27/10/20

Manifeste pour une vie affective et sexuelle digne pour les personnes en situation de handicap

Communiqué n° 3

cite et s'associe

 

"Un Comité interministériel sur le handicap étant sur le point de se réunir (le 29 octobre) avec dans l'engagement n°10 : 

"Lancement d'un débat sur l'accompagnement à la vie intime et sexuelle, avec la saisine du Conseil consultatif national d'éthique, en lien avec le Conseil national consultatif des personnes handicapées ".

Outre le fait que pour de nombreuses personnes handicapées, elle renforcerait leur exclusion, les traite dans une approche compassionnelle et paramédicale, la reconnaissance de l'" assistance sexuelle" enfoncerait une brèche dans la loi contre le système prostitutionnel.

Manifeste pour une vie affective et sexuelle digne 
pour les personnes en situation de handicap.

Ce manifeste, écrit par des associations de personnes en situation de handicap, s’adresse
à tous les acteurs et à toutes les actrices politiques, sociaux, sociales et économiques qui
œuvrent pour le respect des droits des personnes en situation de handicap en France, et
dans le monde. 
La Convention Relative Aux Droits Des Personnes Handicapées de l’ONU, entrée en
vigueur en 2008, et ratifiée par la France en 2009, rappelle dans son préambule les
principes proclamés dans la Charte des Nations Unies sur « la reconnaissance de la dignité
et de la valeur inhérentes à tous les membres de la famille humaine ». Elle s’appuie aussi
sur le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre
1948 adopté par l’Assemblée Générale des Nations-Unies à Paris dans lequel est rappelé : 
« la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de
leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la
paix dans le monde ;
dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les
droits fondamentaux de l'Homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, d
ans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à
favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté
plus grande ». 
Par conséquent, le présent manifeste insiste sur l’exigence de dignité que nous,
personnes handicapées, réclamons dans notre désir de vie sexuelle et affective. 
 Nous, personnes handicapées, voulons vivre dans un environnement qui nous permet
d’avoir une vie sociale, de rencontrer des partenaires, de choisir celle ou celui avec qui
nous voulons avoir des relations sexuelles et affectives. 
Nous nous opposons donc à toute disposition particulière et spécifique qui nous traite
comme une entité homogène, sans tenir compte de la diversité des individus, ne fait
que nous renvoyer dans l’exclusion et nous mettre en dehors de la société. Nous disons
non à la discrimination sexuelle des personnes handicapées car nous sommes des
individus à part entière au sein de la société et parce qu’il n’existe pas de besoins
sexuels propres aux personnes en situation de handicap.
 Nous, personnes handicapées, voulons sortir du tabou la sexualité afin qu'elle nous
soit reconnue et facilitée et non plus refoulée et niée. Nous voulons affirmer notre
autonomie.
Nous, personnes handicapées, refusons toute approche compassionnelle, envisagée
comme un recours contre « la misère sexuelle » et tournée vers la satisfaction de
« pseudo-besoins », essentiellement masculins. Car on sait que la demande d’
« assistance sexuelle » vient à 95% d'hommes. Quant aux femmes handicapées, les
violences qu'elles subissent pour la grande majorité d’entre elles, n’ont que depuis
peu, grâce à nos appels et à nos alertes, suscité des réactions et ont été prises en
considération. On se contente souvent de leur imposer une contraception non
personnalisée.

 Nous, personnes handicapées, nous voulons pouvoir établir des relations
enrichissantes, peut-être stables, dans la durée. Notre demande affective est très forte.
Nous ne voulons pas de relations sexuelles marchandes et tarifées, nous ne voulons pas
devenir une cible et un marché lucratif pour le système prostitutionnel. Nous nous
opposons à la création de nouvelles formes de prostitution déguisée sous le nom de
« assistance sexuelle » qui est en fait de la « prostitution pour hommes handicapés »
qui, traités depuis l’enfance d’indésirables, exigent d’acheter le désir». Les industries du
sexe voudraient, comme dans d’autres pays, la plupart pro-prostitution, faire de gros
profits en s’emparant de ce « créneau », créant ainsi une brèche dans la loi de lutte
contre le système prostitutionnel. 
 Nous, personnes handicapées, respectons la dignité des êtres humains comme nous
voulons que la nôtre soit respectée. 
Nous ne voulons pas être instrumentalisées et servir de prétexte pour justifier un
« ajustement » des lois sur le proxénétisme et de la loi de 2016 sanctionnant l’achat
d’acte sexuel, alors que la France est engagée dans la lutte contre le système
prostitutionnel, les violences faites aux femmes et le trafic des êtres humains. Nos
souhaits ne doivent pas se réaliser en instaurant des situations de sujétion pour
compenser des difficultés et souffrances. 
 Nous, personnes handicapées, sommes capables, souvent autrement que les
personnes dites « valides », de développer notre sexualité. 
Nous ne voulons pas qu’on nous fournisse un nouveau service de soin, nous maintenant
à domicile dans l’exclusion, dans une approche paramédicale, passéiste. 
 Nous, personnes handicapées, défendons l'égalité femmes-hommes.
Nous ne voulons pas reproduire une relation d’inégalité et de domination entre femmes
et hommes, où un homme achète le corps d’une femme et le domine par l’argent. Nous
ne voulons pas de nouvelles « femmes de réconfort », avec toutes les dérives et
violences inhérentes à cette situation. 
 Nous, personnes handicapées, qui pour la majorité, vivons dans la précarité, souvent
sous le seuil de pauvreté, nous avons besoin de financements pour avoir un logement
décent, un emploi valorisant et lucratif, des aides quotidiennes, des moyens de
transport, des occasions de rencontre. 
Nous nous opposons donc au financement par la sécurité sociale de formations et
services sexuels dédiés aux personnes en situation de handicap et demandons que des
financements soient mis à notre disposition, là où nous en avons besoin pour notre vie de
citoyens et citoyennes. 
 Nous, personnes handicapées voulons qu’on respecte notre intimité.
Nous nous insurgeons contre le fait que les médias ressassent, avec délectation car il
s’agit de sexe, le sujet de l’ « assistance sexuelle », sans débat de fond, les journalistes
pensant ainsi faire de l’audience. Nous ne voulons pas que notre sexualité alimente le
voyeurisme des spectateurs et spectatrices, sans réel débat. 
 Nous, personnes handicapées, voulons qu’on nous nous laisse occuper nous-mêmes de
notre vie affective et sexuelle alors que celle des «personnes dites « valides » n’est souvent pas un modèle !
Nous leur refusons toute légitimité pour penser et agir au nom des personnes
handicapées. 
 Nous, personnes handicapées, interpellons toute la société sur la sexualité : comment
préparer les enfants et les jeunes à des relations sexuelles dans le respect de l’autre, à
les informer de la richesse des différences, quelle place pour la sexualité dans une
société de consommation, d’urgence et de pornographie, quel équilibre assurer entre
liberté individuelle et contraintes sociales ? 
 Nous, personnes handicapées, souhaitons que la société change de regard sur notre
sexualité et notre vie affective, sans nous stigmatiser mais en nous incluant dans la vie
sociale. 
Pour cela, nous, personnes handicapées, demandons : 
 Une éducation sexuelle dès le plus jeune âge dans le respect de l’autre, de son
essentiel “consentement”, dans l’échange des désirs comme des plaisirs. 
 La déconstruction des stéréotypes et préjugés sur le handicap par une
sensibilisation dans les établissements scolaires et par le mélange, dès la vie
enfantine, des enfants et des personnes atypiques et différentes dans le même
espace social. Cette déconstruction nécessite une formation des professionnels
encadrant des personnes handicapées. 
 Une information sur les droits sexuels et reproductifs en particulier pour les jeunes
filles et femmes : choix de la contraception, maternité, parentalité. 
 Une information sur les droits sexuels et les responsabilités individuelles pour les
jeunes garçons et les hommes : choix de la contraception, paternité, et respect
permanent des désirs, hors des schémas pornographiques. 
 Le développement de l’accessibilité universelle des lieux de loisir, de sports, de
travail, de vie sociale. 
 Le développement d’aides techniques. pour favoriser la vie quotidienne des
personnes en vulnérabilité quelqu’en soient les raisons et les besoins. 
Toute personne ou association partageant les valeurs, arguments et demandes de ce
Manifeste est invitée à nous communiquer sa signature à l’adresse :
claire.desaint@fdfa.fr

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