![]() |
https://4vector.com/image-vectors/rabbit |
Il était une fois un lapin de velours, et au début il était vraiment splendide. Grassouillet et potelé, comme doit l’être un lapin ; son pelage était tacheté de blanc et noir, des moustaches faites de vraie ficelle, et ses oreilles étaient doublées de satin rose. Le matin de Noël, on l’avait assis, coincé en haut de la chaussette de Noël du petit garçon, avec un brin de houx entre les pattes, c’était d’un effet vraiment charmant.
Il y avait d’autres choses dans la chaussette, des noix et des oranges et une locomotive, et du chocolat aux amandes, et une souris mécanique mais le lapin était vraiment ce qu’il y avait de mieux. Pendant au moins deux heures, le garçon l’aima, et puis arrivèrent les tantes et les oncles, et il y eut un grand bruit de papier froissés et de déballage de paquets, et dans l’excitation de découvrir tous ces nouveaux jouets, le lapin de velours fut oublié.
Pendant longtemps, il vécut dans le placard à jouets ou sur le sol de la chambre d’enfants, et personne ne faisait vraiment attention à lui. Il était naturellement timide, et comme il était seulement fait de velours, certains des jouets – parmi ceux qui avaient le plus de valeur – le snobaient complètement. Les jouets mécaniques étaient fort supérieurs, et regardaient de haut absolument tout le monde ; ils étaient plein d’idées modernes et prétendaient être réels. La maquette de bateau, qui avait vécu deux saisons et perdu la plupart de sa peinture, modela son ton sur le leur et ne perdait jamais une opportunité de parler de ses gréements en termes techniques. Le lapin ne pouvait revendiquer une appartenance quelconque aux maquettes, car il ne savait pas que de vrais lapins puissent exister. Il pensait qu’ils étaient tous remplis de sciure comme lui, et il comprit que la sciure était vraiment passée de mode et qu’elle ne devait jamais être mentionnée dans nos cercles modernes. Même Timothy, le lion en bois articulé, qui était fait par les soldats handicapés, et qui aurait dû être plus large d’esprit, prenait des airs et prétendait avoir des connections avec le gouvernement. Entre tous ces jouets, le pauvre petit lapin finissait par se croire tout à fait banal et insignifiant, en fait, la seule personne qui était gentille avec lui se trouvait être le cheval à bascule.
Le cheval à bascule avait vécu plus longtemps qu’aucun autre dans la chambre d’enfants. Il était si vieux que sa fourrure brune était chauve par endroits et montrait les coutures en dessous, et sa queue, la plupart des poils avait été arrachés pour en faire des colliers de perles. Il était sage, car il avait vu une longue succession de jouets mécaniques arriver, tous fiers et la démarche arrogante, pour finir avec leur mécanique cassée et disparaître, et, lui, le savait bien qu’ils n’étaient que des jouets et ne deviendraient jamais autre chose. Car la magie des chambres d’enfant est très étrange et merveilleuse, et seulement les plus anciens jouets, les plus sages et expérimentés comme le cheval à bascule peuvent la comprendre.
« C’est comment d’être vrai ? » demanda le lapin un jour, alors qu’ils étaient allongés côte à côte, près de l’écran de cheminée, avant que Nana vienne nettoyer la pièce. « Est-ce que cela veut dire avoir des choses qui cliquètent à l’intérieur de soi, et avoir une clef pour les remonter ? »
« Être réel ne dépend pas de la façon dont tu es fait. », dit le cheval à bascule « C’est une chose qui t’arrive. Lorsqu’un enfant t’aime pour un long, très long moment – pas seulement jouer avec toi – mais qu’il t’aime VRAIMENT, alors tu deviens réel. »
« Cela fait-il mal ? », demanda le lapin.
« Parfois. », dit le cheval à bascule, car il était toujours honnête « Mais quand tu es réel, cela t’est égal de souffrir. »
« Cela arrive-t-il d’un coup, comme lorsque l’on est blessé ? », il demanda, « Ou peu à peu ? »
« Cela n’arrive pas d’un seul coup. », dit le cheval à bascule. « On le devient. Cela prend un long moment. C’est pourquoi cela n’arrive pas souvent aux gens qui se cassent facilement, ou ont des angles pointus, ou ceux à qui l’on doit faire bien attention. En général, le temps que tu deviennes réel, la plupart de tes cheveux auront disparu à force d’être aimé, et tes yeux tombent, et tes articulations sont toutes molles et bancales. Mais rien de cela ne compte, parce qu’une fois que tu es réel, tu ne peux être laid, sauf pour les gens qui ne comprennent pas. »
« Je suppose que tu es réel ? », dit le lapin. Et là, il souhaita soudain ne l’avoir jamais dit, car la pensée lui vint que le cheval pouvait être sensible. Mais le cheval souriait.
« L’oncle du garçon m’a rendu réel. », dit-il « C’était il y a bien longtemps, mais une fois que tu es réel, tu ne peux redevenir irréel. Cela dure pour toujours. »
Le lapin soupira. Il pensait que beaucoup de temps allait passer avant que cette magie nommé réel lui arrivât. Il rêvait de devenir réel, de savoir ce que l’on ressent, et pourtant, l’idée de vieillir et de perdre ses yeux et ses moustaches était plutôt triste. Il souhaitait le devenir sans tous ces inconforts.
Il y avait une personne appelée Nana qui dirigeait la chambre d’enfants. Parfois, elle ne s’occupait pas des jouets alentours et parfois, sans aucune raison d’ailleurs, elle se mettait à tournoyer comme un grand vent et les cachait dans des placards. Elle appelait cela « faire le ménage » et tous les jouets détestaient ça, surtout ceux en fer-blanc. Tout cela était bien égal au lapin, car quelque fut l’endroit où il était jeté, il tombait doucement.
Un soir, alors que le garçon allait se coucher, il ne pouvait trouver le chien de Chine avec lequel il avait l’habitude de dormir. Nana était pressée, et c’était vraiment trop de tracas de devoir chasser le chien de Chine à l’heure du coucher, alors, tout simplement, elle regarda autour d’elle, et voyant que la porte du placard était ouverte, elle y plongea.
« Tiens ! », dit-elle « Prends ton vieux lapin ! Il fera l’affaire et va dormir avec toi ! »
Et elle tira sur le lapin par une de ses oreilles pour le mettre dans les bras du garçon.
Cette nuit-là, et pour de nombreuses nuits à venir, le lapin de velours dormit dans le lit du garçon. Au début, il trouva cela plutôt inconfortable car le garçon le serrait vraiment très fort contre lui, et parfois même il roulait sur lui et d’autres fois il le poussait si loin sous les oreillers que le lapin pouvait à peine respirer. Et puis cela lui manquait -ces longues heures sous la lumière de la lune dans la chambre d’enfants, alors que tout était silencieux, ses conversations avec le cheval à bascule-
Mais bientôt, il apprit à aimer cela parce que le garçon avait pris l’habitude de lui parler, et qu’il lui faisait de jolis tunnels sous les draps –c’était, disait-il, comme les terriers dans lesquels de vrais lapins vivaient- Et ils avaient de chouettes jeux ensemble, à chuchoter lorsque Nana était partie souper, en laissant la lampe de nuit brûler sur le manteau de la cheminée.
Et lorsque le garçon sombrait dans le sommeil, le lapin se glissait jusqu’à son petit menton chaud et rêvait, avec les mains du garçon serrées autour de lui toute la nuit durant.
Et le temps passa, et le petit lapin était très heureux –si heureux qu’il ne remarquait même pas la façon dont sa belle fourrure de velours devenait de plus en plus terne, et sa queue qui se décousait, et tout le rose parti de son nez, là où le garçon l’avait embrassé-
Le printemps arriva, et ils passèrent de longues journées dans le jardin, et partout où le garçon allait, le lapin l’accompagnait. Il fit des promenades en brouette, et des pique-niques sur l’herbe et d’adorables huttes de fées furent construites pour lui sous les framboisiers derrière la bordure de fleur. Et même cette fois, quand le garçon dut rentrer rapidement pour sortir prendre le thé, le lapin fut laissé sur la pelouse jusque tard dans la nuit, et Nana dut sortir pour le chercher à la bougie parce que le Garçon ne pouvait pas dormir s’il n’était pas avec lui. Il était tout humide de rosée et plutôt terreux après avoir crapahuté dans les terriers que le garçon avait fait pour lui dans le massif de fleur, et Nana grommelait tout en le frottant avec un coin de son tablier.
« Alors comme ça tu dois avoir ton vieux Lapin ! », dit-elle « Jamais vu une telle comédie pour un jouet ! »
Le petit garçon s’assit dans le lit et tendit ses mains. « Donne-moi mon lapin ! » », dit-il. « Tu ne dois pas dire ça. Ce n’est pas un jouet. Il est REEL ! »
Lorsque le lapin entendit cela il fut heureux, car il sut que ce que le cheval à bascule avait dit venait enfin d’arriver. Il avait été touché par la magie de la chambre d’enfants et il n’était plus un jouet. Il était Réel. C’est le garçon qui l’avait dit.
Cette nuit-là il fut presque trop heureux pour dormir, et il y avait tant d’amour qui frémissait dans son petit cœur en sciure qu’il en éclata presque. Et au fond de des yeux en boutons de bottines, qui avaient perdu leur brillant il y a fort longtemps, il y avait un regard de sagesse et de beauté tel que même Nana l’aperçut le jour suivant en le ramassant, et dit « J’affirme que ce vieux lapin a la tête de quelqu’un qui en sait long ! »
Ce fut un été merveilleux !
Près de la maison où ils habitaient il y avait un bois, et durant les longs soirs de juin le garçon aimait à y aller après le thé pour jouer. Il prenait le lapin de velours avec lui et avant de partir à l’aventure pour cueillir des fleurs, ou jouer aux bandits de grand chemin entre les arbres, il fabriquait d’abord un petit nid pour le lapin, quelque part au milieu des fougères, un endroit où il serait bien installé, car c’était un gentil petit garçon qui aimait à ce que lapin se sente bien. Un soir, alors que le lapin était allongé là seul, regardant les fourmis qui couraient dans l’herbe entre ses pattes de velours, il vit deux êtres étranges se glisser près de lui.
C’était des lapins, comme lui, mais avec beaucoup de fourrure et tout neuf. Ils avaient dû être très bien conçus car leurs coutures ne se voyaient absolument pas, et ils changeaient de forme d’une drôle de manière, lorsqu’ils bougeaient. Une minute ils étaient longs et minces et celle d’après les voilà gros et potelés, au lieu de tout le temps rester égal à eux même ainsi qu’il le faisait. Ils se déplaçaient à pas feutrés et ils rampèrent tout près de lui, remuant leurs nez, pendant que le lapin les examinait pour trouver d’où sortait le mécanisme, car il savait à présent que les gens qui sautent ont en général quelque chose pour les remonter. Mais il ne pouvait le voir.
De toute évidence, il s’agissait d’un nouveau modèle de lapin.
Ils l’observaient, et le petit Lapin observait en retour. Et durant tout ce temps leurs petits nez frétillaient.
« Pourquoi ne te lèves-tu pas pour venir jouer avec nous ? », demanda l’un d’eux. « Je n’ai pas envie », dit le lapin, qui ne voulait pas avouer qu’il n’avait pas de mécanisme.
« Hop là ! » dit le lapin à l’épaisse fourrure « C’est aussi simple que cela ! » Et il fit un énorme saut de côté, et se dressa sur ses jambes de derrière.
« Moi, je crois que tu ne peux pas ! », dit-il.
« Je peux ! », dit le petit lapin « Je peux sauter plus haut que n’importe quoi ! » Il le pouvait, quand c’était le garçon qui le lançait très fort en l’air, mais bien sûr, il ne voulait pas le dire.
« Peux-tu sauter sur tes jambes de derrière ? « demanda le lapin sauvage.
C’était une question terrible, car en fait, le lapin de velours n’avait pas du tout de pattes arrière !
Son derrière était fait d’un seul morceau, comme un coussin à épingles. Il restait assis sans bouger dans les fougères, espérant que les autres lapins ne verraient rien.
« C’est que je ne veux pas. », dit-il à nouveau.
Mais les lapins sauvages ont de très bons yeux. Et celui-ci tendit son cou pour regarder.
« Il n’a pas de pattes arrière ! », et il s’exclama « Imagine, un lapin sans pattes arrière ! » Et il se mit à rire.
« J’en ai ! » pleura le petit Lapin « J’ai des pattes arrière ! Je suis assis dessus ! »
« Alors étends les et montre les moi, comme ça ! », dit le lapin sauvage. Et il se mit à tournoyer tout autour et à danser, jusqu’à faire tourner la tête du petit lapin.
« Je n’aime pas beaucoup danser », dit-il. « J’aime autant rester assis ! »
Et pourtant il avait envie de danser, car un drôle de petit chatouillis qu’il ne connaissait pas passait à travers lui, et il sentit qu’il donnerait tout au monde pour être capable de sauter partout comme ces lapins le faisaient.
L’étrange lapin s’arrêta soudain de danser et s’approcha tout près. Il vint si près cette fois que ses longues moustaches frôlèrent l’oreille du lapin de velours, et là, il plissa soudain son nez et aplatit ses oreilles et fit un bond en arrière.
« Il ne sent pas bon ! », et il s’exclama « Ce n’est pas un vrai lapin ! Il n’est pas réel ! »
« Je suis réel », dit le petit lapin, « Je suis réel ! C’est le garçon qui l’a dit ! » Et il faillit se mettre à pleurer.
A ce moment-là, il y eut un bruit de pas, et le garçon passa près d’eux en courant, et avec une tape du pied et un éclair de queue blanche les deux lapins disparurent.« Reviens jouer avec moi ! » appela le petit lapin.
« Oh reviens ! Je sais que je suis réel ! »
Mais il n’y eut aucune réponse, seulement les petites fourmis qui couraient çà et là, et les fougères qui tremblaient doucement là où les deux étrangers étaient passés. Le lapin de velours était tout seul.
« Ma foi ! », pensa-t-il. « Pourquoi ont-ils disparu ainsi ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas s’arrêter pour me parler ? ».
Durant un long moment, il resta très calme, regardant les fougères, espérant les voir revenir. Mais ils ne revinrent jamais, et le soleil descendit encore plus bas et les petits moucherons blancs sortirent en voletant, et le garçon revint le rapporter à la maison.
Les semaines passèrent, et le petit lapin devint bien vieux et usé, mais le garçon l’aimait tout autant. Il l’aimait si fort qu’il fit tomber ses moustaches à force de tendresse, que la doublure rose de ses oreilles en devint grise, et que ses taches brunes fanèrent. Il commença même à perdre ses formes, et il ne ressemblait plus guère à un lapin, à part pour le garçon. Pour lui, il était toujours aussi beau, et c’était tout ce qui importait au petit lapin. Cela lui était bien égal, ce que les autres pensaient de son aspect, parce que la magie de la chambre d’enfant l’avait rendu réel, et lorsque l’on est réel, l’usure ne compte pas.
Et puis, un jour, le garçon tomba malade.
Son visage devint très rouge, et il parlait dans son sommeil, et son petit corps était si chaud qu’il brûlait le lapin lorsqu’il le serrait contre lui. De drôle de gens allaient et venaient dans la chambre d’enfant, et une lumière brûlait toute la nuit et pendant tout ce temps, le petit lapin de velours resta là, bien caché sous les draps, et jamais il ne bougeait car il craignait que s’ils le trouvent, quelqu’un l’emporte au loin, et il savait que le garçon avait besoin de lui.
Ce fut une longue période d’ennui, car le garçon était trop malade pour jouer, et le petit lapin trouvait cela bien ennuyeux de ne rien faire de toute la journée. Mais il restait blotti patiemment, en attendant avec impatience le temps où le garçon serait à nouveau en forme, et où ils pourraient sortir dans le jardin entre les fleurs et les papillons et jouer à des jeux formidables dans les fourrés de framboisiers, tout comme ils le faisaient avant. Il imaginait toutes sortes de choses délicieuses, et tandis que le garçon somnolait à demi, il se glissait sur l’oreiller et les lui chuchotait à l’oreille. Enfin la fièvre baissa, et le garçon alla mieux. Il était capable de s’asseoir dans son lit et de regarder des livres d’images, pendant que le petit lapin se lovait contre son flanc.
Enfin, un jour, ils le laissèrent se lever et s’habiller. C’était une belle matinée ensoleillée et les fenêtres étaient grandes ouvertes. Ils avaient transporté le garçon enveloppé d’un châle sur le balcon, et le petit lapin resta emmêlé dans les draps à réfléchir. Le garçon devait aller au bord de la mer le lendemain. Tout était arrangé, à présent, il ne restait plus qu’à exécuter les ordres du médecin. Ils en parlèrent alors que le petit lapin se trouvait sous les draps, avec juste sa tête qui sortait, et qui écoutait. La chambre devait être désinfectée, et tous les livres et les jouets avec lesquels le garçon avait joué lorsqu’il était alité devaient être brûlés.
« Hourrah ! » pensait le petit lapin. « Demain nous allons à la mer ! »
Car le garçon avait souvent parlé du bord de la mer, et il avait très envie de voir les grosses vagues rouler, et les minuscules crabes, et les châteaux de sable. A cet instant, Nana le vit.
« Et pour son vieux lapin ? », dit-elle.
« Cela ? » dit le docteur.
« Mais c’est un tas de germes de la scarlatine ! Brûlez-le tout de suite. Quoi ? Quelle absurdité ! Achetez-lui en un nouveau ! Il ne doit plus toucher à celui-là ! ».
Et c’est ainsi que le petit lapin fut mis dans un sac avec le vieux livre d’images et tout un tas de déchets, puis porté jusqu’au bout du jardin derrière le poulailler. C’est un endroit parfait pour faire un grand feu, mais le jardinier était trop occupé pour s’en occuper aussitôt. Il devait déterrer les pommes de terre et récolter les petits pois, mais il promit de se lever tôt le lendemain et de brûler le tout.
Cette nuit, le garçon dormit dans une chambre différente, et il avait un nouveau lapin pour dormir avec lui. C’était un lapin splendide, tout en peluche blanche avec de vrais yeux de verre, mais le garçon était trop excité pour s’en soucier vraiment. Car le lendemain il se rendait au bord de la mer, et c’était en soi une chose si merveilleuse qu’il ne pouvait penser à rien d’autre.
Et tandis que le garçon dormait, rêvant de la plage, le petit lapin gisait à côté du vieux livre d’images dans le coin derrière le poulailler, et il se sentait très seul. Le sac avait été laissé ouvert, et en se tortillant un peu, il parvint à sortir sa tête par l’ouverture et à regarder dehors. Il tremblait un peu, car il avait toujours eu l’habitude de dormir dans un vrai lit, et à ce moment sa fourrure était devenu si fine et rare à force d’avoir été câliné que ce n’était plus une protection pour lui.
Près de lui, il pouvait voir le fourré des framboisiers, qui poussaient dru comme une jungle tropicale, dans son ombre il avait joué avec le garçon. Il pensa à ces longues heures ensoleillées dans le jardin -comme ils étaient heureux alors !- et une grande tristesse l’envahit. Il lui semblait les revoir passer devant lui, chacune plus belle que l’autre, les cabanes de fées dans les parterres de fleurs, les tranquilles soirées dans les bois lorsqu’il était allongé dans les fougères et que les petites fourmis couraient sur ses pattes ; ce jour merveilleux où il comprit pour la première fois qu’il était réel. Il pensa au cheval de bois, si sage et gentil, et à tout ce qu’il lui avait raconté. A quoi cela servait-il d’être aimé, et de perdre sa beauté et de devenir réel si c’était pour finir de cette façon ? Et une larme, une vraie larme roula de son petit nez de velours rose usé et tomba sur le sol.
C’est là qu’une étrange chose se produisit. Car à l’endroit où la larme était tombée une fleur sortit du sol, une fleur mystérieuse, pas du tout semblable à celles qui poussaient dans le jardin. Elle avait de fines feuilles vertes de la couleur des émeraudes, et au milieu des feuilles, une fleur en bouton semblable à une coupe d’or. C’était si beau que le petit lapin en oublia de pleurer, et resta là à la regarder. Et soudain, la fleur s’ouvrit et une fée en sortit. C’était la plus mignonne fée du monde entier. Sa robe était de perles et de gouttes de rosée, et il y avait des fleurs autour de son cou et dans ses cheveux, et son visage était comme la plus parfaite de ces fleurs. Alors elle s’approcha du petit lapin et le prit dans ses bras et l’embrassa sur son nez de velours rose qui était tout humide d’avoir pleuré.
« Petit lapin », dit-elle : « Ne sais-tu pas qui je suis ? »
Le lapin leva les yeux pour la regarder, et il lui semblait bien avoir déjà vu son visage, mais il ne pouvait se rappeler où.
« Je suis la fée de la magie de la chambre d’enfant », dit-elle. « Je prends soin de tous les jouets que les enfants ont aimé. Une fois vieux et abîmés et lorsque les enfants n’en ont plus besoin, alors je viens et je les emporte avec moi pour les rendre réels. ».
« Mais n’étais-je pas déjà réel avant ? », demanda le petit lapin.
« Tu étais réel aux yeux du garçon » : dit la fée « Car il t’aimait. Mais à présent tu seras réel pour tout le monde. ».
Et elle tint le petit lapin bien serré dans ses bras et vola avec lui dans les bois. C’était plus lumineux à présent car la lune s’était levée. Toute la forêt était magnifique et les crosses des fougères scintillaient comme de l’argent dépoli. Dans la clairière, entre les troncs des arbres, les lapins sauvages dansaient avec leurs ombres sur l’herbe semblable à du velours mais lorsqu’ils virent la fée, ils s’arrêtèrent net et formèrent un cercle pour mieux la regarder.
« Je vous ai amené un nouveau compagnon de jeu » dit la fée. « Vous devez être très gentil avec lui et lui apprendre tout ce qu’il a besoin de savoir au pays des lapins car il va vivre avec vous pour toujours et à jamais ! »
Et elle donna de nouveau un baiser au petit lapin et le déposa sur l’herbe. « Cours et joue, petit lapin ! », dit-elle.
Mais le petit lapin resta assis bien tranquille un long moment et ne bougeait pas d’un pouce. Car lorsqu’il vit tous ces lapins sauvages danser autour de lui, il se rappela soudain ses pattes de derrière, et il ne voulait pas qu’ils voient qu’il était fait d’un seul morceau. Il ne savait pas que lorsque la fée lui avait donné un dernier baiser, elle l’avait complètement transformé. Et il aurait pu rester là très longtemps, trop timide pour oser bouger, si à cet instant quelque chose ne s’était pas mis à chatouiller son nez et avant qu’il ait le temps de penser à ce qu’il faisait, il se retrouva en train de se gratter avec sa patte arrière. Et c’est là qu’il réalisa qu’il possédait des pattes arrière !
Au lieu du velours sombre, il avait un beau pelage de fourrure brune, douce et brillante, ses oreilles bougeaient toutes seules, et ses moustaches étaient si longues qu’elles touchaient le sol. Il fit un bond et la joie de se servir de ses pattes de derrière était si grande qu’il se mit à bondir sur le gazon, sautant de côté et tourbillonnant comme les autres le faisaient, et il devint si excité que lorsque, enfin, il s’arrêta pour chercher la fée elle était partie. Enfin il était un vrai lapin, à la maison avec les autres lapins.
L’automne passa et l’hiver, et durant le printemps, lorsque les jours redevinrent chauds et ensoleillés, le garçon sortit pour jouer dans les bois derrière la maison. Alors qu’il jouait, deux lapins sortirent des fourrés et lui jetèrent un coup d’œil. L’un des deux était complètement brun mais l’autre avait d’étranges marques, comme si longtemps avant il y avait eu des tâches, et que l’on pouvait encore les distinguer dessous. Et quelque chose, sur son petit nez rose et ses yeux noirs et ronds, lui semblait familier, à tel point que le garçon pensa :
« Mais il ressemble exactement à mon vieux lapin que j’ai perdu lorsque j’ai eu la scarlatine ! ».
Mais il ne sut jamais qu’il s’agissait vraiment de son lapin, qui était revenu voir le garçon qui, le premier, l’avait aidé à devenir réel.
Si vous vous êtes attaché au lapin, vous pouvez sauter en savoir plus sur le reste de sa vie : http://www.planete-jeunesse.com/fiche-2843-lapin-de-velours-le.html
Notre traduction initialement publiée par nous sur Etoiles Digitales https://etoilesdigitales.wordpress.com/2017/12/14/le-lapin-de-velours/ Suite https://etoilesdigitales.wordpress.com/2018/01/06/le-lapin-de-velours-2/
![]() |
Anonyme - Lapin végétal |
- THE Velveteen Rabbit OR HOW TOYS BECOME REAL by Margery Williams
Illustrations by William Nicholson DOUBLEDAY & COMPANY, INC. Garden City New York To Francesco Bianco from The Velveteen Rabbit
List of Illustrations - Christmas Morning - The Skin Horse Tells His Story- Spring Time - Summer Day - Anxious Times - The Fairy Flower - A Last! At Last!
![]() |
Margery Williams VELVETEEN RABBIT 1ère édition 12ème impression Couverture rigide New York Doubleday & Company. Illustrations de William Nicholson. 1922 |
HERE was once a velveteen rabbit, and in the beginning he was really splendid. He was fat and bunchy, as a rabbit should be; his coat was spotted brown and white, he had real thread whiskers, and his ears were lined with pink sateen. On Christmas morning, when he sat wedged in the top of the Boy’s stocking, with a sprig of holly between his paws, the effect was charming.
There were other things in the stocking, nuts and oranges and a toy engine, and chocolate almonds and a clockwork mouse, but the Rabbit was quite the best of all. For at least two hours the Boy loved him, and then Aunts and Uncles came to dinner, and there was a great rustling of tissue paper and unwrapping of parcels, and in the excitement of looking at all the new presents the Velveteen Rabbit was forgotten.
![]() |
Christmas Morning |
For a long time he lived in the toy cupboard or on the nursery floor, and no one thought very much about him. He was naturally shy, and being only made of velveteen, some of the more expensive toys quite snubbed him. The mechanical toys were very superior, and looked down upon every one else; they were full of modern ideas, and pretended they were real. The model boat, who had lived through two seasons and lost most of his paint, caught the tone from them and never missed an opportunity of referring to his rigging in technical terms. The Rabbit could not claim to be a model of anything, for he didn’t know that real rabbits existed; he thought they were all stuffed with sawdust like himself, and he understood that sawdust was quite out-of-date and should never be mentioned in modern circles. Even Timothy, the jointed wooden lion, who was made by the disabled soldiers, and should have had broader views, put on airs and pretended he was connected with Government. Between them all the poor little Rabbit was made to feel himself very insignificant and commonplace, and the only person who was kind to him at all was the Skin Horse.
The Skin Horse had lived longer in the nursery than any of the others. He was so old that his brown coat was bald in patches and showed the seams underneath, and most of the hairs in his tail had been pulled out to string bead necklaces. He was wise, for he had seen a long succession of mechanical toys arrive to boast and swagger, and by-and-by break their mainsprings and pass away, and he knew that they were only toys, and would never turn into anything else. For nursery magic is very strange and wonderful, and only those playthings that are old and wise and experienced like the Skin Horse understand all about it.
« What is REAL? » asked the Rabbit one day, when they were lying side by side near the nursery fender, before Nana came to tidy the room. « Does it mean having things that buzz inside you and a stick-out handle? »
« Real isn’t how you are made, » said the Skin Horse. « It’s a thing that happens to you. When a child loves you for a long, long time, not just to play with, but REALLY loves you, then you become Real. »
« Does it hurt? » asked the Rabbit.
« Sometimes, » said the Skin Horse, for he was always truthful. « When you are Real you don’t mind being hurt. »
« Does it happen all at once, like being wound up, » he asked, « or bit by bit? »
« It doesn’t happen all at once, » said the Skin Horse. « You become. It takes a long time. That’s why it doesn’t happen often to people who break easily, or have sharp edges, or who have to be carefully kept. Generally, by the time you are Real, most of your hair has been loved off, and your eyes drop out and you get loose in the joints and very shabby. But these things don’t matter at all, because once you are Real you can’t be ugly, except to people who don’t understand. »
« I suppose you are real? » said the Rabbit. And then he wished he had not said it, for he thought the Skin Horse might be sensitive. But the Skin Horse only smiled.
![]() |
The Skin Horse Tells His Story |
« The Boy’s Uncle made me Real, » he said. « That was a great many years ago; but once you are Real you can’t become unreal again. It lasts for always. »
The Rabbit sighed. He thought it would be a long time before this magic called Real happened to him. He longed to become Real, to know what it felt like; and yet the idea of growing shabby and losing his eyes and whiskers was rather sad. He wished that he could become it without these uncomfortable things happening to him.
There was a person called Nana who ruled the nursery. Sometimes she took no notice of the playthings lying about, and sometimes, for no reason whatever, she went swooping about like a great wind and hustled them away in cupboards. She called this « tidying up, » and the playthings all hated it, especially the tin ones. The Rabbit didn’t mind it so much, for wherever he was thrown he came down soft.
One evening, when the Boy was going to bed, he couldn’t find the china dog that always slept with him. Nana was in a hurry, and it was too much trouble to hunt for china dogs at bedtime, so she simply looked about her, and seeing that the toy cupboard door stood open, she made a swoop.
« Here, » she said, « take your old Bunny! He’ll do to sleep with you! » And she dragged the Rabbit out by one ear, and put him into the Boy’s arms.
That night, and for many nights after, the Velveteen Rabbit slept in the Boy’s bed. At first he found it rather uncomfortable, for the Boy hugged him very tight, and sometimes he rolled over on him, and sometimes he pushed him so far under the pillow that the Rabbit could scarcely breathe. And he missed, too, those long moonlight hours in the nursery, when all the house was silent, and his talks with the Skin Horse. But very soon he grew to like it, for the Boy used to talk to him, and made nice tunnels for him under the bedclothes that he said were like the burrows the real rabbits lived in. And they had splendid games together, in whispers, when Nana had gone away to her supper and left the night-light burning on the mantelpiece. And when the Boy dropped off to sleep, the Rabbit would snuggle down close under his little warm chin and dream, with the Boy’s hands clasped close round him all night long.
And so time went on, and the little Rabbit was very happy–so happy that he never noticed how his beautiful velveteen fur was getting shabbier and shabbier, and his tail becoming unsewn, and all the pink rubbed off his nose where the Boy had kissed him.
Spring came, and they had long days in the garden, for wherever the Boy went the Rabbit went too. He had rides in the wheelbarrow, and picnics on the grass, and lovely fairy huts built for him under the raspberry canes behind the flower border. And once, when the Boy was called away suddenly to go out to tea, the Rabbit was left out on the lawn until long after dusk, and Nana had to come and look for him with the candle because the Boy couldn’t go to sleep unless he was there. He was wet through with the dew and quite earthy from diving into the burrows the Boy had made for him in the flower bed, and Nana grumbled as she rubbed him off with a corner of her apron.
![]() |
Spring time |
« You must have your old Bunny! » she said. « Fancy all that fuss for a toy! »
The Boy sat up in bed and stretched out his hands.
« Give me my Bunny! » he said. « You mustn’t say that. He isn’t a toy. He’s REAL! »
When the little Rabbit heard that he was happy, for he knew that what the Skin Horse had said was true at last. The nursery magic had happened to him, and he was a toy no longer. He was Real. The Boy himself had said it.
That night he was almost too happy to sleep, and so much love stirred in his little sawdust heart that it almost burst. And into his boot-button eyes, that had long ago lost their polish, there came a look of wisdom and beauty, so that even Nana noticed it next morning when she picked him up, and said, « I declare if that old Bunny hasn’t got quite a knowing expression! »
That was a wonderful Summer!
Near the house where they lived there was a wood, and in the long June evenings the Boy liked to go there after tea to play. He took the Velveteen Rabbit with him, and before he wandered off to pick flowers, or play at brigands among the trees, he always made the Rabbit a little nest somewhere among the bracken, where he would be quite cosy, for he was a kind-hearted little boy and he liked Bunny to be comfortable. One evening, while the Rabbit was lying there alone, watching the ants that ran to and fro between his velvet paws in the grass, he saw two strange beings creep out of the tall bracken near him.
They were rabbits like himself, but quite furry and brand-new. They must have been very well made, for their seams didn’t show at all, and they changed shape in a queer way when they moved; one minute they were long and thin and the next minute fat and bunchy, instead of always staying the same like he did. Their feet padded softly on the ground, and they crept quite close to him, twitching their noses, while the Rabbit stared hard to see which side the clockwork stuck out, for he knew that people who jump generally have something to wind them up. But he couldn’t see it. They were evidently a new kind of rabbit altogether.
![]() |
Summer time |
They stared at him, and the little Rabbit stared back. And all the time their noses twitched.
« Why don’t you get up and play with us? » one of them asked.
« I don’t feel like it, » said the Rabbit, for he didn’t want to explain that he had no clockwork.
« Ho! » said the furry rabbit. « It’s as easy as anything, » And he gave a big hop sideways and stood on his hind legs.
« I don’t believe you can! » he said.
« I can! » said the little Rabbit. « I can jump higher than anything! » He meant when the Boy threw him, but of course he didn’t want to say so.
« Can you hop on your hind legs? » asked the furry rabbit.
That was a dreadful question, for the Velveteen Rabbit had no hind legs at all! The back of him was made all in one piece, like a pincushion. He sat still in the bracken, and hoped that the other rabbits wouldn’t notice.
« I don’t want to! » he said again.
But the wild rabbits have very sharp eyes. And this one stretched out his neck and looked.
« He hasn’t got any hind legs! » he called out. « Fancy a rabbit without any hind legs! » And he began to laugh.
« I have! » cried the little Rabbit. « I have got hind legs! I am sitting on them! »
« Then stretch them out and show me, like this! » said the wild rabbit. And he began to whirl round and dance, till the little Rabbit got quite dizzy.
« I don’t like dancing, » he said. « I’d rather sit still! »
But all the while he was longing to dance, for a funny new tickly feeling ran through him, and he felt he would give anything in the world to be able to jump about like these rabbits did.
The strange rabbit stopped dancing, and came quite close. He came so close this time that his long whiskers brushed the Velveteen Rabbit’s ear, and then he wrinkled his nose suddenly and flattened his ears and jumped backwards.
« He doesn’t smell right! » he exclaimed. « He isn’t a rabbit at all! He isn’t real! »
« I am Real! » said the little Rabbit. « I am Real! The Boy said so! » And he nearly began to cry.
Just then there was a sound of footsteps, and the Boy ran past near them, and with a stamp of feet and a flash of white tails the two strange rabbits disappeared.
« Come back and play with me! » called the little Rabbit. « Oh, do come back! I know I am Real! »
But there was no answer, only the little ants ran to and fro, and the bracken swayed gently where the two strangers had passed. The Velveteen Rabbit was all alone.
« Oh, dear! » he thought. « Why did they run away like that? Why couldn’t they stop and talk to me? »
For a long time he lay very still, watching the bracken, and hoping that they would come back. But they never returned, and presently the sun sank lower and the little white moths fluttered out, and the Boy came and carried him home.
Weeks passed, and the little Rabbit grew very old and shabby, but the Boy loved him just as much. He loved him so hard that he loved all his whiskers off, and the pink lining to his ears turned grey, and his brown spots faded. He even began to lose his shape, and he scarcely looked like a rabbit any more, except to the Boy. To him he was always beautiful, and that was all that the little Rabbit cared about. He didn’t mind how he looked to other people, because the nursery magic had made him Real, and when you are Real shabbiness doesn’t matter.
And then, one day, the Boy was ill.
His face grew very flushed, and he talked in his sleep, and his little body was so hot that it burned the Rabbit when he held him close. Strange people came and went in the nursery, and a light burned all night and through it all the little Velveteen Rabbit lay there, hidden from sight under the bedclothes, and he never stirred, for he was afraid that if they found him some one might take him away, and he knew that the Boy needed him.
It was a long weary time, for the Boy was too ill to play, and the little Rabbit found it rather dull with nothing to do all day long. But he snuggled down patiently, and looked forward to the time when the Boy should be well again, and they would go out in the garden amongst the flowers and the butterflies and play splendid games in the raspberry thicket like they used to. All sorts of delightful things he planned, and while the Boy lay half asleep he crept up close to the pillow and whispered them in his ear. And presently the fever turned, and the Boy got better. He was able to sit up in bed and look at picture-books, while the little Rabbit cuddled close at his side. And one day, they let him get up and dress.
It was a bright, sunny morning, and the windows stood wide open. They had carried the Boy out on to the balcony, wrapped in a shawl, and the little Rabbit lay tangled up among the bedclothes, thinking.
The Boy was going to the seaside to-morrow. Everything was arranged, and now it only remained to carry out the doctor’s orders. They talked about it all, while the little Rabbit lay under the bedclothes, with just his head peeping out, and listened. The room was to be disinfected, and all the books and toys that the Boy had played with in bed must be burnt.
« Hurrah! » thought the little Rabbit. « To-morrow we shall go to the seaside! » For the boy had often talked of the seaside, and he wanted very much to see the big waves coming in, and the tiny crabs, and the sand castles.
Just then Nana caught sight of him.
« How about his old Bunny? » she asked.
« That? » said the doctor. « Why, it’s a mass of scarlet fever germs!–Burn it at once. What? Nonsense! Get him a new one. He mustn’t have that any more! »
![]() |
Anxious Times |
And so the little Rabbit was put into a sack with the old picture-books and a lot of rubbish, and carried out to the end of the garden behind the fowl-house. That was a fine place to make a bonfire, only the gardener was too busy just then to attend to it. He had the potatoes to dig and the green peas to gather, but next morning he promised to come quite early and burn the whole lot.
That night the Boy slept in a different bedroom, and he had a new bunny to sleep with him. It was a splendid bunny, all white plush with real glass eyes, but the Boy was too excited to care very much about it. For to-morrow he was going to the seaside, and that in itself was such a wonderful thing that he could think of nothing else.
And while the Boy was asleep, dreaming of the seaside, the little Rabbit lay among the old picture-books in the corner behind the fowl-house, and he felt very lonely. The sack had been left untied, and so by wriggling a bit he was able to get his head through the opening and look out. He was shivering a little, for he had always been used to sleeping in a proper bed, and by this time his coat had worn so thin and threadbare from hugging that it was no longer any protection to him. Near by he could see the thicket of raspberry canes, growing tall and close like a tropical jungle, in whose shadow he had played with the Boy on bygone mornings. He thought of those long sunlit hours in the garden–how happy they were–and a great sadness came over him. He seemed to see them all pass before him, each more beautiful than the other, the fairy huts in the flower-bed, the quiet evenings in the wood when he lay in the bracken and the little ants ran over his paws; the wonderful day when he first knew that he was Real. He thought of the Skin Horse, so wise and gentle, and all that he had told him. Of what use was it to be loved and lose one’s beauty and become Real if it all ended like this? And a tear, a real tear, trickled down his little shabby velvet nose and fell to the ground.
And then a strange thing happened. For where the tear had fallen a flower grew out of the ground, a mysterious flower, not at all like any that grew in the garden. It had slender green leaves the colour of emeralds, and in the centre of the leaves a blossom like a golden cup. It was so beautiful that the little Rabbit forgot to cry, and just lay there watching it. And presently the blossom opened, and out of it there stepped a fairy.
She was quite the loveliest fairy in the whole world. Her dress was of pearl and dew-drops, and there were flowers round her neck and in her hair, and her face was like the most perfect flower of all. And she came close to the little Rabbit and gathered him up in her arms and kissed him on his velveteen nose that was all damp from crying.
« Little Rabbit, » she said, « don’t you know who I am? »
The Rabbit looked up at her, and it seemed to him that he had seen her face before, but he couldn’t think where
« I am the nursery magic Fairy, » she said. « I take care of all the playthings that the children have loved. When they are old and worn out and the children don’t need them any more, then I come and take them away with me and turn them into Real. »
« Wasn’t I Real before? » asked the little Rabbit.
« You were Real to the Boy, » the Fairy said, « because he loved you. Now you shall be Real to every one. »
![]() |
The Fairy Flower |
And she held the little Rabbit close in her arms and flew with him into the wood.
It was light now, for the moon had risen. All the forest was beautiful, and the fronds of the bracken shone like frosted silver. In the open glade between the tree-trunks the wild rabbits danced with their shadows on the velvet grass, but when they saw the Fairy they all stopped dancing and stood round in a ring to stare at her.
« I’ve brought you a new playfellow, » the Fairy said. « You must be very kind to him and teach him all he needs to know in Rabbit-land, for he is going to live with you for ever and ever! »
And she kissed the little Rabbit again and put him down on the grass.
« Run and play, little Rabbit! » she said.
But the little Rabbit sat quite still for a moment and never moved. For when he saw all the wild rabbits dancing around him he suddenly remembered about his hind legs, and he didn’t want them to see that he was made all in one piece. He did not know that when the Fairy kissed him that last time she had changed him altogether. And he might have sat there a long time, too shy to move, if just then something hadn’t tickled his nose, and before he thought what he was doing he lifted his hind toe to scratch it.
And he found that he actually had hind legs! Instead of dingy velveteen he had brown fur, soft and shiny, his ears twitched by themselves, and his whiskers were so long that they brushed the grass. He gave one leap and the joy of using those hind legs was so great that he went springing about the turf on them, jumping sideways and whirling round as the others did, and he grew so excited that when at last he did stop to look for the Fairy she had gone.
He was a Real Rabbit at last, at home with the other rabbits.
« Why, he looks just like my old Bunny that was lost when I had scarlet fever! »
But he never knew that it really was his own Bunny, come back to look at the child who had first helped him to be Real.
This book has been put on-line as part of the BUILD-A-BOOK Initiative at the http://digital.library.upenn.edu/women/williams/rabbit/rabbit.html
Celebration of Women Writers - Initial text entry and proof-reading of this book were the work of John Mark Ockerbloom and Mary Mark OckerbloomIllustrations may vary somewhat in size, color, and placement from the origina
- Fondamentaux de cet ethnoblognote
Groupe 2011 Pour la reconnaissance des féminicides en droit
Partie I ¡Féminicides! http://susaufeminicides.blogspot.fr/2011/11/feminicides-definis.html
Partie II ¿Androcides? http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/androcides.html
Statut à établir http://susaufeminicides.blogspot.fr/2013/08/salon-de-demoiselles.html
Cartographie http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/cest-de-la-carte-tentative-darticle.html
Estimations et recensements http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/combien.htmlPour citer cette ressource et base de données, mentionner votre date de consultation sous la forme (consulté le x … 20…) Auteur : Christine Gamita Droits d'auteur : Creative Commons by-nc-sa 3.0 FR Tout usage toile ou papier hors ce cadre sera passible de poursuites - Reproduction autorisée à condition de citer les liens © Copyright- Toute citation de cet article doit être de contexte, précise, avec date de version, blog "Thémis - Haro sur les fémincides et androcides dans le monde" http://susaufeminicides.blogspot.fr le lien exact du document & id. en cas d'usage du logotype montage photographique "Eradication des féminicides - Larmes de sang" CGMD © Christine Gamita Tous droits réservés illimités international- Unauthorized use and/or duplication of this material without express and written permission from this blog’s author and/or owner is strictly prohibited. Excerpts and links may be used, provided that full and clear credit is given to "Thémis - Haro sur les fémincides et androcides dans le monde" http://susaufeminicides.blogspot.fr with appropriate and specific direction to the original content. However, no link is to be reproduced on slanderous motives and/or miscategorization. Therefore, before any use of network Tools such as scoop-it or pinterest & so, the author’s permission is required. Il est essentiel lors de toute utilisation de cette production ou partie de cette production de préciser la source : le lien et l’auteure de l’article, ponctuation adéquate encadrant la citation -entre guillemets- et dans son contexte, sans distorsion ni manipulation ( article L122-5, du code de la propriété intellectuelle) . La permission formulée et explicite de l’auteure est également exigée. De la même manière, concepts, termes et approches empruntés à l’auteure du blog doivent être mentionnés comme tels- références adéquatesEn vertu du code de la propriété intellectuelle stipulant à l’article L121-1,‘ L’auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son oeuvre Ce droit est attaché à sa personne. Il est perpétuel, inaliénable et imprescriptible. Castellano Castellano(España) Català Dansk Deutsch English Esperanto français Galego hrvatski Indonesia Italiano Lietuvių Magyar Melayu Nederland
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire