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03/05/12

Traite orientale musulmane

Fiche de synthèse - Esclavage et androcides

Esclaves Zadib Yémen XIIIe siècle BNF Paris

Etre un objet - Les sujets restent plus intrigants par leurs zones d'ombre. Ainsi en est-il du phénomène esclavagiste, qui a transpercé tous les continents, ethnies et époques. Sa partie transatlantique reste très documentée et fouillée, notamment afin de donner droit à des dommages aux descendants, à l'inverse de la traite orientale qui ne mériterait-elle pas d'être elle aussi précisée ?

Sclavus (latin médiéval, "esclave") vient du grec sklábos (σκλάβος) ou sklaboí (σκλάβοι) — forme déformée de Slávoi (Σλάβοι), désignant les peuples slaves. Ce mot a été repris dans le monde arabe sous la forme ṣaqāliba (صقالبة), désignant d’abord spécifiquement les esclaves slaves, puis par extension les captifs européens à peau claire. L'esclavagisme possède généralement une composante raciste car concernant principalement les ethnies, souvent de l'intérieur et estimées inférieures par leurs moeurs et croyances, qui sont littéralement chassées.

L'esclavage féminin servit systématiquement à effacer autrui, nettoyage ou épuration ethnique passant évidemment par le rapt et viol féminicide. Son pendant constitué par la castration androcide joue également sur la fécondité humaine. Dans le premier cas, utiliser la fertilité, dans le second, y couper court. Cela faisait partie des mécanismes de conquête, d'expansion et de colonisation, que les sociétés qui en aient été les auteurs soient polythéistes ou monothéistes. La traite intra africaine alimentait les marchands d'esclaves musulmans qui ne perdaient ni temps, ni argent à constituer des expéditions en hinterland. Ainsi de l'Afrique de l'Ouest, comme de l'Est. https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/video-la-traite-orientale-dans-l-ocean-indien-du-moyen-age-a-l-irruption-des-europeens-au-xve-siecle-1389842.html

VIIe siècle – début du XXe siècle

1. Cadre généra

Dès les conquêtes musulmanes du VIIe siècle, le monde islamique a organisé des circuits de traite esclavagiste vers l’Orient à travers trois axes majeurs :

  • Transsaharien (depuis l’Afrique subsaharienne vers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient)

  • Nilétique et mer Rouge (depuis le Soudan, l’Éthiopie et la côte swahilie vers l’Égypte et le Hedjaz)

  • Caucasien et européen (depuis les Balkans, l’Ukraine, le Caucase et l’Europe centrale vers l’Anatolie, la Perse et le monde arabe)

La pratique généralisée de la castration dans la traite orientale

  • Dans la traite musulmane, contrairement à la traite transatlantique, la castration des esclaves mâles africains et européens (notamment Slaves/Saqāliba) était systématique ou quasi systématique.

  • Objectif : produire des eunuques, considérés comme plus sûrs (notamment dans les harems, l’administration ou la garde rapprochée).

  • Elle concernait aussi bien :

    • les noirs subsahariens (vendus au Maghreb, au Levant, en Arabie et dans l’Empire ottoman),

    • que les européens chrétiens (Slaves, Italiens, Français, Ibériques, capturés par razzias ou achetés).


2. Proportion estimée de mortalité liée à la castration

Les travaux historiques (notamment Bernard Lewis, Jan Hogendorn et William Gervase Clarence-Smith) convergent :

  • Mortalité post-opératoire extrêmement élevée, estimée entre 60 et 90 %.

  • La castration totale (ablation du pénis et des testicules) pratiquée dans les zones islamiques entraînait infections, hémorragies et décès dans la majorité des cas.

  • Très peu d’eunuques africains sont retournés sur leur terre natale ou ont laissé de descendance.


3. Centres principaux de castration des esclaves (VIIIe–XIXe siècle)

Objectif : empêcher la reproduction et assurer la docilité, notamment pour le service de cour (palais, harems), la garde ou l’administration
Population concernée : majoritairement hommes noirs africains, parfois enfants européens (Balkans, Slaves, Arméniens)


1. Istanbul (ex-Constantinople, Empire ottoman)

  • Période : surtout du XVe au XIXe siècle.

  • Lieu précis : casernes du palais de Topkapi, puis annexes du bostancı corps.

  • Eunuques recrutés :

    • Noirs africains castrés à l’avance (venus d’Égypte, Nubie, ou Zanzibar)

    • Blancs (Slaves ou Caucasiens) castrés jeunes pour l’armée ou l’administration (souvent intégrés comme "eunuques blancs")

  • Rôle : service des sultans, contrôle des harems, intendance des palais et mosquées.


2. Assiout et Dongola (Égypte, Haute-Nubie)

  • Période : du IXe au XIXe siècle.

  • Pratique : africains australs (Kordofan, Darfour, Bornou) avant la montée vers le Caire ou le Levant

  • Méthode : castration totale (pénis et testicules), avec taux de mortalité supérieur à 50 %

  • Destination finale : Égypte, Damas, Istanbul, Hedjaz


3. Khartoum (Soudan ottoman, puis égyptien)

  • Grand marché esclavagiste et centre de castration actif jusqu’au XIXe siècle.

  • Fourni par des razzias dans l’arrière-pays par les "bashi-bouzouks" turcs ou les troupes d’al-Zubayr Rahma

  • Importance stratégique : point de jonction entre Afrique centrale (Bahr el-Ghazal, Darfour) et la vallée du Nil.


4. Zanzibar (sultanat omanais)

  • Siècle : XVIIIe–XIXe.

  • Les eunuques castrés soit sur place, soit à Bagamoyo avant déportation

  • Destination : harems de Mascate, Bassorah, Damas, Médine


5. Bagdad et Damas

  • Centres de redistribution et parfois de castration secondaire

  • Recevaient des captifs venus de l’Afrique ou du Caucase

  • Affectés à la cour abbasside, puis mamelouke et ottomane


6. Tana (Yémen) et ports du Hedjaz (Jeddah, Médine, La Mecque)

  • Foyer secondaire de castration pour esclaves africains acheminés via la mer Rouge

  • Débouché : harems et sanctuaires religieux de l’islam.


4. Implications démographiques

  • Contrairement à la traite atlantique, rares descendants d’esclaves subsahariens dans les pays arabo-musulmans.

  • L’absence d’une « diaspora noire » visible dans ces régions est en grande partie due à la stérilisation massive, pendant que les noires converties d'office et violées donnent naissance à des métis musulmans


5. Témoignages et sources :

  • Ibn Butlan (médecin du XIe siècle à Bagdad) décrit la castration comme une « opération barbare mais lucrative ».

  • Al-Maqrizi et Ibn Khaldoun évoquent les rôles des eunuques noirs dans les cours mamloukes et abbassides.

  • Les archives ottomanes mentionnent les eunuques noirs (kızlar ağası) au service du harem impérial, toujours castrés.

2. La pratique généralisée de la castration androcide en traite orientale islamique

  • Contrairement à la traite transatlantique, la castration des esclaves mâles africains et européens (notamment Slaves/Saqāliba) était systématique ou quasi systématique.

  • Objectif : produire des eunuques, considérés comme plus sûrs (notamment dans les harems, l’administration ou la garde rapprochée).

  • Elle concernait aussi bien, tout infidèle :

    • noirs subsahariens (vendus au Maghreb, au Levant, en Arabie et dans l’Empire ottoman) dits alors "animistes" -polythéismes-

    • que les européens chrétiens et "païens" -polythéistes- (Slaves, Italiens, Français, Ibériques, capturés par razzias ou achetés)


. Proportion estimée de mortalité liée à la castration

Les travaux historiques (notamment Bernard Lewis, Jan Hogendorn et William Gervase Clarence-Smith) convergent :

  • Mortalité post-opératoire extrêmement élevée, estimée entre 60 et 90 %.

  • La castration totale (ablation du pénis et des testicules) pratiquée dans les zones islamiques entraînait infections, hémorragies et décès dans la majorité des cas.

  • Très peu d’eunuques africains sont retournés sur leur terre natale ou ont laissé de descendance.


. Centres principaux de castration

  • Verdun (Lorraine) au haut Moyen Âge : castration d’enfants slaves revendus comme saqāliba vers Al-Andalus ou l’Orient (XIe siècle, mentionnée par Liutprand de Crémone).

  • Tidyane / Tidiane : mention vague, probablement confusion avec Tadjoura (Djibouti) ou Tegdaoust (Mauritanie), relais sahariens de traite.

  • Autres centres connus :

    • Assouan et Dongola (vallée du Nil)

    • Baghdad, Le Caire, Zanzibar, Tunis, Tadjourah

    • Ports de l’Afrique de l’Est (Mogadiscio, Kilwa, Mombasa, etc.)


. Implications démographiques

  • Contrairement à la traite atlantique, très peu de descendants d’esclaves subsahariens dans les pays arabo-musulmans

  • L’absence d’une « diaspora noire » visible dans ces régions est en grande partie due à la stérilisation androcide massive 


. Témoignages et sources :

  • Ibn Butlan (médecin du XIe siècle à Bagdad) décrit la castration comme une « opération barbare mais lucrative ».

  • Al-Maqrizi et Ibn Khaldoun évoquent les rôles des eunuques noirs dans les cours mamloukes et abbassides.

  • Les archives ottomanes mentionnent les eunuques noirs (kızlar ağası) au service du harem impérial, aucun homme entier n'y étant admis

🔹 1. Interdits religieux officiels :
La castration des esclaves, bien que largement pratiquée dans le cadre de la traite orientale, était méprisée ou officiellement proscrite par les doctrines religieuses dominantes, tant chrétiennes qu’islamiques. Cependant, les mutilations sexuelles esclavagistes furent maintenues par des délégation technique à des groupes perçus comme "impurs" ou "marginalisés", dhimmis inférieurs, notamment les Coptes (chrétiens d'Égypte) et les Juifs dans certains contextes. Voici les faits établis :

  • Islam :

    • Le Coran ne proscrit pas la castration

    • Plusieurs hadiths rapportent que Mahomet aurait condamné la pratique

    • La jurisprudence (fiqh) classique la juge haram (interdite)

  • Christianisme :

    • La castration volontaire ou imposée est condamnée par les conciles ecclésiastiques (Nicée, entre autres).

    • L’Église interdisait l’ordination des eunuques sauf exception, et condamnait la mutilation du corps, considéré comme création divine
      Cependant, nul n'ignore des enfants castrats, initialement byzantins, devenus romains. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/101996088#h=3

🔹 Pratique malgré tout maintenue :

Pour contourner ces interdits tout en répondant à la demande massive d’eunuques (particulièrement dans les empires abbasside, mamelouk et ottoman), les élites musulmanes firent appel à :

Coptes d’Égypte :
  • Souvent désignés dans les sources comme artisans de la castration dans la Haute-Égypte (notamment à Assiout, parfois à Esna).

  • Les Coptes, non-musulmans mais soumis au statut de dhimmi, étaient autorisés à exercer certains métiers jugés "sales" ou "réprouvés", comme les métiers de bourreau, tanneur, ou chirurgien des esclaves.

Juifs, dans certains contextes (notamment en Espagne musulmane ou au Maghreb) :
  • Quelques sources mentionnent la participation de chirurgiens juifs à des opérations de castration, toujours dans le cadre d’activités tolérées mais non honorables.

  • À Zanzibar ou dans les ports d’Oman, les castrations étaient parfois réalisées par des esclaves eux-mêmes formés, ou par des praticiens étrangers (non musulmans).

3. TRAITE DES ESCLAVES AFRICAINS

Période : VIIe siècle – début du XXe siècle
Principaux pôles : Égypte mamelouke, califats arabes, empires omeyyade, abbasside, ottoman, États du Golfe
Effectifs estimés : entre 10 et 17 millions (Paul Lovejoy, Bernard Lugan, Ralph Austen)

Types de captifs :

  • Hommes castrés (eunuques pour service de cour ou de harem)

  • Femmes pour domesticité ou concubinage

  • Hommes robustes pour travail agricole ou militaire (notamment les Zanj en Irak, IXe siècle)

Particularités :

  • Taux de mortalité élevé (transports, castration, désertification)

  • Peu de descendance pérenne en raison de la castration massive

  • Zanj (esclaves noirs) révoltés en Mésopotamie (869–883) contre les Abbassides

.IXème au XVème siècle - Traite négrière intra africaine - Vente d'esclaves en Extrême Asie 
"On estime que, au XIXe siècle, 14 millions d’Africains étaient réduits en esclavage. L’esclavage interne a existé avant et pendant les traites arabo-musulmane et transatlantique." 
"Les Javanais avaient envoyé plus de 30 000 esclaves noirs à la dynastie des Ming. Un ouvrage écrit en 1178 par Tcheou Kin-Fei, Lingwai-Taita, indique que des milliers de Noirs provenant de K’ounLoun (l’île de Pemba, dans l’archipel de Zanzibar, et Madagascar) étaient vendus comme esclaves en Chine. On les appelait notamment he-hiao-seu (« serviteurs noirs »), ye-jen (« sauvages ») ou encore kouinou (« esclaves ressemblant à des démons »). Ce ne sont là que quelques exemples."  https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/05/18/tidiane-n-diaye-la-fracture-raciale-est-reelle-en-afrique-et-elle-s-est-exportee-au-dela_5129984_3212.html

IXe – XVe siècle - Traite négrière intra-africaine pré-transatlantique - transaharienne et "transindienne"

Systèmes esclavagistes africains avant contact le contact côtier européen


1. Zone sahélienne et soudanaise (Ouest et centre)

Ethnie dominanteÉtat/royaumeSiècle RôleCaptifsEffectifs estimés
SoninkéEmpire du GhanaIXe – XIeUsage militaire et commercial localWolof, Sereer, peuples forestiers~100 000 – 200 000
Mandés (Malinké)Empire du MaliXIIIe – XVeEsclaves pour agriculture et arméePeuls, Bobo, Sénoufo, captifs animistes~300 000 – 500 000
SonghaïEmpire SonghaïXIVe – XVeExploitation agraire, revente transsaharienneTouaregs, Bozos, Mossis~150 000 – 300 000
PeulsRoyaumes Peuls nomadesXIIIe – XVeCaptures pastorales saisonnièresDogons, Gourmantché, miniethnies~50 000 – 100 000

2. Forêt ouest-africaine (côte atlantique avant contact européen)

Ethnie dominanteOrganisationSiècle RôleCaptifs Effectifs estimés
AkanChefferies pré-AshantiXIIe – XVeServage rituel et lignagerEwe, minorités de la Volta~60 000 – 120 000
YorubaCités-États (Ife, Oyo)XIIIe – XVeEsclaves pour temples, champsNupe, Ebira, Ibariba~200 000
Fon/AjaFormation DahoméenneXIVe – XVeDébut des razzias organiséesMahis, Gouns, populations isolées~100 000
MossiRoyaumes MossisXVeCaptures défensives/expansivesBobo, Gourounsi~80 000

3. Afrique centrale

Ethnie dominanteÉtat/royaumeSiècle RôleCaptifs Effectifs estimés
KongoRoyaumes lignagersXIIe – XVeExploitation domestique/claniqueYaka, Téké, groupes forestiers~150 000
LubaFormation pré-étatiqueXIIIe – XVeMain-d’œuvre minière, élites localesTchokwe, pygmées~80 000

4. Afrique de l’Est et Grands Lacs

Ethnie dominanteÉtat/royaumeSiècleRôleCaptifs prisEffectifs estimés
Swahili (Bantu islamisés)cités côtières (Mogadiscio, Kilwa)XIIIe – XVeDéportation vers Arabie et Inde via dhowsZarma, Nyamwezi, groupes intérieurs~200 000 – 400 000
NyamweziChefferies du TanganyikaXIVe – XVeCaptures locales, revente SwahiliSafwa, Bemba~80 000

Ethnies impliquées en Afrique de l’Est et du Sud-Est

🔹 Captifs (victimes récurrentes des razzias ou de la vente) :

  • Makonde – plateau de Mueda (actuels nord Mozambique et sud Tanzanie)

  • Elomwe – région de Zambezia, au Mozambique

  • Makhuwa (ou Macua) – nord-est du Mozambique, particulièrement ciblés pour leur endurance

  • Yao – victimes fréquentes dans les conflits avec les Swahilis ou les Arabes

  • Shona – Zimbabwe et Manicaland, parfois réduits lors d’incursions des Nguni ou des trafiquants portugais

  • Tsonga – sud du Mozambique, victimes des Chopi ou d’intermédiaires Nguni

  • Changaan – sud du Mozambique, parfois intégrés de force à des chefferies militarisées

  • Nyamwezi – victimes au début, puis devenus intermédiaires dans le commerce

🔹 Intermédiaires ou ethnies esclavagistes locales (selon les époques) :

  • Swahili – marchands de la côte islamisée, rôle central dans le réseau maritime avec Oman et l’Inde

  • Yao – à partir du XIXe siècle, devenus grands fournisseurs d’esclaves aux Swahilis

  • Ngoni (Nguni exilés du Zululand) – effectuaient des razzias à grande échelle (inspirés des techniques zouloues)

  • Chefferies Maravi – parfois impliquées dans la revente d’esclaves au nord du Mozambique

  • Arabes omanais et zanzibarites – non africains mais maîtres d’œuvre des circuits commerciaux

  • Le royaume zoulou, sous Shaka Zulu, a militarisé et centralisé l’espace du Natal (actuelle Afrique du Sud). Ce processus a déclenché des vagues de déplacements et de raids violents dans toutes les directions.

. Chefferies et groupes impliqués :

    • Zoulous directs (commandement de Shaka, puis Dingane et Mpande)
    • Swazi (Swatini) : peuple nguni apparenté, établi au nord-est, également militarisé
    • Ngoni : groupes zoulous ou nguni ayant migré vers le nord (Zambie, Malawi, Tanzanie) en emportant leur tactique d’assujettissement et parfois d’exploitation des captifs
🔹 Tsonga (Maputo et Gaza), face à ces dynamiques : Localisés historiquement dans le sud du Mozambique (régions de Gaza et Inhambane) et nord-est de l’actuelle Afrique du Sud. 

Victimes des razzias menées par :

    • Les Zoulous ou leurs satellites. 
    • Le royaume de Gaza, fondé par Soshangane, un général zoulou dissident ayant conquis une large portion du Mozambique central. 
    • Les Swazi, dans leurs campagnes d’expansion et de soumission tributaire. 
🔹 But des razzias :

Capture d’esclaves destinés à :

    • Le service local (main-d’œuvre agraire ou domestique).
    • Le commerce avec les marchands arabes swahilis via les ports de Quelimane, Sofala, ou plus au nord Kilwa. Certains captifs tsonga furent ensuite revendus à Zanzibar, Mascate ou dans les réseaux indiens.
Remarques : Ces ethnies apparaissent dans les travaux de J. Vansina, Allen & Headrick, Tidiane N'Diaye, et Edward Alpers sur la traite orientale et les razzias de la région des Grands Lacs et de la côte swahilie. Les Makhuwa, Tsonga et Makonde sont souvent oubliés dans les grandes synthèses francophones.

  • Résumé quantitatif global estimé (IXe–XVe s.) :

XVème - Population africaine estimée - "la population de l'Afrique subsaharienne serait passée d'environ 80 millions en 1500 à 95 millions en 1900" Jean-Pierre Guengant et John F. May in Études 2011/10 Tome 415,  L'Afrique subsaharienne dans la démographie mondiale, p. 305-316  https://shs.cairn.info/revue-population-2004-3-page-521?lang=fr
  • Captifs intra-africains réduits en esclavage par d’autres Africains avant 1450

1,5 à 2,5 millions de personnes, selon modèles croisés (Lovejoy, Manning, Inikori)
➤ Intradéportation -Non déportés hors d’Afrique à cette étape, sauf via l’axe transsaharien et la côte swahilie (déjà active avec les dhows arabes)

Carte succinte d'états esclavagistes africains 
https://la1ere.francetvinfo.fr/2015/05/07/esclavage-la-complicite-de-monarques-africains-est-une-donnee-objective-selon-l-anthropologue-senegalais-tidiane-n-diaye-253983.html

N. B. - Les groupes ethniques africains dans l'ensemble n'étaient pas regroupés sous état

"Dans les premiers États musulmans du Soudan occidental, y compris le Ghana (750-1076), le Mali (1235-1645), Ségou (1712-1861) et Songhaï (1275-1591), environ un tiers de la population était asservi. Entre 1300 et 1900, en Sénégambie, près d'un tiers de la population était asservi. La population du Kanem (1600-1800) était également asservie d'environ un tiers. C'était peut-être 40 % au Bornu (1580-1890). Entre 1750 et 1900, un à deux tiers de la population entière des États djihadistes Fulani étaient composés de personnes asservies. En Sierra Leone, au XIXe siècle, environ la moitié de la population était constituée de personnes asservies. Au xixe siècle, au moins la moitié de la population était réduite en esclavage parmi les Douala du Cameroun et d'autres peuples du Niger inférieur, du Kongo et du royaume de Kasanje et de Chokwe d'Angola. Chez les Ashanti et les Yoruba, un tiers de la population était composé de personnes asservies. La population du califat de Sokoto formé par les Peuls dans le nord du Nigeria et du Cameroun était à moitié réduite en esclavage au XIXe siècle[23].

Au XVIe siècle, les expéditions menées par les gouverneurs d'Alger se multiplient dans le Sahara central. L'effondrement de l'Empire songhaï entraîne une chasse aux esclaves dans les pays du Niger." https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_en_Afrique

.Pratiques esclavagistes perdurant au XXIème siècle

- Par ex. chez les Soninkés, au Mali https://news.un.org/fr/story/2021/07/1100352#:~:text=Le%20Mali%20a%20interdit%20l'esclavage%20en%201905%2C%20mais%20un,soi%2Ddisant%20%C2%AB%20maitres%20%C2%BB. 
Actuel https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_au_Mali 

3.1. THESE GENOCIDAIRE SUBSAHARIENNE NOIRE 

"Et je ne parle de génocide que pour qualifier la traite transsaharienne et orientale. La traite transatlantique, pratiquée par les Occidentaux, ne peut pas être comparée à un génocide. La volonté d’exterminer un peuple n’a pas été prouvée. Parce qu’un esclave, même dans les conditions extrêmement épouvantables, avait une valeur vénale pour son propriétaire qui le voulait productif et sans doute dans la longévité. Pour 9 à 11 millions de déportés lors de cette traite, il y a aujourd’hui 70 millions de descendants. La traite arabo-musulmane, elle, a déporté 17 millions de personnes qui n’ont eu que 1 million de descendants à cause la castration massive pratiquée pendant près de quatorze siècles." Ibid.

Tidiane N'Diaye est un historien et économiste franco-sénégalais, auteur du livre majeur Le Génocide voilé (2008), dans lequel il documente précisément la traite orientale arabo-musulmane des Africains noirs. Il soutient que :

  • La traite orientale, bien plus longue que la traite transatlantique, concerna au moins 17 millions d’Africains capturés, déportés, puis pour la plupart castrés ou morts

  • Contrairement à la traite transatlantique, elle n’a pas produit de descendance visible, ni de métissage, en raison de la castration massive des hommes.

  • Il parle d’un "génocide par éradication biologique", car non seulement les captifs étaient réduits en esclavage, mais aussi volontairement empêchés de se reproduire.


. Points clés de son analyse

  • Durée : XIII siècles, du VIIe au XXe siècle, sans discontinuer

  • Aires concernées : Maghreb, Arabie, Empire ottoman, Iran, Inde musulmane

  • Itinéraires : Transsaharien, Nilétique, Swahili, mer Rouge

  • Types d'esclaves :

    • Hommes castrés pour administration et garde (eunuques)

    • Femmes pour concubinage et domesticité

    • Enfants pour domesticité ou service, y compris sexuel


. Estimation des castrations africaines

Tidiane N’Diaye estime que :

  • La majorité absolue des esclaves noirs mâles déportés dans le monde islamique ont été castrés (en général entre 9 et 14 ans)

  • Les taux de mortalité post-castration variaient de 50 % à plus de 80 %, selon les époques et les zones

  • Les rares survivants, eunuques, étaient intégrés à des fonctions militaires, administratives ou palatines — jamais libres


. Réception et controverses

  • N'Diaye accuse de silence volontaire une grande partie des intellectuels et des institutions d’Afrique et du monde arabe sur ce pan de l’histoire, souvent occulté au profit du seul axe "traite atlantique".

  • Certains chercheurs lui reprochent des simplifications ou une lecture "judiciaire". Cependant, la base documentaire de son livre reste solide et bien sourcée (notamment en arabe classique, turc ottoman et archives coloniales françaises).


4. TRAITE DES SLAVES EUROPÉENS (SAQÂLIBA)

Période : IXe – XIIIe siècle (essor principal), jusqu'au XVIe siècle par les Ottomans
Origine : Slaves des Balkans, de l’Ukraine, de la Russie méridionale
Canaux :

  • Routes commerciales du Dniestr et du Dniepr via Khazars et Volga

  • Captures militaires ou razzias par Tatars, Byzantins, Ottomans

Utilisation :

  • Garde militaire, fonctionnaires de cour, eunuques

  • Vente vers Al-Andalus, Égypte, Bagdad

Nombre estimé : plus d’un million sur plusieurs siècles (Christian Vernet, Alexandre Popovic)
Aucune estimation, ni études concernant les castrations de saqalibas, et leurs conséquences sur les populations des sociétés européennes.


5. TRAITE CAUCASIENNE ET BALKANIQUE PAR LES TURCS OTTOMANS

Période : XIVe – XIXe siècle
Origine : Grecs, Albanais, Serbes, Bosniaques, Arméniens, Géorgiens, Circassiens
Système spécifique : Devchirmé (XVe – XVIIe siècle)

  • Recrutement d’enfants chrétiens orthodoxes, convertis de force, formés comme janissaires ou pages du palais, 

  • Islamisation et usage militaire strict avec castration

Nombre estimé :

  • Devchirmé : environ 200 000 enfants (selon Gilles Veinstein, Suraiya Faroqhi)

  • Captifs civils : plusieurs millions cumulés au fil des siècles (razzias navales et terrestres)

Particularités :

  • Esclavage blanc féminin circonstant : Européennes et Circassiennes prisées pour harems et concubines

  • Nombreuses razzias en Méditerranée : entiers villages réduits en esclavage (Maghreb, Empire ottoman)


6. PRINCIPE de l'ABOLITION

6.1 Bathilde (vers 626 – 680) : interdiction mérovingienne de l’esclavage

Enlevée enfant par des pirates, vendue, puis devenue reine de France. cf. Jacques E. Merceron
De l’hagiographie à la chanson d’aventures : l’image de sainte Bathilde reine de France 
  • Origine : Esclave d'origine anglo-saxonne, capturée enfant et vendue en Neustrie. Elle épouse le roi Clovis II (mérovingien), reine chrétienne - canonisée par l'Eglise catholique romaine

  • Règne en régente après sa mort (vers 657–665), durant la minorité de son fils Clotaire III.

  • Acte fondamental :

    Elle promulgue des lois interdisant la vente des chrétiens comme esclaves, notamment :

    • sur les marchés royaux

    • par les monastères

    • entre aristocrates francs

  • Rapidement abandonné
6.2 REPRISE lente, sporadique et tardive : période coloniale européenne puis pressions internationales (XIXe – XXe siècles), en ce qui concerne la TRAITE ORIENTALE MUSULMANE
  • Esclavage officiellement aboli :

    • Ottomans turcs : 1847–1889 (progressif)

    • Égypte -protectorat britannique : 1877

    • Arabie : 1962 (officiellement)

    • Mauritanie : 1981 (loi), 2007 (criminalisation)


Crédit illustration

Manuscrit arabe 5847, fol. 105, Maqâma 34 : al-Hârith au marché aux esclaves à Zabid Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, Division orientale

Légende : maqâma 34 : hârith (al-) au marché aux esclaves de Zabid au Yémen
Auteur, titre : harîrî (al-), maqâmât
Nom du pays : Irak
Date : 1236-1237
Artiste : wâsitî.(al-)
Commentaire de l' Encyclopédie Larousse  : Marché aux esclaves à Zabid au Yémen . Abu Zayd vend son fils à al-Harith, en cachant son visage. Le fils ayant donné un faux nom refuse de suivre l'acquéreur et conteste la vente. Al-Harith en appelle au cadi , mais perd son procès et son argent…. Page d'un des Maqamat (les Séances) d'al-Hariri. Manuscrit de l' école de Bagdad calligraphié et illustré par al-Wasiti (1237). (Ph. Coll Archives Nathan)
Filigrane supprimé : Bibliothèque Nationale de France [Traduction : Bibliothèque nationale de France] Extraut de https://fr.vikidia.org/wiki/Traite_orientale_des_esclaves