sémitiques, surtout dans leurs formes pré-classiques non vocalisées.

Autres interrogateurs sur un lien éventuelle d'Habiru (ou ʿApiru) avec Arabes (ʿarab). Bien que cette hypothèse ne soit pas dominante, elle a été évoquée, discutée ou suggérée par plusieurs chercheurs, notamment dans le cadre d'études sur l'étymologie des ethnonymes sémitiques.


Études et auteurs ayant abordé cette hypothèse

1. Jean Bottéro – Entre nomades et sédentaires : les Habiru (1980)

Dans cet article, Bottéro explore le rôle des Habiru comme groupe social intermédiaire entre nomades et sédentaires. Il souligne leur marginalité et leur mobilité, caractéristiques également associées aux groupes désignés plus tard comme "Arabes". Bien qu'il ne propose pas explicitement une étymologie reliant "Habiru" à "Arabes", il met en lumière des similitudes socioculturelles qui ont pu influencer des désignations ultérieures. Persée+2Persée+2cjconroy.net+2

2. Henri Cazelles – Hébreu, Ubru, Hapiru (1958)

Cazelles examine les liens linguistiques entre les termes "Hébreu", "Ubru" et "Hapiru". Il discute de la racine sémitique ʿ-B-R, signifiant "traverser", présente dans plusieurs langues sémitiques, y compris l'arabe. Il note que cette racine pourrait être à l'origine de divers ethnonymes, bien qu'il ne propose pas directement une connexion entre "Habiru" et "Arabes". Persée+1cjconroy.net+1

3. A Comparative Lexical Study of Qurʼānic Arabic – Kees Versteegh (2001)

Dans cette étude, Versteegh mentionne la théorie selon laquelle le nom "Arabes" pourrait dériver de la racine sémitique ʿ-B-R, signifiant "traverser", tout comme le terme "Hébreu". Il suggère que cette étymologie pourrait refléter une caractéristique commune de mobilité ou de nomadisme. Cependant, il souligne que l'origine du nom "Arabes" reste incertaine. Ebin

Synthèse

Bien que l'hypothèse d'une origine commune entre "Habiru" et "Arabes" ne soit pas prédominante, elle a été envisagée et discutée dans des travaux académiques. Cela témoigne de l'intérêt continu pour l'exploration des racines linguistiques et des connexions entre les peuples anciens du Proche-Orient.

Rainey (2008), Moran (1992), Hoffmeier (1997)

Vérifications à l'aide de l'IA GPT - Rappel des formes en jeu

TermeLangueRacineSignificationDate
ʿApiru / HabiruAkkadien (et ouest-sémitique)ʿ-B-R ou Ḫ-B-R"Traversant", marginal, déraciné~1800–1200 av. J.-C.
ʿivri (עברי)Hébreuʿ-B-R"Hébreu", "venu de l’autre côté"~1200 av. J.-C.
ʿarab (عرب)Arabeʿ-R-B (évent. ʿ-R-B ou ʿ-B-R)Nom des nomades, du désert ; puis peuple arabe~900 av. J.-C. (forme proto-arabe)
ʿerev (ערב)Hébreuʿ-R-B"Mélange", "soir", parfois "étranger"Biblique, usage multiple

Hypothèse : métathèse et glissement sémantique

Les langues sémitiques sont trilitères (à 3 consonnes) et largement non vocalisées dans les états anciens. Cela permet 

  • des permutations de racines

  • des glissements sémantiques (de "traversant" à "marginal", puis à "nomade" ou "extérieur"),

  • des réinterprétations ethniques a posteriori

Ayant donc suggéré que :

Habiru (ʿ-B-R ou Ḫ-B-R) → métathèse → ʿ-R-B (ʿarab)
Avec glissement : de "ceux qui passent" → "ceux qui errent" → "ceux du désert"

Cette hypothèse est linguistiquement plausible, mais ne repose sur aucune attestation textuelle directe. Il s'agit donc d'une reconstruction inductive, mais pas une certitude historique.


Arguments favorables

  • Le mot ʿarab désigne dans les inscriptions assyriennes du IXe-VIIIe s. av. E. C. des groupes tribaux nomades à l’est de la Transjordanie.

    • (aribi, arubu, urbi dans les textes néo-assyriens)

  • Le sens de marginalité nomade correspond partiellement à celui des Habiru, souvent perçus comme en marge des cités

  • Les métathèses sont documentées dans plusieurs racines sémitiques, notamment entre B-R / R-B, P-R / R-P, etc.


Objections

  • La racine ʿ-R-B est bien attestée dans d'autres contextes sémitiques :

    • En hébreu biblique : ʿerev = mélange, confusion, soir (cf. "ʿerev rav", la "multitude bigarrée" sortie avec les Hébreux, Ex 12:38).

    • En arabe : ʿarab = "clairs", "distincts" dans l’étymologie traditionnelle (cf. "ʿarabī" = éloquent vs "ʿajamī" = barbare)

  • Il pourrait donc s’agir de racines parallèles, pas dérivées

  • Les formes consonantiques des textes cunéiformes sont souvent ambiguës : , ʿ, b, p, r peuvent être confondus


Conclusion Habiru

Interprétation étymologique inverse et stimulante : que le mot ʿarab soit un héritier métathétique et sémantique de Habiru. Cette thèse reste

- Linguistiquement possible dans un cadre sémitique ancien,
restant non attestée et non consensuelle parmi les philologues ;

- Hypothèse érudite, fondée sur des phénomènes réels (métathèse, glissement sémantique, racine ʿ-B-R), mais qui nécessite plus d'appuis textuels pour devenir démonstrative.

  • Nota bene - Vérifications et mises en forme grâce à Chat GPT

  • Biblio