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23/04/19

Giulia Flavia Elena

 "J'ai raconté à diverses occasions comment j'avais arrêté de faire des photographies dans les années 60. après un tour des cathédrales françaises que j'avais mitraillé comme un fou. Quand je suis rentré chez moi après le voyage, j'ai découvert que j'avais une série de photographies très médiocres - et aucun souvenir réel de ce que j'ai vu. J'ai jeté la caméra et lors de mes prochains voyages, je n'ai enregistré que ce que mon esprit avait vu. Et pour les souvenirs d'avantage pour les autres que pour moi, j'ai acheté des cartes postales."
Umberto Ecco, 2008*

 Jacques de Palma (Iacopo Negretti, Jacopo Palma il Giovane), Sainte-Hélène Impératrice, Flavia Giulia Elena- Intérieur de Chiesa di Gesuiti (Venice) - Sacristie de Santa Maria Assunta 1592/1593[Illus. 1]

-Femme influente-
Ce billet SAF Giulia Flavia Elena - Femme influente, suivi de Présentation-projection Danse sur le feu - Bulgarie fait suite à SAF 1 Portrait de femme - Danseuse sur le feu 

Les rumeurs fonctionnent comme les superstitions, voire elles en sont les embryons, qui grandissent, prospèrent et s'enracinent, sautant de la foi à la religion, dont s'emparent les faiseurs de pouvoirs... dont les femmes d'influence qui n'y sont pas rares. 

Les personnes instruites, voire lettrées, n'y sont pas pour peu,  qui paraissent des plus naïve, dédiées, totalement trompées par des charlatans d'habiles boniments et mises en scène, pas moins en tout cas que les ruraux ignorants. J'ai pu bien largement le constater pendant des années de mes enquêtes de terrain sur la croyance en l'incombustibilité des corps figurée par les danses et marches sur le feu, ou bien également pendant des années de mes visites hebdomadaires des nyamussoro (tradipraticiens appelés parfois nyanga, guérisseurs africains, rebouteux, herboristes, désenvoûteurs), ou d'autres en Normandie, idem. Rares étaient les gens instruits à ne pas y croire. Les yeux éblouis, très fiers du folklore national, empressés à m'y escorter en rappelant les autres invités de marque d'autres universités ou journaux qu'ils avaient déjà reçus.
  • Une femme de pouvoir

Au siècle précédent, Gallien promulguait l'Edit de tolérance (260 ?) 

"Gallien annonçait aux évêques qu'ordre avait été donné pour que les lieux de culte fussent restitués et qu’ils pussent profiter eux-mêmes de ces dispositions sans être inquiétés105. D’empereur n’accordait aucune reconnaissance officielle du christianisme — le nom de cette religion ne figure même pas dans le texte de la lettre —, mais, en tolérant des lieux de culte, il admettait pour les destinataires de son ordonnance et leurs ouailles le droit d’être des cultores et leur capacité juridique à former des collèges, dont les évêques étaient reconnus comme les représentants légaux. C’était donc légaliser l’existence de fait de l’Eglise. En un mot, la tolérance n’allait pas à une doctrine, qui était toujours ignorée, mais à une institution. Telle était en quelque sorte la « conversion » de cet empereur païen humaniste, qui se fit initier aux mystères d’Eleusis et s’intéressa au néo-platonisme." p. 146-147, François Decret,  Les conséquences sur le christianisme en Perse de l’affrontement des empires romain et sassanide De Shâpûr Ier à Yazdgard Ier, Recherches Augustiniennes, 141979 https://www.brepolsonline.net/doi/pdf/10.1484/J.RA.5.102300

En 326, Flavia Giulia Elena se rend en Palestine rechercher des preuves (ainsi deviendra-t-elle la patronne des archéologues), afin de consolider la christianisation romaine entreprise par mère et fils, fondée notamment sur la vénération de de visions, miracles et reliques, dont celles dites de la passion, et la croix christique retrouvée au cours de son périple jusqu'à Jérusalem. 
"Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés.[1]
La Cathédrale Notre-Dame-de Paris abriterait la couronne d'épines rachetée par Louis IX Le Prud'homme,
 ''les régents de l’Empire ont déjà mis les reliques en gage auprès de banquiers vénitiens que saint Louis dédommagera." - "Suite au Concordat de 1801, la Sainte Couronne est remise en 1804, avec quelques autres reliques, à l’archevêque de Paris qui les affecte au trésor de la Cathédrale le 10 août 1806."[2]

Chrétienne, celle-ci influença la politique de son fils Constantin (zoroastrien converti) en nombre d'aspects. Ce qui détermina bien des guerres christologiques.

"Du concile de Chalcédoine en 451 à l'avènement de Justinien en 536, l'Empire byzantin fut profondément divisé par les querelles christologiques." https://www.clio.fr/bibliotheque/l_eglise_armenienne_histoire_et_apostolicite.asp

. A Constantin au quotidien, nous devons la scansion dominicale depuis 332, initialement de célébration mithraïque. 

''Les rites semblent pratiqués au moins une fois par semaine, le jour de notre dimanche, et l’on peut mentionner aussi les fêtes qui, selon le moment de l’année, devaient illustrer la vie de Mithra, à commencer par sa naissance, le Natalis Solis Invicti, le 25 décembre.https://leg8.fr/religion/culte-de-mithra/ 

***
2004 à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales - Présentation-projection, soit Extraits de ma thèse [Thèse d'ethnologie numérique - LAVSMC Paris VII Denis Diderot] http://theses.fr/2003PA070095
-Portant sur la pyrobatie en Europe orientale et son Portrait d'une danseuse sur le feu bulgare, présentés en vidéo projection de transparents en séminaire à l'EHESS en 2004-

T 1 - La danse sur le feu - Bulgarie
Augusta (impératrice) romaine, byzantine, Sainte-Hélène et son fils Saint-Constantin
https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9l%C3%A8ne_(m%C3%A8re_de_Constantin)
  • T 2 - Saint-Constantin (274-337) premier empereur byzantin chrétien et sainte-Hélène (257-336), sa mère, sanctifiés par l'église orthodoxe, président aux célébrations du thiase nestinar
L’une des légendes recueillies dit qu'Hélène supplia son fils de traverser les flammes dont l'avaient entouré ses ennemis. Constantin se plia à ses injonctions, s'assurant la victoire.  Constantin I, surnommé «le Grand» - Fils de Constance 1er Chlore & de sa concubine Hélène
Partie en pèlerinage, elle doit sa sanctification au fait d’avoir retrouvé la croix christique (18 août, fête liturgique de Sainte Hélène)
3 mai (Invention de la Sainte Croix du Sauveur, en 326) 
  • T3 - La Saint-Constantin correspond au 21 mai (autrefois ajustée au calendrier grégorien, 3 juin), premier jour des festivités, respectivement en Grèce et en Bulgarie, frères[1] en feux et en icônes
Jusqu'à la guerre balkanique, cette danse était connue dans la région orientale de la Thrace, au pied des Rhodopes (patrie d'Orphée) : la Strandja bulgare. Puis, elle ne fût bientôt plus célébrée que dans deux villages, Kosti et Bâlgari[2] ; la dernière fête rituelle y eût lieu en 1964.
Baba Zlata dansa pour la dernière fois en 1967, trois ans avant son décès- 
Nous verrons ici le nouveau cru, celui de 2001
[1] Les anesténarides grecs sont appelés «братя - bratya», frêres, par les nestinari bulgares; comme les icônes, taillées dans le même bois de noyer d’un arbre de Kosti –lieu légendaire d’origine du rite
[2] –Bamgari, Urgari, jusque en 1934-
  • T4 -  Les deux  aires rituelles de la Péninsule balkanique
Entre-temps, cette pratique festive calendaire inscrite dans le cycle coutumier annuel s'était déplacée en Macédoine avec les expulsés de 1923, finalement "entraînés" par le traité de Mollov-Kafandaris de 1927.
L’exode, pour ceux grecs, les menèrent aux alentours de Salonique en Macédoine grecque et quant aux Bulgares, par les montagnes, ayant abandonné leurs terres désormais turques, ils se fixèrent en Strandja.
  • T5 - Aires européennes – De la péninsule balkanique à la péninsule ibérique, l’Europe comme ceinte d’une bande « pyrobatique » 
1. Soria 2. Mont Soracte (IIIe siècle) 3. Thrace/Macédoine 4. Cilicie-Asie Mineure
  • T6 - Film de recherche

  • T7 - T8 - Sommaire de l’intervention
1ère partie – Présentation de la recherche : La manifestations de la croyance en l'incombutibilité du corps humain (par la pyrobatie)
Rappel du sujet & sa motivation
I – Contexte scientifique
A – En première ligne, l’Anthropologie visuelle et sonore
B – Tout aussi exposée, et tout aussi utile, l’ethnographie
C – Anthropologie religieuse
II - « Mea culpa à quatre temps »–
1 – L’ethnologue-opérateur
2 - "La foire et les lutteurs"
3 - Pentecôte
4 - Turquie d'Europe
Bilan, prospective, perspectives
2ème partie – Essai d'anthropologie visuelle & sonore –Portrait d'une "danseuse sur le feu"- [Mise en ligne sur ce blog, 28/03/2019,1ère partie du documentaire https://susaufeminicides.blogspot.com/2019/03/portrait-de-femme.html]
Introduction
Platon
Sainte-Eulalie-de-Merida (IXème s.)
I. Le choix du sujet
Inscription de la pyrobatie bulgare dans le passé religieux
de la Thrace orientale
L’outil de travail & instrument de recherche cinématographique - Inévitable
- Rhétorique de l’image*
Historique des conception, tournage & montage
Conception
a) De Burgas à Langadas - De la Bulgarie à la Grèce
b) Dans la région de la Strandja – A Bulgari
- 2000 - Filmer à Bulgari ”Българи”–
Tournage - Technique – - Choix d’un cameraman professionnel – -Mises en scènes - Montage - Esquisse de la structure de montage - Critères de sélection des images - Prises de vue retenues - Celles écartées
- Eléments pour une meilleure compréhension 
du choix du titre du film de recherche : "La joie du feu“
- Méthodes d’approche des protagonistes
 - Paire & témoin
 - Langue de travail
- Articulation des images à l’écrit
T9 Corps de l’intervention
****
ANNEXE 1 - Texte complet d'intervention
PRESENTATION de l’ESSAI
d’ANTHROPOLOGIE VISUELLE & SONORE
« La joie du feu » (Transparents convertis en traitement de texte)

1. Platon
2. Sainte-Eulalie-de-Merida
I. Le choix du sujet
II. Inscription de la pyrobatie bulgare dans le passé religieux de la Thrace orientale
III. L’outil de travail & instrument de recherche cinématographique -Inévitable
IV. Historique des conception, tournage & montage
Conception
a) De Burgas à Langadas - De la Bulgarie à la Grèce
b) Dans la région de la Strandja – A Bulgari
Tournage
Montage
V. Méthodes d’approche des protagonistes
Paire & témoin
Langue de travail
VI. Articulation des images à l’écrit

En introduction, nous parlerons en deux mots de deux références, l’une antique, la seconde appartenant à notre Moyen-Age roman.
1. Platon
"… en permanente transhumance, l'imaginaire mythique et mystique défie constamment la barrière des eaux …»  
comme celle du feu, universel...
« La joie du feu » de plain-pied dans un rite « triangulaire », triangulaire, en quelque sorte, au sens d’ « élémentaire », par référence au triangle, non pas des Bermudes, mais du feu. En effet, le feu est symbolisé par un triangle isocèle ;

LE FEU du Timée, représenté sous la forme d'un tétraèdre
Les Figures cosmiques ou Solides platoniciens
(TÉTRAÈDRE, CUBE, OCTAÈDRE, DODÉCAÈDRE, ICOSAÈDRE)
A présent, il va être question de la première des trois saints chrétiens convoqués par notre sujet :

  1. Sainte-Eulalie-de-Merida
"Ils la jetèrent dans le feu pour qu'elle y brûlât vive. Elle était toute pure : c'est pourquoi elle ne brûla point. "
Premier poème français en prose connu, de vingt-neuf vers, La cantilène de Sainte Eulalie chante déjà la résistance d'une jeune fille.
 Ms du IXe s.: Bibl. de Valenciennes, no. 150, fol. 141 v., p.
Transposition romane des hymnes d'église, séquences latines- composé à l'abbaye de Saint-Amand près de Valenciennes peu après 878, date à laquelle les reliques de la sainte y furent déposées   

(10) La polle sempre non amast lo Deo menestier. La jeune fille à ne pas aimer toujours le service de Dieu.
E por o fut presente de Maximiien, Et pour cette raison elle fut présentée à Maximien
Chi rex eret a cels dis soure pagiens. Qui était en ces temps-là le roi des païens .
Il li enortet, dont lei nonque chielt, Il lui ordonna, mais peu lui chaut,
Qued elle fuiet lo nom chrest iien. De renoncer au titre de chrétienne.
(15) Ell'ent adunet lo suon element: Elle rassemble sa force.
Melz sostendreiet les empedementz Elle préfère subir la torture plutôt
Qu'elle perdesse sa virginitét; Que de perdre sa virginité.
Por os furet morte a grand honestét. C'est pourquoi elle mourut avec un grand honneur.
Enz enl fou lo getterent com arde tost. Ils la jetèrent dans le feu pour qu'elle brûlât vite.
(20) Elle colpes non avret, por o nos coist. Elle n'avait pas commis de faute, aussi elle ne brûla point.
A czo nos voldret concreidre li rex pagiens. Le roi païen ne voulut pas accepter cela.
Ad une spede li roveret tolir lo chieef. Avec une épée, il ordonna de lui couper la tête.
La domnizelle celle kose non contredist: La jeune fille ne protesta pas contre cela.
Volt lo seule lazsier, si ruovet Krist. Elle veut quitter le monde; elle prie le Christ.
(25) In figure de colomb volat a ciel. Sous la forme d'une colombe, elle s'envole au ciel.»
L’on remarque qu’elle résista au feu et point au fer, lui, non élémentaire.
J’ai été confortée dans mon sujet de prédilection à cette découverte de la première poésie connue de ma langue favorite parlant déjà d'incombustibilité  & de femme résistante à l'adversité.
Le choix du sujet
Comment mieux illustrer la foi en l'immunité du corps humain au feu qui a traversé siècles et espaces grâce à un kérygme profondément enraciné, somme toute, chez un grand nombre de peuples . En effet, ce vingt-et-unième siècle assiste bien à nos portes à la perpétuation, de l'Orient à l'Occident européen, comme sur toute la planète à la pratique pyrobatique spectaculaire de "marches sur le feu".
Ce principe fondateur du rite perdure assidûment, véhiculé avec constance par l'incandescent spectacle du rituel. Cette même posture se trouve étendue par phénomène de rumeur à des profanes n'y ayant jamais assisté eux-mêmes -ni cru, d'ailleurs, car n'en connaissant même pas l'existence, avant que d'en avoir été "informés" par articles ou reportages télévisuels- : "Inoubliablement" stigmatisée par la sempiternelle question quasi subliminale, à quelques variantes près, portant sur les plantes de pieds des marcheurs, supposées intactes : Le "Comment fait-on pour ne pas se brûler ?" étincelant inexorablement entre les lignes ou les plans.
Dans leur ensemble, les témoins oculaires toutes origines confondues persuadés de l'état de transe ou de possession, protecteur et miraculeux, dans lequel se trouveraient les marcheurs, les admirent ; pour d'autres, les révèrent, entraînant ainsi tout naturellement la reconduction de cérémonies annuelles ou  parfois l'émergence de marches ponctuelles, "spontanées". Il s’agit pour ces dernières de stage d’entreprise, dit également de développement personnel et réservé aux cadres de direction généralement.
Cette croyance collective assez répandue sort renforcée de chaque marche. Les témoignages avertis d'observateurs compétents abondent : au sortir du feu, les marcheurs sur le feu laissant généralement fort aimablement examiner leurs voûtes plantaires indemnes, et pour cause.
De surcroît, l'autocensure inhérente au respect de la vie religieuse et cultuelle ainsi que l'aveugle respect des traditions évitent opportunément les interrogations insistantes du chercheur, ou éloignent comme naturellement des questions censées indiscrètes ou déplacées. Pour passer outre, il n'existait qu'une seule voie, celle de l'implication personnelle, physique, directe. Car la surprise est pour grande part dans l'émotion ressentie, ce qui n'est plus le cas dès lors que l'on se trouve être familier du procédé.
Par ailleurs, la théâtralité des pratiques rituelles pyrobates en augmente la portée sensationnelle. Qu'il s'agisse du "Nouveau Guerrier" stagiaire avide de transcendance, de puissances, surnaturelle ou pragmatique, de pouvoir ou des danseurs thraces & macédoniens surfant sur le traditionalisme syncrétique , du marcheur espagnol catholique romain, "l'être pyrobatique"  de plus participe à la procession ternaire des miracles annoncés, investi des dons de guérison, voyance & incombustibilité…
Leurs techniques liées indéfectiblement au phrasé technique du discours rituel, enchâssée dans la morphologie sociale utilisent la courroie de transmission de la plasticité fidéique et de la prégnance numineuse. Pourtant jusqu'à présent, l'ethnologie s'est peu soucié de ce territoire fascinant représenté par la croyance omniprésente en l'incombustibilité et son rite majeur. Pour lors, le cortège de pratiques pyrobates a plutôt été encadré par l'emprise folkloriste, médicale, ethnomusicologique.
Pour l'ensemble, l'horizon contemporain permet de noter plusieurs catégories de pyrobatie parmi celles observées et d'en constater la prégnance :
  • Rituelle, "encyclée" dans l'année solaire,
- anesténaride, transplantée, perdurant dans un cadre cérémoniel et festif local, sœur des
- nestinare folklorisante et renaissante, au gré de l'élasticité des régimes, après la
- nestinare folklorique, phagocytée et mercantilisée par un état socialiste planificateur,
  • "Aritualisée" ou participant d'une autre ritualité, au sens large, plus scientifique qu'agraire, ou d'autres indexicalités :
- expérimentale, "manipulée" par des observateurs scientifiques, .hors terrain rituel ou .au cours de cérémonies ;
- spontanée, générée par des stratégies de séductions et de pouvoir à dominante psychologique ou socio-économique.
Se plaçant à part, encastrés dans cette dernière catégorie, les stages de marches sur le feu et leur transcendantalisme, n'auraient-ils pas fait le lit des marquages au fer rouge  ? Ces signes d'individuation portés par la vague " etnik ", paraissent tout à l'opposé des macérations mystiques, par négation du corps individuel comme le témoin divin –la sainte martyre Eulalie, par exemple-, menant à la quintessence comme ces " stigmatisés " volontaires actuels qui évoluent dans une relation sans religion aux corps en action.
Inscription de la pyrobatie bulgare dans le passé religieux de la Thrace orientale
Le "nestinarstvo", rite pyrobate thrace oriental contemporain réinscrit officiellement dans la vie cultuelle de la Bulgarie depuis 1990.
Danseurs pyrobates de la péninsule balkanique : La Grèce et la Bulgarie contemporaines en sont toujours le théâtre. Les premiers témoignages de l'existence de ces communautés villageoises seraient apparus XVIIème siècle dans les écrits de Théophile.
C'est au mois de mai que se perpétue la fête de l'Anasténaria et, c'était au mois de mai, que se fêtait, en Grèce ancienne, l'épanouissement vital de l'esprit de la végétation, la Fête des Rameaux. Les plus beaux rameaux étaient coupés et offerts au dieu -ensuite personnifié par Dyonisos - considéré par ailleurs comme divinité thrace-
" "Dyonisos " est une autre façon de penser. Grâce à lui, la Grèce disposera de son lointain passé non seulement comme d'une braise qui couvre sous les cendres, non seulement comme d'un héritage religieux que l'on maintient en secret, mais comme d'une flamme vive qui se dresse, merveilleuse et paradoxale, dans le jour positif du présent et qui relativise la notion de " vérité "".  
Peut-on parler de survivance de ces anciennes cérémonies de mai  christianisées par la grâce du grand Constantin et de sa -déesse- Mère : tendances mystiques dyonisiennes tempérées par l'harmonie appolinienne réinvestis dans l'orientalité orthodoxe ? En un rapprochement d'Appolon éminemment solaire et omniprésent, puisqu'une Appolonia toute proche glisse ses pieds dans la Mer Noire, et Dyonisos syncrétique également entrelacé de flammes lorsque en son personnage lumineux .
Dyonisos ne paraît pas aussi évidemment impliqué que ce que semble subodorer certains auteurs ; bien que le creuset des siècles puissent justifier la participation "pluridivine" correspondant aux peuples successivement recensés, protobulgares, slaves, thraces, grecs, macédoniens… Il apparaît peu évident de certifier les prédominances.
Apollon, Dyonisos mais peut-être aussi Mithra. Les Thraces au début du IIème siècle intègrent le culte du dieu du soleil de l'ancienne Perse issu du Mithra indien. Les protobulgares qui se sont installés sur leurs terres venaient du bassin de la Volga et de la Kama, occupant un état primitif limitrophe à la Chine. Tout en adoptant la langue slave des tribus auxquelles ils se mêlèrent, il est permis de penser qu'ils n'avaient pas tout oublié de leurs origines finno-ougriennes et des pratiques chamaniques.
Parmi ceux qui promeuvent et participent de la propagande de l'idée de l'immunité, nombreux se positionnent, comme automatiquement, en dépositaires de la coutume pyrobate. Ce pourrait d'ailleurs constituer une des explications possibles à la présence de pyrobaties sur toute la planète. Cette mythologie nourrie par la certitude confiante en une protection soit divine, soit sainte ne va pas dans cette région orientale de l'Europe sans les éléments rituels conservés constants d'art populaire bulgare unissant les témoins, les assistants que sont
- les icônes orthodoxes, personnification vectorielle de ce pouvoir magico-religieux,
- les processions de l'église, à la chapelle puis aux sources également investies par le sacré et le spirituel pour présider aux braises à l'égal du sacrifice animal, lui aussi " donnée " incontournable. Préservés et réservées, également, les mélodies et les costumes, témoignages concrets de la dynamique adaptative du rite, fidèle sans être immuable.
Le changement notable tient essentiellement au contexte politico-religieux : en effet, les oppositions & réticences de l'église orthodoxe ont cédé le pas et l'anathème du précédent régime s'est éteint, l'état ne dictant plus les tenants et aboutissants de la vie spirituelle et cultuelle des bulgares. La pratique rituelle pyrobate reprend ses aises & démontre qu'elle a  réintégré avec aisance et rapidité l'espace rural lui appartenant déjà de longue date
L’outil de travail & instrument de recherche cinématographique
" Il faut qu'un ethnologue ait une vision poétique des choses qui lui permette de saisir les détails vivants. " Michel Leiris
Inévitable -Tout ceci constituera la raison de la place centrale et première, à la fois, faite au document d'anthropologie  visuelle et sonore présenté. Cette présentation, déjà outil de restitution, instrument de recherche, en un troisième degré, forme également récit. Récit de ce qu'a accepté de livrer l'actrice principale du rituel, déjà rompue elle-même au sempiternel rituel des prises de vue auquel elle a été soumise d'autres fois car toutes ces fêtes spectaculaires sont rituellement filmées : film, rite du rite
  • Délimitation
D'autant plus que ces prises de vue
"…peuvent constituer l'expression du désir de l'indigène de s' " y " voir, immortalisé en l'image capturée par le regard de l'anthropologue "  …
de l’image dansante de la posture nestinare  car ce qui aurait pu paraître une voie restrictive -ne plus " cerner " qu'un seule personne- s'érige en moyen de délimitation par la focalisation sur le Sujet Officiant, témoin privilégié, informateur éclairé sans pour cela être professionnel, icône de chair et de sang familière des icônes de bois, dépositaire actif d’une mythique moderne du nestinarstvo.
En effet, un village à étudier ou un groupe social, territorialement circonscrit, ne représente pas une aire trop épineuse à borner en termes d'étude microsociologique. Par contre, une " association ", au sens de Lowie, du type du thiase des nestinari s'est avérée particulièrement fuyante, car à cheval sur trois états et plusieurs villages.
.Résultat de plusieurs années de recherche sur une activité humaine, pour le moins, curieuse, surréaliste pour certains : celle de marcher sur des braises ; aboutissement et cristallisation transdisciplinaire de recherches dites de cabinet, de terrain ethnographique et ethnométhodologique, également prétextes aux diverses analyses et commentaires portés sur eux de tous horizons disciplinaires ou " indisciplinés ".
Le cercle s’est restreint naturellement à ce point central comme final de l'étude, fondé sur la plus vivante des illustrations comme des analyses, le film documentaire, essai d'anthropologie visuelle et sonore, "La joie du feu" ; les documents écrits le cerclant comme ricochets à son entour.
Comme vous avez pu le voir par vous-mêmes, le sujet du film de recherche construit grâce aux liens noués en Bulgarie depuis les années soixante-dix, s’est efforcé à dépeindre une nestinarka, une danseuse sur le feu. Cette production audiovisuelle, ce portrait, s'inscrit et se décrit, pour partie, dans les notes d'accompagnement du tournage et du montage, trace des pas du parcours de sa création.
Ainsi tous ces indices, pour certains à première vue disparates, ont été réunis pour les voir aboutir à une singularité, une vie, celle de Vesselina Ilieva, et distinguer éventuellement en quoi, sa foi s'inscrit dans les circonvolutions de l'histoire de cette croyance " incombustible " & de ce rite " élémentaire " s'alimentant réciproquement, se rejoignant et se conjuguant, parlants malgré eux ou d'eux mêmes…
Historique des conception, tournage & montage
Conception
Quelques détails sur les circonstances de la conception du film en Bulgarie, aboutissement du terrain de la marche sur le feu en Europe orientale s’étendant sur deux cycles principaux à plusieurs années d’intervalle.
a) De Burgas à Langadas - De la Bulgarie à la Grèce
1979-1981 - La première phase esquissée dans le chapitre de Burgas était au départ organisée en rapport à des études de psychologie, les circonstances aidant, elle aboutit à un éclairage ethnographique du spectacle folklorique d’état auquel je parvins à assister dans l’établissement Piknik, sur la côte de la Mer Noire.
Cette partie du terrain présentait en sa récupération folklorique de commerce d’état (époque socialiste) et jusqu’à l’expiration du socialisme, un souffle d’incomplétude, frustrant l’observateur. Cependant, portée sur le cercle par un danseur, j’en ai été captivée, envahie par l’enthousiasme esthétique, et toujours tenaillée par le besoin de savoir et comprendre qui m’a «transportée», je suis allée jusqu’à me frotter moi-même à cette épreuve et effectuer ma première marche sur le feu.
1986 - La seconde, ayant pour cadre la région de Salonique suivant en cela la population grecque chassée de Kosti macédonienne -le début du siècle avait vu le déplacement la scène du rituel de la Thrace vers la Macédoine, soit de la Bulgarie à la Grèce-, village tout proche de Bulgari. En effet, le rituel nestinar bulgare, en Thrace orientale, avait déclaré forfait avec l’avènement du régime socialiste mais pas pour très longtemps.
b) Dans la région de la Strandja – A Bulgari
La boucle se referme : retour en Bulgarie -De la péninsule ibérique à la péninsule balkanique Après six ans de détours en Afrique orientale et australe, reprise de recherches plus européennes
1998 - Nouveau départ vers les feux thraco-macédoniens, animée alors, entre autres, par les techniques du corps de Mauss, ces investigations ont mûri en un second document audiovisuel :
2000 -Pétard mouillé de printemps
Les note d’intention et synopsis développé d’un documentaire paneuropéen (de 28 mn) intitulé «Corps en feux, corps en rite-mes» sont rédigés. Il aurait du être réalisé avec une équipe de la Sorbonne nouvelle, département cinéma mais ne se concrétisera pas.
Conçu alors comme une illustration comparative des  rituels pyrobates européens, en Espagne, Grèce et Bulgarie, le tournage mis sur pieds aurait du se dérouler en juin, à Langadas et à San Pedro. Manque de moyens, défections diverses, cette piste est abandonnée. Mais la métamorphose est en cours et en recherchant, à  Sofia, une équipe de tournage bulgare à moindre coût pour les images en Grèce, est apparue la possibilité de se rendre auprès des nestinari de Bulgarie et de constituer ainsi un triptyque pyrobate européen qui se serait appelé «Danse sur les braises».
Filmer à Bulgari ”Българи”–
Mais l’idée ayant fait son chemin, quelques tâtonnements préliminaires passés, la Bulgarie aimanta finalement totalement le processus jusqu’à déterminer un autre choix de sujet, un sujet moins ambitieux mais non moins parlant  : L’objectif s’affine et se restreint pour mieux pointer sur le portrait d’un danseur sur le feu bulgare, pour s’affirmer définitivement entre 2000 & 2001, dans le sillage d’une danseuse du feu, d’une nestinarka. Cette transformation s’opéra sur la suggestion de mon directeur de recherche.
Février 2001, dernière ligne droite avant le début de l’été vers les villages de la Strandja bulgare.
Le 13 mars 2001, j’informe ma correspondante bulgare (contactée en octobre-novembre 2000 sur l’indication d’un anthropologue qu’elle avait déjà assisté –étude « pomatzi ») du recadrage final envisagé et de la redéfinition de cible : suivre un nestinar ou une nestinarka dans sa vie personnelle & professionnelle, fondant le choix de la personne sur nos intuitions & les qualités photogéniques des personnes qu'éventuellement l’on nous indiquerait. Malina Stamatova devient la consultante du film et me sera d’un immense soutien.
Tournage
D’une résignation à une résistance ?
Les prises de vue se sont «opportunément» initiées sur un rituel, de mort, de deuil, qui accompagne notre impuissance devant la mort ; closes sur un rituel vital, de «surpuissance» face aux éléments naturels, rêve de renaissance…
Les tournages se sont déroulés en deux lieux précis : Le village de Brodilovo, domicile habituel de Vesselina Ilieva* & le village de Bulgari, où se déroule la fête et la foire des Nestinari, théâtre d’origine comme de destination des sujets...
Choix de la personne à filmer
Parmi les noms de ceux qui dansaient sur le feu en 1998, lors de mon séjour précédent, il en est un, celui de Vessa, annoncé également par le maire de Bulgari au printemps 2001. Il nous est alors dit qu’elle travaille comme secrétaire à la Bibliothèque (Maison de la Culture) de Brodilovo à 40 km de Bulgari. Elle a dansé dans des bars, en Turquie et en Bulgarie.
Technique –
J’avais déjà fait un grand nombre d’essais ; mais inévitablement les braises trop éclairées perdaient toute leur ardeur pour devenir cendre avant l’heure -puisqu’il s’agit de faire des images de nuit et que les projecteurs ont toujours fait partie du ballet.
Il est très délicat d’attraper l’émotion que suscite le tapis de la danse, en même temps que les danseurs : jusque là, je n’y avais pas réussi, l’un n’allait jamais de pair avec l’autre… Parfois d’autres preneurs de vue amènent des projecteurs qui tuent le feu à l’image comme ceux, lorsque mal installés, des organisateurs. C’est mon souci, et de poids, car quelques belles photographies ont été prises par des professionnels de grande agence de presse mais pour ce qui est de parvenir à bien rendre compte de l’atmosphère, « je cours après » peu ou prou depuis mon premier rendez-vous.. Ne sachant pas enregistrer les senteurs, l’air, si la seule sensation est dévoyée, éteinte, il reste peu… Le charme perd de son essence, le rite de sa consistance.
Choix d’un cameraman professionnel –
N’ayant jamais envisagé de tourner seule ce dernier document car la démonstrativité de ce portrait passe par la forte impression que produit la braise irradiante, lumière et chaleur, délicate à conserver à l’image et c’est là une des difficultés majeures de la réalisation qui exigeaient un cameraman professionnel. Le 16 mai, une piste sérieuse. Employé de la télévision bulgare, il a un courrier électronique, ce qui facilitera beaucoup toute la préparation des points de vue et du calendrier. Il s’avérera donner une impression de confiance et d’efficacité qui le fera, par la suite, pendant la fête, parfaitement accepter par tous les participants. La première impression aura été la bonne.
La sincérité et les particularismes de la discipline ethnographique appellent l’ethnographe « in-formé », ou formé incomplètement, aux techniques de caméra à filmer personnellement . Cependant, mes maladresses me paraissant un frein pour mon propos plutôt qu’un gage d’authenticité, reflets de mes incompétences qui masqueraient pour partie le point de vue, parasité, ligoté par les erreurs techniques. Faire appel à un professionnel de l’image comporte également un risque quant au point de vue, celui-ci devenant hybride, mon propre prisme mâtiné de ses a priori techniques de reporter aguerri, alors qu’il n’est pas question ici de reportage, genre auquel il est rompu. Mais c’est un risque à courir ; en tout cas, pour toutes les scènes de foule (procession, source, chapelle, danses horos, danse nestinare) ainsi que de nuit, qui seront nombreuses, c’est un grand apport car son expérience sera là inégalable : la plupart du temps dans la bousculade, la foule, la mise en place des organisateurs, l’amateur ne parvient pas à réaliser de prises de vue décentes.
Mises en scènes -
Le tournage a évité toute mise en scène, surfant sur la structure native du rite pyrobate.
Il n’a admis que celles suggérés par le sujet du portrait, l’actrice nestinare principale qui, on l’a remarqué, pose au cours des entretiens. En habituée des reportages, Vesselina possède ses propres techniques de mise en valeur de son personnage et de son articulation à la pérennité de la célébration, glanés grâce aux injonctions précédentes des professionnels de l’image cotoyés : l’élaboration de ses stratégies apparaît forcément dans le document.
Mais également, il était impossible de se confiner à une énumération descriptive du rite et des éléments rituels, en sous-estimant l'intérêt de
"tout ce que l'on pense, tout ce qui se dit à ce sujet, de toutes les conséquences que cela a sur la vie sociale." ,
ainsi des témoins ont été approchés et interviewés.    
Montage
Esquisse de la structure de montage
Il s’agit, à partir des rushes, de dessiner les contours d’une femme ordinaire dans toute sa simplicité, mêlant sans contradiction apparente orthodoxie peu orthodoxe & religiosité rémunératrice. Au mitan de sa vie, campagnarde, provinciale sans être une paysanne ignorante puisqu’elle est bibliothécaire. Quinquagénaire moderne avec études secondaires, elle répond peu aux canons mystiques de l’innocence ou à la représentation « arriérative » de traditions ancestrales conservées hors du temps par des groupes sociaux isolés, dans le « désert ».
La coloration inopinée de ce caractère par son rôle de danseuse sur le feu éclaire son quotidien villageois, routinier mais actif.
Des conversations informelles ont été reprises et montées pour certaines car Vessa y déroule sa mythologie personnelle, ses propres aspirations, sa représentation et son appropriation du rite.
I – En temps festif

Danse vespérale sur le feu -
Mise en valeur du savoir-faire de l’étalement des charbons ardents en tapis circulaire, au râteau par deux hommes, dont le chef du groupe ; on voit bien que la couche de braises ne sera ni trop épaisse, ni trop chiche car il faut préserver habilement la «spectacularité» de la fête légendaire comme la peau tendre. Ses pompes sont une des garanties de sa reconduction.
Le cortège, il tourne trois fois autour du feu étalé pendant que Micho continue encore à aplanir la braise.
Sur les braises - Vessa, à la suite du chef de groupe qui entre le premier sur le cercle, passera plusieurs fois en tangentes la braise, au cours de ces trois minutes cinquante (sans découpage, prise de vue sans interruption), qu’aura duré la danse proprement dite sur le feu.
Les cendres - Au sortir, le dernier horo dansé - Pleurs sur son mouchoir perdu, donné par sa mère morte
T - «de pleurs en pleurs», nous rendons au cimetière de Brodilovo, sur les tombes de sa parentèle-
Puis, retour à la vie de tous les jours :
II – En temps ordinaire
Sur son territoire quotidien - à Brodilovo, le village natal de Vessa*
- ambiances familiale, spirituelle
- professionnelle
Chemin faisant, du cimetière à la bibliothèque…  
Dans la bibliothèque – histoire du village et son opinion de certains rapports sur la tradition nestinare
En marchant, des champs à la maison…
- vie familiale, avec ses petits enfants
- ses origines, histoire familiale
- vie au travail des champs
- révélation de sa capacité à entrer dans le feu -à la basse cour, à l’étable
Indications de la dame de la maison modèle
Indications de l’homme au bonnet
III – Retour à la fête & mises en scènes
A Bulgari, avant la danse sur les braises du soir de la Saint Constantin
1 – Scènes préparatoires constitutives du nestinarstvo - Les processionnaires, les sources, les bénédictions, les sacrifices
- Adolescents porteurs, sortie de l’église
- Dépose des icônes au konak
- Du konak à la source de st Constantin
- Installation sur la stalle en plein air de l’odartché
- Bénédictions
- Distribution d’eau magique
- Horo du pré de la source
- Le taureau orné est sacrifié 
- Préparation du brasier du cercle de danse du soir

2  - Préparations de Vessa
- A la chapelle nestinare, recueillement, prière de Vessa
- Préparation, costume clair pour les chansons de l’après midi
- Spectacle de chants sur la plate-forme du camion, premier costume
- Changement de costume pour le « nestinarstvo », coquetteries
- Danse du horo avec le public sur la place du village, jeunes et vieux en « farandole ».
- Conclusion de la journée de fête de Saint Constantin–
Jonction du thiase de Bulgari et du groupe folklorique
La cène du thiase dressée, marguillier, marguillière, leurs familles et les danseurs nestinars extérieurs conviés… dînent des soupes et ragoûts sacrificiels.

- Dernier jour de la foire, nous précisions certains points du rituel nestinar et suivons les points principaux des processions pour Sainte Hélène jusqu’à sa source consacrée.
Le cercle est clos. T - Les oiseaux migrateurs, « phénix de ses lieux » une fois le nid inutile vont repartir vers d’autres nids plus chauds.
La photographie d’une nestinarka révérée Baba Nuna dansant l’icône nichée au creux de l’épaule, au cours de la première moitié du XXème siècle. Suivant déjà le chemin en sens inverse de l’aiguille d’une montre, l’on y distingue un instrument qui laisse  imaginer que lors de cette célébration-là l’orchestre était probablement grec ?
Sur cette traversée du temps et cette autre danseuse sur le feu, les remerciements s’égrènent, puis sur l’image de la cendre bleutée et chaude, apparaît le générique. Ces deux derniers plans sur une citation musicale du film Microcosmos –Bruno Coulais- titre « En of the dream », passage « Ouvre les yeux avant de mourir ». La séquence boucle pour figurer «L’éternel retour ».
Le film de recherche a été constitué en triptyque comme certaines icônes, les parties principales segmentent le déroulement du film : La face du milieu, à Brodilovo dans le quotidien, l’environnement habituel de Vesselina, encadrée par les première et dernière, à Bulgari pour la fête :
Ière partie – En temps festif – A Bulgari, le village de la fête où son groupe folklorique a été convié par la mairie cette année ci comme d’autres. Pourquoi ce choix d’entrée en matière sur la fête spectaculaire, rien n’empêcherait de suivre très classiquement le chemin linéaire des trois jours de fête de la Saint Constantin et Hélène. Pourtant, plusieurs raisons l’ont déterminé :
- Ce sont les premières vues découvertes, il y a environ vingt ans et qui m’ont emportée, puis ramenée... poussée à la recherche toujours & encore et dont je vous livre le point de départ.
- Vessa a participé à l’étude car elle croit que c’est sa performance, cette performance sur les braises qui détermine l’intérêt porté à sa vie et à sa propre personne.
- La démarche de suspens créée par de grands cinéastes du film policier qui, partant du climax de l’événement pour ensuite dénouer les fils de l’intrigue, m’est pareillement parue porteur dans le cadre du cinéma anthropologique.
  1. D’emblée, nous assistons à la danse du feu, pour mieux ensuite dans la seconde partie, regarder de quoi est fait le quotidien de Vessa. Car extraire le rite seul, tourner autour pour ensuite le disséquer, élément par élément, ne paraît pas satisfaisant. Il serait ainsi isolé de tout contexte et romprait l’unité & la continuité individuelle comme sociale de cette manifestation
Eléments pour une meilleure compréhension du choix du titre du film de recherche : "La joie du feu"
Portrait d'une " nestinarka ", " danseuse sur le feu " bulgare, est intimement lié au personnage cadré : Son prénom, Vesselina a tout de suite déterminé le titre, " vessela", en bulgare, signifie joyeuse, gaie. L'agencement de ces trois mots s'est imposé sans coup férir, écartant les ombres de d’un apparent manque d'académisme.
Et comment résister à l'écho fait aux "feux de joie", de la Saint Jean Baptiste, omniprésents au sein des traditions de l'Europe occidentale ? Retournement miroir du Feu de joie de la Saint-Jean de l'Occident ó en La Joie du feu de la Danse nestinare de l'Est des Saint-Constantin & Sainte-Hélène.
Un lien bien que plus ténu à première vue s'est également affirmé rapidement entre les "gaudia"  latines, cousines des sentiments extatiques déclenchés par la pratique d'un exercice extrême religieux ou profane, comme celui auquel je me suis moi-même soumise pour tester ma & mes résistances. Racine du mot de « joie » comme de celui de « joyau », comme la braise rappelle la pierre précieuse par son chatoiement et ses luminescences.
Méthodes d’approche des protagonistes

"A proprement parler, il n'y a pas de méthode en ethnographie ; à part certains principes de prudence et d'impartialité, la liberté d'action du chercheur doit être entière. Aucune direction préconçue, aucun système, aucun questionnaire même ne doivent l'entraver. Tout son art se réduit à une perpétuelle adaptation aux hommes et aux circonstances." Alfred Métraux
Paire & témoin
Il y a environ une trentaine d’années, à la recherche de "mon phénomène parapsychologique", j'enquêtai lorsqu’un "hasard objectif" me mit en présence de "marche sur le feu" : Frappée, submergée, subjuguée par l'incomparable chatoiement de la braise caressée par la brise estivale, gagnée par l'enthousiasme nestinar qui alimente encore aujourd'hui ma passion. Elle déclencha  alors l'impulsion de reprendre des études, abandonnées pour entrer dans le monde du travail sans qualification à dix-huit ans ; c'est ainsi que je m'orientais vers un cursus de psychologie -et l'auto-expérimentation.
En me livrant au baptême du feu, je ne savais pas entrer dans une phase méthodologique. Mais elle se révéla méthode (observation participante) et fondamentale pour le cours des choses. Je la découvris également très décriée en ce qu'elle ne favorise pas une position neutre, mais si l'on considère cet aspect illusoire en tout cas, aucune incursion ne peut être ni neutre, ni dépourvue de risque.
Alors tant qu'à faire autant se rapprocher du feu à s'y brûler, à défaut d'ailes … les pieds, et basculer dans la "participation observante" d'un stage de marche sur le feu. Cette démarche s'est avérée particulièrement féconde en cela qu'elle m'a engagé à un intérêt profond qui ne s'est pas démenti à ce jour et s'épanouit à présent dans le besoin de la partager au travers de ce film.
Ainsi installée une confiance de pairs propice au partage et à l'échange par la connaissance sensible de l'effectuation du personnage central du film, l'introduction de technique (et de l'équipe nécessaire, même légère) devient simple et l'usage de l'outil cinématographique dont je ne me souviens même plus à partir de quand il s'est imposé de lui-même, permettra la connaissance directe du rituel. Ces préparations aident d'ailleurs à filmer plus que les apparences, à en éviter les écueil, à identifier des contresens propres au regard spectateur, scrutateur, mais minimisés par le regard croisé du pratiquant  car " ce n'est pas le réel qui s'imprime sur la pellicule " mais bien le dispositif tremblé des biais du réalisateur du document, même allégé par la pratique éprouvée.
La présence alternée au cours de l'étude de ces deux méthodes balance l'effet d'" une plus grande abstraction, une décontextualisation du savoir  " propre à l'écriture cristallisatrice de la difficulté de transmigration de l'espace d'observation à celui de théorisation, de celui du voir au savoir .
Lorsque je raconte la marche, très souvent, il m'est répondu transe, catharsis… L'on en parlait, il y a mille cinq cents ans, quand Pythagore conceptualisait la katharsis -ou purification -. Par cette célébration de l'union de la science et de l'intuition religieuse, les  pythagoriciens à la suite transformèrent la ferveur religieuse en ferveur intellectuelle, l'extase rituelle en extase de la découverte.
Mes " découvertes " pyrobatiques étaient d'autant plus marquantes que le périmètre religieux m'était totalement inconnu, étranger ; je n'avais jusque là jamais vécu l'ombre de la moindre manifestation rituelle "de l'intérieur", en membre d'une communauté, ni messes, ni communions, ni baptêmes... L'aventure intérieure alliée à l'aventure du terrain ; selon les cas, le second vécu comme une première épreuve en certaines de ses exigences, plus ou moins contraignantes (éloignement, logement, financement, rapports humains) a été rejointe par une seconde épreuve : celle de la pratique préalable du rite pyrobate, marche d'épreuve initiatique , rite de passage à un champ extérieur, porte ouverte sur le Terrain. Sans pour cela me confier à une protection divine ou spirituelle, je restai incroyante mais non sans confiance, je n'imaginais même pas me brûler, quasiment prête à croire en l'incombustibilité... à l'égale de la plupart d'entre nous.
Ce "voyage anthropologique peut aller dans plusieurs directions et le chercheur efficace apprendre tout autant de lui-même que des gens qu'il étudie" …
Questionner par le prisme central et final des représentations et de la mythologie personnelle d'une officiante, d'une danseuse sur le feu, s'efforçant ainsi de mener à bien et à terme, pour l'essentiel, une recherche sous un angle de terrain tentant d'en témoigner au moyen de l'outil cinématographique, qui s'y prête on ne peut mieux. La fidélité et l'acuité de cet instrument de recherche  ne peuvent être qu'inégalables dans l'observation anthropologique des rituels représentatifs de ce type car ils sont perpétués, pour partie, grâce à leur mise en scène sensationnaliste. Ainsi tout un chacun, peut à loisir rechercher des indices au fil de la "pellicule" et le projet évite la tentation de confiscation de perspectives d'observation ou d'exégèses restrictives du rite.
La plupart des enquêtes se sont déroulées à l’occasion, autour et pendant des marches sur le feu. Chaque fois, l'intégration à un des groupes en présence, au cours de chacune d'elles, a été réalisée.. Seule la dernière manifestation –au travers de laquelle sera réalisé le portrait d’une nestinarka- de 2001 a été vécue en témoin détaché, éloigné du centre, périphérique. Par opposition, lors du dernier épisode, postée en distance des acteurs, évitant pour une seule et unique fois tout mélange des genres.
Avant de décrire, il fallait écouter ; étant moi-même concernée par l’objet « nommé » puis étudié, pour éloigner sensiblement « la vanité de l’attitude folklorisante »
«aussi longtemps qu’elle soutient une position d’extériorité, l’ethnographe n’entend que billevesées destinées à la convaincre que l’on est aussi doué qu’elle pour se distancier d’un objet « nommé » sorcellerie.» ,
tentation imminente de toutes les situations en face à face aux croyances des autres.
Langue de travail
Une pyrobate s’adressait donc à une nestinarka ; ce que j’ai fait savoir. Ce que j’ai fait savoir avec d’autant plus de facilité que ma langue de travail de terrain était le bulgare.
La "participation observante" complice, malgré ses risques et ses détracteurs, ne se révèlera-t-elle pas être aussi un gage, une garantie ; une sérieuse vérification du dit, du non-dit, du mal- dit, du faux-dit ("tout-ce-qui-fait-que-l’on-communique"), simultanément au fait en soi et par soi, donc proprement critique en faisant la part du feu écartant plus aisément candeurs, naïvetés au bénéfice du gain d'une "solide subtilité"? Temps préparatoire, probatoire favorable à des recherches plus approfondies.
Observer et comprendre la marche sur le feu, sa vivacité, au travers de ses officiants, ses détracteurs, ses commentateurs, ses chercheurs… , découvrir si la pyrobatie est survivance, résistance ou résurgence, l’examiner en tous ses replis  pour les écarter en resserrant jusqu’à l’ultime catégorie observable, l’acteur, l’agent social en personne impliquait bien de déterminer comment se vit de nos jours cette pratique rituelle calendaire, principalement par la bouche même des participants directs.
Articulation des images à l’écrit
Fort bien, va-t-on dire, mais l’anthropologie visuelle et sonore n’a pas encore gagné ses galons académiques ? Donc retour à l’écrit…
Un texte a été conçu pour permettre le suivi des détails, non seulement de l'image des officiants mais aussi de tous les éléments rituels présents, constitutifs de la fête rituelle nestinare et transparaissant au cours du portrait, à partir d'un journal & d'enregistrements " dictaphone " (conversations et commentaires) joints à l'exploitation de la bande sonore des rushes-
En effet, toute la richesse de l'image qui en dit bien plus que l'on ne pourrait en conter n'est cependant pas perceptible dans toutes ses implications et appelle élucidations contextuelle & ethnographique notamment au sujet  des :
- Processions aux icônes (église orthodoxe, sources consacrées, chapelle nestinare),
- Danses, horos,
- Sacrifice animal, dépeçage, cuisson, festin cérémoniel nestinar
- Passage sur les braises au son de la musique dédiée, etc.
Il a été principalement destiné à permettre de procéder à un " décryptage " au fur à mesure des images, par une brève mise en perspective du rituel, suivie des éléments de la conception du film.
Il chemine à partir de quelques explications de la structure du montage aux temps de séquence et à leur description qui doivent permettre une lecture plus fine du documentaire, soutenue par des photographies de « making off » insérées et des annexes.
Les éléments calendaires festifs précisent et envisagent les origines possibles du rituel.

Christine Gamita
Ph. D. doctorat en ethnologie, Anthropologie, Ethnologie, Sciences des Religions, Labo Anthropo visuelle et sonore des mondes contemporains, ex-ingé informatique, consultante en management de la qualité des services et études informatiques, systèmes informatiques, systèmes d'information


 Paolo Veronese, Vision de Sainte-Hélène, vers 1570
L'ange (pourquoi sont-ils dévêtus ?) portant la croix retrouvée garde un derrière d'homme adulte, comme tous les enfants représentés en homunculus. Certaines recherches avancent que les angelots seraient une récupération des Cupidon. Eros désarmé... substituée à l'arc tendu chasseur et blessant, une croix de supplice romain.
  • Notes 
* Umberto Ecco, 2008*, lu chez Umberto Eco: le syndrome de l'oeil électronique, 02/01/2014  https://optimusmanifestum.wordpress.com/2014/01/02/umbertoecoepidemiceye/
Extrait de l'anthologie posthume, Umberto Ecco, Chroniques d'une société liquide, Grasset, 2017, "2008 - Une tarte aux fraises à la Chantilly (...)"

Rapporteurs de soutenance de thèse de doctorat -
  • A - Prof. Dr. Ana Luiza Carvalho da Rocha, Laboratorio de Antropologia Social – NUPECs – Nucleo de Pesquisa sobre Culturas Contemporâneas, UFRGS – Universidade Federal do Rio Grande do Sul  www.biev.ufrgs.br CV en ligne
  • B - Prof. Dr. Cornelia Eckert Instituto de Filosofia e Cienciâs Humanas, Programa de Pos Graduaçao em Antropologia Social » - Coordination du Nucléo de antropologia visual – Navisual, UFRN & “Banco de Imagems e Efeitos Visuais – BIEV” IFCH Universidade Federal do Rio Grande do Sul, UFRGS – Porto Alegre Brésil - http://www.biev.ufrgs.br CV en ligne  
  • C - Pr. Henri Broch, Université de Nice Sophia Antipolis (docteur en Mécanique Quantique et doctorat d’État ès Sciences - Travaux de biophysique théorique - analyse conformationnelle de biomolécules comme des segments d’ADN ou d’ARN, le collagène, des agents anti-cancéreux ou des radioprotecteurs, molécules qui protègent le matériel cellulaire des radiations - fondateur du Laboratoire de Zététique Université de Nice Sofia Antipolis - Membre de l’Académie des Sciences de New York)
Autres éléments http://theses.fr/2003PA070095
[1] https://sites.google.com/site/stehelenemontpellier/sainte-helene
[2http://www.notredamedeparis.fr/spiritualite/spiritualite-et-liturgie/veneration-de-la-sainte-couronne-depines/
  • Sources d'illustration -
[Illus. 1] Je goûte tout particulièrement cette peinture d'une Elena plantureuse, jolie à croquer qui embrasse cette poutre comme elle l'enlacerait. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Interior_of_Chiesa_dei_Gesuiti_(Venice)_-_sacristy_-_Saint_Helena_-_1592-1593_-_by_Palma_il_Giovane.jpg
Illus. de fin - Paolo Veronese, Vision de Sainte Hélène, autour de 1570
  • Fondamentaux de ce journal ethnographique 
¡Féminicides! http://susaufeminicides.blogspot.fr/2011/11/feminicides-definis.html
Chiffres, estimations et recensement. http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/combien.html

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