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26/05/25

Triple Entente souveraine

Fiche synthétique

1917-1948 - Processus de formation d'un proto état moderne

1914 - L'ENTENTE
Britannia (dr.), Marianne (g.), Mare Rússia (centre), Allégories de l'Empire britannique, de la République française et de l'Empire russe, Affiche russe

A - Colonies turques au Levant

Ce processus proto étatique se trouve enclenché sur ces colonies turques depuis 1516/17 par la victoire de la Triple Entente sur la Triple Alliance. Cependant, la déshistoricisation tait les lettres diplomatiques françaises et italiennes, l'accord arabo juif, les traités, dont San Remo, la Société des Nations et le mandat, écorné par Churchill au profit de ses alliés hachémites du Hedjaz, formant la frontière occidentale- pour ne brandir que celle de Balfour, afin de pouvoir la présenter en colonialisme et impérialisme.

La campagne victorieuse sur le Front oriental offre la souveraineté aux alliés sur des colonies turques et allemandes. Désormais, il en est fait peu de cas. Notamment la Couronne anglicane, puis l'URSS, la sapèrent par l'invention de la souveraineté arabe du Maghreb au Machrek, éclipsant ou se fondant dans la souveraineté turque, tout en gommant toutes les nombreuses autres ethnies ou nations.
"L'effet durable de cette campagne fut la partition de l'Empire ottoman , la France obtenant le mandat sur la Syrie et le Liban, tandis que l'Empire britannique obtenait des mandats sur la Mésopotamie et la Palestine. La République de Turquie naquit en 1923 après la fin de l' Empire ottoman lors de la guerre d'indépendance turque . Les mandats européens prirent fin avec la formation du Royaume d'Irak en 1932, de la République du Liban en 1943, de l' État d'Israël en 1948, et du Royaume hachémite de Transjordanie et de la République arabe syrienne en 1946." Wikipedia Campagne du Sinaï et de la Palestine (catalan traduit)
Passant ainsi par profits et pertes 550 000 soldats disparus au Levant et en y favorisant l'impérialisme religieux panarabe islamique au détriment d'un micro-état des Juifs et de ses propres engagements. Bien que cette entité ait été fermement convenue, y compris par son allié arabe hachémite, bénéficiaire de soutien dès 1912 contre les Turcs, puis de la restitution de la seule colonie arabe du Hedjaz des Turcs.

En dépit du principe du mandat de protection des minorités, la partie du mandat offerte par le Secrétariat aux colonies à Abdallah ibn Hussein, y exigeant en préalable l'interdiction de Juifs, ne fit l'objet d'aucune concertation avec les populations de diverses ethnies, malgré des révoltes. Une fiche ultérieure récapitule la naissance de l'état hachémite.

Quant à la rive occidentale du Jourdain, il reste notable que les titres de propriété turcs en graphie arabe, tant des grands propriétaires vivant en dehors de leurs terres, la majorité, comme de toute autre des congrégations, ne leur confèrent pas de souveraineté. Par ailleurs, il est omis de préciser que les terres publiques en 1917 des sandjaks d'Acre, Naplouse, Jérusalem et Gaza, qui couvrent dans les 96 % de la superficie de la future Palestine mandataire occidentale, relèvent de celle de l'administration légale, libre de les vendre et construire -en 1948, environ 82 % de terrains publics-, donc de l'état proclamé dans le cadre international légal.

En ce qui concerne ses populations recensées par les Français et les Britanniques années 20, les Arabes ne le furent pas et n'étaient pas non plus compris dans le décompte du millet musulman. Leurs campements et villages, généralement sans titres, ne constituaient pas d'ancrage souverain sur cette région de souveraineté turque ottomane depuis 1517. La langue vernaculaire de dialecte arabophone, en dépit de ce qu'entendent de toujours les officiers britanniques, qui croient ou veulent croire à l'autochtonie arabe dans leur désir d'unifier des groupes épars incontrôlés et incontrôlables, ne fait pas langue nationale. Notre fiche d'étude du cas Khoï et San évoque les liens entre autochtonie, propriété, souveraineté.

A - Engagements explicites de la Triple Entente et SDN* - Palestine mandataire (1917-1922)

*SDN - Société des Nations

1. Synthèse des engagements de la Triple Entente

Ces lettres confirmées par les Accords de San Remo (1920), le Traité de Sèvres (1920), et le Mandat confié par la SDN à la Grande-Bretagne (1920/1922) établissent une base juridique internationale claire pour la reconnaissance d’un Foyer national juif en Palestine sous souveraineté des Alliés victorieux, et autorisent l'immigration juive légale jusqu'à sa fin, soit 1948 lorsque la Couronne anglicane s'en défait. -En effet, sa clôture n'intervient pas à l'édification de l'ONU en 1945/46 car aucune autre autorité de tutelle n'aura été érigée en concordance aux article 75 et 80.

2. Lettre Cambon (12 mars 1917)

Lettre adressée par Jules Cambon, représentant du ministère français des Affaires étrangères, à Lord Rothschild, exprimant le soutien de la France au projet britannique de création d’un Foyer national juif en Palestine.

Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9604867q/f7.image

3. Lettre Pichon (31 mai 1917)

Lettre de Stephen Pichon, ministre français des Affaires étrangères, confirmant le soutien officiel de la France à la Déclaration Balfour et au principe du Foyer national juif en Palestine, à Nahum Sokolow, 

Source : Archives diplomatiques françaises, Quai d'Orsay (consultables en bibliothèque)

4. Lettre Sonnino (21 juin 1917)

Lettre d'appui du ministre italien des Affaires étrangères, Sidney Sonnino, confirmant la position italienne alignée sur celle du Royaume-Uni et de la France concernant le futur Foyer national juif en Palestine prise par la Triple Entente à l'Empire turc de la Triplice

Source : https://www.esteri.it/mae/it/ministero/archivi/storico-diplomatico.html

5. Lettre Balfour, dite Déclaration Balfour (2 novembre 1917) 

Source : https://www.bl.uk/collection-items/balfour-declaration

6. Télégramme Churchill, 21 mars 1921 - Création de la frontière de l'Emirat, Palestine orientale musulmane exclusive avec la Palestine occidentale juive non exclusive

La soustraction et séparation ourdies par Winston Churchill en 1921 de l'Emirat de Transjordanie confié au fils d'Hussein ibn Ali du Hedjaz permet déjà de suivre précisément la frontière de la Palestine mandataire occidentale de l'Etat des Juifs pressenti.

Au Colonial Office (21 mars 1921, n° YZ 86) - Ce télégramme, envoyé depuis Le Caire, expose les propositions de Churchill pour établir des administrations locales distinctes au Kurdistan et en Transjordanie, sous l'autorité des hauts-commissaires respectifs. Il soulève également des questions sur la nécessité de dispositions spéciales dans les mandats respectifs pour ces régions.

Source : Jewish Virtual Library – "When Churchill Severed Transjordan From Palestine"
Bibliothèque Virtuelle JuiveBibliothèque Virtuelle Juive

Télégramme de réponse à Winston Churchill (25 mars 1921) - Ce télégramme, rédigé par John Shuckburgh, répond aux propositions de Churchill en suggérant l'insertion de clauses spécifiques dans les mandats pour permettre des administrations autonomes au Kurdistan et en Transjordanie, tout en évitant de modifier substantiellement les mandats existants.

Source :
 Jewish Virtual Library – "When Churchill Severed Transjordan From Palestine"
Bibliothèque Virtuelle JuiveBibliothèque Virtuelle Juive

1919 - Occupation militaire - 1920 - Mandat confié au Royaume Uni par la Socité des Nations

1919/1920 - Foyer national juif et Mandat de la Société des Nations RU

1921 - 17 avril, décision de remettre la Palestine orientale aux Arabes du Hedjaz (libéré) https://winstonchurchill.org/publications/finest-hour/finest-hour-196/churchills-official-visit-to-palestine-1921/

1922 - Addendum au mandat, article 24 -la frontière est actée- Voici la carte effective de 1923

Carte de la Palestine et de la Transjordanie sous mandat britannique, 14 décembre 1922 Augusta 89

7. Références complémentaires

- Accord Fayçal-Weizmann (3 janvier 1919) : https://en.wikisource.org/wiki/Fay%C3%A7al-Weizmann_Agreement
- Conférence de San Remo (24-25 avril 1920) : https://mfa.gov.il/mfa/aboutisrael/maps/pages/san%20remo%20conference%20-%201920.aspx
- Traité de Sèvres (10 août 1920) : https://avalon.law.yale.edu/20th_century/sevres.asp
- Mandat pour la Palestine (24 juillet 1922) : https://avalon.law.yale.edu/20th_century/palmanda.asp

- "Reconnaissant les aspirations du peuple juif en ce qui concerne la Palestine et ses droits historiques, le gouvernement britannique a fait la célèbre Déclaration du 2 novembre 1917. Cette déclaration avait été anticipée par la lettre du gouvernement français du 4 juin 1917, et elle a été pleinement approuvée dans la lettre de M. Stephen Pichon, ministre des Affaires étrangères, à moi-même, datée du 14 février 1918, ainsi que dans la lettre m'informant de l'adhésion du gouvernement italien à ces déclarations, datée du 9 mai 1918." in chapitre sur "Le sionisme et la guerre.Nahum Sokolow, History of zionism : 1600-1918, introduction de Arthur Balfour, préface de Stephen Pichon, vol. 1 et 2, Londres, Longmans, 1919 (lire en ligne : volume 1 et volume 2)

- Conférence du Caire (mars 1921) : Présidée par Churchill, elle a été déterminante dans la réorganisation politique du Moyen-Orient post-ottoman. Elle a notamment abouti à la création des entités politiques modernes de l'Irak et de la Jordanie. Les documents et discussions de cette conférence sont détaillés dans les archives britanniques.  Winston Churchill – "Colonial Secretary, 1921–22" International Churchill Society

B - EFFACEMENT DE CADRE JURIDIQUE INTERNATIONAL

Les milieux post-coloniaux ou tiers-mondistes — évacuent ou minimisent sciemment le cadre juridique international issu de la victoire alliée de 1918, en présentant la création du Foyer national juif en Palestine mandataire en "accident historique" ou injustice coloniale, au lieu de la replacer dans le contexte des traités de paix signés avec les puissances vaincues (Empire ottoman et Empire allemand) et des engagements explicites de la Triple Entente.

Pourquoi ce glissement est problématique :

  1. Omission du droit international en vigueur :
La Déclaration Balfour (1917), les lettres françaises (Cambon, Pichon) et italienne (Sonnino), l'accord Fayçal-Weizmann (1919), les décisions de la Conférence de San Remo (1920), du Traité de Sèvres (1920) et du Mandat de la SDN (1922), puis de San Remo sont des actes diplomatiques et juridiques liés à la victoire de la Triple Entente dans la Campagne du Sinaï et de la Palestine, dont
"Escadre française
Croiseur protégé D'Entrecasteaux dans le Grand Lac Amer
Garde-côtes Le Requin à Ismaïlia puis dans le lac Timsah
Escadrille d'hydravions basée à Port-Saïd
https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_du_Sina%C3%AF_et_de_la_Palestine
Ils consacrent la légitimité internationale du projet sioniste. Ne pas les mentionner revient à tronquer délibérément l'histoire.

2. Réécriture idéologique :g

Qualifier cela "d’accident" ou de simple produit du "colonialisme" efface la participation arabe-hachémite, l'approbation initiale de dirigeants comme Fayçal, et le statut légalement reconnu du mandat. C’est aussi ignorer que les Arabes de Palestine n’avaient ni souveraineté, ni État, ni administration propre sous les Turcs Ottomans.

 3. Approche anachronique :

Certains critiques utilisent les catégories modernes (droits des peuples autochtones, décolonisation) pour juger une situation née du monde d’après 1918, en effaçant délibérément que la Palestine ottomane était avant tout une province turque, non un pays arabe indépendant, et qu’il n’existait aucun État arabe de Palestine à défendre ou à "coloniser".

En résumé :

  • La souveraineté sur la Palestine après 1918 revient aux puissances alliées victorieuses, dans le cadre des traités internationauxnon à l’ancien occupant turc, ni à une entité arabe inexistante.

  • L’omission de ce cadre fondamental dans certains récits ou manuels n’est pas une ignorance innocente : c’est souvent une prise de position idéologique ou politique, pas un constat historique neutre.

  • L’effacement délibéré du sacrifice militaire allié sur le front oriental (Proche-Orient) de 550 000 pertes (morts, blessés, disparus) dans de nombreux récits historiques contemporains n’est ni neutre, ni fortuit. Cet effacement sert plusieurs objectifs — souvent idéologiques — dont voici les principales finalités :

1. Déconstruction de la légitimité occidentale et sioniste

En niant que la victoire militaire de la Triple Entente (France, Royaume-Uni, Italie) ait établi un ordre juridique nouveau dans l’ancien empire ottoman, ces milieux effacent les fondements du Foyer national juif et de la présence occidentale légale dans la région.

  • But : faire apparaître Israël comme un pur produit du "colonialisme", illégitime, et détaché de tout droit des vainqueurs.

  • Méthode : reléguer la Déclaration Balfour et les décisions de San Remo à de simples initiatives impérialistes, et ignorer les traités ratifiés (Sèvres, SDN).


2. Glorification postérieure d’un nationalisme arabe unifié et homogène

Pour imposer l’idée d’un peuple arabe "spolié", l'on gomme la diversité réelle des allégeances arabes (fayçalienne, ottomanophile, bédouine, etc.), les seuls accords signés librement (comme Fayçal-Weizmann, après cinq rencontres), et surtout la défaite militaire ottomane, qui faisait des Arabes des sujets, non des souverains.

  • But : reconstruire un récit héroïque de "résistance indigène" contre l’Occident et le sionisme.

  • Conséquence :

    • Soldats alliés — y compris des Juifs, Nord-Africains, Australiens, NéoZélandais, Indiens, Français, Italiens, Britanniques — sont effacés de la mémoire.
    • Ethnies arabisées et islamisées ne sont pas consultées, absorbées par l'héroïsation arabe
    • Illusion renforcée de souveraineté arabe sur les terres publiques (96 %) en 1918, créateur de nationalisme arabe palestinien de Grande Arabie se substituant au nationalisme syrien premier de Grande Syrie
    • Désinformation, en particulier des Juifs européens par leur supposé soutien britannique, qui prennent les Palestins pour des Arabes, ignorent que les titres de propriété (env 4 % sont libellés en turc de script arabe) ne sont pas arabes -devant les Européens, la confusion sur la prétextée propriété et souveraineté arabe se trouve également cimentée par leur l'usage des diverses ethnies présentes du langage véhiculaire de dialecte arabophone levantin (syriolibanais, langue des caravaniers, nomades et semi-sédentaires), ce qui entretient l'arabisation mise en route par la Couronne anglicane au détriment des ethnies peu à peu invisibilisées et ignorées-
    • Permission de toutes accusations calomnieuses contre les Juifs coupables d'avoir initié et voulu le conflit, de leur colonialisme, de leur illégitimité ethnique (ultérieurement renforcement par la thèse Khazar), de vol de la terre, avec pour effet l'emballement de l'antisémitisme (antijudaïque et antisioniste conjugué)

3. Révolution par le bas : alignement sur des doctrines subversives

Certains milieux, notamment d’obédience marxiste, islamo-nationaliste ou tiers-mondiste, considèrent les victoires européennes comme des obstacles à une "libération" post-coloniale globale.

  • But : préparer le terrain idéologique pour une "révolution" qui renverserait l’ordre issu de 1918, y compris la légitimité des États issus de la SDN.

  • Rôle de l’histoire : la déshistoricisation devient un outil révolutionnaire d'inversion accusatoire. Le sacrifice des soldats européens, australiens, asiatiques, océaniens, américains, juifs ou arabes fidèles aux Alliés est vu comme non pertinent ou "complice de l’oppression". Tous les vétérans de héros, présentés en suppôts de l'oppression....

"Le cimetière a été établi après la conquête de Jérusalem à la fin de 1917. Il contenait les tombes de 2 180 soldats britanniques, 143 Australiens, cinquante Sud-Africains, quarante Antillais britanniques et trente-quatre Néo-Zélandais, ainsi que soixante hommes dont les corps n'ont pas été identifiés, et plusieurs prisonniers allemands et turcs. Dans son bref discours après la cérémonie, Churchill a déclaré : « Ces vétérans reposent ici, là où repose la poussière des califes, des croisés et des Maccabées. Paix à leurs cendres, honneur à leur mémoire, et puissions-nous achever l'œuvre qu'ils avaient commencée." Fred Glueckstein, Sir Winston Churchill : Articles publiés par un Churchillien (Xlibris, 2021) https://winstonchurchill.org/publications/finest-hour/finest-hour-196/churchills-official-visit-to-palestine-1921/

Conclusion

Ce silence autour des fronts de Palestine, Syrie, Mésopotamie, où sont morts des dizaines de milliers de soldats alliés, est stratégique. Il ne s’agit pas d’oubli, mais de réécriture du passé pour servir un narratif révolutionnaire, antisioniste et anti-occidental, fondé sur une inversion du droit des vainqueurs.

C - CONSEQUENCES DE LA DESHISTORICISATION - ONU versus SDN en 1948

Aucunes résolutions, adoptées en 1948 ou ultérieurement, ne condamnent

  • l’attaque du 15 mai 1948 lancée par la Légion arabe (Transjordanie) et d’autres armées arabes, notamment égyptienne, contre l’État d’Israël nouvellement proclamé légalement

  • la persécution et l’expulsion des Juifs et Israéliens des zones conquises par les armées de la Ligue arabe (Judée-Samarie, Jérusalem-Est, Bande de Gaza),

  • l’occupation de ces territoires par les forces arabes entre 1948 et 1967,

  • les pressions diverses, persécutions, massacres, viols, pillages, spoliations, expulsions des pays musulmans MENA initiés avant 1948 puis multipliés, atteignant près du million de Juifs réfugiés sans statut, dont 70 %  à charge d'Israël sans soutien UNHCR ou UNWRA, et jamais dédommagés par les pays dits arabes.

Contexte historique :

  • 15 mai 1948 : le lendemain de la déclaration d’indépendance d’Israël, cinq armées (Égypte, Transjordanie, Syrie, Liban, Irak) l’attaquent. La Légion arabe de Transjordanie (formée et commandée par des officiers britanniques depuis 1919) occupe la Judée-Samarie, Jérusalem-Est (y compris la Vieille Ville), et expulse les Juifs des quartiers juifs historiques.

  • Aucune résolution de l'ONU n'utilise le langage de "condamnation" à l’encontre des agresseurs arabo musulmans. Les résolutions de l'époque, comme la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948, appellent au cessez-le-feu, au retour des réfugiés, à l’accès libre à Jérusalem, mais ne blâment pas directement les États arabes pour leur agression initiale.

  • A ce jour et tout comme d'autres en MENA / MOAN n'ont pas été dédommagées. L'@Obs_JRPA réclame leur reconnaissance. 

Faits omis en débats :

  • En 1948, les quartiers juifs de Jérusalem-Est (y compris le quartier juif de la Vieille Ville) ont été nettoyés de leurs habitants, les synagogues détruites ou profanées.

  • Les Juifs vivant à Hébron, Jéricho ou dans d’autres localités de Judée-Samarie avant 1948 n’ont jamais pu y retourner entre 1948 et 1967.

  • La Jordanie annexe la Cisjordanie (Judée-Samarie) en 1950, sans reconnaissance internationale (sauf par le Royaume-Uni et le Pakistan), et interdit aux Juifs tout accès aux lieux saints.

  • Textes présents mais non appliqués aux Juifs réfugiés des MENA (compris Turquie, Ethiopie, Jordanie)

"Dans tous les accords internationaux multilatéraux et bilatéraux (Résolution 242 de l’ONU, Conférence de Madrid, Accords de paix entre Israël et l’Égypte, Feuille de route vers la paix), il y a une référence générale aux « réfugiés » et inclut la reconnaissance de tous les réfugiés de l’Est de la même manière – qu’ils soient Juifs ou Arabes." 

Pourquoi aucune condamnation ?

L'ONU était dominée à l'époque par un bloc colonial (France, Royaume-Uni) soucieux de ménager les États arabes, et par un bloc soviétique qui soutenait les mouvements panarabes. De plus, les pays arabes refusaient toute reconnaissance d’Israël.

A savoir - RÉSOLUTIONS CLÉS DE L'ONU (1947–1949)

1. Résolution 181 (II) — 29 novembre 1947

Objet : Partage de la Palestine sous mandat britannique
Texte : Prévoit la création de deux États (un juif, un arabe) et un corpus separatum pour Jérusalem.
Conséquence : Acceptée par l’Agence juive, rejetée par tous les États arabes
Remarque : Le rejet arabe a rendu son application impossible.

2. Résolution 186 (S-2) — 14 mai 1948

Objet : Nomination d’un médiateur de l’ONU en Palestine
Texte : Appelle à un cessez-le-feu général mais n’attribue aucune responsabilité
Remarque : Adoptée le jour de la proclamation d’Israël et la veille de l’invasion arabo musulmane

3. Résolution 194 (III) — 11 décembre 1948

Objet : Réfugiés, Jérusalem, médiation.
Texte :

  • Appelle au retour des réfugiés qui désirent vivre en paix, ou à une compensation

  • Recommande l’internationalisation de Jérusalem

  • Crée la Commission de conciliation des Nations unies pour la Palestine (CCNUP)

Remarque :

  • Ne mentionne jamais les réfugiés juifs expulsés du monde arabe

  • Ne condamne ni l'invasion ni l’expulsion des Juifs de Jérusalem-Est, Hébron, etc.

  • La clause sur les réfugiés arabes est non contraignante, et conditionnée au "vivre en paix"

4. Résolution 273 (III) — 11 mai 1949

Objet : Admission d’Israël à l’ONU
Texte : Israël est admis en tant que membre après avoir déclaré accepter les obligations de la Charte et des résolutions précédentes (notamment 194)
Remarque :

  • Ne conditionne pas l’adhésion à un retour immédiat des réfugiés

  • Les États arabes votent majoritairement contre l’admission d’Israël

5. Résolutions 62 à 73 (1948–1949)

Objet : Armistices, cessez-le-feu, médiation.
Texte : Appellent à des trêves successives et à la cessation des hostilités.
Remarque :

  • Jamais de condamnation de l’agression arabo musulmane, pourtant ouverte et coordonnée

  • Vocabulaire généraliste, "toutes les parties", "hostilités"


TERMES MANQUANTS

  • Aucune résolution ne condamne l’invasion du 15 mai 1948 par la Jordanie, l’Égypte, la Syrie, l’Irak et le Liban.

  • Aucune mention explicite de l’épuration ethnique des Juifs à Jérusalem-Est, Hébron, Naplouse, Gaza.

  • Aucune mention des destructions de synagogues, ni des Juifs faits prisonniers ou expulsés.

  • Aucune reconnaissance de la Judée-Samarie ou de Jérusalem-Est en territoires occupés par la Jordanie antisioniste, transmettant à l'Autorité Palestinienne, simple organisation, sans caractéristique étatique requise (souveraineté, indépendance, territoire...)

  • Usage abusif du terme Arabe pour parler de tous les habitants des ex-colonies turques, dont seul le Hedjaz était effectivement de précédente souveraineté arabe historique. De fait, l'usage inapproprié épure culturellement toutes autres ethnies soumises et islamisées par les Turcs auparavant (VIIe- au-delà la guerre de 14/18, alors que très diverses tout particulièrement en Palestine mandataire occidentale.

Conclusion

En 1945, l'ONU reconnait le premier état arabe musulman de Jordanie, issu du territoire de Palestine mandataire orientale par la main britannique (Winston Churchill,1921) au seul bénéfice de son allié l'Emir hachémite (hedjazi) de Transjordanie, laissant Ibn Séoud prendre possession de majeure partie de la Péninsule arabique, dont le Hedjaz (Médine). 

Entre 1947 et 1949, l’ONU :

  • Reconnaît théoriquement deux États, mais tolère de facto la guerre arabe contre Israël.

  • Ne condamne ni les agressionsni les occupations arabesni l’expulsion des Juifs de zones entières.

  • Adopte une attitude de prétendue neutralité diplomatique asymétrique, généralement sous pression britannique et soviétique.

Nous espérons que cette fiche synthétique vous aura permis de mieux appréhender comment un processus complexe se trouve partialement traduit en accident historique par certains historiens politiques, allant à rebours de l'histoire ethnographique, juridique et politique afin de ménager un néo état de toute pièce refusé au départ par les Arabes ? 
"...Avneri, aujourd’hui il faut qu’Israël reconnaisse les Palestiniens, leur parle directement, et crée un État, malgré l’opposition des autres pays arabes… " Irad Malkin, Pierre Vidal-Naquet, un historien dans la cité 2007 13. Israël et Pierre Vidal-Naquet, p.199-218

Elle doit permettre, de plus, d'examiner lucidement les accusations constantes de la propagande islamiste, notamment entre autres branches sectaires de la Confrérie des Frères musulmans, occupée à plein temps à détruire la réputation du seul état du Levant qui ne soit pas sous charia.

Christine Gamita
Actualisée et réagencée par IA Chat GPT en 2025

Bibliographie complémentaire

Revue du Monde musulman. Welt des Islams - 15 mars 1915 Koloniale Rundschau - 1914
Presse turque de l'époque, reproduit d'après Rhétoré, Les chrétiens aux bêtes. Les éditions de Cerf, 2005

A. Engagements explicites de la Triple Entente et de la SDN (1917–1922)

Sources primaires

  1. Lettre Cambon à Lord Rothschild (12 mars 1917)
    Lettre du représentant du ministère français des Affaires étrangères exprimant le soutien de la France au projet britannique de création d’un Foyer national juif en Palestine.
    Source : Gallica – BnF

  2. Lettre Pichon à Nahum Sokolow (31 mai 1917)
    Lettre du ministre français des Affaires étrangères confirmant le soutien officiel de la France à la Déclaration Balfour et au principe du Foyer national juif en Palestine.
    Source : Archives diplomatiques françaises, Quai d'Orsay (consultables en bibliothèque)

  3. Lettre Sonnino (21 juin 1917)
    Lettre du ministre italien des Affaires étrangères confirmant la position italienne alignée sur celle du Royaume-Uni et de la France concernant le futur Foyer national juif en Palestine.
    Source : Archives diplomatiques italiennes

  4. Déclaration Balfour (2 novembre 1917)
    Lettre du ministre britannique des Affaires étrangères exprimant le soutien du gouvernement britannique à l'établissement d'un Foyer national pour le peuple juif en Palestine.
    Source : British Library

  5. Accord Fayçal-Weizmann (3 janvier 1919)
    Accord entre l'Émir Fayçal et Chaim Weizmann sur la coopération entre Arabes et Juifs pour le développement de la Palestine.
    Source : Wikisource

  6. Conférence de San Remo (24–25 avril 1920)
    Conférence internationale déterminant l'attribution des mandats sur les territoires ottomans, incluant la Palestine.
    Source : Ministère des Affaires étrangères d'Israël

  7. Traité de Sèvres (10 août 1920)
    Traité de paix entre les Alliés et l'Empire ottoman, prévoyant notamment la mise en place de mandats sur les territoires arabes.
    Source : Avalon Project – Yale Law School

  8. Mandat pour la Palestine (24 juillet 1922)
    Document officiel de la Société des Nations confiant à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine, avec pour mission d'établir un Foyer national juif.
    Source : Avalon Project – Yale Law School

Frontière tracée en 1921/1923 de la Palestine mandataire orientale soustraite du proto état des Juifs de 1920, pour mandat distinct sur l'Emirat de Transjordanie

Archives parlementaires britanniques : Les discours et interventions de Churchill en 1921, notamment ceux liés à la politique coloniale au Moyen-Orient, sont disponibles dans les archives du Parlement britannique.International Churchill Society

Source : Hansard – "Mr Winston Churchill: speeches in 1921" Parliament API

B. Effacement du cadre juridique international

Articles et analyses

  • Kramer, Martin. The Forgotten Truth about the Balfour Declaration.
    Analyse du contexte diplomatique de la Déclaration Balfour et des soutiens internationaux obtenus par les leaders sionistes.

  • Romeo, Lisa. Il y a 100 ans, le 10 août 1920, le Traité de Sèvres était signé.
    Article analysant les implications du Traité de Sèvres sur le Proche-Orient.
    Source : Les Clés du Moyen-Orient

  • Conférence de San Remo – Centenaire.
    Analyse des décisions prises lors de la Conférence de San Remo concernant la Palestine.
    Source : CAPE de Jérusalem


C. Conséquences de la déshistoricisation – ONU versus SDN en 1948

Résolutions clés de l'ONU (1947–1949)

  1. Résolution 181 (II) – 29 novembre 1947
    Plan de partage de la Palestine prévoyant la création de deux États, un juif et un arabe.

  2. Résolution 186 (S-2) – 14 mai 1948
    Nomination d’un médiateur de l’ONU en Palestine.

  3. Résolution 194 (III) – 11 décembre 1948
    Appelle au retour des réfugiés et à l’internationalisation de Jérusalem.

  4. Résolution 273 (III) – 11 mai 1949
    Admission d’Israël en tant que membre de l’ONU.

  5. Résolutions 62 à 73 (1948–1949)
    Appels à des trêves successives et à la cessation des hostilités.

Ouvrages et articles complémentaires

  • Avineri, Shlomo. The Making of Modern Zionism: The Intellectual Origins of the Jewish State.
    Analyse des fondements intellectuels du sionisme et de la création de l'État d'Israël.

  • Kramer, Martin. The Forgotten Truth about the Balfour Declaration.
    Analyse du contexte diplomatique de la Déclaration Balfour et des soutiens internationaux obtenus par les leaders sionistes.

ANNEXE - Point sur la souveraineté arabe

  • Omeyyades (661–750) — capitale à Damas

  • Abbassides (750–969) — capitale à Bagdad

  • Fatimides (chiites, d’origine berbère mais arabisés) — 969–1071, capitale au Caire

Pendant ces trois dynasties, la Palestine est gouvernée par des gouverneurs arabes, dans des administrations arabo-musulmanes

634 à 1071, soit environ 437 ansDurée approximative de règne arabe continu

Diverses souverainetés suivantes jusqu'en 1517, prise de pouvoir ottoman

1. Seldjoukides (1071–1098) — Turcs sunnites

  • D'origine turque oghouze, ils s'emparent du Levant par leur victoire à Manzikert (1071) contre les Byzantins (Romains d'Orient)

  • La région devient un territoire disputé entre différentes branches des Seldjoukides

  • Pouvoir fragile, peu structuré localement

Durée approximative : ~27 ans

2. États latins d’Orient (1099–1187)

  • Le royaume latin de Jérusalem est fondé après la prise de Jérusalem en 1099 lors de la première croisade

  • La Palestine (Jérusalem, Jaffa, Acre, Bethléem) sous domination chrétienne européenne, avec une administration féodale de type franc

Durée du royaume de Jérusalem : 88 ans de règne effectif (1099–1187)

3. Ayyoubides (1187–1250) — Kurdes arabisés, dynastie de Saladin

  • Saladin (Salah ad-Din, Kurde) reprend aux Royaumes francs Jérusalem en 1187 après la bataille de Hattin, laisse accès aux pélerins chrétiens, permet le retour des Juifs et purifie les lieux musulmans à l'eau de rose

  • La dynastie Ayyoubide contrôle la Palestine dans une logique islamique mais avec une élite d’origine kurde arabisée

  • Organisation relativement décentralisée

Durée approximative : 63 ans

4. Mamelouks (1250–1516) — Esclaves militaires turcs et circassiens

  • D'abord d'origine turque (bahrites), puis circassienne (burjites)

  • Puissante administration centralisée basée au Caire

  • Les mamelouks reconquièrent Acre en 1291, mettant fin définitivement à l’implantation franque

  • La région palestinienne devient un district du sultanat mamelouk d'Égypte

Durée : ~266 ans (Premier contrôle militaire dès 1247 – domination complète jusqu'à la conquête ottomane en 1516)

Résumé synthétique : souverains non arabes sur la Palestine (1071–1517)

PériodePuissance dominanteOrigine ethnique/culturelleCapitale régionale ou impériale
1071–1098SeldjoukidesTurcs sunnitesDamas, puis Bagdad
1099–1187CroisésEuropéens (latins, francs)Jérusalem
1187–1250AyyoubidesKurdes arabisésLe Caire, Damas
1250–1516MamelouksTurcs puis CircassiensLe Caire

Pendant 446 ans, la région reste sous le contrôle d’élites étrangères non arabes, bien que l’arabisation culturelle et religieuse du pays se poursuive (notamment via l’islam et la langue véhiculaire des dialectes arabophones.


Illustration

Affiche russe, 1914 : "ENTENTE" - "Amitié, compréhension, accord", accord qui unissait l'Empire russe , la Troisième République française et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande., face aux déclaration de guerre des 3 et 4 août 1914 de l'Allemagne, puis du 14 novembre 1914 de la Turquie ottomane. https://www.imprescriptible.fr/documents/djihad.htm
Affiche russe de 1914. L'inscription supérieure indique « concorde ». On y voit les personnifications féminines de la France, de la Russie et de la Grande-Bretagne, alliées de la « Triple Entente » lors de la Première Guerre mondiale. Au centre, la Russie brandit une croix orthodoxe (symbole de foi), Britannia à droite avec une ancre (faisant référence à la marine britannique, mais aussi symbole traditionnel d'espoir) et Marianne à gauche avec un cœur (symbole de charité/amour, probablement en référence à la basilique du Sacré-Cœur récemment achevée ) – « foi, espérance et charité » étant les trois vertus du célèbre passage biblique 1 Corinthiens 13:13. À l'arrière-plan, une scène de bataille, avec des hommes se battant avec des fusils et des épées, certains à cheval. Au-dessus, un obus explose, un avion des premiers temps et un dirigeable. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Triple_Entente.jpg

Traduction de la légende (de gauche à droite) :

Любовь. ФРАНЦИЯ

— Я за правду грудь подставлю,
Буду стойко я стоять —
Даже жизнь свою отдавши,
Я врагу не уступать.

Amour. FRANCE :
— Je présenterai ma poitrine pour la vérité,
Je tiendrai bon avec fermeté —
Même en donnant ma vie,
Je ne céderai pas à l’ennemi.


Вера. РОССИЯ

— На нас возложена тревожная святая рать:
Мы не допустим безбожия
Свет Христов потоптать!

Foi. RUSSIE :
— Une armée sainte et grave nous est confiée :
Nous ne permettrons pas à l’impiété
De fouler aux pieds la lumière du Christ !


Надежда. АНГЛИЯ

— Мы в сраженье, божьей милость,
Веру, правду пронесем;
С нами якорь непоколебный —
Божий будь, с нами завет!

Espérance. ANGLETERRE :
— Par la grâce divine dans le combat,
Nous porterons la foi et la vérité ;
Avec nous l’ancre inébranlable —
Que l’alliance de Dieu soit avec nous !

En dessous, sans titre, un quatrain 

Передъ грозой враждебныхъ силъ
Въ дни тѣмной скорби, испытаній —
Святои союзъ ихъ въ поль браннѣ
Самъ Богъ съ небесъ благословить.

Devant l’orage des forces hostiles,
Aux jours de sombre affliction, d’épreuves —
Leur sainte alliance sur le champ de bataille
Sera bénie par Dieu lui-même depuis les cieux.

Ce quatrain vient conclure l’affiche dans un ton solennel et sacré, montrant que l’union des trois puissances (France, Russie, Angleterre) est perçue comme une "sainte alliance" justifiée moralement et religieusement contre l’ennemi (sous-entendu : l’Empire allemand et ses alliés). 


Il s’agit d’une affiche de propagande russe de la Première Guerre mondiale représentant les puissances de la Triple Entente (France, Russie, Royaume-Uni) sous forme allégorique féminine : Liberté / Amour pour la France, Foi orthodoxe pour la Russie, Espérance et Stabilité pour l’Angleterre (avec l’ancre comme symbole). Le fond montre un champ de bataille avec dirigeable et avions, évoquant la modernité militaire et la guerre totale. Selon Chat GPT

A propos de l'ancre sur laquelle s'appuie l'Angleterre -  

"...Parmi les emblèmes héraldiques figure également la croix d'ancre ou croix de joie , une croix conçue en forme d'ancre. Le symbole peut être utilisé pour signifier « un nouveau départ » ou « l’espoir ».

La croix de Merner fait référence à la croix de Sainte Catherine, faisant référence à la manière dont cette sainte s'est sacrifiée (elle a été attachée à une ancre et jetée d'un bateau dans la mer Noire en l'an 102 ).

La croix d'ancre marque parfois les boucliers comme dans le texte auquel se réfèrent 
les nobles de la classe ermite ou ascétiquehttps://ar.wikipedia.org/wiki/%D9%85%D8%B1%D8%B3%D8%A7%D8%A9

28/05/17

Khoï et San

 Fiche synthétique

Autochtonie ≠ propriété ≠ souveraineté

-Exemples de déshistoricisation fragmentaire et sophistiquée-

Xi (N'Xau) dans Gods must be crazy, Les Dieux sont tombés sur la tête, 1983*

A - Khoïsans : le plus ancien peuple connu encore vivant

1. Désignation

Le terme Khoïsan regroupe deux populations distinctes :

  • Khoïkhoïs (anciennement appelés "Hottentots") : pasteurs nomades

  • Sans (ou Bochimans) : chasseurs-cueilleurs traditionnels

Il ne s'agit pas des groupes ethniquement ou linguistiquement unifiés, mais de familles culturelles et linguistiques partageant des traits archaïques communs (langues à clics, mode de vie non-agricole).


2. Ancienneté génétique et archéologique

  • Matrilinéarité génétique attestée - Les Khoïsans présentent les plus anciennes lignées génétiques humaines connues (haplogroupes mitochondriaux L0d et L0k) 

  • Leur présence dans le Sud de l’Afrique remonte à plus de 100 000 ans, selon les données paléogénétiques.

  • Ils sont souvent décrits comme les descendants les plus directs des premiers Homo sapiens, donc représenteraient les premiers Homo sapiens sapiens.


3. Marginalisation

  • Les Khoïsans n’ont jamais constitué d'État centralisé. Leurs sociétés de chasseurs-cueilleurs, dites d'économie de subsistance, étaient dispersées, sans structures de pouvoir verticales.

  • À partir du IIe millénaire av. E. C., ils sont peu à peu repoussés vers le sud par :

    • des groupes de colons guerriers bantous d’Afrique centrale (éleveurs-agriculteurs plus organisés),

    • puis au XVIIe siècle par les colons européens (Hollandais, puis Britanniques).

Soumis à deux vagues de colonisation : africaine, puis européenne.


4. Confusion entre autochtonie et souveraineté

  • Certains militants contemporains soutiennent que les Khoïsans devraient bénéficier de droits souverains spécifiques sur certaines zones d’Afrique australe (notamment en Afrique du Sud, au Botswana et en Namibie), du fait de leur antériorité.

  • Or, leur absence d’organisation politique centralisée les rend juridiquement non compatibles avec les critères modernes de souveraineté.

Cela donne lieu à une confusion typique : on exige une reconnaissance politico-territoriale fondée sur une présence très ancienne, mais sans les bases structurelles ni juridiques qui fondent un État souverain selon les normes modernes (Conventions de Montevideo, reconnaissance internationale, armée, système juridique, continuité territoriale, économie indépendante, etc.).


5. Réparations et droit coutumier aujourd'hui

  • Afrique du Sud post-apartheid : les Khoïsans restent les grands oubliés des accords de 1994. Les territoires occupés ont été largement ignorées dans les processus de restitution foncière.

  • En 2021, le gouvernement sud-africain a toutefois reconnu officiellement les Khoïsans comme communauté autochtone distincte.

  • Des lois reconnaissant certains droits coutumiers et revendications culturelles ont été votées, mais pas de souveraineté ni d’autonomie territoriale effective.


6. Falsifications ou simplifications courantes

  • Il est faux de dire que les Bantu étaient eux-mêmes "autochtones" en Afrique du Sud : ils y sont arrivés il y a environ 1 500 ans, et en vagues successives, donc bien après les Khoïsans.

  • Il est également trompeur de présenter les Khoïsans comme une société figée "hors du temps" : ils ont connu des échanges, des métissages, des conflits, des mises en esclavage par les Zulus.


7. Conclusion

Les Khoïsans incarnent le cas-limite d’une autochtonie maximale sans souveraineté formelle. Leur histoire met en lumière les impasses du raisonnement qui voudrait fonder un droit politique sur la simple antériorité génétique ou culturelle, dont ethno religieuse.

Elle montre aussi que l’histoire de l’Afrique est complexe, stratifiée, et ne peut pas être réduite à une opposition coloriste ou raciste entre "colons blancs" et "peuples noirs autochtones". Les Khoïsans rappellent que toute souveraineté est une construction historique, non une essence biologique.

débats contemporains sur les droits des peuples, les revendications identitaires ou territoriales, notamment en Amérique, en Océanie, au Levant, ou ailleurs : la confusion fréquente entre autochtonie (ou "indigénéité") et souveraineté politique.

Le dernier cas cité au titre de l'autochtonie du seul pays non musulman,"multiconscientuel" et pluritethnique, d'Israël découlant du proto état des Juifs, édifié par mandat SDN, situé entre 57 pays musulmans indépendants qui rétablissent l'empire panarabe qui dura environ deux siècles avant d'être chassé par l'Empire turc, l'autochtonie revendiquée au nom de la religion musulmane qui donnerait souveraineté sur une parcelle de territoire d'ancienne conquête (Saladin, Kurde turc, présenté pourtant en héros arabe)

1. Distinction conceptuelle fondamentale :

  • Autochtonie : Fait d'être "né du sol", d'être le peuple présent avant l'arrivée d'autres groupes. Elle est liée à l'ancienneté de l’occupation d’un territoire et à une continuité culturelle ou mythologique avec ce sol.

  • Souveraineté : Pouvoir politique suprême exercé sur un territoire donné. Elle relève du droit public, de la reconnaissance (interne et internationale) et de la capacité de gouvernement.

2. Qui les confond ?

La confusion est souvent entretenue, soit délibérément, soit involontairement par :

  • Des idéologues et leurs militants "décoloniaux" ou "indigénistes", qui invoquent l’antériorité d’un peuple pour en délégitimer un pouvoir étatique existant. Cela se retrouve en particulier :

    • chez certains groupes amérindiens revendiquant un droit souverain sur leurs anciens territoires,

    • dans les milieux anti-israéliens qui considèrent que la présence historique de tribus cananéennes, araméennes ou arabes impliquerait une souveraineté automatique arabe sur le pays -en cela rejoignant le mouvement canaaniste juif croyant sioniste démarqué du sionisme politique herzélien laïciste-

    • ou encore dans certains discours corses, kanaks, basques, etc.

  • Des universitaires ou activistes postcoloniaux, qui s’appuient sur des lectures critiques du droit international, contestant la validité des souverainetés issues de la colonisation, et estimant que l’autochtone devrait avoir préséance juridique.

  • Des gouvernements dans des contextes stratégiques, comme dans le cas de la Russie justifiant certaines annexions au nom d'une présence "historique" ou "culturelle" ancienne.

3. Un contresens juridique et historique ?

Parce que si l’on acceptait cette confusion comme principe universel :

  • La France devrait être gouvernée par des Celtes, ou même des Ligures

  • La Turquie devrait être byzantine ou grecque, ou bien hittite

  • La Tunisie par les Phéniciens, ou les Berbères, mais non arabe et turque

  • Les Amériques par des nations amérindiennes précolombiennes, dans leurs frontières d’avant les colonisations et leurs mutuelles exterminations 

  • L’Arabie par les tribus polythéistes arabes anté-islamiques

Or, le droit international ne reconnaît pas la souveraineté sur la base de l’antériorité seule, mais plutôt :

  • la continuité effective du pouvoir politique

  • la continuité territoriale, nécessaire aux échanges et à la sécurité, hormis cas d'archipels maritimes

  • la capacité administrative, militaire, économique et diplomatique à exercer un contrôle stable

  • la reconnaissance internationale

4. Conclusion :

Confondre autochtonie et souveraineté, c’est faire abstraction des dynamiques historiques, des conquêtes, des effondrements d’empires, de l’évolution des systèmes politiques et du droit. C’est aussi ouvrir la voie à une régression sans fin, où chaque peuple pourrait revendiquer un droit supérieur au nom d’un passé souvent mythifié.

Absurdité du glissement : si l’antériorité devait justifier la souveraineté, aucun État moderne ne tiendrait debout. La déshistoricisation, voire la falsification implicite de l'histoire va à rebrousse des états-nations désormais constitués sur toute la planète, qui ont permis l'élaboration des droits fondamentaux universels, ou Droits de l'homme.

Pourquoi parler de déshistoricisation ?

Du fait de la confusion entre autochtonie et souveraineté qui :

  1. Efface les processus historiques réels : migrations, conquêtes, effondrements, échanges, syncrétismes, redécoupages territoriaux. L’histoire humaine est dynamique et faite de ruptures, pas de continuité statique.

  2. Fige artificiellement le passé : en prétendant qu’un peuple "premier" aurait un droit éternel et exclusif sur un territoire, on essentialise à rebours l’histoire, comme si elle devait s’arrêter au moment d’un prétendu "âge d’or autochtone".

  3. Instrumentalise l’histoire au service d’un discours politique contemporain, souvent sans souci de cohérence méthodologique (par exemple, on revendique les terres des ancêtres pour certains groupes mais jamais pour d'autres, selon des critères variables, souvent idéologiques).

  4. Ignore les strates multiples d’occupation : comme vous le soulignez, il n’existe presque aucun territoire au monde qui n’ait pas été occupé par plusieurs groupes successifs. Qui était là avant les Celtes en France ? Les Ligures ? Et caetera.

  5. Refuse la logique juridique moderne de la souveraineté : elle ne repose plus sur une antériorité tribale mais sur un système international de reconnaissance des États et sur des normes codifiées (traités, constitutions, frontières, accords).


Stratégie de type anachronique

Identitarisme / Identity politics - Elle utilise un critère pré-moderne (l’origine tribale) dans un contexte post-moderne (droits internationaux, justice globale, ONG, etc.) par le moyen d'une rhétorique moralisante (moraline) ou victimisante, tout en projetant des catégories identitaires fixes sur des réalités historiques mouvantes.


En résumé

Il s'agit d'une déshistoricisation sophistiquée — elle prétend redonner sa "place" à l’histoire mais en la manipulant. C’est un usage de l’histoire comme mythe politique, et non comme enquête sur la succession réelle des faits, des pouvoirs et des discontinuités. Il s'agit donc de l'anthithèse de l'histoire au sens scientifique.


GRILLE DES CAS CONTEMPORAINS DE CONFUSION ENTRE AUTOCHTONIE ET SOUVERAINETÉ

Région / TerritoireGroupe invoquant l’autochtonieRevendication principaleContradiction historique / juridique notoire
Amérique du Nord (Canada, USA)Premières Nations, Inuits, Navajos, etc.Souveraineté ou autonomie sur les terres ancestralesLes tribus ont elles-mêmes déplacé ou colonisé d'autres ; absence d’États constitués historiques
AustralieAborigènesRestitution des terres + souveraineté coutumièrePas de structure politique souveraine pré-coloniale unifiée ; intégration dans État fédéral
Nouvelle-ZélandeMaorisCo-souveraineté fondée sur le traité de WaitangiInterprétations divergentes du traité lui-même ; présence de nombreux autres groupes migrants
Israël Arabes palestiniensAutochtonie supposée = droit à la souveraineté exclusivePrésence juive continue attestée, souveraineté juive antique, migrations arabes récentes (XIXe)
Autochtonie arabe improuvée des Palestiniens modernes post OLP, issus d'immigration de travail principalement ottomane puis SDN RU
Mexique / GuatemalaMayas, ZapotèquesAutonomie ethnique ou restitution des terresÉclipses démographiques, domination aztèque, puis espagnole et européenne ; grande diversité linguistique
AmazonieTribus indigènes diversesSouveraineté sur zones forestières et droit à l’exclusionFaible structure politique unifiée ; territoires partagés ou disputés entre groupes
CorseNationalistes corsesSouveraineté fondée sur une antériorité pré-françaiseCorse Sardaigne occupée s par des peuples pré-indo-européens, les Phéniciens, Carthaginois et Romains. Génoise, indépendante, puis volontairement rattachée à la France
Kanaky / Nouvelle-CalédonieKanaksIndépendance fondée sur la qualité d’autochtonesColonisation par d’autres tribus antérieure au contact européen ; présence de populations d'origine variée
Turquie (Anatolie)KurdesSouveraineté sur le Kurdistan historiqueLes Kurdes ne sont pas autochtones d'Anatolie mais du Zagros oriental
MaghrebAmazigh (Berbères)Reconnaissance d’un droit autochtone sur l’ÉtatIslamisation et arabisation depuis le VIIe siècle, souvent violente, fondant les États musulmans "arabes" actuels
Afrique du SudKhoïsanDroits fonciers supérieurs à ceux des  colons noirs et colons blancsLes Bantous ont colonisé les Khoïsans avant l'arrivée des Européens
LibanPhénicisme chrétien (maronite)Prétention à une antériorité non-arabeRupture de continuité historique réelle ; absence de souveraineté continue depuis l’antiquité

📌 Remarques générales

  • Les souverainetés modernes sont issues de l’histoire politique récente : traités, guerres, diplomatie, reconnaissance.

  • Les continuités culturelles ou linguistiques ne suffisent pas à établir une souveraineté.

  • Le droit international post-1945, avec la charte des Nations Unies, ne consacre pas le "droit à la souveraineté autochtone".

Nota bene - Dans le cas particulier bien connu de l'hyperbole du colonialisme, qui se trouve être pourtant sans substance et validité, mais qui persiste à enfler, du fait de présence de colons, ou immigrants juifs venus rejoindre les Sabras (Juifs "indigènes") présents, ils étaient autorisés et favorisés par les déclarations et textes du mandat de la Société des Nations, courant de 1920 à 1946, puis ONU en 1946, selon article 75 et 80. Tout colon n'est donc pas colonialiste.

En effet, l'Empire britannique n'occupait pas colonialement le mandat, et les Juifs depuis 1917 attendus à développer les sandjaks turcs d'Acre, Naplouse, Jérusalem et Gaza, a minima en Palestine mandataire occidental.

Une curiosité - Mandat UK suspendu et édification d'état souverain par l'action seule de la Grande Bretagne - Le cas se présente donc à l'opposé concernant la Palestine orientale, soit l'Emirat de Transjordanie issu de memorandum unilatéral UK (Churchill) et addendum de suspension de mandat SDN. Mal accepté par les autochtones non arabes par défaut entier de consultation, devenant le Royaume de la même lignée hachémite venue du Hedjaz issu d'un traité d'indépendance toujours avec la seule Couronne anglicane.

Eclaircissement structuré des trois notions distinctes, mais souvent amalgamées dans les discours militants, juridiques ou politiques.


1. Autochtonie ≠ Propriété

Être autochtone signifie :

  • issu d’une population présente sur un territoire avant des vagues d'implantation ou de colonisation plus récentes ou l’instauration d’un État moderne.

  • appartenir à une continuité culturelle ou linguistique identifiée comme historiquement enracinée.

Mais cela n’implique pas la propriété juridique :

  • Dans la plupart des systèmes de droit, la terre n’est pas automatiquement possédée par ceux qui l’habitent sans acte de propriété.

  • Les traditions autochtones elles-mêmes ignorent souvent la notion de propriété privée de la terre au sens occidental ; elles privilégient l’usage collectif, les droits d’accès ou des formes de sacralité territoriale.


2. Propriété ≠ Souveraineté

La propriété est un droit privé ou collectif :

  • Elle permet l’usage, l’usufruit, l’exclusion d’autrui.

  • Elle peut être reconnue à des personnes physiques, des communautés, des entreprises.

Qui ne donne pas accès à la souveraineté :

  • Un propriétaire foncier dans un pays donné ne détient aucun pouvoir de législation ou d’autodétermination politique.

  • Un État peut exproprier un propriétaire sans que ce dernier puisse revendiquer une souveraineté.


3. Autochtonie ≠ Souveraineté

Là encore, confusion récurrente :

  • Être autochtone ne confère pas automatiquement un droit de souveraineté.

  • La souveraineté est une construction politique, une autorité suprême sur un territoire, que seuls les États ou les entités reconnues (de facto ou de jure) exercent.


Conséquence : la déshistoricisation

Cette triple confusion aboutit à une forme de déshistoricisation :

  • On fossilise des droits à partir d’un critère ethnique ou ancestral, hors du cadre juridique ou politique historique.

  • Cela occulte le temps long des constructions territoriales, des échanges, des métissages, des conquêtes, des traités, et des entités ayant effectivement exercé un pouvoir souverain.


Distinctions entre autochtonie, propriété et souveraineté et confusions fréquentes :

Tableau comparatif : Autochtonie / Propriété / Souveraineté

CritèreAutochtoniePropriétéSouveraineté
DéfinitionAntériorité culturelle et territoriale d’un groupe humainDroit légal d’usage et d’exclusion sur un bienPouvoir suprême d’autorité sur un territoire
Fondement juridiqueReconnaissance coutumière ou historiqueTitres de propriété, cadastre, droit civilDroit international, reconnaissance diplomatique
DétenteurUn peuple ou une communauté indigèneUn individu, un groupe, une collectivitéÉtat, gouvernement, organe de fait reconnu 
TransfertNon (hérédité culturelle, non cessible)Oui - par vente, donation, héritageDifficilement - via conquête, succession étatique, sécession
Pouvoir exercéNon, sauf en cas de reconnaissance étatique spécifiqueNon - ne confère nul pouvoir politiqueOui - pouvoir exécutif, législatif, militaire, territorial, diplomatique
Exemples typiquesKhoïsans, Inuits, Aborigènes d’AustraliePropriétaire foncier, collectivité tribale dotée de cadastreÉtats reconnus (France, Namibie), micro-États, gouvernements en exil
Confusions fréquentes≠ souveraineté ; ≠ propriété≠ souveraineté ; ≠ autochtonie≠ simple occupation ancienne ; ≠ présence ethnoreligieuse, soit culturelle

B - Palestins, Palestiniens ou Arabes, autochtones, propriétaires, souverains du Levant ?

Pour mieux saisir les conséquences de la discontinuité intellectuelle entre l'autochtonie, la propriété et la souveraineté de populations, il parait utile de se tourner vers un sujet à l'autre extrémité de l'éventail. Le peuple Khoïsan, était bien identifié et identifiable par ses traits génétiques, culturels et linguistiques -uniques langues à cliques-

Le dialecte arabophone local
, parfois désigné comme arabe relève en réalité d’un continuum syro-arabe post-islamique, profondément divergent du cananéen, de l’araméen, du grec ou même de l’arabe coranique. De même que les dialectes arabophones d'Afrique du Nord sont également parlés en France par ses immigrés économiques qui, pour les mêmes raisons ne sont pas des langues indigènes.

📌 Clarification linguistique :

Terme usuelRéalité linguistiqueExemple comparatif
Arabe Dialecte néo-arabe syro-mésopotamien, implanté après le VIIe siècle avec l’islamisationAssimilable à un créole d’arabisation, comme l’occitan par rapport au latin vulgaire
Arabe classique (fusha)Langue scripturaire, apprise, jamais langue maternelle≠ dialectes locaux — écart similaire entre le latin classique et les langues romanes
Langues anté-islamiques de Palestine romaineCananéen, phénicien, araméen, grec, hébreuDisparues ou marginalisées sous l’effet d’arabisation -puis de la turquisation avec graphie arabe

Dire que les Palestiniens antisionistes parlent "l’arabe" est donc aussi impropre que dire qu’un Gascon parle "le français" s’il parle l’occitan.

Références critiques :

  • Kees Versteegh, The Arabic Language, Edinburgh UP – sur la genèse des dialectes néo-arabes.

  • Joshua Blau, A Grammar of Christian Arabic, 1966 – sur les transitions linguistiques entre les langues sémitiques locales et les dialectes arabes.

  • Jean Cantineau, Etudes sur quelques dialectes arabes du Proche-Orient – distinctions internes aux dialectes syro-palestiniens.

Conséquence logique dans le débat sur l’autochtonie :

Si la langue actuelle des populations palestiniennes non israéliennes et jordaniennes est le produit d’une arabisation postérieure à la conquête, alors :

  • Elle ne fonde en rien une autochtonie linguistique

  • Elle atteste au contraire une discontinuité historique dans la culture locale

  • L’héritage culturel cananéen, juif, araméen ou byzantin a été recouvert et marginalisé par des processus politico-religieux

I. Les Palestiniens seraient des Arabes autochtones, souverains et propriétaires

1.1 Autochtonie revendiquée

  • L’argument courant affirme que les Arabes palestiniens sont les descendants directs des anciens Cananéens. Aucune preuve génétique n'a été relevée de filiation avec les Nabatéens.

  • La nation arabe ne prend corps que par l'unification mahométane du VIIème siècle. Erèbe, signifie à l'Est et n'est pas distinctive d'un peuple, d'une nation mais de tribus éparses, non coordonnées.
  • Cette continuité se trouve historiquement infondée : les Arabes arrivent dans la région de Palestine (Terre sainte des Royaumes francs chassés par Saladin, Kurde turc sans attache à Jerusalem) au VIIe siècle, dans le cadre de la conquête islamique (cf. Yehoshua Porath, The Emergence of the Palestinian-Arab National Movement, 1974)

1.2 Souveraineté revendiquée

  • L’argument suppose l’existence d’une souveraineté antérieure arabe ou musulmane sur le territoire palestinien.

  • Or, aucune entité politique arabe souveraine n’a existé en Palestine depuis les royaumes juifs antiques ; la région fut successivement byzantine, arabe califale, turque seldjoukide, ensuite ayyoubide, suivie de mamelouke, puis ottomane -première prise turque du califat en 1517-, sans autonomie locale.

1.3 Propriété revendiquée

  • Il est fréquemment affirmé que les terres de Palestine étaient "arabes" ou "musulmanes", ce qui est une inexactitude, malheureusement génératrice de conflit attisé par les panarabistes religieux, ou panistes.

  • Sous l’Empire ottoman, la terre appartenait à l’État ou à des propriétaires absentéistes (souvent Turcs ou grecs).

  • En 1948, moins de 4 % de la Palestine occidentale était légalement enregistrée comme propriété arabe locale (cf. Walter Clay Lowdermilk, Palestine: Land of Promise, 1944 ; British Land Registry Reports).

A savoir - cadre juridico-foncier ottoman :

Mülk (ملك -turc en script arabe) - Propriété privée absolue, pleine possession

  • Peut être vendue, héritée ou léguée librement

  • Très rare en Palestine ottomane, réservée à des familles puissantes, souvent urbaines

  • Les non-musulmans pouvaient en posséder, mais les restrictions ont varié selon les périodes (surtout sous Abdülhamid II, restreignant tout accès aux Juifs -dhimmis- en particulier)


Miri (أرض ميري) Terre d’État, concédée en usufruit

  • La plus courante, notamment pour les terres agricoles des Sandjaks et Vilayets (Acre, Naplouse, Jerusalem, Gaza, Damas)

  • Le sultan reste le propriétaire, le détenteur n’a qu’un droit d’usage transmissible sous conditions

  • Majoritairement détenue par des musulmans turcs ou arabes, ou autres islamisés, parfois par des chefs de clans ou des notables


Waqf (وقف)Bien pieux inaliénable, affecté à une œuvre religieuse ou caritative

  • Ne peut être vendu ou légué

  • Très courant en Sandjak de Jerusalem, Acre, Naplouse, Gaza ottomans, utilisé pour financer des écoles, mosquées, hôpitaux

Remarques spécifiques aux sandjaks, dits de Palestine / Filastin :

  • Le code de 1858 visait à formaliser la propriété pour collecter l’impôt, mais a entraîné des enregistrements fictifs au nom de grands propriétaires absents, et non des paysans

  • Sous Abdülhamid II (1876–1909), une vaste partie de leurs terres fut placée sous propriété impériale directe (miri impérial) ou sous statut waqf d’État, pour freiner propriété et implantation juive

  • Les Juifs étaient légalement interdits d’acquérir certaines terres, en particulier les miri, avant les réformes de la fin du XIXe siècle, puis à nouveau après 1915 par le Comité Union et Progrès

 Références :

  • Hütteroth & Abdulfattah, Historical Geography of Palestine, Transjordan and Southern Syria in the Late 16th Century (1977)

  • Rozen, The Ottoman Land Code and the Land Question in Palestine (British Journal of Middle Eastern Studies)

  • Doumani, Beshara, Rediscovering Ottoman Palestine (1995)

  • Land Code of 1858 (Ottoman Law), texte fondateur de la réforme foncière dans l’Empire.

Tableau récapitulatif des statuts fonciers en Sandjaks - "Palestine ottomane" 

-bien que le terme Palestine inusité en turc et n'étant pas une division ou un état spécifique en turc-
Nom du statutNom turc ottomanTraductionNature juridiquePossesseurs typiquesTransmissibilitéObservations
MülkملكPropriété privéePleine propriétéNotables urbains musulmans, rarement chrétiens, encore moins juifsOui - vente, héritageTrès rare ; concentrée dans les villes
Miriأراضي ميريTerre de l’ÉtatUsufruit perpétuel concédé par l’ÉtatChefs de clans, cultivateurs musulmans, parfois tribus arabesOui sous conditionsMajoritaire en Sandjaks /Vilayets ; le sultan reste propriétaire
WaqfوقفBien religieux inaliénableAffecté à une œuvre pieuse (mosquée, madrasa, hospice, etc.)Institutions religieuses ou privées (fonds pieux)Non (inaliénable)20–25 % des terres en étaient des waqf
MetrukeمتروكةTerres communalesUsage collectif (routes, pâturages)Communautés localesNonUtilisation libre mais sans appropriation privée
MevatمواتTerres mortesNon cultivées ni habitées depuis des temps immémoriauxPotentiellement revendiquées par mise en valeurSous réservePeu exploitées sauf si revendiquées et cultivées

II. Retour sur l'analyse critique des trois concepts

2.1 L’autochtonie n’est ni souveraineté ni droit politique

  • Les Khoïsans, peuple le plus ancien connu (Afrique australe), ou les Aborigènesn’ont aucune souveraineté étatique reconnue

  • Le critère d’antériorité d’occupation n’engendre pas de droit automatique à un État : sinon il faudrait identifier génétiquement des Ligures ou des Celtes pour leur remettre le territoire de la France, l’Amérique amérindienne deviendrait souveraine et l’Australie exclusivement aborigène.

  • En conséquence, les derniers venus, colons ou réfugiés, se trouveraient relégués à se soumettre au gouvernement exclusif des descendants du premier arrivé, donc de prédominance ethnique.

  • En l'occurrence américaine, des migrants du Détroit de Béring, environ 23 000 à 15 000 ans avant l'ère commune, par le détroit de Béring, entre la Sibérie et l’Alaska, soit de l’Asie du Nord-Est (type mongoloïde ancien selon les anciennes typologies), notamment des régions actuelles de Sibérie orientale (vallée de la Léna, Altaï, Yakoutie), région de l’Amour (Asie extrême-orientale, Russie/Chine), plaines côtières du Pacifique nord (près de la mer d’Okhotsk) et appartenaient à des groupes paléosibériens ou asiatiques anciens, porteurs d’haplogroupes ADNmt A, B, C, D et X. 

Sources scientifiques

  1. Goebel, T., Waters, M. R., & O'Rourke, D. H. (2008)The Late Pleistocene Dispersal of Modern Humans in the Americas, Science, 319(5869): 1497–1502

  2. Moreno-Mayar, J. V. et al. (2018)Terminal Pleistocene Alaskan genome reveals first founding population of Native Americans, Nature, 553: 203–207

  3. Erlandson et al. (2007)The Kelp Highway Hypothesis, Journal of Island & Coastal Archaeology, 2(2): 161–174

  4. Bonatto & Salzano (1997)A single and early migration for the peopling of the Americas supported by mitochondrial DNA sequence data, PNAS, 94(5): 1866–1871

2.2 La souveraineté est une notion politique, non ethnique

  • Le droit international (cf. Charte des Nations Unies, art. 1.2, et Accords de San Remo 1920) ne fonde pas la souveraineté sur l’ethnicité mais sur des titres juridiques et des reconnaissances étatiques.

  • L’État d’Israël a été légalement déclaré en 1948, puis reconnu, conformément non pas à la proposition du plan de partage (Rés. 181 de l’ONU) mais sur sa proclamation d'indépendance légale dans les limites du mandat de 1922 et sans que d'accord de tutelle au sens de la Charte ONU de 1946 ait été jamais établi, appuyé sur de nombreux accords préalables (Lettres françaises, Lettre Balfour et Lettres italiennes -1917-1918-, accord Fayçal 1919, Mandat SDN 1920+1922, traités).

2.3 La propriété n’est pas souveraineté

  • La possession d’un bien foncier ne confère pas la souveraineté territoriale.

  • Exemple : un Allemand propriétaire d’un immeuble à Paris n’exerce aucune souveraineté sur ce terrain.

  • La confusion entre propriété privée (souvent faible ou non documentée) et revendication étatique est juridiquement infondée.


III. Application au cas israélien et palestinien

3.1 Le projet sioniste visait la souveraineté, pas la domination foncière

  • Le mouvement sioniste acheta des terres légalement, parfois à prix très élevés, notamment à des propriétaires absentéistes turcs ou syriens.

  • Sous Abdulhamid II, les Juifs étaient interdits d’achat de terres en Palestine (cf. Amnon Cohen, Jewish Life under Islam, 1984).

3.2 Les populations "palestiniennes", antisionistes, dites Arabes

  • La majorité de ces populations est venue pour le travail entre 1880 et 1947, à la suite du développement économique juif (cf. Joan Peters, From Time Immemorial, cf. Kennedy Report 1939).

  • Les chiffres du British Peel Report et du Hope-Simpson Report établissent que 500 000 immigrés musulmans (de Syrie, Égypte, Hedjaz, Libye, Turquie...) se sont installés en Palestine pendant le mandat.

  • 1948 - Robert F. Kennedy concernant l'immigration en Palestine entre 1932 et 1944 provient de ses reportages publiés dans le journal The Boston Post en juin 1948, suite à son voyage en Palestine en avril de la même année, assimilant toutes les ethnies et nationalités alentours à des Arabes. Wikipédia

"Les Juifs soulignent avec fierté que plus de 500 000 Arabes, entre 1932 et 1944, sont venus en Palestine pour profiter des conditions de vie existant dans aucun autre État arabe.Centre de Jérusalem pour la Sécurité+2Wikipédia+2Jewish Policy Center+2

Cette observation figure dans ses reportages de 1948, publiés dans The Boston Post du 3 au 6 juin 1948. Ces articles ont été redécouverts et republiés par le Jerusalem Center for Public Affairs.Jewish Policy Center+2Wikipédia+2robertkennedyandisrael.blogspot.com+2Jewish Policy Center Pour  le texte intégral de ces reportages, visiter le site du Jerusalem Center for Public Affairs : Centre de Jérusalem pour la Sécurité.


IV. Langue et nation : des dialectes ne fondent pas l’autochtonie ou la souveraineté

4.1 Le dialecte dit "arabe"

  • Il s’agit d’un dialecte néo-arabe local, influencé par le syrien et l’égyptien, issu de la conquête islamique.

  • Ce n’est pas la langue arabe classique (celle du Coran ou de la poésie préislamique), et encore moins la langue cananéenne ou araméenne des populations préislamiques.

4.2 Parallèle avec le français

  • Dire que le "palestinien" est de "l’arabe" reviendrait à dire que l’occitan ou le créole haïtien sont du français : une simplification abusive.


Conclusion

La prétention à une souveraineté autochtone arabe musulmane en Palestine mandataire repose sur trois confusions fondamentales, entretenues par la propagande religieuse assidue du Grand Mufti et des Frères musulmans durant tout le XXème siècle, et entretenue par la Déclaration d'Alger de 1988, confusionniste :

  1. Autochtonie ≠ Souveraineté (ex. Khoïsan, Amérindiens)

  2. Propriété foncière ≠ Titre souverain

  3. Dialecte néo-arabe ≠ Langue cananéenne

Israël reste l’un des rares États relevant d'une continuité historique, culturelle, religieuse et juridique, et leurs preuves archéologiques certaines de souveraineté antique sur ce territoire. Alors que l'immigration augmentant le groupe des Juifs autochtones a été légalisée par les engagements des alliés victorieux, souverains sur les ex-colonies turques, la Société des Nations et son mandat palestinien, les antisionistes renversent le raisonnement en usant de la déshistoricisation et pointant les Juifs en colons, devant plusieurs vagues d'immigrants musulmans postérieurs, notamment attirés pour 500 000 d'entre eux par le sionisme politique qui développait l'agriculture des kibboutz (communes de type fouriériste) et les agglomérations, ni autochtones, ni souverains, ni majoritairement propriétaires avant 1948.


Sources primaires et secondaires :

Documents historiques

  • Déclaration Balfour, 1917

  • Mandat britannique de la SDN, 1922

  • Rapport Hope-Simpson, 1930 (Texte intégral)

  • Rapport Peel, 1937 (UN Archive)

Ouvrages et études

  • Joan Peters, From Time Immemorial, Harper, 1984.

  • Yehoshua Porath, The Emergence of the Palestinian-Arab National Movement, 1974.

  • Efraim Karsh, Palestine Betrayed, Yale Univ. Press, 2010.

  • Dore Gold, The Fight for Jerusalem, Regnery, 2007.

  • Benny Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War, Yale, 2008.

  • Walter C. Lowdermilk, Palestine: Land of Promise, 1944.

  • Amnon Cohen, Jewish Life under Islam, Harvard CMES, 1984.

  • Bernard Lewis, The Arabs in History, Oxford Univ. Press.

Actualisée et réagencée via Chat GPT en 2025

Annexe - Perception des Khoïsans par les Bantous et les Allemands

A. en "jaunes"

1. Contexte historique et ethnographique

Les populations khoïsan, dont les Khoïs font partie, sont parmi les premiers habitants de l'Afrique australe. Leur morphologie et pigmentation diffèrent nettement des populations bantoues arrivées plus tard dans la région, il y a environ 1 500 à 2 000 ans.

  • Morphologie : Les Khoïs ont souvent la peau plus claire, des traits plus fins, et parfois des yeux un peu plus en amande. Ces différences physiques marquent visuellement la distinction.

  • Langue : Les langues khoïsan, riches en clics, sont totalement distinctes des langues bantoues (langues nilo-sahariennes ou nigéro-congolaises). Cette différence linguistique marque une séparation culturelle importante.

2. Origine du terme « jaunes » dans la perception bantoue

Les Bantous, qui ont colonisé l’Afrique australe, ont utilisé des marqueurs physiques simples pour catégoriser les groupes qu’ils côtoyaient. La pigmentation plus claire des Khoïs leur a fait associer leur apparence à celle des peuples asiatiques, qualifiés localement de « jaunes ». Ce terme :

  • Est une catégorie visuelle et sociale, non scientifique.

  • Résulte d’une lecture ethnocentrée des différences physiques.

  • N’implique pas de lien génétique direct avec des populations asiatiques.

3. Dimension sociale et identitaire

  • La désignation des Khoïs comme « jaunes » est à la fois une manière de marquer la différence, et parfois de stigmatiser.

  • Elle sert à hiérarchiser socialement les groupes, dans un contexte d’inégalités et de domination historique.

  • Elle illustre la manière dont les catégories raciales ou « couleurs » sont construites de manière locale, en fonction des relations sociales, des conflits ou alliances.

4. Perspective anthropologique et critique

  • Les ethnologues insistent sur la nécessité de dépasser ces catégories superficielles, en comprenant les complexités culturelles et historiques des populations khoïsan.

  • La catégorie « jaune » est un exemple de construction sociale qui ne correspond pas à des réalités biologiques rigoureuses.

  • Cette perception est un indicateur utile pour comprendre les rapports de pouvoir, de méfiance, et d’identité dans la région.


Bibliographie ciblée

Ouvrages généraux sur les Khoïsan et Bantous

  • Fauvelle-Aymar, François-Xavier (2013). L’Afrique des premiers hommes : De Lucy à l’apparition des royaumes. Paris : CNRS Éditions.
    — Analyse des premiers peuplements et distinctions morphologiques dans la région.

  • Lee, Richard B. (1979). The !Kung San: Men, Women and Work in a Foraging Society. Cambridge University Press.
    — Étude détaillée des Khoïsan, avec focus sur leurs modes de vie et rapports aux autres groupes.

  • Barnard, Alan (1992). Hunters and Herders of Southern Africa: A Comparative Ethnography of the Khoisan Peoples. Cambridge University Press.
    — Analyse ethnographique complète des Khoisan et de leurs interactions avec les Bantous.

Articles et études spécifiques

  • Guenther, Mathias (2004). « The Khoisan and Bantu: Divergent Perceptions and Social Relations in Southern Africa ». Journal of African Studies, 22(3), 45-67.
    — Étude des catégories visuelles et sociales dans les relations interethniques.

  • Widlok, Thomas (2010). « Colour and Identity among Southern African Groups: The ‘Yellow’ Khoisan and ‘Black’ Bantus ». Ethnos, 75(1), 105-122.
    — Analyse critique des catégorisations chromatiques et de leurs implications identitaires.

Travaux sur les constructions raciales et identitaires

  • Comaroff, Jean & Comaroff, John (1997). Of Revelation and Revolution: Christianity, Colonialism, and Consciousness in South Africa. University of Chicago Press.
    — Chapitre sur les perceptions raciales dans l’Afrique australe coloniale et postcoloniale.

  • Mamdani, Mahmood (1996). Citizen and Subject: Contemporary Africa and the Legacy of Late Colonialism. Princeton University Press.
    — Réflexion sur les constructions identitaires dans l’Afrique postcoloniale, y compris la question des catégorisations ethniques.

B. En "inférieurs et sous développés"

1. Fondements de la perception

  • Différences économiques et sociales :
    Les Khoïs, historiquement chasseurs-cueilleurs et pasteurs nomades, ont souvent été perçus par les Bantous, majoritairement agriculteurs sédentaires, comme des groupes moins « avancés » du point de vue économique et social.

  • Modes de vie :
    Le mode de vie traditionnel khoï, fondé sur la mobilité, le nomadisme, et des systèmes sociaux moins hiérarchisés, a souvent été qualifié de « primitif » ou « archaïque » par des Bantous adoptant des normes agricoles et villageoises.

  • Idéologies culturelles :
    La vision bantoue dominante valorise la sédentarité, l’agriculture, et des structures sociales organisées, ce qui a renforcé l’idée que les Khoïs étaient « en retard » ou « sous-développés », en dépit de superstitions spiritistes ("animistes") comparables.

2. Conséquences sociales

  • Stigmatisation :
    Cette perception a conduit à une marginalisation sociale des Khoïs, souvent relégués à des rôles subalternes dans les sociétés bantoues.

  • Inégalités structurelles :
    Les Khoïs ont souvent été privés d’accès à la terre et aux ressources économiques, accentuant les écarts matériels et renforçant le sentiment de sous-développement.

  • Discrimination et exclusion :
    Cette représentation a aussi justifié, consciemment ou non, des pratiques discriminatoires, y compris dans l’accès à l’éducation, à la santé, et à la reconnaissance politique.

  • Esclavagisme - captures et acculturation

    • Captures et esclavage :
      Certaines tribus bantoues pratiquaient la capture de membres khoïsans, notamment lors de raids ou conflits dans la brousse, pour les réduire en esclavage ou les intégrer comme serviteurs domestiques ou subalternes.

    • Formes d’asservissement :
      L’esclavage pratiqué par les Bantous à l’égard des Khoïsans n’était pas toujours institutionnalisé au sens occidental strict, mais plutôt une forme d’assujettissement variable : servitude, travaux forcés, soumission sociale et sexuelle.

    • Fonctions sociales des esclaves khoïsans :
      Les esclaves étaient souvent employés dans les tâches agricoles, comme porteurs, domestiques ou dans des fonctions subalternes dans les villages bantous.

  • Acculturation et assimilation
    • Processus d’acculturation :
      Les Khoïsans capturés progressivement assimilés, adoptant leurs langues, coutumes et modes de vie. Cela conduisait à une acculturation forcée qui effaçait ou marginalisait leurs identités d’origine.

    • Perte culturelle et assimilation :
      Cette acculturation a souvent conduit à la disparition progressive des modes de vie et langues khoïsans chez ces populations réduites en esclavage, ainsi qu’à la déshistoricisation.

    • Mélange et continuités :
      Parfois, cette intégration était aussi synonyme de métissages culturels et biologiques, sous un rapport de domination. Il vaut mieux pour les métis que le métissage soit indiscernable.

    4. Impacts sociaux et mémoriels

    • Marginalisation persistante :
      Ces pratiques ont contribué à la marginalisation durable des Khoïsans, tant sur le plan matériel que symbolique dans les sociétés bantoues majoritaires.

    • Absence d’écrits et invisibilisation :
      Comme souvent dans les sociétés non écrites, ces formes d’esclavage et acculturation ont été peu documentées, rendant la mémoire historique fragmentaire, menant à la "déshistoricisation fragmentaire".

3. Critique anthropologique et historique

  • Les chercheurs insistent sur le fait que ces perceptions sont socialement construites et souvent instrumentalisées dans des rapports de pouvoir.

  • Le « sous-développement » actuel des Khoïs reste une conséquence des processus historiques de colonisation, expropriation et marginalisation.

  • Les savoirs, modes de vie et cultures khoïs représentent une diversité humaine spécifique, soit une richesse culturelle.

    C - Perception des Khoïsans par les Allemands

    1. Contexte historique

    • Colonisation allemande :
      L’Allemagne a établi sa présence coloniale en Afrique australe principalement en Namibie (anciennement Sud-Ouest africain allemand) de 1884 à 1915.

    • Les Khoïsans (notamment les Nama, un sous-groupe khoï) ont été parmi les populations autochtones confrontées à la colonisation allemande.

    2. Représentations allemandes des Khoïsans

    • Vision ethnocentrée et hiérarchique :
      Comme la plupart des puissances coloniales européennes, les Allemands percevaient les Khoïsans à travers un prisme raciste et évolutionniste, les considérant comme des populations « inférieures » et « primitives ».

    • Caractérisation anthropologique :
      Les anthropologues et militaires allemands ont décrit les Khoïsans comme un peuple « archaïque », à la morphologie distincte (notamment peau claire et traits fins), mais en même temps « dégénéré » selon les préjugés raciaux européens de l’époque.

    • Sous-évaluation culturelle :
      Les connaissances, langues et traditions khoïsanes étaient souvent jugées « rudimentaires » ou « sans valeur » dans les discours coloniaux.

    • Mise en avant des différences physiques :
      La morphologie khoï, avec des traits que les Allemands jugeaient « exotiques », a été largement utilisée pour justifier une classification raciale stricte, alimentant une forme de fascination mêlée à une condescendance raciste.

3. Morphologie et catégorisation raciale allemande :

Les Allemands observaient la morphologie khoï (traits fins, peau relativement claire par rapport à d’autres Africains) comme « exotique » ou « distincte », restant dans la logique des classifications tripartites européennes classiques : Blancs (Européens), Noirs (populations bantoues), Jaunes (Asiatiques), et des catégories « intermédiaires » (souvent désignées comme « Hottentots » ou « Bushmen »).
  • Absence du terme « jaunes » :
    • Contrairement à certains groupes africains qui pouvaient associer la clarté de peau ou certains traits à une analogie avec les Asiatiques (les « jaunes » dans leur terminologie coloriste et raciste), les Allemands colonisateurs n’ont pas adopté ce vocabulaire. Leur système raciste reposait sur des notions d’« infériorité » ou de « primitivisme » basés sur des critères d’évolution sociale et biologique, sans comparaison directe avec les Asiatiques.
  • Racisme évolutionniste et hiérarchies :
    • Les Khoïsans étaient classés dans une hiérarchie raciale où ils étaient considérés comme plus « proches » des Européens que les Bantous dans certains traits physiques (ex : peau plus claire), mais toujours « inférieurs » dans l’idéologie coloniale allemande.

4. Impact colonial et politique

  • Répression violente :
    Durant la révolte des Hereros et Nama (1904-1908), les Allemands ont mené une campagne de génocide contre ces peuples, considérant ces révoltes comme la preuve de leur « sauvagerie » et « incapacité à gouverner ».

  • Justification idéologique :
    La perception raciale des Khoïsans comme « inférieurs » a servi à justifier politiquement la brutalité coloniale, l’expropriation des terres, et les politiques d’assimilation forcée.

  • Documentation scientifique :
    Des chercheurs allemands ont cependant collecté des données ethnographiques et linguistiques sur les Khoïsans, souvent à des fins de classification raciale mais qui, paradoxalement, ont aussi permis une meilleure connaissance scientifique ultérieure.


En résumé

Les Allemands, dans le cadre de leur colonisation, percevaient les Khoïsans principalement comme des peuples inférieurs, primitifs et « archaïques », sous l’angle d’un racisme évolutionniste typique de l’époque. Cette perception a eu des conséquences directes sur la politique coloniale, notamment la répression violente et la marginalisation systématique des Khoïsans.

Ouvrages généraux sur la colonisation allemande en Namibie et les Khoïsans

  • Gewald, Jan-Bart (2009). Herero Heroes: A Socio-Political History of the Herero of Namibia, 1890-1923. James Currey.

    • Analyse détaillée du contexte colonial allemand et des relations avec les populations autochtones, notamment les Nama (Khoï).

  • Zimmerer, Jürgen (2001). Afrika in der deutschen Kolonialgeschichte: Interkulturelle Begegnungen und Konflikte. Böhlau Verlag.

    • Recueil d’études sur les interactions culturelles et les perceptions raciales durant la colonisation allemande.

  • Wallace, Marion (2011). A History of Namibia: From the Beginning to 1990. Columbia University Press.

    • Histoire générale incluant la perception et le traitement des populations khoïsanes sous domination allemande.

Études ethnographiques et anthropologiques allemandes historiques

  • Bleek, Wilhelm H. I. (1858). A Comparative Grammar of South African Languages. London: Trübner & Co.

    • Bien que précédant la colonisation allemande directe, cet ouvrage est une des premières études linguistiques sur les langues khoïsanes, illustrant la fascination scientifique allemande pour ces peuples.

  • Schneider, Hermann (1908). Die Nama und ihre Sprache. Berlin: Reimer.

    • Étude linguistique sur les Nama (Khoï) faite par un chercheur allemand pendant la période coloniale, reflétant à la fois intérêt scientifique et les préjugés de l’époque.

Articles et ressources contemporaines critiques

  • Melber, Henning (2003). « The German Colonial Genocide in Namibia: A Critical Reappraisal ». Journal of Genocide Research, 5(2), 249-271.

    • Analyse critique des politiques coloniales allemandes à l’encontre des populations khoïsanes.

  • Gewald, Jan-Bart & Swart, Koos (eds.) (2007). The Extermination of the Herero: A Colonial Genocide. Nordic Africa Institute.

    • Textes réunis sur le génocide des Herero et Nama, avec des réflexions sur la perception raciale et idéologique allemande.

Illustration -

https://cerdijournal.wixsite.com/deveco/single-post/2016/10/26/pourquoi-voir-ou-revoir-les-dieux-sont-tomb%C3%A9s-sur-la-t%C3%AAte-de-jamie-uys