19/06/19

Habitants de Jérusalem

 Fiche synthétique

Point démographique en 14/18


George Grantham Bain Collection/Library of Congress, Porte de Jaffa à Jérusalem, début 20e - à partir de 1915

Sur ce cliché centenaire, l'on peut remarquer au premier plan, à gauche un fez turc musulman, à droite, un chapeau et ses papillotes juives. Raccourci de l'époque qui voit au fond la foule variée de toutes origines. Un nombre important d'ethnies différentes reste la caractéristique de cette région.

Cependant, les rapports militaires britanniques se bousculent à les oblitérer par le gentilé d'Arabes sur toutes les ex-colonies tuques, tant d'Afrique du Nord que d'Orient, Proche comme Moyen. Qu'en était-il réellement, il y a centaine d'années à Jérusalem ? Les articles en rafales sur l'Eurovision en Israël attirèrent mon attention sur la démographie de cette ville et lorsque j'effectuai quelques rapides recherches sur Hélène d'Adiabène et les possessions françaises, qui aboutissent également à la présente fiche.

Qu'est-ce qu'il se parle entre hiérosolomytains ? Si les tribus arabes s'unifient à compter du VIIème siècle sous la bannière de Mahomet, c'est aussi là que la langue arabe va s'écrire et se former en langue littérale ou classique, qui n'est ni parlée, ni lue et écrite par Jérusalem au moment de la victoire de la Triple entente (France, Italie, Royaume-Uni et ses dominions), à quelques exceptions près.

Au quotidien, en parallèle les unes des autres, des langues dialectales distinctes de la véhiculaire syriolibanaise, ou levantin, hébreu religieux et moderne, yiddish d'Europe, d'Afrique du Nord, judéo arabes, romaniote, judéo espagnol (Espagne, Portugal, ladino), kurde, arménien, tcherkès et ainsi de suite. Tout ce qui brille n'est pas or et des langues distinctes sont globalement mises en fourre tout au crédit arabe.

Début XXème, l'éveil arabe du Hedjaz musclé dès 1912 par le soutien de l'Empire anglican constitue une réaction face à l'administration turque du Califat, et le lexique turc de même laissera sa trace.

Tout le monde aura remarqué qu'aucune tribu arabe n'est précisément originaire de ces sandjaks de Jérusalem & alii. Peut-être cela a-t-il été une des raisons de l'absence de recensement de "ces étrangers" arabes par les Turcs qui ne considéraient arabe que sa colonie du Hedjaz avec La Mecque et sa langue. De plus, les considérant en fauteurs de troubles impénitents, pilleurs en ghazzu*, refusant culturellement la notion de propriété foncière.

Sur des sources primaires et données fiables (1517–1917), distinguant les recensements administratifs ottomans, les rapports de consuls européens, les récits de voyageurs, et les statistiques religieuses des missions.

Eveil arabe et refus turc du nationalisme arabe

  • À partir du XIXe siècle, avec le nahda (renaissance culturelle arabe) et la poussée nationaliste en Syrie et au Hidjaz :

    • Des Arabes revendiquent une identité propre, linguistique, historique et ethnique

    • Les Ottomans y répondent par une turquisation croissante, surtout après 1908 (CUP / Jeunes-Turcs). Ex. : Sharif Hussein (Chérif de La Mecque), père d'Abdallah et Fayçal, revendique l’unité arabe dès 1915 – refus catégorique de la Sublime Porte

    • L'Empire ottoman n'enregistra jamais les Arabes en ethnie distincte, du fait également de l'Ummah. La méthode des millets ne discrimine que les groupes religieux -ex-dhimmis chrétiens, juifs, dont des Arabes-, millet musulman au sommet

1. Recensements ottomans

Remarque

Mekatib-i Ibtida'iye, Juğrafiya-i Osmani (Matbaa-i 'Amire, 1332[1913/1914]), page 193

  • Depuis 1928,  le turc ouralo-altaïque s'écrit en alphabet turco latin, y compris pour faciliter l'alphabétisation, alors que auparavant en script arabe, qui prête à une première confusion

  • Sandjaks : la carte montre, en turc ottoman de script arabe, les circonscriptions administratives de Jérusalem, Naplouse (Flavia Neapolis fondé en 72 par les Romains) et Acre (سنجق صفد ; Safed Sancağı) couvrant, y compris Beersheba, Gaza, Jaffa, Jéricho et Hébron en.wikipedia.org+6fr.wikipedia.org+6jerusalemstory.com+6

  • Kudüs Sancağı (Sanjak de Jérusalem) et la délimitation de Mutasarriflik de Jérusalem (district autonome depuis 1872) palquest.org+5en.wikipedia.org+5honestreporting.com+5.

Titre : Ottoman map of the Jerusalem Sanjak, c. 1900 - Archives : Archives nationales ottomanes (Ottoman National Archives) Wikimedia Commons (domaine public, carte de 1900) midafternoonmap.com+5commons.wikimedia.org+5alamy.com+5

1. Rapports consulaires britanniques et français

James Finn (Consul britannique, 1846–1863)

  • Il mentionne en 1854 une population totale de 15 500 personnes 

    • Juifs : environ 8 000

    • Musulmans : environ 4 500

    • Chrétiens : environ 3 000

Source : James Finn, Stirring Times: Records from Jerusalem Consulate (1853–1856), 1878 Texte intégral (vol. I) sur Archive.org Texte intégral (vol. II)

2. Premier recensement officiel (Salnâme de 1871–72 / 1288 H)

  • Le Salnâme est l’annuaire administratif de l’Empire ottoman. Celui du vilayet de Syrie (incluant Jérusalem comme sandjak autonome) donne des chiffres approximatifs

  • En 1871-72, Jérusalem compte environ 25 000 habitants, majoritairement juifs

Numérisation du salnâme de 1288H :
BOA (Ottoman Archives, Istanbul) – Salnâme 1288H
→ chercher Vilayet-i Suriye / Sancak-ı Kudüs

3. Rapports religieux et missions chrétiennes

Latin Patriarchate Statistical Reports (1847–1914)

  • Donnent les chiffres pour les catholiques latins et orientaux.

  • En 1896, les franciscains estiment 

    • Juifs : 28 000

    • Musulmans : 8 560

    • Chrétiens (toutes confessions) : 7 000

Source : Louis Cheikho (SJ), Annuaire de la Terre Sainte, (revue al-Machriq), accessible via : Bibliothèque orientale, Université Saint-Joseph, Beyrouth

4. Statistiques de voyageurs (tournant 19e–20e)

Henry Kendall, 1914 (représentant britannique)

  • En 1914 

    • Juifs : 45 000

    • Musulmans : 12 000

    • Chrétiens : 15 000

Source : Cité in Schölch, Alexander. Jerusalem in the 19th Century Google Books (extrait)

5. Données résumées par les historiens avec références primaires

Yehoshua Ben-Arieh – Jerusalem in the 19th Century: The Old City, 1984

  • Historien israélien, base son travail sur 

    • Salnâme ottomans

    • Archives du Patriarcat grec

    • Statistiques juives (Hevrah Kaddisha de Jérusalem)

  • Soit :

    • 1839 : 5 000 juifs

    • 1846 : 7 000 juifs sur 15 000 hab.

    • 1896 : juifs majoritaires à Jérusalem

Source : Livre sur Google Books

Synthèse dans des publications avec données primaires citées

Justin McCarthy, The Population of Palestine (1990)
  • D'après archives ottomanes et européennes

  • Pour Jérusalem, détaille les années 1867, 1905, 1914

 Accès : Extraits sur JSTOR et Version PDF (via bibliothèques académiques ou WorldCat)

Annexes : cartes et chiffres

Carte démographique de 1914 (Ottoman Census)

Récapitulatif

Date     ~Estimation totale Juifs   MusulmansChrétiens
1840        15 0007 000   4 0004 000
1870        25 00012 000   8 0005 000
1896        43 56028 000   8 5607 000
1914        70 00045 000 12 00015 000

 II - Méthode turque ottomane de recensement

Sous l’Empire ottoman, les recensements organisés par millets, c’est-à-dire par confession, et non par appartenance ethnolinguistique. Les données administratives ne distinguaient pas entre musulmans arabes et turcs, ni entre juifs séfarades, ashkénazes ou mizrahim.

1. Recensements ottomans : classification confessionnelle - millet

Les recensements de 1831, 1881–1882, 1905, et 1914 classent les individus selon :

  • leur religion (musulman, chrétien, juif, etc.)

  • leur sexe, parfois leur état matrimonial

  • leur lieu de résidence

  • leur profession ou rang fiscal (dans certains cas)

  • Aucune mention d’ethnicité ou de langue 

Registre de 1905 (BOA, recensement du Sandjak de Jérusalem, NFS.d..2184/1)
Repris en partie dans : Karpat, K. H. Ottoman Population 1830–1914 (1985), chap. 2 et 5. Aperçu sur Google Books

2. Ébauches de recensements linguistiques – cas exceptionnels

Bien qu’ils ne soient pas généralisés,:

  • des enquêtes linguistiques locales réalisées par des consuls ou des orientalistes

  • des rapports du Patriarcat grec ou du Patriarcat latin mentionnant les langues parlées (ex. : grec, arabe, ladino, judéo-arabe, etc.)

Rapport de 1898 du Père Barnabé Meistermann, mission franciscaine :

"Les juifs de Jérusalem se répartissent en deux grandes familles linguistiques : les Séfarades, parlant l'espagnol ou l’arabe, et les Ashkénazes, parlant le yiddish ou l’allemand." Cité dans : Lagrange, École biblique de Jérusalem (1900)

Remarque - Langue dialectale du ladino prise par facilité pour arabe ? 

3. Cartes ethno-confessionnelles de l’administration mandataire (1922–1931)

Mixant Arabe et musulman -Faisant de tout musulman un Arabe, le recensement britannique de 1922 

  • Religion

  • Langue maternelle

  • Nationalité déclarée (citoyenneté ottomane résiduelle, ou autre)

  • Cependant, une note jointe indique une estimation des Arabes (72 898), non comprises en catégorie "musulmans" et "chrétiens" - La classification polythéiste n'existe pas-

Source directe : Palestine Census of 1922, Government of Palestine PDF complet in – Israel State Archives

4. Études dérivées avec estimations ethniques rétrospectives

Des chercheurs modernes (Ben-Arieh, Cohen, McCarthy) ont reconstitué des profils ethniques approximatifs par croisements

  • les noms dans les registres fiscaux

  • les langues utilisées dans les écoles et les missions

  • les lieux d’origine mentionnés dans les registres rabbiniques ou consulaires

Yehoshua Ben-Arieh (1984), Jerusalem in the 19th Century: The Old City, pp. 54–82

III  - Arabes de Jérusalem et du Sandjak de Jérusalem

L’Empire ottoman ne reconnait pas d'"ethnie arabe" comme catégorie administrative ou statistique dans la région, pour plusieurs raisons doctrinales, juridiques et politiques.

De même, les Britanniques dans leur but politique gommera dans les conclusions qu'ils en tirent toutes les origines, langues, ethnies regroupées en particulier concernant les musulmans sous l'appellation généraliste d'arabe.

1. Le système ottoman de classement non-ethnique

L’Empire ottoman classait ses sujets selon :

  • Millet = communauté de religion, uniquement monothéiste

  • Non selon leur ethnie, langue, ou nation d’origine

  • Le terme « Arap » (عرب) était réservé à certains groupes nomades et bédouins (souvent péjoratif ou marginalisé dans l'administration puisque refusant le contact et recensement) - Arabe est réservé au nomadisme, cela indique qu'il considère les Arabes en nomades et non pas en habitants sédentaires. Ils ne sont pas recensés mais estimés.

Dans le cas où un Arabe acceptait de se laisser recenser -ce qui reste douteux jusqu'en 1920, selon l'analyse géographique française, un musulman arabe de Jérusalem pouvait être recensé en "musulman" dans le cas seulement où il s'y serait plié de bon gré, sans que se puisse savoir son origine - L'Arabe sédentaire n'est plus que musulman, s'il s'inscrit.

Conséquence - Hormis, les grands clans propriétaires terriens dûment enregistrés, bénéficiaires notamment en tant qu'officiers turcs ottomans (al husseini, etc.), la minorité des Arabes passe inaperçu, d'autant que moins nombreux que la majorité juive et chrétienne à Jérusalem. Cependant, les musulmans deviennent des arabes.

2. L’inexistence d’un groupe ethnique "arabe" identifié 

Compte tenu des dates de conquête arabe de 636 et en 969 de leur éviction par les Fatimides, puis nouvelles expulsions et massacres arabes et musulmanes par les Croisés en 1099, les trois tribus plus connues dans la région sans pouvoir être considérées précisément en colonies de peuplement n'ont pas pu se développer.

Seules des tribus arabes hachémites du Hedjaz n'ont pu revenir dans la région orientale palestinienne qu'à partir de 1919 de la présence britannique, puis de l'établissement de l'Emirat dans le Mandat SDN Ouest en 1922.

Jusqu’au XXe siècle :
  • Il n’existe aucune catégorie ethnique "Arabe" dans les documents administratifs ottomans ou européens concernant la population de Jérusalem 

  • Le terme arabe réservé à des tribus nomades, semi sédentaires, groupes de la steppe, bédouins du Néguev, du Hauran

  • Minorité incontrôlée - Fuyant les agents de recensement, ils ne figurent pas parmi les musulmans, comme dit en plusieurs sources primaires et études démographiques critiques. Une partie importante des Arabes nomades (bédouins) et certains paysans (fellahin) des marges rurales de la région de Jérusalem, échappaient aux recensements ottomans pour des raisons à la fois politiques, fiscales et culturelles. 

1. Refus de recensement par les concernés
Constat général dans les sources ottomanes

Les agents du recensement ottoman (en particulier après les réformes du Tanzimat à partir de 1847–1848) rencontraient de grandes résistances dans les zones 

  • tribales (Negev, Jéricho, collines de Judée)

  • rurales mal contrôlées

  • des tribus nomades (ghazzu)

Ces populations refusaient le tahrir (recensement fiscal) et nufus (recensement de population) pour échapper :

  • à la conscription militaire

  • à l’imposition foncière

  • au déplacement forcé vers des villages sédentarisés

Source  : Kemal Karpat, Ottoman Population 1830–1914 (1985), pp. 26–30, 73–79 Google Books

2. Absence dans les statistiques officielles turques musulmanes

Le recensement de 1871–1872 (Salnâme du vilayet de Syrie) mentionne clairement que des tribus entières du sandjak de Jérusalem ne sont pas incluses, notamment :

  • les bédouins du district de Beersheba

  • les tribus de Beni Sakhr, Tiyaha, Hanajira, etc.

Ces Arabes, bien que musulmans pour certains, ne figurent pas dans la catégorie "musulmans" recensés, ce qui fausse toutes les représentations que nous avons pu examiner.

Source ottomane : BOA, DH.SAİD.d.1-3
Étude synthétique : Alexander Schölch, Palestine in Transformation, 1856–1882, dans The Jerusalem Quarterly, no. 8, 1978

4. Reconnaissance explicite de cette absence par les Britanniques en 1922

  • Les Arabes n'ont pas cessé subitement de fuir l'administration à l'arrivée du Mandat SDN.UK
  • Le recensement britannique de 1922 reconnaît 

"A considerable number of nomadic or semi-nomadic Arabs were not enumerated, especially in the southern district of Beersheba." - En note, précisé leur nombre estimé-

Nous avons constaté qu'il n'en est pas donné les considérations culturelles qui s'imposent, de se considérer partout souverains sur leurs routes, qu'ils ne sont pas que sunnites mais souvent polythéistes (méfiants envers tout monothéisme) et parfois chrétiens, voire polythéistes.

Contradiction et amalgame artificiel - Quant à l'estimation finalement retenue, que nous devons souligner de 72 898 Arabes environ, il est indiqué que non dénombrés parmi les musulmans sunnites mais il est laissé entendre que tous les musulmans sunnites assimilables à des Arabes.

5. Conclusion 

Catégorie de population ottomaneRecenséeMotif d’exclusion éventuel
Juifs urbains (séfarades, ashkénazes, samaritains)OuiFortement surveillés par les consuls étrangers et registres communautaires
Chrétiens (orthodoxes, latins, arméniens…)OuiInscrits via les églises et taxés
Musulmans sédentaires de toutes ethnies sauf...Oui
Arabes bédouins musulmans & al.NonRefus du recensement, nomadisme, insoumission culturelle, fiscale et militaire

A savoir les tribus repérées

I. Tribus arabes non recensées sous l’Empire ottoman (19e – début 20e s.)

Districts de Jérusalem (Kudüs-ü Şerif) et de Beersheba (Birüssebi), Vilayet de Syrie puis Mutasarriflik de Jérusalem autonome

Nom de la tribuTypeLocalisation (approximative)Recensement ottomanCommentaire
Tiyāha (التيّاهة)BédouineSud et est de BeershebaExclueRefus de sédentarisation, résistance fiscale
Hanājira (الحناجرة)Bédouine sédentarisée partielleNord du Néguev, Gaza-BersabéepartielRecensée partiellement après 1910
Tarābīn (الترابين)Bédouine nomadeSud de Gaza, vers le SinaïNonSouvent rattachée au Sinaï, pas aux sandjaks ottomans
‘Azāzmeh (العزازمة)Bédouine semi-nomadeNéguev central (Arad, Dimona)NonNon soumis à l’autorité ottomane directe
Jahālin (الجهالين)Bédouine déplacéeEst de Jérusalem, vers JérichoNonSédentarisation tardive sous le mandat britannique
Sawārka (السواركة)Bédouine transfrontalièreGaza – Wadi el-ArishNonEntre Palestine ottomane et Égypte
Bani Saqr / Beni Sakhr (بني صخر)BédouineEst du Jourdain, mais actifs dans la régionNonTribu puissante refusant tout contrôle ottoman

Sources primaires et secondaires

1. Salnâme ottoman du Vilayet de Syrie (1288 H / 1871–72)

  • Ces registres n’incluent pas les tribus mais parfois les districts géographiques

  • Le sandjak de Jérusalem est listé mais aucune tribu n’est numériquement détaillée

BOA – Archives ottomanes d’Istanbul Référence : Salnâme-i Vilâyet-i Suriye 1288 H.

Accès : Archives ottomanes (site officiel) Chercher via l’index « Kudüs » ou « Suriye Vilayeti » dans les années 1288–1300 H

2. Kemal Karpat – Ottoman Population 1830–1914 (1985)

  • Donne des précisions sur les populations non recensées volontairement, en particulier :

    • Bédouins du sud de la Palestine

    • Refus de recensement, en lien avec l’évitement de la conscription

Google Books : https://books.google.com/books?id=AKI0zQEACAAJ

3. Census of Palestine 1922 – British Mandate

  • Le rapport reconnaît explicitement l’omission y compris des Bédouins du district de Beersheba, en précisant que leur nombre est estimé et non dénombré

No attempt was made to enumerate the nomadic tribes in the Beersheba Sub-District. Their number has been estimated…” 

Version complète (PDF) : Palestine 1922 Census – Israel State Archives Voir pp. 2–3 de l’introduction générale.

4. Alexander Schölch – Palestine in Transformation 1856–1882

  • Étudie les migrations arabes et la faible emprise ottomane sur les tribus du sud

  • Note que les recensements ottomans ne sont pas fiables, faute de contrôle administratif

Article dans Jerusalem Quarterly, No. 8, 1978 https://www.palestine-studies.org/en/node/39417

5. W. M. Watt & Pierre Cachia – The Bedouin Tribes of Palestine

Conclusion

Sous l’Empire ottoman jusqu'en 1922 -la nationalité reste suspendue jusqu'en 1924-

Les tribus bédouines arabes de la région de Jérusalem et Beersheba n’étaient pas recensées dans les catégories "musulmans" 
Le recensement par millet n’intégrait que les populations sédentaires fiscalement enregistrées
Le nomadisme arabe implique que celui-ci n'est pas propriétaire et n'est pas forcément originaire de la région géographique palestinienne
Les Arabes chrétiens peut être plus recensés par leurs églises 
Nulle part de recensement d'Arabes polythéistes

IV  - Estimations

1. Tyrwhitt Drake (1875)

Palestine Exploration Fund list of Bedouin tribes living West of the River Jordan in 1875, listed from the Dead Sea up to the Sea of Tiberias
Tyrwhitt Drake – Palestine Exploration Fund. Quarterly Statement for 1875. Page 28

2. Vital Cuinet (1896)

La Syrie, la Palestine et la Cilicie. Description géographique, statistique et administrative, publiée d'après les documents officiels de l'Empire ottoman

  • Cuinet a été chargé par le ministère français des Affaires étrangères de dresser une description détaillée des provinces ottomanes.

  • Il travaille avec l’accord du gouvernement ottoman, mais reconnaît explicitement l’imprécision et le caractère incomplet des recensements, notamment en ce qui concerne les Bédouins et les Arabes non sédentaires.

  • Il déplore l'impossibilité d’obtenir des données fiables dans plusieurs sandjaks (dont celui de Jérusalem), à cause du refus des autorités ottomanes ou de l’absence de données valables.

"Les tribus arabes du sud de la Palestine ne figurent pas dans les statistiques ; on les ignore dans les documents officiels, leur chiffre est donc purement estimatif."

Accès au document intégral : Bibliothèque numérique de l’Université de Lausanne (Faculté des lettres) https://www.e-periodica.ch/digbib/view?pid=geo-001%3A1896%3A1#3 Version complète sur Gallica (BnF) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1047046

3. Les villes et leurs habitants, déportations, afflux, reflux, Jaffa, Jérusalem
"Djemal change son attitude envers les Juifs et commence à les persécuter par crainte d'un "complot juif mondial"]. Ainsi et pour le reste de la Première Guerre mondiale, il réprimera brutalement toutes les activités nationalistes, juives comme arabes et syriens[4]. Il promulgue des décrets sévères tels que le recrutement forcé des sujets ottomans non musulmans à l'armée turque qui leur est hostile, l'internement ou l'expulsion des Juifs d'origine russe vers la Russie, comme les socialistes et sionistes Yitzhak Ben-Zvi et David Ben Gourion qui parvient à s'enfuir. Il interdit l'emploi de l'hébreu, il évacue des colonies juives ou pille les villages, et fait déporter des colons juifs de Jaffa dans le désert syrien. Il fait exécuter les espions et les déserteurs..."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Djemal_Pacha
"Le 17 décembre 1914, 750 Juifs de Tel Aviv sont arrêtés, hommes, femmes et enfants pris au hasard dans les rues et internés en Egypte dans des conditions épouvantables. Certains, comme David Ben Gourion, arrivent à s’enfuir aux USA mais la plupart des Juifs du Yishuv sont pris au piège et leur vie devient un enfer. L’emploi de l’hébreu est interdit, les Shomerim* sont arrêtés et exécutés, les villages pillés. La famine fait son apparition, aggravée encore par une invasion de sauterelles. Pour leur venir en aide, les Juifs américains créent le Joint* à l’initiative de Henri Morgenthau, ambassadeur des USA à Istanbul et de Otis Alan Glazebrook, consul américain à Jérusalem."
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/tag/zikhron-yaakov/ 
"La déportation de Tel Aviv et de Jaffa est l'évacuation, le 6 avril 1917, de 10 000 personnes de Jaffa, y compris Tel Aviv, par les autorités de l'Empire ottoman en Palestine[1],[2]. La déportation visait principalement la population juive de la ville, avec pour résultat l'expulsion des 8 000 habitants juifs. Les civils expulsés n'ont pas été autorisés à emporter leurs biens et la déportation s'est accompagnée de graves violences, de famine, de vols, de persécutions et d'abus[3],[4],[5],[6],[7]. On pense qu'environ 1 500 personnes expulsées sont mortes des suites de la déportation[8]. (...) En décembre, ils expulsent jusqu'à 6 000 citoyens russes résidant à Jaffa (tous étaient juifs)[10]. Ils sont réinstallés à Alexandrie, en Égypte[11].(...) La déportation et la mort subséquente de tant de déportés juifs n'ont pas été correctement documentées[22]." https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9portation_de_Tel_Aviv_et_de_Jaffa

4. Analyse géographique Bernard - recensement 23 octobre 1922



Extrait de Recensement britannique du 23 octobre 1922,
cité par Augustin Bernard, Les populations de la Syrie et de la Palestine
d’après les derniers recensements, In: Annales de Géographie, t. 33, n°181, 1924. pp. 73-79


Milieu du XXème siècle

En 1946 

  • 33 680 musulmans » (20,5 %), il faut lire un ensemble multi-ethnique islamisé, et non un groupe homogène arabe. La langue dialectale véhiculaire, syriolibanaise -levantine-, n'est pas de l'arabe -comme déjà expliqué le mécanisme concernant le français-- En réalité, à Jérusalem comme ailleurs en Palestine mandataire, les musulmans regroupaient des groupes possédant leur langue vernaculaire :

  • Kurdes (familles installées depuis l’époque ayyoubide et mamelouke),

  • Tcherkesses (installés à la fin du XIXᵉ s. par l’Empire ottoman),

  • Turcs ottomans et descendants de garnisons,

  • Bosniaques (installés au XIXᵉ s.),

  • Maghrébins (descendants d’immigrés marocains, tunisiens, algériens établis autour de la mosquée Al-Aqsa),

  • Eléments berbères islamisés venus par la filière maghrébine

  • Arabes islamisés (principalement, mais pas exclusivement)Dans le recensement britannique de 1946, ils apparaissent globalement dans la catégorie « Chrétiens » (~31 330 personnes, soit 19,1 %). Mais cette rubrique est composite :

Dans le recensement britannique de 1946 -Survey of Palestine, 1946, complété par travaux de Ben-Arieh et Dumper-, la rubrique tout aussi composite des

  • Chrétiens ~31 330 personnes, soit 19,1 %
    • Grecs orthodoxes : groupe chrétien le plus important
    • Latins (catholiques romains)
    • Syriaques
    • Coptes
    • Éthiopiens
    • Protestants (Anglicans, Luthériens)
    • Arméniens apostoliques (plusieurs milliers de personnes, concentrés dans le quartier arménien de la Vieille Ville, autour de la cathédrale Saint-Jacques) - La communauté arménienne de Jérusalem est ancienne (installée dès le IVᵉ siècle). Au XIXᵉ et XXᵉ siècles, elle s’est renforcée par l’arrivée de réfugiés après le génocide arménien (1915). En 1946, leur poids démographique est estimé entre 5 000 et 6 000 personnes, soit environ 3–4 % de la population totale de Jérusalem

Jérusalem en mai 1948 avant l'agression de la coalition et la Guerre d'indépendance israélienne

  • Juifs : environ 60 % Sabras et toutes origines : séfarades, ashkénazes, yéménites, géorgiens, kurdes, persans, etc.)
  • Musulmans islamisés : environ 20 %, subdivisés en Kurdes, Tcherkesses, Maghrébins, Bosniaques, Turcs, Arabes, etc.
  • Chrétiens : environ 19 %, également pluriels, Arabes chrétiens, Arméniens, Grecs, Syriaques, Latins, Coptes, etc.

Après l'agression jordanienne du 15 mai 1948 et son occupation militaire :

Entre le 14 mai 1948 et 1949, environ 21 000 Juifs des quartiers traditionnellement juifs de Jérusalem-Est et des zones mixtes ont été chassés ou déplacés vers Jérusalem-Ouest. Dans le même temps, le secteur est de la ville occupé par le Royaume de Jordanie a vu sa population musulmane augmenter d’environ1 0 000 personnes, principalement musulmans, dont Jordaniens et déplacés, qui ont pris la nationalité jordanienne.

  • Jérusalem-Ouest - Israël,  ~84 000 habitants, 100 % juifs

  • Jérusalem-Est - Jordanie, ~70–75 000 habitants, majoritairement musulmans islamisés avec minorité chrétienne, dont ≈ 3–4 % Arméniens

  • Aucun Juif en secteur jordanien

  • Quelques centaines de musulmans sont restés dans la partie ouest de Jérusalem, principalement le quartier grec et d'autres zones où des communautés chrétiennes également présentes

Dommages notables

  • Quartier juif de la Vieille Ville :

    • Le 28 mai 1948, après deux semaines de siège et de combats, la population juive du Quartier juif capitula devant la Légion arabe.

    • Environ 1 500 Juifs (hommes, femmes, enfants) furent expulsés vers Jérusalem-Ouest

    • Tous leurs biens (maisons, synagogues, commerces, institutions communautaires) furent spoliés et confisqués par les autorités jordaniennes [B. Morris, 1948, 2004].

  • Cimetières :

    • Le grand cimetière juif du Mont des Oliviers (datant de plus de 3 000 ans, environ 150 000 tombes) fut profané et détruit.

    • Pierres tombales utilisées comme matériaux de construction, routes, trottoirs, latrines militaires [Y. Ben-Arieh, Jerusalem in the 19th Century, 1986].

3. Lieux de culte détruits ou profanés

  • Pendant les 19 ans d’occupation jordanienne (1948–1967) :

    • Vieille Ville, 58 (selon certaines sources) dynamitées ou incendiées, toutes interdites de culte -Synagogue Hourva (17ᵉ siècle) : dynamitée par la Légion arabe (Synagogue Tiferet Israel : détruite) 

    • Interdiction d’accès au Mur occidental pour les Juifs, malgré les engagements de la Jordanie à l’armistice de 1949

4. Discriminations religieuses autres

  • Les chrétiens pouvaient accéder aux sanctuaires, sous restrictions.
  • Constructions et infrastructures israéliennes détruites dans la zone Est
  • Juifs tués à Jérusalem pendant guerre  2 000

  • Juifs expulsés de la Vieille Ville ≈ 1 500

  • Spoliations : tout le patrimoine juif de Jérusalem-Est confisqué

  • Interdictions : accès interdit aux Juifs à tous leurs lieux saints jusqu’en 1967

Juridiquement et logiquement, comment une annexion illégale judenrein est ensuite transmise à l’OLP ou autorité palestinienne, en même temps que la Jordanie retirait la nationalité qu’elle avait accordée aux Palestiniens ?

  1. Nature d’une annexion illégale

    • En droit international, une annexion illégale ne crée aucun titre de souveraineté valable

    • La Jordanie n’a donc jamais eu de droit légitime sur Jérusalem-Est, malgré son occupation de 1948 à 1967

  2. Nationalité jordanienne

    • Par ses lois internes (1949–1954), la Jordanie a attribué sa nationalité aux habitants arabes de Jérusalem-Est 

    • Ce geste était un acte unilatéral de droit interne jordanien 

    • En 1988, le roi Hussein a décidé de retirer cette nationalité à la majorité des Palestiniens concernés, en même temps qu’il annonçait le désengagement 

  3. « Transmission » à l’OLP ou à l’Autorité palestinienne

    • Puisque la Jordanie n’avait pas de titre légal sur ces territoires, elle n’a rien pu transmettre juridiquement

    • Ce n'est que renoncer à ses prétentions et déclarer reconnaître l’OLP comme seul représentant du peuple palestinien.

    • Il s’agit d’un transfert politique de rôle représentatif prétendu possédé de la continuité du mandat SDN /UK, nul transfert légal de souveraineté

  4. Contradiction évidente

    •  Il y a bien une contradiction si l’on suppose que la Jordanie passait un flambeau juridique : l’annexion étant nulle

    • Récapitulé,

      • Nationalité : donnée unilatéralement, retirée unilatéralement

      • Souveraineté : jamais acquise légalement, intransmissible

      • OLP/Autorité palestinienne : reconnue en représentante politique, non bénéficiaire d’un droit transmis par la Jordanie

Sources :

Loi jordanienne n° 56 (1949) sur l’union de la Cisjordanie avec la Jordanie.

Loi jordanienne sur la nationalité de 1954.

Discours du roi Hussein, 31 juillet 1988, texte officiel : [The Jordan Times archives / UN records].

Avi Shlaim, The Politics of Partition, Oxford University Press, 1990

Eugene Kontorovich, Unrecognized annexations and their implications (American Journal of International Law, 2017).

  • Absence de mécanismes internationaux de restitution :
    Contrairement à l’Allemagne nazie (pour laquelle les Alliés ont imposé des réparations et Israël a signé un accord d’indemnisation en 1952), aucune force internationale n’a imposé à la Jordanie une obligation comparable
    Le droit humanitaire de l’époque (Conventions de La Haye, 1907 ; Conventions de Genève, 1949) prévoyait certaines protections, mais sans mécanisme pratique de compensation après 1948

  • Refus arabe de négocier :
    Le sommet arabe de Khartoum (1967) a adopté les « trois non » (pas de paix, pas de reconnaissance, pas de négociations). La Jordanie et les États arabes ont refusé d’entrer dans tout cadre bilatéral qui aurait pu inclure restitution ou indemnisation

  • Situation inversée par la guerre de 1967 :
    Quand Israël a repris Jérusalem-Est en juin 1967, le fait accompli de l’occupation jordanienne a pris fin brutalement. À partir de là, Israël a restauré ou reconstruit certaines synagogues (ex. Hourva) mais n’a jamais obtenu de réparations de la Jordanie.

2. Conséquences juridiques

  • Biens juifs spoliés (1948–1967) 
    Tous sont restés sans indemnisation. Juridiquement, les propriétaires ou leurs descendants pouvaient théoriquement revendiquer, mais la Jordanie a fermé cette possibilité en 1948 et Israël n’a pas exigé de compensations lors du traité de paix de 1994.

  • Cimetière du Mont des Oliviers et synagogues :
    Dégradations irréversibles. Israël a réaménagé et restauré après 1967, mais sans réparation financière ni excuse officielle de la Jordanie.

3. Pourquoi Israël n’a pas exigé après 1967 ou 1994 ?

  • Choix politique : lors du traité de paix israélo-jordanien (1994), Israël a préféré sécuriser la paix et la reconnaissance mutuelle plutôt que de rouvrir le dossier de réparations, qui aurait mis le traité en péril.

  • Asymétrie avec l’accord de réparations germano-israélien (1952) : l’Allemagne de l’Ouest cherchait sa réintégration internationale et accepta des compensations ; la Jordanie, en revanche, n’était pas en position de dépendance comparable et n’a jamais été mise sous pression internationale pour indemniser

4. Conclusion 

  • Les destructions et spoliations de Jérusalem-Est (1948–1967) par la Jordanie, fait établi, n’ont donné lieu à aucune réparation pour une combinaison de raisons :

  1. illégalité de l’annexion, qui paradoxalement empêchait toute voie juridique claire de compensation,
  2. refus arabe de négocier après 1948 et 1967

  3. absence de mécanismes internationaux contraignants

  4. choix politique d’Israël en 1994 de ne pas exiger de compensations dans l’accord de paix

Sources principales :

  • B. Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War, Yale, 2008

  • Y. Ben-Arieh, Jerusalem in the 19th Century, Yad Izhak Ben Zvi, 1986

  • Avi Shlaim, The Politics of Partition, Oxford UP, 1990

  • Traité de paix Israël–Jordanie 1994, texte officiel

Synthèse chiffrée (ordre de grandeur)

  • Biens immobiliers spoliés (quartier juif, maisons, institutions) : 2–3 milliards USD actuels.

  • Synagogues détruites (58, dont Hurva et Tiferet Israël) : ≈ 100–150 millions USD.

  • Cimetière du Mont des Oliviers (150 000 tombes profanées) : équivalent symbolique ≈ 300–500 millions USD

  • Discriminations religieuses (interdiction d’accès, préjudice moral collectif) : ≈ 200–400 millions USD (sur base indemnisation collective contemporaine)

Total consolidé (fourchette réaliste) : ≈ 3 à 4 milliards USD en valeur actuelle, sans compter la valeur patrimoniale inestimable (non monétisable)

Depuis la prise de contrôle OLP, les attentats terroristes contre les civils israéliens et les déprédations continues restent également difficiles à chiffrer. 

Paragraphe spécifique aux violences féminicides - Quelques éléments de contexte sur Jérusalem-Est et Israël :

  1. Silence statistique

    • Les bases de données israéliennes (par ex. Israel Ministry of Foreign Affairs, Israel Security Agency, B’Tselem) recensent systématiquement les morts et blessés, mais ne documentent presque jamais les viols

    • Cela reflète à la fois le tabou social autour des violences sexuelles, androcides et, en particulier, des féminicides sexuels et la difficulté judiciaire de recueillir des preuves en contexte de guerre ou de terrorisme

  2. Événements attestés

    • Dans plusieurs vagues de violences (notamment en 1948, 1967

    • Pour Jérusalem-Est spécifiquement, aucune base chiffrée officielle n’existe. Les rapports mentionnent parfois des « violences sexuelles » ou « atteintes à la pudeur » dans le cadre d’attentats sans être systématiquement relevées

  3. Invisibilité propre aux féminicides en général

    • Les victimes craignent la stigmatisation

    • Les autorités privilégient l’aspect meurtre par terrorisme pour leurs statistiques sécuritaires

    • Dans le discours diplomatique, les viols sont souvent minimisés afin de ne pas déclencher d’accusations de crimes de guerre à forte charge symbolique

Nous laisserons à d'autres de faire enfin le point sur ces sujets, semble-t-il, peu étudiés avec précisions.


Fiche revue et vérifiée via GPT 2025


ANNEXE Tableaux comparatifs de dommages et réparations

  • Europe → réparations significatives, même tardives (Allemagne, Autriche, France, etc.)

  • Pays musulmans (Jordanie, Égypte, Irak, Syrie, Yémen, Libye…) → aucune réparation des spoliations et expulsions massives

  • Le cas jordanien à Jérusalem-Est reste emblématique : annexion illégale, destruction d’un patrimoine millénaire, sans indemnités


Tableau 1 – Réparations comparatives

CasType de dommagesRéparations obtenuesSans
Allemagne (Accords Luxembourg 1952)Persécutions, spoliations, destructions≈ 3 Mds DM ≈ 7 Mds USD actuels) + restitution progressive des biens + indemnités individuelles
Autriche (1950s–1960s)Biens juifs spoliés, discriminationsRestitutions partielles, indemnisations financières (lois de 1946, 1957, 1969)
France, Pays-Bas, Belgique (1945→)Biens aryanisés, comptes bancaires, œuvres d’artRestitutions et indemnisations (années 1990–2000 commissions spécifiques)
Jordanie (1948–1967)Expulsions, spoliations, destructions Quartier juif, synagogues, cimetière, interdiction d’accès≈ 3–4 Mds USD (2025), jamais indemnisés aucune restitution
Égypte (1948–1967, bande de Gaza)Expulsions juifs de Gaza, confiscations propriétés, synagogues détruitesNon indemnisés ni restitutions
Iran, Irak, Syrie,  Turquie, Yémen, Libye... (années 1940–1960)Expulsions massives de communautés juives (≈ 850 000 réfugiés) avec confiscation biensNon indemnisés; valeur actuelle estimée par World Organization of Jews from Arab Countries ≈ 250 Mds USD

Tableau 2 – Dégâts causés par la Jordanie à Jérusalem-Est (1948–1967)

CatégorieDétailsEstimation valeur 1948Estimation valeur 2025 (actualisée)Sources principales
Biens immobiliers spoliés≈ 600 maisons + institutions (Quartier juif, expulsions 1 500 personnes)≈ 10–15 M USD≈ 2–3 Mds USDJewish Quarter Rehabilitation Project; B. Morris 1948
Synagogues détruitessynagogues dynamitées ou incendiées (Hurva, Tiferet Israël…)≈ 3–5 M USD≈ 100–150 M USD (coût reconstruction)Y. Ben-Arieh; Israel MFA archives
Cimetière du Mont des Oliviers≈ 150 000 tombes profanées, pierres utilisées en voirie, latrines militaires≈ 10–15 M USD (valeur foncière + symbolique)≈ 300–500 M USD (indemnisation symbolique contemporaine)Ben-Arieh; Israel Antiquities Authority
Accès religieux interditJuifs interdits au Mur occidental, au Mont des Oliviers, aux synagoguesPréjudice immatériel (non indemnisé)≈ 200–400 M USD (par équivalence jurisprudence internationale)Armistice de 1949; UN reports
Biens culturels & bibliothèquesYeshivot, archives, rouleaux de Torah perdusValeur inestimableValeur inestimableIsrael State Archives
TOTAL consolidé≈ 25–35 M USD (1948)≈ 3–4 Mds USD (2025)


*ANNEXE ethnolinguistique ghazzu (غَزْو)

Concepts étymologiques associés à l’arabisation, la colonisation et à la conquête

Étymologie du mot ghazzu (غَزْو)

Le terme ghazzu (غزو) en arabe classique désigne l’action de partir en expédition militaire, en raid ou en razzia, notamment contre des tribus ou des communautés considérées comme infidèles ou ennemies. Il est à l’origine du mot ghazwa (غزوة, pl. ghazawāt), qui désigne les campagnes militaires de Mahomet

Racine et sens

  • Racine trilitère arabe : غ-ز-و (gh-z-w)

  • Verbe : ghazā (غزا) – il attaqua, fit une razzia

  • Nom verbal : ghazw ou ghazwu(n) (غزو) – action de piller ou de combattre

Occurrences :

  1. Pré-islamique : terme tribal désignant les razzias saisonnières entre tribus nomades de la péninsule arabique
  2. Islam classique : désigne les campagnes militaires religieuses, notamment les premières batailles de l’islam (ex. : Badr, Uhud)

  3. Usage moderne : en arabe contemporain, le mot peut désigner des invasions (ex. : غزو العراق « invasion de l’Irak »).

Sources philologiques :

  • Lane’s Arabic-English Lexicon (vol. 7, p. 2205-2206) – référence pour les sens classiques  Archive.org – lien direct vers PDF

  • Hans Wehr Dictionary of Modern Written Arabic, éd. J. Milton Cowan (4e éd., 1994), entrée « غزو »

  • Edward William Lane, Supplement, voir غزو pour les occurrences classiques dans la poésie et les hadiths.

1. Ghazw (غزو)

  • Définition : terme arabe désignant les raids militaires, les razzias ou expéditions tribales, puis islamiques.

  • Racine : غ-ز-و (gh-z-w)

  • Formes associées :

    • Ghazā (غزا) : il attaqua, fit un raid

    • Ghazwa (غزوة) : expédition du Prophète Muhammad (ex. : غزوة بدر – expédition de Badr)

    • Ghazawāt (غزوات) : pluriel des campagnes militaires islamiques

  • Évolution : terme devenu synonyme d’invasion dans l’arabe moderne (ex. غزو العراق – invasion de l’Irak)

  • Sources :

    • Lane’s Arabic-English Lexicon, vol. 7, p. 2205-2206 Archive.org

    • Hans Wehr, Dictionary of Modern Written Arabic, 4e éd.

2. Futūḥāt (فتوحات)

  • Définition : « ouvertures » ou conquêtes militaires de territoires par les premiers califes islamiques

  • Sens idéologique : terme valorisé dans l’historiographie islamique pour désigner la diffusion légitime de l’islam

3. Jihād (جهاد)

  • Sens classique : effort dans la voie divine ; lutte intérieure ou guerre sainte

    • Jihād akbar : conflit ou lutte intérieure (éthique/spirituelle)
    • Jihād asghar : guerre armée
  • Autres billets concernant la région
SAF Hélène et les garçons -Conversion d'Hélène d'Adiabène https://susaufeminicides.blogspot.com/2019/05/helene-et-les-garcons.html


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