Allégorie de la grammaire, 1650, National Gallery de Londres - Laurent de la Hire[I1] |
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Allégorie de la Grammaire, bibliothèque capitulaire, Le Puy-en-Velay**[I2] |
"Le premier de tous les «arts», par lequel s’ouvre la théorie des connaissances, est celui de la grammaire. Et le savant jésuite d’expliquer que celle-ci est en effet « la plus basse des connoissances »: formule qu’il ne faut pas prendre au sens propre, mais qui signifie qu’en tant qu’organisatrice du discours, la grammaire constitue effectivement le soubassement nécessaire de tous les autres champs du savoir." http://histoire-du-livre.blogspot.fr/2012/12/chez-les-jesuites-de-lyon.html
- Où l'on voit le danger de l'injustice de mettre du "patriarcat" là où il n'y en aurait pas. Le moins égalitaire des deux genres grammaticaux serait plutôt l'intensif marqué, et sa mise en avant par "l'inclusive" montre s'il le fallait qu'elle n'est pas aussi égalitaire que ses prophètes le clament. Le genre grammatical intensif, marqué, dit féminin, des deux en trois le plus discriminant, et le "e" n'en étant que parfois la marque-
Déclaration du 10 juin 1984 - Autres extraits - "En revanche, le genre dit couramment « féminin » est le genre marqué, ou intensif. Or, la marque est privative. Elle affecte le terme marqué d’une limitation dont l’autre seul est exempt. À la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux être animés, institue entre les sexes une ségrégation. Il en résulte que pour réformer le vocabulaire des métiers et mettre les hommes et les femmes sur un pied de complète égalité, on devrait recommander que, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit « féminin » - en français, genre discriminatoire au premier chef - soient évités ; et que, chaque fois que le choix reste ouvert, on préfère pour les dénominations professionnelles le genre non marqué. (...) En français, la marque du féminin ne sert qu’accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. La distribution des substantifs en deux genres institue, dans la totalité du lexique, un principe de classification, permettant éventuellement de distinguer des homonymes, de souligner des orthographes différentes, de classer des suffixes, d’indiquer des grandeurs relatives, des rapports de dérivation, et favorisant, par le jeu de l’accord des adjectifs, la variété des constructions nominales... Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur." https://www.academie-francaise.fr/actualites/la-feminisation-des-noms-de-metiers-fonctions-grades-ou-titres-mise-au-point-de-lacademie#:~:text=Les%20professeurs%20Georges%20Dum%C3%A9zil%20et,distinction%20entre%20m%C3%A2le%20et%20femelle.
Redit ici - Le français aujourd'hui - Extrait - "L’Académie française, qui n’avait pas été consultée, fait part de ses réserves dans une déclaration préparée par Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss. Elle dénonce en particulier le contresens linguistique sur lequel repose l’entreprise : il convient de rappeler que le masculin est en français le genre non marqué et peut de ce fait désigner indifféremment les hommes et les femmes ; en revanche, le féminin est appelé plus pertinemment le genre marqué, et « la marque est privative. Elle affecte le terme marqué d’une limitation dont l’autre seul est exempt. À la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux êtres animés, institue entre les deux sexes une ségrégation. » Aussi la féminisation risque-t-elle d’aboutir à un résultat inverse de celui qu’on escomptait, et d’établir, dans la langue elle-même, une discrimination entre les hommes et les femmes." http://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/le-francais-aujourdhui
- 3 décembre 1998, Discours sur l’état de la langue 1998, Séance publique annuelle -
Extrait "Où a commencé ce mouvement revendicatif de la féminisation du langage ? Aux États-Unis. Par qui a-t-il été lancé ? Par les associations féministes américaines. Il a, par proximité géographique, gagné d’abord le Canada, puis débordé sur l’Europe, principalement l’Europe du Nord. N’entend-on pas réclamer ici et là, qu’on modifie le titre de la Déclaration des droits de l’homme ?
Ne lit-on pas, dans une recommandation du Conseil de l’Europe, « que le sexisme dont est empreint le langage en usage dans la plupart des états membres... constitue une entrave au processus d’instauration de l’égalité entre les femmes et les hommes du fait qu’il occulte l’existence des femmes qui sont la moitié de l’humanité » ?
Tout ce qui est risible n’est pas dérisoire. Notre vocabulaire de la finance, du voyage, de la publicité est déjà encombré de trop d’emprunts détestables pour que, en plus, les modes d’Outre-Atlantique, relayées par les démagogies électoralistes, ne viennent dénaturer nos grammaires, ce qui serait bien pire.
Rappelons-nous les reproches de Bossuet au Dauphin, dont il était le précepteur : « Vous parlez maintenant contre les lois de la grammaire ; alors vous mépriserez les préceptes de la raison. Maintenant vous placez mal les paroles ; alors vous placerez mal les choses. »
Dans ce sens il y a fort à faire, reconnaissons-le. Cette citation d’un de nos plus grands ancêtres, je la rapprocherai du mot d’un autre de nos prédécesseurs, celui-là tout proche, Jean Cocteau. Un jour, il eut cette illumination : « Le drame de notre époque, dit-il, c’est que la bêtise s’est mise à penser." http://www.academie-francaise.fr/discours-sur-letat-de-la-langue-seance-publique-annuelle-2
21 mars 2002 - Extrait - "Académie française déplore les dommages que l’ignorance de cette doctrine inflige à la langue française et l’illusion selon laquelle une grammaire « féminisée » renforcerait la place réelle des femmes dans la société. (...) Comme l’Académie française le soulignait déjà en 1984, l’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché." http://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation-des-noms-de-metiers-fonctions-grades-et-titres
10 octobre 2014 - "1. L’Académie française n’entend nullement rompre avec la tradition de féminisation des noms de métiers et fonctions, qui découle de l’usage même : c’est ainsi qu’elle a fait accueil dans la 8e édition de son Dictionnaire (1935) à artisane et à postière, à aviatrice et à pharmacienne, à avocate, bûcheronne, factrice, compositrice, éditrice et exploratrice. Dans la 9e édition, en cours de publication, figurent par dizaines des formes féminines correspondant à des noms de métiers. Ces mots sont entrés naturellement dans l’usage, sans qu’ils aient été prescrits par décret : l’Académie les a enregistrés pourvu qu’ils soient de formation correcte et que leur emploi se soit imposé."On peut remonter à 2002 où des possibilités se sont muées en abus d'autorité - L'Académie ne fonctionne pas ainsi mais bien un régime partial :
4 mai 2017, Bloc-notes, Dire, ne pas dire, Aimons-nous "encore" la langue française ? Extrait - "... Je ne vise pas l’idéologie féministe. L’objection contre un français saccadé, muet ou fautif est strictement linguistique. C’est aux partisans de la féminisation de la langue à proposer un moyen d’y arriver qui évite cette intolérable laideur. Qui ne produise pas une langue que l’on n’aurait plus envie de parler ni d’écrire, et que les étrangers ne voudraient plus apprendre. Michael Edwards de l’Académie française" http://www.academie-francaise.fr/aimons-nous-encore-la-langue-francaise
26 octobre 2017 - Déclaration de l’Académie française sur l'écriture dite "inclusive" - extrait : "La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs. Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures." http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-sur-lecriture-dite-inclusive
[1'] Deux, trois billets de blogs qui remarquent et soulignent le faux nez du genre
[2] Elizabeth Harrington, In Britain Doctors Can No Longer Call Women ‘Mothers’ Because It’s Not ‘Inclusive’, January 30, 2017 http://freebeacon.com/issues/britain-doctors-can-no-longer-call-women-mothers-not-inclusive/
- Crédit des illustrations
- Inclusionnisme* d'écriture inclusive - Démontage des genres. Deux autres volets ouverts sur l'inclusivisme ou inclusionnisme*
- Fondamentaux de l'ethnoblog
¿Androcides? http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/androcides.html
Plus encore : http://susaufeminicides.blogspot.fr/2013/08/salon-de-demoiselles.html
Des preuves ? http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/cest-de-la-carte-tentative-darticle.html
Des chiffres ? http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/combien.html

Réaction à ce billet d'une romancière (écrivant en français neutre -ajout d'un genre grammatical neutre en plus des deux existants- et publiant une grammaire du français inclusif), à la suite de laquelle ma réponse :
RépondreSupprimer- "Alpheratz Littérature - Merci Christine. J'ai lu votre article documenté. L'analyse des genres marqué et non marqué a fait l'objet de nombreuses critiques. L'idéal aurait peut-être été de reprendre ces critiques et d'en démontrer l'invalidité. Votre vision de la langue française en aurait peut-être été servie. Le genre neutre, avec ses differentes sous catégories, me semble, au contraire, sujet à recherches et développement. La communauté linguistique francophone produit déjà des énoncés qui relèvent de ce genre selon la définition que ma grammaire du français inclusif en donne. J'ajouterais que nous n'avons pas grande leçon d'égalité à attendre de la part d'une caste qui s'arroge l'intelligence et méprise les usages questionnant les normes ("La bêtise se met à penser"). Les résistances aux "règles" (qui ne sont que des régularités soumises au gré de l'usage) sont parfois les indices "d'une meilleure concevabilité" (Moignet) qui s'exprime en langue par des "fautes" dont certaines deviennent les usages de demain.· 30 novembre, 11:15 "
- Christine Gamita - Merci qui ? (Alpheratz littérature étant anonyme) Ainsi font, font, font… N'ayant donc qu'à aller me coucher piteusement et mourir puisque parait-il je serais bien sotte, à vous lire, de ma vision de la langue française qui serait fort desservie... ? Pour lors, vous vous adjugez sur ma prose un droit de juge qui m'étonne de ce que vous reprochez par ailleurs à d'autres. L'idéal de ma recherche je le forge toute seule comme une grande fille et vous n'êtes décidément pas encore ma directrice de recherche et ne risquez pas de le devenir en grammaire ou en ethnolinguistique. D'aucune caste, non plus, je n'ai de leçons à recevoir ; pas plus d'une institution comme Madame l'Académie vert moulue que d'autres damoiselles fraîches émoulues.
RépondreSupprimerDe quelle critique à démontrer l'invalidité parlez-vous, je ne discute en rien d’être marqué ou démarqué ? Le seul genre discriminatoire reste le marqué, dit féminin -Discriminer n’étant pas un crime- Soyez sans crainte, j'ai lu tous les entretiens de la psychanalyste et linguiste Anne-Marie Houdebine décortiquant faits, gestes et dires des membres de l'Académie, et ce qui y est dit du genre marqué, et que de grande influence dans les écoles québecoises. On y voit la tension entre deux tendances, nostalgies androgyniques religieuses s’incarnant dans la langue poussant de côté les actrices sociales ?
Des leçons d'ancien français ou de bas latin ne sont pas à mon ordre du jour à la recherche du genre neutre, où l’étoile de la classe sémantique noyée en puits sans fond – Vous n’êtes pas empêchée de vous y pencher, et je me garderais pour ma part de me permettre de donner orientations de quelque sorte soient-elles à quiconque personnellement. Juste de prudence et menfoutisme de l'âge, de grand privilège.
Votre grammaire du français inclusif de nouveau lexique (« autaire de Requiem ») exige qu'inclusif fasse neutre, j'aurai un jour certainement l'occasion de l’ouvrir mais sans urgence car votre quatrième de couverture et ses « genres » ne m’inspire pas confiance – La majorité féminine n’est pas un genre et n’a pas de genre. A mélanger le processus et les catégories, on choisit l’ornière.
Vous estimez que vos "fautes" deviendraient les règles futures car Gérard Moignet de marginalités qui deviennent norme, phénomènes sociaux bien connus en d’autres thèmes. On ne vit que d'espoir.
Quant à moi, vos nouvelles régularités non surgies de l'usage et toutes émises par des idéologues et des psychanalystes ne me siéent pas et ne me séduiront jamais car elles viennent décidément en contradiction de la lutte pour les droits des femmes qui ne sont pas d'être effacées mais être à leur place en tant que population majoritaire, ni plus, ni moins.
Cependant, avez-vous bien pris le temps et la peine de saisir la portée de mon texte court car je ne vois dans votre bref commentaire aucun argument fondé contre appeler les genres extensif et intensif qui coupent l'herbe sous le pied de l'abusif slogan de grammairiens du roi.
Le masculin ne l'a jamais remporté sur le féminin, et il est donc bien inutile de chercher à exhumer le neutre, locataire (neutre ?) fantôme (féminin ?) d'un masculin trompeur.
Je vous souhaite de briller longtemps. Signé, une étoile filante, si vous le permettez.
cf. v/4e de grammaire inclusive -"... Alpheratz autaire de Requiem.. hiérarchie des genres..." (la grammaire classique étant exclusive bien évidemment ?)
"Dans tous les courants identitaires, les normes externes paraissent insupportables : c’est le pouvoir qui est en jeu, comme le souligne justement Raphaël Haddad, auteur d’un manuel inclusif. En effet, la vocation du français inclusif semble bien être de remplacer le français standard, et comme l’écrit Alphératz, auteure d’un autre manuel : « Si les manuels et les grammaires deviennent inclusives, la distorsion de la régularité risque d’affecter non plus les discours, mais aussi la langue, où la régularité (le français standard) pourrait devenir distorsion, et la distorsion (le français inclusif) régularité » ( loc. cit., p. 67)25.
RépondreSupprimerSi la dictature des identités individuelles et collectives pousse chacune à édicter ses propres normes et à s’affranchir des autres, l’incorrection et l’hypercorrection peuvent aller de pair et relever d’un même projet « révolutionnaire » conduit dans une irresponsabilité communicative. Un principe de bon plaisir militant met alors en jeu le principe de réalité : dans toute tradition culturelle, il est crucial de pouvoir établir, au sens philologique du terme, les documents à interpréter de façon à les objectiver de manière critique, et à les instituer ainsi en biens communs qui puissent être transmis. C’est précisément ce que refuse l’idéologie déconstructionniste, qui prône en la matière une incurie stratégique, en invoquant au besoin l’ouverture infinie des interprétations.
Avec la correction de la langue, qu’il s’agisse de l’orthographe, mais aussi du lexique et de la syntaxe, c’est non seulement la tradition culturelle qui est en jeu, mais aussi la culture comme mouvement international de création des œuvres artistiques ou théoriques. Or, traditionnellement, dans le courant de la déconstruction dont se recommandent les principaux théoriciens de l’inclusivisme, la culture est suspecte à divers titres et se voit accusée tantôt d’être juive, et/ou coloniale donc blanche, et/ou masculiniste. Voici par quels biais principaux.
(i) Heidegger fit d’abord cette déclaration identitaire dans son discours du rectorat : « Le monde spirituel d’un peuple n’est pas la superstructure d’une culture, non plus que l’arsenal des connaissances et des valeurs utiles, mais la puissance de la plus profonde préservation de ses forces issues de la terre et du sang »" Écriture inclusive et séparatisme linguistique
Par François Rastier, le 10 août 2020
François Rastier examine les postulats, les incohérences, les contradictions et les difficultés de l’écriture dite « inclusive ». Il montre comment ce nouveau conformisme édifie un monde de substitution en recourant à la magie incantatoire et à son corollaire moralisateur, le tabou linguistique. Ainsi, un séparatisme militant et rudement injonctif s’affirme et entend disposer exclusivement, en la pliant à ses objectifs particuliers, d’une langue qui appartient pourtant à tous ceux qui en usent." https://www.mezetulle.fr/ecriture-inclusive-et-separatisme-linguistique/
Mais aussi, la magie du verbe... "En outre, la formule inclusive est évocatoire, puisqu’elle inclurait les femmes dans le langage. Ainsi, elle fonctionne tout à la fois comme un signal dénotatif (le –e désignerait la femme), mais aussi comme un symbole magique, puisque la formule en vient à inclure ce qu’elle désigne. Le texte inclusif devient un petit monde de substitution qui révolutionne le monde injuste.
RépondreSupprimerToutefois, les femmes ne sont pas incluses pour autant, car parler de quelque chose ou de quelqu’un n’est pas l’inclure, de même que le taire n’est pas l’exclure. Nous retrouvons ici un vieil usage superstitieux du langage, le mantra évocatoire. Il s’inverse cependant dans un autre usage, celui du tabou linguistique, puisque à mesure que des formules sont prescrites, d’autres sont interdites. Par exemple une étudiante argentine déclare : « Quand je dis “todos” au lieu de “todes”, j’ai l’impression de mal faire car avec “todos”, je n’inclus pas tout le monde, alors je me corrige tout de suite » (Montoya, loc. cit.). Une fois la culpabilité reconnue par la croyante, la correction, par un barbarisme ou néologisme neutre, entraîne la suppression de la forme plurielle, jugée peccante." id. ci-dessus
Oui le genre non marqué est hautement inclusif et rassembleur. Contester cela, le tuer en somme, est terriblement clivant . C'est de plus prendre les femmes pour des idiotes.
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