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19/01/17

L’exigence républicaine

A nouveau, dans mon bureau, j'invite une associée d'idées pour sa troisième participation, à coucher sur canapé un article. Il n'est pas de mode et se contente d'éclairer utilement mon billet précédent du 5 courant, en séchant ses larmes. Ici roulant http://susaufeminicides.blogspot.fr/2017/01/larmes-de-perle.html
Patrick Brosset, seeing light
https://www.flickr.com/photos/gnackgnackgnack/3329055230/in/photolist-65bh8Y
L’exigence républicaine
Recension de L’idée républicaine en France (1789-1924) : Essai d’histoire critique par Claude Nicolet
Virginia PELE, politiste. Contact : pelevirginia@gmail.com
"La République est le régime, et le seul, qui assure et garantisse à tous la pleine liberté de conscience et la pleine liberté d'expression (...). Si elle garantit à ses adversaires non seulement leur existence physique, mais leurs droits imprescriptibles de citoyens, elle ne peut cependant admettre dans la communion spirituelle des "républicains" ceux qui ont fait acte d'allégeance ailleurs. Encore une fois, il ne s'agit pas du contenu des opinons, mais du renoncement à avoir une opinion à soi. Si l'on y réfléchit, c'est donc au plus intime de la conscience que passe cette ligne invisible qui, une fois franchie, détruit et dissout le lien social que voulait établir la République" – Claude Nicolet1
Avertissement :
La présente recension n’est pas un compte-rendu intégral de l’ouvrage. A la question que pose Claude Nicolet - qu’est-ce qu’être républicain (ou républicaine)?- il s’agissait de restituer l’un des thèmes de réponse, c’est-à-dire la portée morale et institutionnelle de l’idée républicaine. En conséquence, la continuité idéologique qui peut paraître dans cette recension est non seulement partielle, mais aussi « fictive », puisqu’il n’était pas dans l’intention de l’auteur de systématiser la pensée républicaine entre le XVIIIème siècle et le XIXème siècle – simplement d’en saisir l’unité par les détours réflexifs des savants et des politiques. De plus, par souci de clarté, les filiations intellectuelles que l’historien tente de mettre au jour sont ici limitées à quelques auteurs et figures politiques.

Ainsi, si les lectrices et les lecteurs souhaitent consulter une présentation plus générale de l’ouvrage, il est possible de lire HUARD Raymond, La République Claude Nicolet, L'Idée républicaine en France. Essai d'histoire critique. In : Romantisme, 1984, n°45. Paradoxes. p 125-126 : http://www.persee.fr/doc/roman_0048 8593_1984_num_14_45_4706_t1_0125_0000_1. D’autres présentations succinctes sont en ligne, comme celle de Germain Croizier, mais elles ne présentent pas tant d’originalité par rapport à celle-ci. Par ailleurs, elle a le mérite de préciser davantage les limites de l’ouvrage.
Aussi, toute remarque complémentaire ou question est bienvenue en section commentaire.
Enfin, aux contemporains qui osent encore opposer l’idée à la pratique, privilégient la réactivité militante à la délibération rigoureuse, l’on ne peut que leur souhaiter une bonne lecture.

Source http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr/2016/07/litalianiste-pierre-louis-ginguene-1748.html.
L’on peut lire sur cette couverture : « Les lumières et la morale sont aussi nécessaires au maintien de la République, que fut le courage pour la conquérir ». Ce journal a joué un rôle décisif dans la diffusion de l’idée républicaine, dans les petites villes particulièrement au XIXème siècle. La science et la morale, certains diront la morale de la science, constituent les deux principes fondamentaux de la doctrine républicaine à cette période. Telle est l’originalité française, et en même temps son universalité : la discipline intellectuelle stimule ce que les Anciens appelaient la vertu civique. C’est par l’exercice de la raison que chaque citoyen, quelle que soit leur condition, construit et maintient la République ; de même que le cadre républicain est le seul qui puisse entretenir cette faculté naturelle de la femme et de l’homme. En tout humour, il serait assez intéressant d’étudier, à l’instar de Claude Nicolet, la portée de l’idée républicaine dans le contexte numérique – où la République ne semble réduite qu’à un simple slogan suivi de hashtags laudateurs ou lapidaires. J’espèce que ce petit texte permettra de (re)saisir au moins en partie l’ampleur d’une idée ambitieuse, mais si maltraitée aujourd’hui.

Préliminaire : Que reste-il de l’éthique républicaine ?
La citation d’ouverture énonce clairement en quoi consiste cette éthique. Ainsi, une réponse immédiate, peut-être hâtive pourrait être : pas grand-chose. Inutile de rappeler les discours de condamnation ou, à l’inverse, quelque peu iréniques à la suite des attentats du 7 janvier 2015 à Paris. S’il était scandaleux que l’impertinence des journalistes athées se résolve par l’assassinat intégriste ; rien de tout à fait alarmant à ce qu’ils soient par ailleurs traînés en justice au nom implicite du blasphème et de l’offense aux croyants. D’autres, plus marginaux, reconnaissaient l’arrogance des caricaturistes, il ne fallait donc pas s’étonner de cette réaction violente. Dans les deux cas, le principe mobilisé n’était pas la laïcité, mais une liberté d’expression plus ou moins régulée. La sûreté et la liberté d’expression des dissidents ne pouvaient donc s’entendre que dans l’indifférence, soit de façon monologique, et l’autocensure.

Penser librement, aujourd’hui, revient à se trouver pris dans un dilemme de sécurité : libre de penser tout seul, dans une bulle aseptisée, sans le moindre échange rigoureux, sauf à courir le risque de franchir les limites dessinées par les susceptibilités dévotes ou militantes. C’est qu’il y a des slogans et des discours prémâchés qui font de la souffrance individuelle le cœur du débat ; et un débat thérapeutique où il s’agit de faire tout sourire son autopromotion, ou celui de son association2. Les conséquences politiques se trouvent alors, par exemple, dans la consultation par les pouvoirs publics de groupes organisés prétendant porter la parole des victimes et exigeant réparation immédiate : le seul principe compassionnel suffit à trancher. Le pouvoir politique fait proche, il tend l’oreille, en sorte que seuls les bons sentiments font l’ordre public. Et l’exécutif peut multiplier les Grâces- totale et partielle- selon les débouchés médiatiques de revendications faisant valoir « l’humain d’abord ». L’authenticité du sentiment « humain », spontané et primitif, voilà l’éthique d’une citoyenneté autoréférentielle. Tant pis pour les autres « réactionnaires ».

Ce faisant, l’éthique républicaine se désagrège. Elle impliquait, jadis, un pouvoir politique capable d’ordonner la cité, sans pour autant négliger la capacité réflexive des citoyens. Cette « liberté de conscience », stimulée par la Culture, l’école ou l’université, ne renvoyait pas à une liberté autocentrée (« c’est mon choix ! »), mais elle s’inscrivait dans une histoire commune, un socle de méthodes et de connaissances qui permettait à l’individu de se situer dans le monde dans lequel il vit. Mais la Culture est devenue culture, et renvoie davantage à des pratiques coutumières qui, en toute indifférence, devraient trouver droit de cité. Le voile islamique ne serait donc qu’un bout de tissu (greffe) anodin et les musulmanes ont bien le droit de pratiquer leur religion comme elles le souhaitent. Il semblerait que la différence exaltée doive susciter l’indifférence. Sous l’éclectisme revendiqué se cache un conformisme exhorté ; tandis que la figuration symbolique de la société par l’Etat républicain est assimilée à une tentative autoritaire, colonialiste, ou « …phobe ». Pourtant, cette figuration symbolique engage à la fois les citoyens et les gouvernants. La laïcité, en l’occurrence, n’est pas uniquement un principe formel, mais aussi un principe éthique qui incite le citoyen à examiner ses propres croyances ; et sa conduite à l’égard de la Cité. Comme le souligne très bien Claude Nicolet, le génie de la République française est d’articuler « le fond et la forme ». Mais alors que l’égotisme contemporain est justifié au nom de la « démocratie », il ne fait qu’approfondir l’écart entre les gouvernants et les gouvernés. La défiance à l’égard du politique conduit, en outre, à un morcellement de la société, de sorte que le lien social se construit seulement par un côtoiement tendu : la paix sociale est de rigueur jusqu’au prochain soubresaut sentimental rapporté à l’Etat-thérapeute.

Un mot sur l’Université, tout de même, puisqu’elle constituait jusqu’à récemment le haut lieu de l’esprit républicain. Comme chacun le sait, depuis les années 1990, les finalités assignées à l’Université, tournées vers la « nouvelle économie » de l’innovation permanente, ont modifié non seulement l’organisation des institutions académiques ; mais également le rapport entre la science et la société. Il n’est plus tout à fait concevable que la théorie scientifique s’adresse à la société ; il ne s’agit plus de soumettre à la délibération du public les termes de la controverse. Mais la science de l’innovation intègre l’ « agora » afin de répondre à la demande sociale. Les scientifiques, et en particulier en sciences humaines et sociales, sont ainsi tenus de travailler sur commande ; la théorie ou bien les résultats d’une enquête sont inopérants dès lors qu’ils ne répondent pas à un enjeu économique ou politique immédiat. L’expertise remplace ainsi la recherche, et l’innovation- telle qu’elle est définie par les tenants postmodernes de l’économie du savoir- se substitue à l’invention scientifique. Il faut recycler, piocher, selon les recommandations premières formulées dans le rapport de l’UNESCO datant de 1998, les problèmes et orientations potentielles dans le monde de l’entreprise ; tout en adaptant de la sorte, les offres de formation pour les étudiants3. Inutile qu’ils parviennent à disserter, penser bien et juste, ils doivent en fin de cursus seulement être capables de résoudre efficacement tel ou tel problème très pratique.

En somme, selon cette idéologie, diffusée par le sociologue Michael Gibbons (&al.) dans Repenser la science (2003) notamment, composé à l’issue du rapport de l’UNESCO auquel il a participé, l’université constitue un pôle essentiel de la compétitivité, de sorte que les chercheurs sont tenus de travailler sur le « mode 2 », c’est-à-dire de façon interdisciplinaire, plurisectorielle et efficace ; une recherche durant plus de 3 ans est une hérésie. L’auteur fustige ainsi le « mode 1 » par lequel le monde académique se serait extirpé jusqu’à la moitié du XXème siècle du domaine social. Ce qui est, en passant, tout à fait faux (au sens de non vérifié) ; la recension ci-après ne fera que le confirmer. Mais l’idée demeure séduisante dans la mesure où l’on prétexte, conformément au principe néolibéral, la participation du public (les individus deviennent « acteurs du changement »), la prise en compte de ses demandes afin de trouver des dispositifs permettant de gérer toute forme de souffrance, et les risques ; tout en stimulant l’anti-intellectualisme pathologique en démocratie libérale pour orchestrer la marche de la société individualisée vers le Progrès, c’est-à-dire, vers l’adaptation circulaire et permanente à une économie dérégulée. Ce qui motive suffisamment Michael Gibbons pour déclarer que « Si les universités ne s’adaptent pas, on se passera d’elles »4. Concrètement, cela donne le processus de Bologne, la réforme LMD, la loi LRU et autres réjouissances managériales dans le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

En retour, au niveau de l’instruction publique, cela signifie que contrairement à l’ambition des fondateurs, l’effort intellectuel patient et douloureux par lequel le citoyen forge sa propre conscience et son caractère laisse place à un consumérisme culturel (accumulation de crédits ECTS) à partir duquel l’individu doit être multitâche, actif, réactif et ne surtout pas réfléchir au sens de ces mutations en menant sa propre enquête. Le citoyen-entrepreneur doit être « acteur du changement », mais pas n’importe comment – de façon grégaire. Et dans cette société d’entrepreneurs, il n’y a plus qu’à négocier la science, l’éducation, et le droit. La Cité républicaine se trouve reconfigurée selon une dynamique sentimentale et réactive. C’est qu’il faut prendre soin des citoyens-entrepreneurs pour qu’ils puissent être suffisamment performants dans la production, quelle que soit sa forme. Et pour se donner un air socialiste, l’on mettra le revenu universel au programme de la prochaine élection.
Pour apprécier l’écart de ces mutations idéologiques par rapport au projet fondateur, et tenter de réfléchir dans les conditions qui sont les nôtres, il est temps à présent de rendre visite en compagnie de l’historien Claude Nicolet, aux sociétés savantes du XIXème siècle.

Immersion dans le vif de l’idée
Claude Nicolet était historien spécialisé dans l’étude des institutions politiques de la Rome antique. En 1976, il publie ainsi l’ouvrage Le métier de citoyen dans la Rome antique, dans lequel il expose non seulement les institutions publiques de la société romaine – en l’occurrence, les procédures de recensement des citoyens déterminant leurs droits et devoirs dans la Cité, ou encore les modalités de l 'activité militaire ; mais il s’attache également à montrer les conséquences morales de ces institutions et de ces pratiques sur la perception des citoyens. Les citoyens de la Rome antique acquièrent une conscience civique, quelles que soient leurs conditions, par des institutions communes qui régulent les antagonismes notamment socio-économiques5. C’est ainsi que dans L’idée républicaine en France (1789-1924), ouvrage édité pour la première fois en 1982, l’auteur réinvestit le thème relatif à la « conscience civique » portée par les citoyens sous la IIIème République. En effet, les républicains entendaient durant cette période- où, selon l’auteur, « l’idée républicaine a trouvé son expression la plus complète »6 - fonder le pouvoir politique selon une approche positiviste. En place d’un pouvoir transcendant, la République, en tant que forme rationnelle, devait assurer l’Ordre et le Progrès ; c’est-à-dire que le pouvoir politique, tout en s’imposant comme le Centre du régime, devait veiller à délimiter les conditions sociales d’application de la réforme, plutôt qu’agir selon des principes abstraits- qu’ils soient révolutionnaires ou théologiques. Ce positivisme républicain, en retour, devait de la même manière stimuler la « conscience »- entendue comme capacité délibérative intérieure7- et l’attachement civique des citoyens à la République. Ce lien politique unissant les citoyens à l’Institution Publique était donc consolidé par la « raison », alors entretenue par l’école publique laïque et l’Université. Partant, en dernière instance, ce fut l’opinion éclairée du peuple qui était censée administrer la preuve. En cela, Claude Nicolet qualifie le pouvoir républicain d’instance spirituelle8.

C’est justement la portée de l’idée républicaine que l’auteur entend examiner, davantage que les institutions publiques. L’objet est donc de s’interroger sur la cohérence des idées défendues, et ainsi de comprendre les logiques qui ont animé l’action des républicains, savants et politiques, entre le XVIIIème siècle et le XXème siècle. L’auteur entend dès lors mettre au jour les permanences, mais aussi les réajustements dont a fait l’objet l’expression d’une période à l’autre9. Contrairement à d’autres approches historiques, il ne s’agit pas de confronter à un socle théorique une réappropriation institutionnelle ou militante. C’est pourquoi Claude Nicolet n’a pas constitué son corpus de discours parlementaires, ou de discours électoraux, voire d’articles de presse où la tâche aurait consisté à « repérer » les traces d’une idée politique donnée. L’historien s’intéresse davantage à la pensée des républicains, soit à la manière dont ces-derniers la construisent, les représentations qui sous-tendent cette construction, et les mouvements tant intellectuels, mais aussi politiques auxquels elle donne lieu. L’ouvrage est ainsi fondé sur l’étude de revues scientifiques, spécialisées en droit ou en philosophie notamment, les revues littéraires politiques- dont La Décade philosophique- ou encore sur les livres écrits par les républicains occupant des fonctions politiques comme ceux de Léon Gambetta ou encore Jules Ferry. En somme, c’est la restitution réflexive et contextuelle de la pensée républicaine, autant que son unité que l’auteur s’attache à travailler et montrer.

Dès lors, afin de mettre au jour ces permanences et réajustements idéologiques ayant conduit à la République scientifique, entendue à la fois comme un ensemble d’institutions, mais également comme une morale, ou un « esprit » civique tourné vers la raison ; il s’agit de présenter dans un premier temps l’héritage intellectuel des Lumières mobilisé par les républicains du XIXème siècle. En l’occurrence, à partir d’une réinterprétation de l’œuvre de Condorcet, la République est conçue comme le cadre naturel de l’homme puisque conforme à la Raison. C’est toutefois confronté à la conjoncture économique et sociale que cet idéal trouve ses limites. Le suffrage plébiscitaire privilégié par Napoléon Bonaparte, et le soutien du peuple à l’égard d’un régime autoritaire conduit, dans un second temps, les républicains à repenser la République dans une perspective positiviste : en place d’un individualisme rationnel, c’est la République scientifique en tant que puissance rationnelle d’ordonnancement qui est mise en avant, tout en maintenant l’exigence d’un Progrès susceptible de conquérir l’intelligence du peuple-citoyen.

C’est au XVIIIème siècle que ce que l’auteur nomme l’« esprit républicain » trouve son origine10. A rebours de la tradition religieuse et monarchique, les Révolutionnaires entendent fonder un régime déduit de toute transcendance dogmatique. Pour ce faire, la République, loin du secret du gouvernement royal, doit être rendue accessible à la raison humaine ; les décisions doivent être justifiables pour l’ensemble des citoyens11. Ce sont alors les œuvres des philosophes des Lumières tels Voltaire, Montesquieu ou encore Rousseau qui se trouvent mobilisés par les Révolutionnaires12. Du dernier, ils retiennent l’assimilation de la Loi à l’expression de la volonté générale. L’individu rationnel et dès lors autonome est ainsi tenu, à l’inverse du Prince, de participer à l’élaboration de la Loi impersonnelle et universelle13. Mais cet héritage rousseauiste se trouve réinvesti et critiqué par les républicains au XIXème siècle. Jean Jaurès souligne ainsi la sévérité de Jean-Jacques Rousseau à l’égard du régime parlementaire, sans lequel la liberté, l’Ordre et le Progrès – selon les principes positivistes conduisant les Institutions de la IIIème République – ne trouvent aucune assise14. D’après le député philosophe, l’activité parlementaire et le suffrage universel sont les conditions pratiques garantissant la justesse et le bien-fondé de la Loi.

C’est ainsi la philosophie du mathématicien et révolutionnaire Nicolas de Condorcet qui fait l’objet d’une réappropriation non seulement philosophique, mais également symbolique par les républicains tout au long du XIXème siècle. La publication des œuvres de Condorcet entre le début et le milieu du XIXème siècle ont contribué à fonder la science positiviste – soit la science de l’Homme dont les principes ont permis de consolider la République dès 1875.

Plus précisément, pour l’auteur de l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, c’est uniquement par la connaissance des lois de la nature que l’homme (et la femme)15 est en mesure d’agir. Et la connaissance n’est accessible que par l’exercice de l’une de ses facultés naturelles, c’est-à-dire la raison. En retour, le progrès de l’esprit humain correspond au progrès de la science ; c’est pourquoi Condorcet prévoyait de la même manière un programme d’Instruction Publique : la science ou les Lumières devaient être transmises par l’enseignement et la pédagogie, en sorte que tout citoyen puisse approfondir cette aptitude rationnelle. C’est alors par l’exercice de la raison que les dogmes, ainsi que l’« autorité des ignorants et des intolérants » pouvaient être dissipés 16. De même, l’accomplissement technique de la science devait permettre à l’homme de maîtriser son environnement – qu’il soit naturel, ou encore politique. Par suite, la science, pour le mathématicien, devenait susceptible, dans un contexte propice comme celui de la Révolution française, d’engendrer le progrès non seulement matériel, mais également intellectuel et moral des sociétés humaines. C’est ainsi que pour Condorcet, la science est à la fois moyen d’action et d’émancipation.

Or c’est entre 1801 et 1804 que les premières œuvres de Condorcet sont relayées par les « Idéologues ». Les Idéologues forment un groupe de savants qui, entre 1789 et la Monarchie de Juillet, ont joué un rôle intellectuel décisif. En l’occurrence, à l’an III est même créée une chaire d’« analyse de l’entendement », conformément à la doctrine du groupe, à l’Ecole normale17. La société savante comprenait autant des médecins, des géographes, historiens ou encore des philosophes. Leur objectif était précisément d’élaborer une « science des sciences » en prenant l’« homme », en tant qu’organisme vivant, comme objet d’étude18. Le postulat consistait à soutenir, à la suite de Condorcet, que la connaissance de l’homme – soit, d’un point de vue biologique, les mécanismes qui lui permettent de sentir et de penser – pouvait conduire au progrès de l’Humanité. C’est en connaissant les mécanismes qui leur permettent de se mouvoir et de penser que les individus sont en mesure de s’approprier leur environnement social, c’est-à-dire de raisonner à partir de ce donné, mais aussi de le changer. C’est ainsi que dans le journal édité par le groupe de 1794 à 1807, intitulé la Décade philosophique, Cabanis, beau-frère de Condorcet et médecin, écrit : « La vraie Métaphysique est en un mot la Science des méthodes ; méthodes qu’elle fonde sur la connaissance des facultés de l’homme, et qu’elle approprie à la nature des différents objets. Or, si le perfectionnement des idées dépend de celui de l’instruction, le perfectionnement de l’instruction dépend à son tour de celui des méthodes »19. En effet, les Idéologues entendaient rendre compte des règles de la connaissance, des méthodes convenant à chaque champ scientifique – mais ils avaient également pour objectif de systématiser cet ensemble de méthodes dans un tout cohérent afin qu’il soit possible de les déduire les unes des autres : de la science naturelle, il devenait possible de déduire les principes de la science politique20. En cela, Cabanis souligne l’importance de l’Instruction Publique. Les individu-citoyens doivent être suffisamment éclairés, soit maîtriser un socle de connaissances et de méthodes pour pouvoir penser, perfectionner en retour la science ; mais également pour être en mesure d’élire, dans une République, des représentants susceptibles de pacifier et gouverner selon la « droite raison » la nation.

C’est alors qu’au retour de la Monarchie de Juillet, Condorcet n’est plus simplement considéré et discuté comme un savant précurseur de l’idée de Progrès, mais il devient un symbole de la République. En effet, soucieux de retrouver les fondements de la République après la Restauration, les républicains effectuent un travail réflexif et historique en sorte que l’œuvre du philosophe est davantage diffusée qu’elle ne l’était au début du XIXème siècle21. C’est Eliza O’connor, fille de Condorcet, ainsi que François Arago, physicien, qui publient la grande édition des œuvres du mathématicien22. A cet égard, Condorcet devient la figure authentique du républicanisme français sous la IIIème République ; si bien que Jules Barni, philosophe et député républicain, précise dans ses Fragments inédits sur Condorcet : « Condorcet représente l’idée républicaine dans toute sa pureté. Il devient l’un des législateurs de la République ; il n’en meurt pas moins plein de foi en son idée qui est celle du progrès de l’humanité »23. En 1888, une pétition à l’intention du Conseil municipal de Paris demande même l’érection d’une statue en l’honneur du mathématicien en tant que premier de « tous les grands français » à avoir assumé l’idée républicaine au XVIIIème siècle24. La liste des signataires faisait alors apparaître au côté du Comité républicain radical du sixième arrondissement, des sociétés positivistes.

Par conséquent, il s’agit pour les savants républicains du début du XIXème siècle de justifier la République dans le cadre d’une démarche scientifique qui place l’ « homme », organisme vivant et pensant, au centre de l’étude. De la sorte, la liberté de l’individu n’est plus envisagée d’un point de vue métaphysique, c’est-à-dire que l’objet n’est pas de s’interroger sur les causes premières et les fins dernières de l’homme ou de la nature ; mais de façon pratique : l’individu-citoyen est en mesure d’agir sur son environnement uniquement par la connaissance des lois de la nature. En cela, pour les républicains, la science n’est pas neutre, elle est à même de guider l’action conformément à la nature rationnelle et donc morale de l’homme. C’est ainsi uniquement partant d’une volonté autonome que la République peut être construite ; et réciproquement, ce n’est qu’en entretenant la liberté et l’égalité des individus par l’Instruction Publique en l’occurrence, qu’elle est en mesure d’accomplir et de perfectionner la nature rationnelle de l’homme25.

Toutefois, en dépit du travail philosophique et historique mené sous la Monarchie Constitutionnelle, ce n’est pas au sein d’une « République de la Raison » que ces idées se trouvent mises en acte. Claude Nicolet souligne dès lors les limites de l’idée républicaine dans la seconde moitié du XIXème siècle, puisqu’après son Coup d’Etat, Napoléon Bonaparte rétablit le suffrage universel de sorte que les citoyens votent favorablement à un second mandat du Président de la République lors du plébiscite de 1852. Le peuple vote ainsi en faveur d’un régime autoritaire qui place le « Prince-président » au centre de la décision politique26. Or, c’est bien selon les principes de la science juridique que la nouvelle Constitution est élaborée. Ce « Triomphe de la science » dans le Second Empire, selon le terme de l’historien, conduit ainsi à un recul du parlementarisme, le nombre de députés est réduit et ils assument simplement le rôle de conseillers du Prince ; il en va de même pour les ministres27. Dans une autre mesure, contrairement à l’expérience monarchique, le pouvoir n’est pas non plus fondé sur une extériorité transcendante, mais bien sur la souveraineté de la Nation. Le plébiscite assurait ainsi un lien direct entre le peuple et le pouvoir. Les principes prônés par les républicains se trouvaient donc au service d’une « monocratie » qui assurait sa légitimité par le suffrage.

Ainsi, alors que certains républicains, tels Victor Hugo, sont à cette période contraints à l’exil, d’autres tentent d’investir, au moment où Napoléon Bonaparte « re-parlementarise » - dans le but d’atténuer l’opposition libérale notamment- le régime entre 1859 et 1869, l’Assemblée. Ils nouent alors des alliances de circonstance avec les orléanistes (en faveur de la monarchie) afin de défendre les libertés parlementaires, ou encore la décentralisation28 ; mais ils assurent surtout l’acceptabilité du « républicanisme » de sorte que les républicains, savants et politiques, sont en mesure de repenser les raisons du dévoiement impérial du suffrage universel, ainsi que les conditions d’un enracinement social des principes républicains29.

A la fin du Second Empire, c’est alors la science positiviste qui est appréhendée par les figures telles Léon Gambetta et Jules Ferry, comme recours pour fonder et consolider la République30. L’enjeu est alors d’assurer la concordance entre le ‘fond et la forme’ républicaine – c’est-à-dire que la République est à la fois envisagée comme cadre institutionnel, mais également comme cadre spirituel sur lesquels s’ajustent les antagonismes. Comme au début du XIXème siècle, à la science politique s’associe la science morale.

Selon la doctrine positiviste, la science est régie par le régime de l’expérience et de la preuve. Les protocoles scientifiques doivent ainsi permettre de quantifier et de produire des résultats « non contraints » - c’est-à-dire que la « vérité » procède de la coïncidence entre les faits et les hypothèses ; les résultats, s’ils sont vrais, s’imposent donc de façon évidente, sans qu’aucun recours extérieur telle la croyance, ou bien la force n’interviennent31. C’est ainsi que pour Auguste Comte, le « désordre du monde » résulte de l’incapacité des hommes à reconnaître, et se saisir de ces vérités objectives. De même que le dogme théologique, autant que démocratique – car la souveraineté du peuple ne peut pas être prouvée- contribuent au « mal-gouvernement ». Or, si le pouvoir temporel est toujours légitime par rapport au pouvoir spirituel, il l’est d’autant plus qu’il assure l’Ordre, le Progrès, ainsi que la liberté de la recherche32- quelle que soit, en somme, la forme du gouvernement. A priori, la pensée d’Auguste Comte présente quelques incompatibilités avec l’idée républicaine. Mais il s’agissait pour les républicains de définir les « conditions positives » d’un gouvernement républicain. C’est pourquoi la pratique du suffrage universel se trouve « combinée » avec l’idéal d’Ordre et de Progrès. Pour éviter tout dévoiement de la masse, il suffit que le Parti républicain soit un parti de gouvernement, c’est-à-dire qu’il abandonne son héritage révolutionnaire, sa « passion du peuple ». Mais, en retour, le gouvernement de la Raison doit trouver une assise au sein du peuple – il faut donc l’instruire33. Dans le cas contraire, cela impliquerait que le bien-fondé du gouvernement soit imposé par la force, ce qui entre en opposition avec l’objectivité positiviste.

Cette tension est justement ce qui oppose les deux tendances républicaines au sein du Parlement : les « opportunistes », parmi lesquels Jules Ferry et Léon Gambetta, prônent le changement progressif, la réforme modérée : conformément à la doctrine positiviste, il s’agit d’examiner avant d’agir les faits sociaux, afin d’identifier clairement les problèmes, ainsi que leurs solutions. Par l’analyse empirique, les républicains positivistes entendent donc déterminer les conditions d’application des réformes, plutôt que d’élaborer des mesures partant d’une idéologie abstraite, et risquer de se heurter à l’appréciation défavorable de l’opinion34. A l’inverse, les radicaux ou les « intransigeants » prévoyaient un changement immédiat, soit une mise en œuvre directe des principes républicains – quel que soit l’état de l’opinion et les conditions sociales35. La République est alors appréhendée, sans davantage de considérations, comme le meilleur régime contre le despotisme monarchique et clérical ; les réformes telles la suppression du Sénat ou la séparation des Eglises et de l’Etat s’imposent de façon catégorique.

Mais si les opportunistes veillent à prendre des décisions mesurées et circonstanciées, ce n’est pas à dire qu’ils ajustent le changement à l’« état de fait ». Au contraire, la République est, à l’instar des radicaux, conçue comme le régime propice au développement de la science et à l’élévation intellectuelle, mais aussi politique des citoyens. C’est en ce sens que les républicains assignent à la République une valeur morale. Pour que les citoyens puissent faire usage de la raison, il faut qu’ils parviennent à mettre à distance le passé monarchique et les superstitions. L’opinion commune, en tant que formation rationnelle, doit être entretenue par la République, et plus précisément par l’école publique ; sans que cela ne dispense les gouvernants de justifier, défendre et prouver au peuple le bien-fondé du régime36. Ce qui veut dire que le sens du Progrès n’est pas prédéterminé, il doit être délibéré. C’est pourquoi les opportunistes, en place d’une hostilité ouverte aux radicaux, entendent faire en sorte que ces-derniers reconnaissent la légitimité des propositions positivistes. Selon cette logique, le débat politique n’oppose pas un groupe politique, par rapport à un autre ; il met en jeu des propositions soumises au libre examen des députés. Cela signifie que le thème de la lutte des classes, soulevé par les députés socialistes, sans être ignoré, n’est pas reconnu par les républicains positivistes37. Au sein de la République, aucune classe ne s’oppose substantiellement à une autre. En l’occurrence, pour Jules Ferry, au regard du développement industriel, caractérisé par la technique, la concentration des capitaux et des industries ; il s’agit précisément de faciliter l’intégration des prolétaires dans ce mouvement irréversible en organisant, par exemple, leur pouvoir d’association et de négociation38. Cette posture ne désarme pas pour autant les débats parlementaires. Jean Jaurès, intégrant la doctrine marxiste – idéologie affirmant de même une ambition scientifique- suggère que les réformes en faveur du prolétariat si elles sont à même de dépasser la « république bourgeoise », constituent en vérité l’aboutissement du projet républicain. Ainsi, au mot d’ordre de Jules Ferry faisant de la République un régime « sans Dieu, ni roi », Jean Jaurès y ajoute : « et sans patron »39. La République est donc un cadre institutionnel commun qui articule les conflits de façon, selon Claude Nicolet, plus ou moins douloureuse selon les allégeances des députés40. Reste que seul le vote éclairé des citoyens tranche en dernière instance.

Par conséquent, si les sciences expérimentales sont à même d’éclairer les individus sur les faits et les moyens à mettre en œuvre pour résoudre un problème public, elles ne peuvent rien indiquer sur les fins41. Le positivisme, en l’occurrence, agit sur l’organisation de la société industrielle, et permet de mettre au jour des recours pour que l’action des pouvoirs publics puisse être adaptée à la conjoncture économique42. Reste que les fins relèvent du domaine politique, et c’est uniquement en fonction de visées politiques que les moyens peuvent être envisagés. L’héritage philosophique de Condorcet est ici mis en avant : la science est un produit de la raison, ce qui implique que le réel de l’expérimentation ne fait pas en dernière instance autorité – mais c’est la raison qui constitue l’étalon moral et politique de l’individu43. S’il convient de prendre acte des lois économiques en vigueur dans une conjoncture particulière, les réformes ne sont pas évaluées par les citoyens de la seule évidence des faits. Les solutions ne sont pas immédiates et requièrent une délibération tout autant rationnelle qui permet de déterminer ce qui relève du souhaitable. Ainsi que déclare Célestin Bouglé, sociologue et disciple d’Emile Durkheim : « L’idéal démocratique ne sort pas des seuls faits relatés par les observateurs des sociétés où la démocratie se réalise : bien plutôt il survient au milieu de ces faits, et loin d’être jugés par eux, en dernière analyse, c’est lui qui les juge »44, et d’ajouter : « Les constatations de la science n’éliminent pas ici les choix de la conscience ». Ce choix rationnel suppose donc une morale républicaine scientifique : chaque citoyen doit rigoureusement évaluer les propositions auxquelles ils sont confrontés ; quitte à amender et affiner, à terme, les principes républicains. Au moment de la consolidation du régime, à partir des années 1880, le gouvernement institue alors l’école publique laïque, les Universités afin, conformément au principe positiviste, de contribuer au progrès scientifique et sociale ; ou encore, la liberté de la presse45. Un cadre jugé propice, à l’instar de Condorcet, au développement de la raison.

Finalement, Claude Nicolet parvient à restituer l’unité de l’idée républicaine tout en l’inscrivant dans le processus discontinue, voire parfois contradictoire de son élaboration par les savants et les politiques ayant porté ce projet. L’historien articule ainsi la cohérence d’une idée politique, à son ancrage historique – à la fois contextuel, mais aussi réflexif puisque c’est bien la pensée en mouvement des Idéologues, ou bien des fondateurs que Claude Nicolet met au jour. C’est ainsi que l’idée républicaine tournée vers la Raison du début du XIXème siècle se trouve mise à l’épreuve par la question sociale. Il devient alors possible d’entrevoir l’émergence d’un positivisme républicain qui « combine » l’exigence démocratique ; avec celle d’un Ordre public objectif capable d’ajuster les conflits. L’originalité de l’ouvrage consiste alors à saisir l’enjeu moral de la République. L’ « esprit républicain » - notion pouvant paraître quelque peu vague ou métaphysique- se trouve pourtant rétabli dans sa portée institutionnelle ; mais aussi « intérieur »46 étant donné la discipline intellectuelle attendue des citoyens quelle que soit leur condition. Ainsi, « cette victoire de l’homme sur l’homme, cette confiance en la raison exaltée par la justice et corrigée par l’expérience, c’est tout le risque républicain »47. En cela, la République scientifique assure la cohérence entre le fond et la forme. L’auteur, lui-même républicain radical, assume ainsi un ton engagé48 – tout en restant nuancé- permettant d’insister non seulement sur la cohérence d’une idée, mais également sur sa spécificité.

Partant, ce qu’il est intéressant de retenir, au regard des perturbations et polarisations contemporaines, est le dynamisme de l’idée républicaine. Les groupes de citoyens autocentrés assimilent la République à une tradition politique arbitraire et périmée dont il suffirait de faire table rase. Elle dénoterait un monisme idéologique qu’il faudrait opposer au pluralisme de la société désormais « ouverte ». Mais cela évoque mal la logique républicaine ; puisque tout en assumant la diversité des positions politiques, il s’agit de stimuler chez les citoyens un souci commun à l’égard des institutions. Ce fut l’idée originale des fondateurs pour éviter le risque d’un dévoiement autoritaire qui avait conduit au Second Empire ; alors que Napoléon Bonaparte reprenait à son compte les principes républicains autour de la Souveraineté nationale et du suffrage universel. L’empereur se positionnait comme seul garant de l’ordre public contre les désordres de la classe ouvrière. Il rassurait ainsi les notables et les paysans. Comment ne pas faire le rapprochement avec un certain parti d’extrême droite qui navigue sur le morcellement identitaire que nous connaissons pour manipuler à guise le cadre républicain ? Ce n’est pourtant pas d’une « modernisation » de la République dont nous avons besoin ; mais bien d’une réactualisation d’un projet ambitieux qui engage les citoyens et les gouvernants à faire preuve de responsabilité, de probité et d’une discipline intellectuelle telles qu’elles puissent garantir aux prochaines générations un autre avenir que le tweet, la loi travail, la prostitution « par choix »49, le voilisme « par choix », la GPA « par choix », ou tout autre servitude volontaire capricieuse.

Citation :
Comme vous le savez, l’idée du copyleft ou du commons, qui aurait pu être républicaine, s’avère être intégrée à des pratiques néolibérales de sorte que les multinationales finissent par se sucrer. Ainsi, dans l’esprit républicain, en place de la publicité, de la popularité statistique et meute du like, reconnaissons la contribution numérique et privilégions la discussion avec les auteurs. Citons en bonne et due forme : PELE Virginia, « nom du billet », in nom de la page, date. Lien.

1 NICOLET Claude, L’idée républicaine en France (1789-1924), Paris, Gallimard, 1994 (1er ed. 1982), p 503-504. L’auteur y inclut l’allégeance aveugle à des partis.
2 Cf. la récente promotion prosélyte, mais aussi managériale- à voir sa présentation professionnelle- assurée par Mlle Attika Trabelsi, entrepreneure et membre du PIR lors de l’« Emission politique ». A cet égard, GAMITA Christine souligne à juste titre : « On leur a constitué tous droits, payé fac et école laïque des années durant... la dévote a sa boîte, nous fait suer à la tévé et prêche de morale, alors qu'elle est la preuve vivante qu'en rien elle ne serait une musulmane persécutée. Merci de la preuve éclatante qui dit que tout est ouvert aux musulmanes (…). Il s'agit d'une nouvelle apparition très lourde, proche des Frères musulmans selon des journalistes informées et du CCIF, et la sauce financées par Saphir news - bravo et merci d'inviter, A2 des SM plutôt que des musulmanes féministes ! Olives au ccif citron encore une fois sur le plateau apéro. » in « Larmes de perles », Haro sur les féminicides, 2017 [en ligne]. Consultable à l’adresse : http://susaufeminicides.blogspot.fr/2017/01/larmes-de-perle.html. Cet article montre bien le « cadrage » thérapeutique (la figure de la victime souffrant des persécutions républicaines) de la question du voile, et ainsi ce qu’il resterait de l’ethos républicain.
3 Rapport cité dans MILOT Pierre « La reconfiguration des universités selon l’OCDE [Economie du savoir et politique de l’innovation]. In Actes de la recherche en sciences sociales, Vol.148, juin 2003, p 70.
4 Ibid.
5 Ces indications sont tirées de ALAIN Michel, « Claude Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine », in Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, n°35, décembre 1976, p 433-435.
6 NICOLET Claude, « Introduction » in Ibid, p38.
7 C’est ainsi que Claude Nicolet déclare au paragraphe intitulé « La République intérieure » in Ibid, p 502 : « Ce que la République ne peut tolérer, non par fantaisie, mais par sa nature même, c’est l’aliénation anticipée de sa liberté de conscience par un individu au profit d’une quelconque autorité, spirituelle ou temporelle ».
8 NICOLET Claude, « Idéalisme, positivisme et République » in Ibid, p 258.
9 Ibid, p 35-37.
10 NICOLET Claude, « Les origines lointaines, de la Réforme aux Lumières » in Ibid, p55.
11 NICOLET Claude, « Questions de méthode : science et politique » in Ibid, p289.
12 Ibid, p 48.
13 Ibid, p 71.
14 Ibid, p 74.
15 Pour les personnes choquées par le terme « homme », il rejoint ici la figure conceptuelle des droits naturels. Je précise alors que je suis tout à fait favorable à un approfondissement conceptuel intégrant des prémisses féministes, de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. Non pas en remplaçant par « droits humains », lesquels ne veulent rien dire politiquement, mais comme l’a proposé Christine Gamita, docteure en ethnologie et auteure du blog, par « Devoirs et droits universels ». Cela s’inscrit très bien dans l’esprit républicain. Cf. « Citoyenne Olympe », Haro sur les féminicides, 2012 [en ligne]. Consultable à l’adresse : http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/07/citoyenne-olympe.html
16 Ibid, p 316.
17 Ibid, p 75 et p 116.
18 Ici l’ « homme » est bien pris au sens matérialiste, et par là les Idéologues se distinguent de l’approche hypothétique de Condorcet. Il s’agit véritablement du « sujet » pensant, sentant et pris dans son environnement social. Je n’ai pas vérifié dans le texte le terme exact qu’emploient les Idéologues ; Claude Nicolet les désigne indifféremment. Cf. Ibid, p339.
19 Ibid, p 118.
20 Ibid, p 116-117.
21 Ibid, p 75. Au début du XIXème siècle, les Idéologues étaient parmi les seuls à se revendiquer « disciples » du mathématicien.
22 Ibid. Claude Nicolet souligne ainsi que la réception de l’œuvre de Condorcet trouve d’autant plus un contexte favorable sous la Monarchie constitutionnelle que le socialisme, ainsi que les sciences de l’homme positivistes « se cherchent ». C’est dans ce mouvement intellectuel que les républicains et les fondateurs de la IIIème République tentent alors de repenser le régime républicain.
23 Ibid, p 76.
24 Ibid, p 77. La statue se trouve dans le 6ème arrondissement à Paris. Vous pourrez aller visiter. http://www.paristoric.com/index.php/paris-d-hier/statues/autres-statues/1874-la-statue-de-condorcet
25 Ibid, p128.
26 En effet, à la suite de la fermeture des ateliers ouvriers en 1848 par crainte de l’influence socialiste- représentée au sein du gouvernement provisoire au côté des républicains modérés, et des radicaux- les ouvriers déclenchent une insurrection qui se trouve réprimée par le « Parti de l’ordre » soutenant, par ailleurs, la candidature de Napoléon Bonaparte de 1848 à 1851. Ce-dernier justifie en 1852 son coup d’Etat en se présentant comme le seul chef capable de canaliser la révolte sociale. Au regard de ce volet historique, les républicains fondateurs de la IIIème République entendent délimiter un cadre commun où les conflits sont ordonnés et appréhendés selon les principes républicains. Par « vote éclairé » est alors entendu une décision politique intégrant une visée d’ordre public de la part des citoyens. D’où l’importance de la morale républicaine et de l’Instruction publique : les citoyens doivent suffisamment connaître les institutions et les principes qui les sous-tendent pour pouvoir juger en conscience et maintenir ce cadre.
27 NICOLET Claude, « L’exil intérieur » in Ibid, p146-147.
28 Ibid, p 149.
29 Ibid, p 152.
30 Ibid, p 156.
31  NICOLET Claude, « De la République provisoire à la République définitive : Gambetta, Littré, Ferry » in Ibid, p 189.
32 Même pour les républicains tels Léon Gambetta, les sciences de l’Homme, et plus particulièrement la sociologie constitue une « science des sciences » au service de l’homme pour lui permettre de développer ses capacités. Auguste Comte envisage davantage la science positiviste comme un ensemble de méthodes permettant de définir objectivement la « bonne société » - soit l’Ordre social rationnel quelle que soit l’appréciation de l’individu. Cf. Ibid, p 260.
33 Ibid.
34 Ibid, p 259.
35 Ibid, p 183.
36 Ibid, p 258-259.
37 Ibid, p 252.
38 Ibid, p 257.
39 NICOLET Claude, “Les fondements de l’idéologie ou la raison républicaine” in Ibid, p472.
40 Ibid, p 503.
41 Ibid, p 317.
42 Ibid, p 257.
43 Ibid, p 266.
44 Ibid, p 323.
45 Ibid, p 492.
46 L’auteur utilise précisément ce terme. Cf. supra.
47 Ibid, p 502.
48 L’auteur mentionne ainsi dans l’introduction que l’ouvrage est davantage un essai qu’un livre d’histoire professionnel. L’objet était de saisir de façon critique le « fond des choses » plutôt que de systématiser une idée ou d’entrer dans les détails des événements. Cf. Ibid, p 42.
49 A cet égard, la loi portant sur la lutte contre le système prostitutionnel est bienvenue. Cf. http://www.assemblee-nationale.fr/14/dossiers/systeme_prostitutionnel_renforcement_lutte.asp