28/07/19

La bataille du siècle

 Fiche synthétique

Droit positif de souveraineté

Rudolph Ackermann,Triunfo de la Independencia Americana, Londres,1825
Museo Histórico Nacional de Buenos Aires, Argentine


-Fiche II Prolongement de Fiche I SAF Khoï et San Autochtonie/Propriété/Souveraineté-


Des représentations du monde conservées en normes, leurs chefferies et monarchies de droit métaphysique s'essayent, depuis un siècle, à regagner du terrain contre les nouvelles lois de la Raison des Lumières, d'où naquit le droit positif des Etats.

Le premier système normatif reste dérivé de principes théologiques ou d’ordres naturels transcendants produits par des institutions humaines, qui les présentent à leur guise. La fermeture du groupe religieux, allant jusqu'à la xénophobie, s'affronte aux Etats nations modernes qui relèvent du pluralisme et de nations plurielles regroupées sous couvert de nationalité unique.

L'ordre des "droits naturels" n'y est plus d'émanation transcendante mais fruit d'une élaboration raisonnable éclairant également tous les individus, libres et égaux en droit de naissance, à l'opposé du modèle du fidèle soumis aux lois transcendantales imposées sans concertation et critique.

ÉlémentCosmogonieCosmologie
Sens Naissance du mondeÉtude / discours sur le monde
NatureRécit, mythe fondateurCarte conceptuelle, système organisé
FonctionExplication de l'origineExplication de la structure et l’ordre
TemporalitéFondamentalement passée, fondatriceActuelle, cyclique ou éternelle
Type de savoirMythique, sacré, métaphysiqueSacré, philosophique ou scientifique
Exemple typeGenèse biblique, Enuma ElishCosmologie médiévale, cosmologie hopi

Une cosmogonie donne généralement naissance à une cosmologie* (voir en ANNEXE I, ci-bas) précisions)

Tableau comparatif d'opposition des deux logiques 

Critères juridiques et politiquesRes publica (modèle classique ou moderne)État islamique (soumis à la charia)
Fondement de la loiDroit positif humain, modifiableLoi divine révélée, inamendable
SouverainetéPeuple souverain (demos), volonté généraleDieu souverain, délégation à un chef, shaman, ayatollah, calife, mufti, émir ou faqih
Légitimité du pouvoirPar contrat social, élections, consentementPar piété, filiation prophétique, ou compétence religieuse
Principe de légalitéSéparation des pouvoirs, lois votéesUnité du pouvoir, droit religieux supra-étatique
Droits individuelsDroits universels (égalité, liberté de conscience, etc.)Droits conditionnels, différenciés selon sexe, origines, religion, etc.
Statut des non-croyantsCitoyens égaux en droitsDhimmis (inférieurs), athées et apostats persécutés ou condamnés
Statut des femmesÉgalité de principe en droitsStatut inférieur dans les libertés, l’héritage, le témoignage, le veuvage, liberté, etc.
Évolution des loisRéformes possibles par délibérationTaqiyah, Ijtihād toléré mais toujours limité
Place de la religion dans l'ÉtatNeutralité ou pluralisme religieuxReligion d’État, droit islamique contraignant
Nature du lien politiqueHorizontal, citoyen à citoyenVertical, fidèle à souverain religieux
  • Le récit de création selon lequel un dieu sépare le ciel de la terre (cosmogonie) fonde ensuite une cosmologie tripartite (ciel / terre / monde souterrain), avec des implications rituelles, politiques ou sociales (rôle des chefs, des prêtres, des chamans…).

Dualisme et "Droit négatif" - non dans le sens technique moderne (droits-libertés) mais dans un sens philosophico-politique. Les cosmologies sacrées relèvent d’un régime hétéronome de droit coutumier, où l’individu n’est pas source du droit mais soumis à une loi révélée ou transcendante.

Déisme versus humanisme - Ce système, bien qu’opérant d'une normativité, nie la centralité de l’individu au profit d’un ordre métaphysique, cosmique ou divin. En ce sens, il s’oppose à la philosophie du droit moderne fondée sur l’autonomie de la personne et les droits du sujet, ou subjectifs.

Clarification des termes :

a. Cosmologies sacrées

Il s'agit de systèmes religieux ou spirituels organisant l’univers autour d’un principe transcendant (ex. Dieu, Loi divine, Esprits, Ancêtres, Ordre cosmique), où la loi découle d’une instance supérieure, non humaine/ Exemples : droit islamique (fiqh), Halakha juive, Dharma hindou, loi naturelle dans le thomisme, etc.

b. Droit négatif (par opposition au droit positif)

En philosophie du droit :

  • Le droit positif est formulé par l’homme, inscrit dans des normes votées, appliquées par l’État

  • Le droit naturel ou sacré est souvent perçu comme extérieur au sujet, voire contraignant sans concertation ,ni négociation possible

"Droit négatif " reste un terme rare ou ambigu dans cette acception. En droit moderne, cela désigne les droits-libertés comme le droit de ne pas être entravé

  • Les cosmologies sacrées nient l’individu comme source autonome du droit

  • Il est nié à l'individu d'être sujet législateur (comme en démocratie moderne), ni détenteur d’une souveraineté morale, sauf s'il est médiateur spirite / prêtre

  • Corpsbiens, conscience de l’individu perçus comme appartenant à Dieu ou à la communauté des croyants, auxquels il ne peut se soustraire au risque de sanctions sociales et physiques

  • Le sujet restant hétéronome, dépendant d’un ordre qu’il ne peut contester

Le droit positif moderne dans sa forme rationalisée et codifiée s’est largement constitué contre le droit divin monarchique dans l’héritage de la pensée des Lumières, qui promut la Raison, la liberté individuelle et la souveraineté populaire comme fondements de la légitimité juridique. Distinctions nécessaires :

1. Définition du droit positif

Le droit positif est l’ensemble des règles juridiques en vigueur dans un État donné, édictées par une autorité humaine légitime (gouvernement, parlement, etc.) et distinctes :

  • du droit naturel (fondé sur une prétendue loi universelle inscrite dans la nature ou la raison) 

  • du droit divin (fondé sur la révélation ou la loi de Dieu)

2. Les Lumières et la critique du droit divin, ou métaphysique

Les philosophes des Lumières (17ᵉ-18ᵉ siècles) ont remis en question :

  • la monarchie de droit divin -le roi gouverne comme "lieutenant de Dieu" en son prolongement terrestre

  • l’origine transcendante de la loi divine, immuable, incontestable 

  • l’arbitraire de la volonté royale, non fondée sur la représentation du peuple

  • l'angle mort des cosmologies du "bon sauvage" ignorées -contradiction formelle et de fond-

Exemples ethnographiques de systèmes juridiques religieux « occultés » par les Lumières, faisant contradiction avec la critique du monarque de droit divin

RégionType de normativitéSource du droitAutorité légitime
InuitCosmologie animisteÉquilibre entre êtres humains et espritsAnciens & chamans
MongolieChamanisme altaïqueHarmonisation du clan avec TengriChaman / chef guerrier élu
Kanak (Nouvelle-Calédonie)Cosmogonie lignagèreAncêtres fondateurs, totemsChef coutumier / vieux clan
Amérindiens HopiCycle cosmique (Katsina)Respect des saisons et des espritsPrêtres du kiva / anciens

Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, 2005Meyer Fortes & E.E. Evans-Pritchard, African Political Systems, Oxford, 1940
Georges Balandier, Le Pouvoir sur scènes Fayard, 1980
Irving Goldman, The Cubeo Indians of the Northwest Amazon, Illinois UP, 1963

Exemples :

Montesquieu, L'Esprit des lois, 1748 : plaidoyer pour la séparation des pouvoirs et contre le despotisme 
Diderot : critique de l’intolérance religieuse et du pouvoir ecclésiastique
Rousseau, Du contrat social, 1762 : légitimité du pouvoir fondée sur la volonté générale, non sur la transmission divine

3. Passage du droit divin au droit rationnel et positif

La Révolution française et ses textes fondateurs, Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, Code civil de 1804, incarnent cette transition 

  • Souveraineté du peuple 

  • Loi comme expression de la volonté générale (article 6 de la DDHC) 

  • Fin du pouvoir monarchique absolu 

  • Définition rationnelle, codifiée, publique et accessible du droit

4. Le rôle de la codification

Le Code civil napoléonien (1804) incarne la rationalisation et la positivisation du droit : il remplace les coutumes locales, les privilèges, et les sources religieuses par un texte écrit, universel, édicté par l’État.

5. Nuances historiques

  • Le droit positif n’est pas strictement  des Lumières (le terme remonte au jus positum du Moyen Âge), mais elles l'ont refondé et légitimé autrement

  • Il existait du droit positif sous l’Ancien Régime (édits, ordonnances), cependant toujours adossé à la théologie et à l’autorité royale sacré

Le droit positif moderne dans sa forme rationalisée, codifiée, et séculière s’est largement constitué contre le droit divin monarchique, dans l’héritage de la pensée des Lumières, qui a promu la Raison, la liberté individuelle, et la souveraineté populaire comme fondements de la légitimité juridique.

Références académiques

Michel Troper, La Philosophie du droit (PUF, 1994) – lien éditeur
Norberto Bobbio, Du positivisme juridique (trad. 1999, éditions Vrin) – lien éditeur
Jean Carbonnier, Flexible droit (LGDJ, 1969, rééd.) – fiche BNF

Implications pour la philosophie du droit

  • Le Droit positif moderne suppose l’individu, l’écrit, l’État, et l’universalité — des éléments absents ou étrangers à d’autres cosmologies 

  • Il désactive la fonction sacrée de la loi, de médiation entre les mondes, terrestre et au-delà

Ceci, alors que les coutumes et traditions chamaniques, lignagères ou cosmologiques ne conçoivent pas la norme comme un outil de contrôle horizontal entre égaux (citoyens) mais en actualisation d’un ordre cosmique, qui implique verticalement et autoritairement les vivants, les morts, les esprits, les ancêtres, la nature, l’environnement, en général... La "police" de cet ordre est tenue fermement par des personnes obscurément désignées, inattaquables.

Ces dernières, dans nombre de population, exercent des pressions de divers degrés pour imposer leur droit territorial religieux au droit positif des Etats-Nations.

_____

Une population autochtone d'Afrique du Nord reste connue pour ne pas s'être investie dans le territorialisme religieux s'opposant au droit positif

Les Coptes étant un peuple autochtone non-territorialiste, qui ne mobilise ni cosmologie sacrée de type droit divin territorial, ni revendication identitaire exclusive, contrairement à d’autres groupes qui instrumentalisent le fiqh ou la umma pour contester le droit positif issu de la modernité politique.
  • Copte, du grec AigyptiosQubṭ en arabe, désignant initialement tous les Égyptiens puis exclusivement les chrétiens autochtones après l’islamisation
  • Les Coptes pratiquent le christianisme orthodoxe oriental depuis le Ier siècle
  • L’Église copte orthodoxe a été fondée selon la tradition par saint Marc à Alexandrie vers 42
(Les Coptes ne sont pas les héritiers pré monothéisme ou hénothéisme d'Akhénation, mille ans auparavant)

Les Coptes d’Égypte : autochtonie sans territorialisme, reconnaissant le droit positif

  • Les Coptes sont considérés comme les descendants directs des anciens Égyptiens christianisés à l’époque romaine, bien avant l’islamisation du pays au VIIe siècle

  • Leur langue liturgique, le copte, dérive directement de l’égyptien ancien

  • Ils représentent aujourd’hui 10 à 15 % de la population égyptienne

Absence de revendication territoriale

Contrairement à certains groupes issus du califat ottoman qui mobilisent une logique de droit divin territorial islamique, les Coptes :

  • Ne revendiquent pas de territoire propre, même dans des régions à majorité copte (Haute-Égypte, Minya, Assiout, Sohag)

  • Ne contestent pas les frontières de l’État égyptien moderne, même si l’État est largement islamisé et parfois discriminant envers eux

  • Ne revendiquent pas un droit sacré ni religieux sur la terre, leur approche étant centrée sur la liberté religieuse et l’égalité civique, en lien avec le droit positif moderne, notamment via l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP)

2. Position face au droit islamique

  • Les Coptes sont souvent les victimes du droit territorial divin (charia), notamment dans :

    • Le statut personnel (discrimination en matière de mariage, d’héritage, conversion forcée)

    • Les restrictions à la construction d’églises (souvent soumises à autorisation de l’État)

    • Les violences communautaires, rarement sanctionnées

3. Discours et stratégie

  • Les Coptes mobilisent un discours de citoyenneté et d’égalité constitutionnelle, non une narration religieuse de type djihad territorial ou "décolonisation islamique inversée"

  • L’Église copte orthodoxe, notamment sous le pape Tawadros II, rejette toute revendication séparatiste

Doctrine chrétienne et culture du martyre

Le christianisme copte valorise la résilience dans la minorité, le témoignage spirituel et le martyre, plutôt que la révolte politique ou la revendication nationaliste :

  • refus de l’usage de la force

  • acceptation de la persécution comme voie salvatrice

  • fidélité à la terre sans projet de souveraineté

  • sexe féminin, martyre augmenté

Exemple : les Coptes n’ont pas réclamé un territoire lors des printemps arabes ni durant les vagues de violence post-Morsi (2013), malgré les attaques contre des dizaines d’églises, les viols et asservissements féminicides

Les violences spécifiquement dirigées contre le sexe féminin ne visant pas les hommes et perpétrées généralement par les hommes dans un système général viriocrate, qualifiables donc de féminicides

1. Enlèvements et conversions forcées

  • Phénomène documenté depuis les années 1970,intensifié dans les années 2000 et 2010

  • Des mineures coptes (souvent entre 13 et 17 ans) sont enlevées, violées, converties de force à l’islam, et parfois mariées à des musulmans (souvent beaucoup plus âgés), parfois déjà mariés

  • Les familles qui tentent de porter plainte se heurtent souvent à l’inaction ou à la complicité de la police, qui classe l’affaire comme une "fugue amoureuse"

  • Ces actes sont justifiés par les milieux salafistes ou islamistes comme des formes de "rachat" moral ou religieux

Sources :

2. Violences sexuelles et agressions

  • Lors de troubles, émeutes ou attaques de villages chrétiens (ex. Khosous, Minya, Samalout, Imbaba…), des femmes coptes ont été violées, battues, parfois dévétues publiquement

  • Les féminicides se produisent lors d’incendies ciblés contre des maisons chrétiennes ou des églises

  • L’armée ou la police, lorsqu’elles interviennent, ne protègent pas toujours les victimes coptes, et des victimes ont été harcelées lors des dépôts de plainte

3. Assassinats et exécutions

  • Cas d’exécutions de femmes coptes par l’État islamique dans le Sinaï (2016–2017)

  • Plusieurs jeunes femmes abattues ou tuées à l’arme blanche dans les rues (notamment en Haute-Égypte) par des extrémistes islamiques au prétexte d’un "voile inapproprié" et de refus de conversion

4. Asservissement

  • Certaines jeunes filles enlevées sont gardées prisonnières dans des fermes ou maisons de salafistes, privées de tout contact avec leur famille, jusqu’à ce que leur mariage forcé soit acté

  • Ces formes de captivité ou d’exploitation sexuelle religieuse sont tolérées dans certaines régions rurales ou quartiers islamisés

Filles et femmes coptes ont été violemment visées en tant que minorité religieuse et autochtone dans un contexte islamisé, souvent sans recours judiciaire effectif - graves questions de responsabilité étatique

3. Souci de ne pas provoquer un surcroît de répression

Les élites coptes, notamment le pape Tawadros II, adoptent une ligne prudente et loyaliste envers l’État égyptien, afin :

  • d’éviter des représailles plus graves, épargner ses civils, aucuns armés

  • de maintenir l’unité nationale face aux menaces islamistes

  • d’assurer une coexistence avec la majorité musulmane mais au détriment de son nombre et survie

4. Situation géographique et démographique défavorable à une autonomie

  • Les Coptes sont répartis sur tout le territoire, avec de légères concentrations en Haute-Égypte, mais pas de territoire compact susceptible de former une base politique autonome

  • Ils représentent environ 8 à 10 % de la population (chiffres controversés car non officiels), donc minoritaires partout

5. Absence de doctrine juridique territoriale comparable à la charia

Contrairement aux groupes musulmans qui fondent leur légitimité territoriale sur la charia comme droit divin territorial (ex. Hamas, Frères musulmans, Hizb ut-Tahrir), les Coptes n’ont pas de corpus normatif territorialisé :

  • pas de code religieux imposant la souveraineté sur une terre

  • absence de volonté de substituer le droit canon copte au droit civil égyptien

Conclusion

Les Coptes d’Égypte restent un exemple significatif de peuple autochtone :

  • sans revendication territoriale séparatiste

  • sans prétention à un "droit sacré de territoire"

  • subissant un droit islamique majoritaire sans en revendiquer un concurrent

  • vivant leur autochtonie dans la sphère religieuse, non juridique ou politique

Meinardus, Otto F.A., Christian Egypt: Faith and Life, American University in Cairo Press, 2002

Stratégie de la guerre métaphysique contre le droit positif

L'affrontement avec les passés relève d'une guerre moderne symbolique, juridique parfois doublée de guerre aux mousquets et escarmouche linguistique. La stratégie juridico-politique se décline en trois tactiques majeures :

1. Narration anticoloniale inversée

  • Définition : Utilisation du vocabulaire anticolonial pour revendiquer des droits territoriaux ou identitaires, alors que les ancêtres des revendicateurs parfois colons impériaux eux-mêmes (notamment sous les califats)

  • Ex. Khoïsans  - Un exemple patent déjà abordé dans la précédente fiche synthétique comparative entre autochtonie, propriété et souveraineté nous permet de rebondir vers d'autres cieux. https://susaufeminicides.blogspot.com/2017/05/khoi-et-san.html

L'on y voit déjà la "narration inversée" ou d'appropriation sacrée qui entre en tension avec la réalité historique, ethnologique ou juridique du droit positif moderne

1. Les Zoulous face aux Khoïsans : une concurrence de sacralisation territoriale

  • Khoïsans (Khoïkhoïs & Sans), populations autochtones les plus anciennes d’Afrique australe, occupants avant les expansions bantoues (Zoulous inclus)

  • Zoulous, issus de migrations bantoues plus tardives (environ XIVe-XVIIIe s.) ont établi un royaume puissant au XIXe siècle sous Chaka. Leur implantation fut donc largement postérieure à celle des Khoïsans, conquête guerrière puis assimilation ou violence

Pourtant, dans le discours identitaire zoulou moderne, notamment en réaction à l’État post-apartheid, certains leaders zoulous ont 

  • Revendiqué un droit territorial sacré sur la base d’une légitimité guerrière ou royale (royaume zoulou de Chaka) 

  • Minimisé l'antériorité des Khoïsans, ou bien les réintégrer dans un récit de fusion (narration absorbante) en négation de leur altérité autochtone

2. Forme juridique et religieuse de la revendication zouloue

Certaines similarités stratégiques

Élément stratégiqueZoulous (non musulmans)Populations islamisées sous califat ottoman
Narration anticoloniale inverséeSe présentent comme seules victimes de la colonisation anglaise et de la république post-apartheid (ANC), en évinçant les KhoïsansSe présentent comme "décolonisés" face à Israël, l’Europe, ou les États modernes issus des traités post-WWI.
Sacralisation territorialeRevendication d’un royaume traditionnel basé sur l’héritage royal et ancestral (terre des ancêtres zoulous).Référence au waqf, au dar al-islam, ou au droit islamique du territoire.
Opposition au droit positif moderneRefus d’intégration dans le droit constitutionnel moderne (ex. tensions sur le droit foncier ou la monarchie traditionnelle)Refus du droit positif en faveur de la charia (statut personnel, statut des femmes, des minorités).
Effacement ou marginalisation d’autochtones Khoïsans invisibilisés ou folklorisésMinorités araméennes, chaldéennes Juifs du Yishouv présentés en étrangères 


Khoïsans, spoliation

- Robert Gordon & Stuart Sholto-Douglas, The Bushman Myth: The Making of a Namibian Underclass, Westview Press, 2000

Rivalité Zoulous/Khoïsans dans les droits territoriaux post-apartheid 



- Cherryl Walker, Landmarked: Land Claims and Land Restitution in South Africa, Jacana Media, 2008
- Ciraj Rassool, Khoisan revivalism and the politics of land in South Africa, in African Studies, Vol. 62, 2003

La concurrence entre Zoulous et Khoïsans s’inscrit dans une stratégie de territorialisation symbolique  sacrée, en conflit avec les principes du droit moderne constitutionnel, notamment dans les arbitrages fonciers post-apartheid ; reprenant certains traits que nous avons par ailleurs identifiés chez des acteurs musulmans : inversion coloniale, sacralisation religieuse de l’espace, effacement de l’antériorité autochtone, autres ethnies, dont hébreu.

  • Ex. Turcs de Thrace ou de Chypre se réclamant "autochtone musulmans persécutés" alors que leur présence est liée à la domination ottomane 
  • Ex. Groupes musulmans des Balkans (Bosniaques, Albanais islamisés) se présentant uniquement comme "victimes de la chrétienté impériale" sans reconnaître l’héritage ottoman

CAS d'ECOLE MUSULMAN

A défaut d'autochtonie arabe, le levier de la cosmologie sacrée

1. Autochtonie arabe de la Péninsule arabique 

1. L'exonyme "Arabe" reste une désignation linguistico-culturelle, non ethnogénétique 

  • ʿarab (عَرَب) apparaît en sémitique occidental (akkadien, puis araméen, hébreu)

  • Racine sémitique : ʿ-R-B (ע-ר-ב / ع-ر-ب).

  • Originellement applicables aux

    • populations nomades du désert ou des marges, arabāʾ en assyrien

    • mouvement et errance

Cf. Leslau, Comparative Dictionary of Semitic Languages (Harrassowitz, 1987) ;
Lane, Arabic-English Lexicon, vol. 1

La racine sémitique est ʿ-r-b (ع ر ب), attestée dès le Ier millénaire av. E. C. dans plusieurs langues sémitiques :

  • En akkadien : arabi, utilisé dans les inscriptions néo-assyriennes pour désigner des nomades de l'ouest du désert syro-arabique

  • En hébreu biblique : ʿarav (עֲרָב), désignant des régions désertiques ou les peuples y vivant

  • En araméen : ʿarabaya, désignant des tribus du désert

  • En sud-arabique ancien : on trouve des formes proches dans les inscriptions sabaïques

Le terme désigne à l’origine une condition

  • géographique : les zones désertiques, steppiques

  • socio-économique : le nomadisme ou semi-nomadisme

Grec ancien : usage d'Arabe

  • Ἄραψ / Áraps (pluriel Ἄραβες / Árabes), Hérodote (Ve siècle av. E. C.) désigne des peuples de la péninsule arabique, en transcription grecque d’un ethnonyme sémitique

  • Comme pour les "Celtes" ou les "Slaves", il n'existe pas de marqueur génétique unique ou exclusif pour les Arabes

  • Les populations dites "arabes" (aujourd’hui réparties entre le Yémen, l’Arabie, le Levant, le Maghreb) montrent des profils ADN très hétérogènes aux haplogroupes variés comme J1, J2, E1b1b, R1b, etc.

2. Arabisation ≠ Arabité biologique

  • La diffusion de la langue arabe postérieurement à l’islam (VIIe siècle) s’est faite par acculturation linguistique et religieuse, à défaut de peuplement de masse prouvé par la génétique

  • Berbères, Araméens, Coptes, Nubiens, Kurdes, Chaldéens, Juifs etc., ont été locuteurs de gélectes arabophones par islamisation ou domination, sans apport génétique majoritaire

3. Arabes préislamiques diversifiés

  • Les chroniques préislamiques distinguent entre :

    • al-‘Arab al-Bā’ida (Arabes disparus, ex. ʿĀd, Thamūd)

    • al-‘Arab al-‘Āriba (Arabes "purs", originaires du Yémen — Qaḥṭān)

    • al-‘Arab al-Musta‘riba ("arabisés", descendants d’Ismaël — ‘Adnān, en Hijaz)

Les Nabatéens ne sont pas non plus les ancêtres génétiques directs des Arabes mais furent un vecteur de transition culturelle et linguistique vers une arabité naissante, en particulier dans le nord de la péninsule Arabique.

L’arabité reste une construction, notamment linguistique, à l'opposé du cas khoïsan attesté d'autochtonie.

Sources :

- Macdonald, M. C. A. Reflections on the linguistic map of pre-Islamic Arabia. Arabian  Archaeology and Epigraphy, 2000

- Robin, C. J. L’Arabie antique de Karib’il à Mahomet, Paris, 1991

- Hoyland, R. G. 2001 Arabia and the Arabs from the Bronze Age to the Coming of Islam, Routledge

- Kitchen, A. et al. 2009

- Bayesian phylogenetic analysis of Semitic languages identifies an Early Bronze Age origin of Semitic in the Near East, Proceedings of the Royal Society B

- Haaretz, 2020 : New Genetic Study Reveals Middle Eastern Populations Are Genetically Very Divers 

Encyclopedia of Islam (Brill), art. Nabatāʾ et ‘Arab

2. Revendication d’autochtonie religieuse

En conséquence de l'impossibilité de référence à l'autochtonie :

  • Tactique : Substitution du critère ethnolinguistique ou historique par une appartenance religieuse et juridique (umma, dar al-islam) pour réclamer un statut autochtone

  • But : Délégitimer les systèmes juridiques modernes (basés sur la nation, l’individu, la citoyenneté) au profit de traditions cosmogoniques religieuses, présentées natives, authentiques, et sacrées

  • Exemple doctrinal : Doctrine d’al-walāʾ wa-l-barāʾ (fidélité et rupture), dit concept de territoire sanctuarisé (waqf islamique) appliqué à Jérusalem, Cordoue ou Sarajevo pour récupération

3. Conflit fondamental avec le droit positif

  • Principaux domaines de tension favorisés par la propagande panislamique

    • Statut personnel (mariage, héritage, polygamie) : application du fiqh contre le Code civil

    • Liberté de religion et de conscience : refus du droit d’apostasie ou de critique de l’islam

    • Égalité homme-femme et minorités : remise en question de l’égalité civile au nom du droit divin (charia)

  • Stratégie : Profiter du cadre démocratique (liberté d’association, droits culturels, droits religieux) pour introduire une logique juridique antagoniste au système

4. Réactivation stratégique du fiqh

  • Utilisation politique de traités classiques (Ibn Taymiyya, al-Māwardī, al-Ghazālī, etc.) pour justifier :

    • Le refus de l’assimilation

    • Le rejet du droit occidental (post-Lumières)

    • La construction d’un contre-système légal, souvent communautaire (tribunaux islamiques parallèles, charia councils)

  • Objectif : Définir les territoires conquis ou occupés par des musulmans dans l’histoire comme sacralisés, inaliénables, même lorsque inscrits en États modernes

Sources

- Emmanuel Todd & Youssef Courbage, Le rendez-vous des civilisations, Seuil, 2007 – analyse démographique de l’évolution islamique
- Gilles Kepel, Le Prophète et Pharaon, La Découverte, 1984 – sur les Frères musulmans et leur stratégie
- Hillel Fradkin, The Muslim Brotherhood, the West, and the question of modernity, Current Trends in Islamist Ideology, Hudson Institute
- Mathieu Guidère, Atlas géopolitique de l’islamisme, Autrement, 2015
- Bassam Tibi, Islamism and Islam, Yale University Press, 2012 –distinction entre islam et islamisme politique-
- Shmuel Trigano, La nouvelle question juive, Denoël, 2011 – sur l’instrumentalisation de l’antisionisme

Territoires européens colonisés visés par le territorialisme religieux

-stratégie de reconquête (référence à waqf islamique ou dar al-islam)-

Territoire actuelNom islamique historiquePériode islamique ou ottomaneActeurs contemporains fréristes impliqués
EspagneAl-Andalus711–1492OCI, IUMS, Al-Qaraḍāwī
PortugalGharb al-Andalus711–1249OCI, IUMS
Sicile et Italie du SudSicile émirale827–1091IUMS, discours d’al-Bannā
GrèceVilayets ottomans1458–1832OCI, Al-Azhar
Bosnie-HerzégovineBosna vilâyet 1463–1878 (formellement jusqu’en 1908)IUMS, UOIF, diaspora frériste
AlbaniePaşalik ottoman1478–1912OCI, Tabligh
SerbieSanjak de Niş, Sandjak de Novi Pazar1459–1804 / 1878OCI, daʿwa frériste régionale
MonténégroEmpire ottoman (intermittent)1496–1878Islamistes bosniaques
Macédoine du NordRumelia ottomane1392–1912Panislamistes balkaniques
BulgarieRumelia ottomane1396–1878OCI
ChypreVilayet ottoman1571–1878Conseil européen de la fatwa
Liban/Palestine SDN mandataire
/Israël
Wilayat de Jérusalem / Waqf d’al-Quds
Sandjak Acre, Naflouse,Beyrouth
638–1917 (Ottoman : 1517–1917)Frères musulmans, Hamas, UOIE
TurquieSiège du califat ottoman1517–1924 (abolition)Référent central de mémoire islamique

Déclarations fréristes et connexes par territoire

TerritoireCitation ou déclaration frériste / panislamisteSource principale
Espagne"L’Andalousie nous a été arrachée, mais nous y reviendrons par la prédication."Yūsuf al-Qaraḍāwī, 1991 (MEMRI Report #478)
Sicile/Italie"Nous irons à Rome comme nous sommes allés à Constantinople."Hassan al-Bannā, Majmūʿat Rasāʾil
Grèce/Balkans"Le califat a perdu les Balkans, il faut en restaurer l'islamisation."Yusuf al-Qaradawi, IUMS documents
Palestine mandataire SDN 1922/Israël"Terre waqfée, aucune concession n’est religieusement possible."Hamas Charter 1988, art. 11 - OLP Alger 1988
Bosnie"La Bosnie est un bastion de l’islam européen."Conférences OCI sur les minorités musulmanes, 1994
Chypre"Chypre musulmane est indivisible."Diyanet turc, discours 2005–2020

Un certain nombre de populations se prétendant autochtone ou ancestrale dans des territoires anciennement colonisés par l'islam - Musulmans des Balkans, en particulier, ainsi que la région palestinienne et toutes colonies musulmanes turques.

1. Bosniaques musulmans (Bosnie-Herzégovine)

  • Origine revendiquée : Ancrage territorial pré-ottoman réinterprété à travers l’islamisation

  • Référence juridique : Volonté récurrente de conserver ou rétablir certains éléments de droit coutumier islamique dans la sphère privée (statut personnel, mariages, héritages)

  • Conflit avec le droit positif : Tensions autour de la laïcité, du pluralisme juridique, ou de la législation sur la liberté d’expression vis-à-vis du blasphème ou de l’islamophobie

  • Appui mémoriel : L’histoire ottomane est souvent mobilisée pour justifier leur enracinement, avec une rhétorique victimaire liée à l’effondrement du califat (1924) et à la guerre de Bosnie (1992–1995)

2. Musulmans du Sandjak -entre Serbie et Monténégro-

  • Position : Revendiquent un territoire historiquement musulman sous souveraineté ottomane

  • Opposent leur statut de minorité musulmane non reconnue à des États laïques ou orthodoxes ; s’identifient comme colonisés post-ottomans

  • Juridiquement : Certaines factions (notamment associées à Muamer Zukorlić) ont demandé la reconnaissance d’un droit coutumier islamique dans la gestion locale

3. Turcs de Thrace occidentale (Grèce, Bulgarie)

  • Origine : Restes de la population musulmane ottomane après les traités de Lausanne (1923)

  • Statut : Minorité protégée, mais tensions récurrentes avec l’État grec  et l'UE sur les droits religieux et éducatifs

  • Exigence : Maintien de la charia dans le droit familial, ce qui a mené à des condamnations par la CEDH (notamment Molla Sali c. Grèce, 2018 : CEDH - arrêt Molla Sali)

  • Pomaks (Bulgarie, Grèce, Macédoine du Nord) :

    • Situation : Populations slaves islamisées sous domination ottomane, souvent perçues comme turcophones par assimilation religieuse et politique, parmi elles des Tziganes

    • Revendiquer le droit à : Maintien de pratiques traditionnelles fondées sur la charia, notamment en matière de statut personnel, de héritage, et de mariage précoce ou arrangé (niqah dès 13 ou 14 ans dans certains cas)

    • Conflit juridique : Tensions entre la Constitution bulgare et les engagements européens (CEDH) vs. application de la charia revendiquée par certaines familles ou autorités religieuses locales.

    • Jurisprudence clé :

      • CEDH, Molla Sali c. Grèce, 2018 : La Cour a condamné la Grèce pour avoir imposé la charia à une veuve musulmane, au lieu du droit civil grec, affaire d’héritage à Komotiní (Thrace occidentale)

4. Rohingyas musulmans (Birmanie/Myanmar)

  • Position : Se présentent comme autochtones de l’Arakan, mais leur islamisation est le fruit d’une pénétration progressive via les sultanats indo-musulmans puis la colonisation britannique.

  • Référentiel : Territoire vu comme dar al-islam perdu, confronté à un État bouddhiste nationaliste.

  • Juridiquement : Revendiquent des droits territoriaux fondés sur une présence historique et sur le refus du droit positif birman de 1982 qui les rend apatrides.

5. Les Ouïghours musulmans (Xinjiang, Chine)

  • Position : Opposés au droit chinois positiviste communiste, perçu comme colonisateur

  • Certains groupes islamistes extrémistes ou nationalistes présentent la région comme un Turkestan oriental historiquement musulman et califal

  • Revendication territoriale : Une souveraineté religieuse ou à tout le moins une autonomie islamique, parfois fondée sur la mémoire de la présence ottomane ou de l’influence panislamiste

Récapitulons

Ces groupes partagent plusieurs caractéristiques :

  • Narration anticoloniale inversée : Se disent "décolonisés" à tort ou à raison, alors qu’ils sont souvent issus de colons musulmans ottomans (ex. Bosniaques, Turcs de Thrace)

  • Revendiquer un statut d’autochtone basé non sur l’origine ethnolinguistique mais sur l’héritage religieux et le droit islamique

  • Conflit avec le droit positif moderne, en particulier en matière de droits de l’homme, de statut personnel, et de liberté religieuse ou laïque

  • Références au droit islamique classique (fiqh), parfois réactivé politiquement comme contre-modèle au droit moderne occidental ou post-impérial

Sources

- La charia en Grèce : le cas de la Thrace occidentale – CEDH, affaire Molla Sali c. Grèce : https://hudoc.echr.coe.int/fre?i=001-187266
- Xavier Bougarel, Islam et politique en Bosnie-Herzégovine, Paris, Maisonneuve & Larose, 1999.
- Alexandre Popovic, L'islam balkanique, Maisonneuve & Larose, 1986.
- CEDH – Guide sur l’article 9 (liberté de religion) : https://www.echr.coe.int/Documents/Guide_Art_9_FRA.pdf
- Thomas Michel, The Role of Islam in the Bosnian Conflict, Islamochristiana 22 (1996)
- Dorian Bell, The Rohingya: An Ethno-Religious Muslim Minority in Myanmar, Oxford Islamic Studies

Origine doctrinale de la stratégie :

Explicitement élaborée par les Frères musulmans (al-Ikhwān al-Muslimūn), à partir des années 1950–1970 et renforcée dans les années 1980–2000 via :

  1. Projet civilisationnel (al-mashrūʿ al-ḥaḍārī) de Hassan al-Banna (fondateur, 1928 -grand-père de Tariq Ramadan et Hani Ramadan- et allié GM al Husseini), poursuivi par Sayyid Qutb et  successeurs du courant frériste (Hamas)

  2. Ecrits d’al-Qaradâwî (1926–2022), théoricien de la "reconquête douce" par la daʿwa (prédication), l’installation démographique ("grand remplacement"), puis le réinvestissement des lieux dits "islamisés"

  3. Documents internes tels que le "Projet de l’Ikhwan en Occident", saisi par le FBI en 2004 (Explanatory Memorandum on the General Strategic Goal for the Group in North America, par Mohamed Akram)

    • Ce texte fixe comme but : "une civilisation islamique mondiale" établie notamment en Europe par tous moyens juridiques, politiques, associatifs

Cadres juridiques et argumentaires utilisés :

  1. Inversion du droit positif occidental par un recours aux notions de droit sacré :

    • Dar al-Islam : territoires ayant été sous domination musulmane doivent rester ou redevenir musulmans (ex : al-Andalus, Balkans ottomans).

    • Waqf (bien religieux inaliénable) : notion invoquée pour justifier l’impossibilité d’abandon de territoires comme Jérusalem ou même Cordoue ou Sarajevo

    • Permanence du droit divin musulman, supérieur au droit positif national ou international

  2. Appels au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes mais régis par le contenu sacré islamique 

    • Sans peur de la contradiction, inversion de l’esprit laïque des Droits de l’homme, en affirmant que les peuples doivent 'retrouver leur essence islamique perdue sous la colonisation chrétienne "

Territoires explicitement visés par cette stratégie frériste :

  • Espagne (al-Andalus)

  • Sicile (émirat de Palerme)

  • Balkans (Bosnie, Kosovo, Albanie, Bulgarie)

  • Chypre (surtout la partie nord)

  • Palestine mandataire SDN/Israël via Grand Mufti, OLP, ou Hamas, branche officielle des Frères musulmans & al.

  • Grèce (Thrace occidentale : minorité turco-musulmane)

  • France -textes du CCIF ou de l’UOIF jusqu’à leur dissolution – thèmes du  "racisme d’État" et du "territoire musulman laïcisé de force"

  • Des manuels édités par l’IIIT (International Institute of Islamic Thought, branche idéologique des Frères aux USA) enseignent que l’Espagne, la Sicile, les Balkans et la Palestine sont des territoires musulmans temporai­rement sous souveraineté étrangère

Sources

- Explanatory Memorandum – Mohamed Akram, 1991 (FBI translation and analysis)
- Gilles Kepel, Le Prophète et le Pharaon, 1984) et Sortir du Chaos, 2018 -Analyse du développement idéologique et territorial du projet frériste-
- Lorenzo Vidino, The New Muslim Brotherhood in the West, Columbia Univ. Press, 2010 -Étude détaillée des ambitions territoriales et discursives en Europe-
- Caroline Fourest, Frère Tariq, 2004 -Sur le double discours de la stratégie frériste en France et en Suisse-
- Mathieu Guidère, Atlas du fondamentalisme islamiste, Autrement, 2012 -Cartes des zones visées par le discours islamiste global-

CIBLE MAJEURE du TERRITORIALISME (RELIGIEUX) - ISRAEL de DROIT POSITIF 

En annexe II et III, voir l'orchestration de la plus grande offensive du droit métaphysique, le palestinisime, étant menée par des fondamentalistes islamiques, tant chiites que sunnites, celle-ci s'est particulièrement concentrée sur l'Etat des Juifs -Le Coran et les hadiths conservant des sourates explicites contre les tribus juives, aucun autre peuple n'est ainsi cerné-

I. L’édifice juridique fondant Israël selon le droit positif international

1. Engagements alliés antérieurs à Balfour (1917)

a. Lettre Jules Cambon (France), 4 juin 1917

  • Adressée par le secrétaire général du Quai d’Orsay au Dr Nahum Sokolow 

  • Déclare que le gouvernement français est disposé à soutenir la revendication sioniste pour la reconnaissance d’une nation juive en Palestine. [Archives diplomatiques françaises]

Simon Schama, Two Rothschilds and the Land of Israel, 1978, p. 251

b. Lettre Paul Cambon à Sykes, 9 février 1917

  • Confirme que la France ne s’opposera pas à une revendication sioniste en Palestine, tant qu’un accord franco-britannique existe.
    Voir : Isaiah Friedman, The Question of Palestine: British-Jewish-Arab Relations, 1914–1918, Transaction, 1992

c. Lettre Sidney Sonnino (Italie), janvier 1918

  • Le ministre italien des Affaires étrangères soutient la déclaration Balfour et la cause sioniste.
    Reproduite dans : Documents on British Foreign Policy, 1919–1939, First Series, Vol. IV

2. Ladite Déclaration Balfour (2 novembre 1917)

  • Lettre du ministre des Affaires étrangères britannique Arthur James Balfour à Lord Rothschild

  • Promet l’établissement d’un « foyer national juif en Palestine », sous réserve de la protection des droits civils et religieux des populations non juives

3. Conférence de San Remo (19–26 avril 1920)

  • Les puissances alliées (Royaume-Uni, France, Italie, Japon) attribuent officiellement le mandat de la Palestine au Royaume-Uni, avec la mission d’y établir un foyer national juif, conformément aux lettres des alliés dont déclaration Balfour

  • Texte intégré au droit international positif par décision du Conseil suprême allié - Résolution San Remo (texte original) 

 4. Mandat pour la Palestine (24 juillet 1922)

  • Approuvé par la Société des Nations (SDN).

  • Intègre la Lettre de Balfour dans son préambule

  • Oblige le mandataire (Royaume-Uni) à 

    • Faciliter l’immigration juive

    • Encourager l'installation de colon juif des terres

    • Protéger les droits civils et religieux de tous

Texte intégral : Mandate for Palestine – Avalon Project (Yale)

5. Article 25 du Mandat (ajouté en 1922)

  • Permet au Royaume-Uni de suspendre l’application des dispositions favorables au foyer juif à l’est du Jourdain

  • Fondation de l’Émirat de Transjordanie, confié au prince hachémite Abdallah, sous mandat britannique mais exclu du foyer national juif

Voir 

- Martin Gilbert, Israel: A History, Doubleday, 1998, chap. 3
- Howard Grief, The Legal Foundation and Borders of Israel under International Law, Mazo, 2008

Conclusion

Israël, dépositaire du Foyer national juif ou Etat des Juifs (Herzl), de droit positif -sur les colonies turques-, reste le seul à pouvoir attribuer du territoire du mandat non passé en accord de tutelle selon la Charte de l'ONU accotée au principe de Uti possidetis juris. Cette dernière ne peut non plus aller contre soi-même, au risque de parfaire sa destruction.

Cet état ne parait pas avoir le loisir de se tirer une balle dans le pied en attribuant un second état musulman, ou plutôt troisième, répondant à la revendication de territorialisme religieux qui écraserait sa constitution, et faciliterait son passage en "état métaphysique" rejoignant le principe fondamentaliste.

Voir

-Howard Grief, Article 80 et la reconnaissance par l'ONU d'un "État palestinien", 22 septembre 2011  http://www.algemeiner.com/2011/09/22/article-80-and-the-un-recognition-of-a-%E2%80%9Cpalestinian-state%E2%80%9D/ 

II. Contraste avec la Déclaration d’Alger (1988)

La souveraineté sur cette région n'est pas établie concernant la population hétéroclite, sauf en antisionisme, s'en réclamant pour arabisation et islamisation, en tout cas selon le droit positif mais uniquement sur la revendication religieuse de cette région, au motif qu'elle aurait été sous souveraineté islamique, soit son inverse.

En prétendant créer, un nouvel oxymore juridique, du type du Pakistan (selon Salman Rushdie), compte tenu de la carte créée en archipels terrestres et enclaves inventées par UK et US et du fait que l'Autorité palestinienne, ou autres, n'ont et ne peuvent avoir ainsi moyen d'indépendance en termes d'économie, ces états qui reconnaissent depuis 1988 sa souveraineté le condamne au conflit et paraissent les fossoyeurs des droits subjectifs des Palestiniens. La Bande Gaza, issue de l'occupation égyptienne et des reculs israéliens, a démontré depuis 2005 que, même non enclavée, la mécanique ne prend pas des droits positifs pour ses habitants, tant originaux, immigrés que réfugiés unwra.

La Déclaration d’Alger du 15 novembre 1988, adoptée par le Conseil national palestinien, rejette l’ensemble de cette architecture juridique :

  • Elle ne reconnaît ni la victoire des alliés contre les Turcs, pourtant anciens ennemis,

  • Ni le mandat légal de la SDN

  • Ni la conférence de San Remo, et le traité signé par Mostepha Kemal

  • Ni les lettres de la Triple entente, dont Balfour

  • Ni l’État d’Israël né d’un droit positif international codifié

Elle repose au contraire sur :

  • Une revendication de type historique et religieuse islamique (« terre sainte », « waqf »),

  • Une négation de la légalité du Foyer National Juif, perçu comme illégitime sur un territoire supposément appartenant au dar al-islam

Conclusion

La Déclaration d'Alger s’oppose donc frontalement au droit positif issu des décisions internationales de 1917–192 

Elle constitue un rejet explicite du mandat de la SDN 1920 et 1922, des lettres des alliés dont celle de Balfour de soutien au projet sioniste 

Elle repose, en creux, sur

    • la remise en cause de fait et l'annihilation de la victoire européenne 14/18 sur le califat ottoman 

    • une revendication territoriale islamique supra-étatique, à caractère divin et post-califal, analogue à celle de populations post-ottomanes dans d’autres régions, soit l'impérialisme religieux 

Elle légitime non seulement la cause palestinienne sur la cosmogonie sacrée mais la toilette pour y faire croire à l'autodétermination des peuples, pourtant en tout cas soumis.

L'année 1988 parait donc décisive car l'ONU glisse à embrasser sans réserve le palestinisme. Voir ANNEXE IV, ci-bas

Les mêmes rédacteurs et leaders prétendent en même temps reconnaître Israël, illégitime selon leurs normes sacrées islamiques, cela permettant de faire progresser profondément et internationalement le cheval de Troie de la solution à deux états (en fait à trois états sur le mandat palestinien initialement de droit positif) contre la solution à un état. 

L'Etat moderne Israël, où la liberté de conscience règne, ne peut s'accommoder démographiquement, de cette dernière. Par contre, aucune pression n'est économisée pour l'acculer à l'autre puisqu'il n'y a aux termes des la Charte ONU que seul celui-ci peut en droit positif disposer du territoire.

Cependant, la reconnaissance par des pays de droit positif d'une revendication de droit territorial divin avance à l'ONU, qui se départit ensemble du principe de droit positif de la Société des Nations. Voir Annexe Etats des lieux de reconnaissance droit territorial divin

  • CONCLUSION GENERALE

Afin de ménager l'installation de l'Emirat hedjazi hachémite sur la partie orientale du mandat palestinien, le Royaume-Uni anglican avait une premier fois suspendu le droit positif du mandat de 1920 de la Société des Nations (par l'influence directe de Winston Churchill).

Depuis lors, la reconnaissance du territoire sacré de la Palestine antisioniste par une centaine de pays siégeant à l'ONU relève d'une avancée notable du droit territorial divin, typique de la négation ethnique, de l'inégalité, de l'opposition aux Droits universels de l'homme, contre le droit positif de l'instauration souveraine des états-nations, .

Cette bascule onusienne entraînant une bascule diplomatique générale semble avoir sauté le pas en 1988. Désormais, les contradictions majeures du discours palestiniste paraissent donc présenter un danger de fond pour le droit positif combattu par des courants divers des mouvances fondamentalistes de l'islam. 

Cependant et en dépit des troubles et attentats terroristes islamistes, l'Union Européenne ne semble pas encore réaliser la portée de ses choix palestinistes, alors qu'il ne se trouve donc pas infondé de se demander qui sera la prochaine cible européenne, lle de Chypre, Espagne, Portugal, Rumelia macédonienne et bulgare, Montenegro, Albanie, Bosnie, Sicile... ?

La Péninsule arabique très nettement oscille entre les deux et devra choisir à l'avenir pour un futur développé, qui ne peut passer par la soumission métaphysique à voir la stagnation des pays islamisé qui font part belle aux premières règles.

Christine Gamita
Fiche revue et précisée via IA chatgpt 2025

  • Illustration

Rudolph Ackermann, Londres, 1825 - Triomphe de l'indépendance américaine
Décryptage de la lithographie (iconographie baroque ou néoclassique)

Trône central couronné 

  • Allégorie féminine souveraine sur un trône entourée de symboles de pouvoir (sceptre, couronne, peut-être globe), interprétée dans l’iconographie classique comme la République, la Justice ou la Souveraineté

  • Entourée de figures ailées (putti ou anges), la scène est située dans un registre moral

Couronne flottante au-dessus de la tête 

  • Symbole de souveraineté et de légitimité du pouvoir. Selon le contexte hispanique, cela peut se référer à la transfert de souveraineté depuis la monarchie vers le peuple ou la nation, en écho aux doctrines républicaines post-impériales

Chevaux et cavaliers 

  • Réminiscence d’éléments chevaleresques ou militaires, peut-être pour évoquer la défense armée de la souveraineté et le combat pour l’indépendance

  • Symbolisme des forces politiques en mouvement (révolutions, mouvements d’indépendance) dans l’Amérique hispanique du XIXe siècle

Anges ou putti autour du trône 

  • Portent les instruments de la sagesse, de la loi et de la connaissance (livres, parchemins, balances)

  • Renvoient à une vision morale de la politique : une république fondée sur la raison, la loi et la vertu (héritage rousseauiste et néoclassique)


  • ANNEXE 1 - Récit des origines et ordre normatif

1. Cosmogonie : origine du monde

Étymologie : du grec kosmos, "ordre, monde" et gonia "naissance, génération"

Définition :

La cosmogonie constitue un récit de la genèse du monde, tel qu’il est conçu par une tradition religieuse, mythologique ou philosophique

Caractéristiques :

  • Rhétorique : sous forme de mythe ou de poème sacré

  • Fondateur : donner du sens à l’univers, à l’ordre du monde, et souvent au statut humain

  • Acteurs surnaturels : dieux, ancêtres, esprits, forces primordiales

  • Exemples 

    • Enuma Elish (Babylone) 

    • La Genèse (Bible hébraïque) 

    • Mythes polynésiens de la séparation du ciel et de la terre 

    • Récits Dogons (Mali) sur la descente de Nommo

2. Cosmologie : structure et organisation du monde

Étymologie : du grec logos "discours, étude"

Définition :

La cosmologie représente une vision structurée de l’univers qui l'organise, de ses lois et des relations entre le ciel, la terre, le monde des morts, le monde des vivants, etc.

Caractéristiques :

  • Systémique : établit une carte ou un ordre du monde connu ou révélé

  • Religieuse, philosophique ou scientifique (ex. cosmologie moderne du Big Bang)

  • Rapports verticaux (cosmos/souffle/ciel) et horizontaux (clans, directions cardinales, cycles temporels)

  • Exemples 

    • Cosmologie hopi avec les kivas, les directions sacrées et les âges du monde

    • Yin-yang et les cinq éléments en Chine ancienne

    • Cosmologie chrétienne médiévale (ciel, enfer, sphères célestes)

Résumé comparatif

ÉlémentCosmogonieCosmologie
Sens étymologiqueNaissance du mondeÉtude / discours sur le monde
NatureRécit, mythe fondateurCarte conceptuelle, système organisé
FonctionExplication de l'origineExplication de la structure et son ordre
TemporalitéFondamentalement passée / fondatriceActuelle temporaire, cyclique ou éternelle
Type de savoirMythique, sacréSacré, philosophique ou scientifique
Exemple typeGenèse biblique, Enuma ElishCosmologie médiévale, cosmologie hopi

Lien 

Une cosmogonie donne fréquemment naissance à sae cosmologie :

  • Le récit de création d'un dieu séparant le ciel de la terre (cosmogonie) fonde une cosmologie tripartite (ciel / terre / monde souterrain) avec ses implications rituelles, politiques ou sociales (rôle de chef, prêtre, chamans, sorciers…)

A l'inverse, la cosmogonie implique nécessairement sa cosmologie (vision structurée de l’univers) ; l’inverse reste irrégulier

1. Raconter l'origine du monde inscrit

  • l'attribution d'un morphologie, d'une forme du monde, ordonné, chaotique, sphérique, étagé… 

  • l'établissement des rapports d’espace et de temps, haut/bas, sacré/profane, visible/invisible

  • la désignation des pouvoirs, puissances organisatrices, forces, esprits, divinités, principes

Même en cas de cosmogonie minimaliste -naissance spontanée du monde par émanation ou chaos primordial- l'on constate la représentation implicite de l’ordre du monde, soit une cosmologie induite

Cas inverse à défaut de cosmogonie

  • Certains systèmes scientifiques modernes -cosmologie du Big Bang sans affirmation métaphysique sur la cause première 

  • Certaines populations ayant perdu ou effacé leur récit cosmogonique continuent cependant à exercer un ordre spatial ou rituel traditionnel - ex. cosmologies toponymiques autochtones où le mythe d’origine s’est effacé mais la structure sacrée du paysage subsiste

PopulationCosmogonie connueCosmologie associéeCas de dissociation ?
Maya classiqueRécit de la création dans le Popol Vuh par les dieux créateursOrdre en 3 mondes & 4 directions cardinalesSans cosmologie -La cosmogonie fonde l’ordre
Dogons (Mali)Mythe du Nommo et de l'œuf primordialOrdre dualiste, verticalité, importance des jumeauxSans cosmologie
Grecs anciensThéogonie d’Hésiode : Chaos → Gaïa, Ouranos, TitansCosmos ordonné par Zeus suite à la guerre des dieuxSans cosmologie
Bouddhisme theravādaPas de cosmogonie unique : cycles infinis sans créateur de départCosmologie détaillée (Lokas, Kâmas, etc.)Cosmologie sans cosmogonie créatrice
Science moderne (physique)Théories sur le Big Bang ou inflation cosmiqueCosmologie mathématique, observationnelle, descriptive, scientifique, positivisteCosmologie sans cosmogonie - sans mythe de type symbolique

Il n’existe pas de cosmogonie authentique sans cosmologie : le récit des origines suppose nécessairement une représentation ordonnée du monde. En revanche, il existe des cosmologies sans cosmogonies, notamment 

  • systèmes bouddhistes ou jaïns, rejet du concept de création 

  • cosmologies scientifiques modernes, descriptives sans mythification

  • ANNEXE II - SUNNISME - SECTE FRERES MUSULMANS ET AUTRES 

Qui des sunnites mit en oeuvre au choc du droit négatif contre le droit positif ?

Le réinvestissement discursif, juridique et symbolique des territoires anciennement musulmans notamment en Europe du Sud-Est, en Espagne, en Sicile, et au Proche Orient, parfois désignés comme "terres de l’islam perdues" (دار الإسلام المفتقدة)

La stratégie discursive visant à justifier juridiquement un tel réinvestissement territorial et identitaire (identity politics, Taylor, Philosophie chrétienne) n’est pas née d’un seul auteur, mais elle a été élaborée, structurée et diffusée principalement par les Frères musulmans (الإخوان المسلمون), notamment à partir des années 1950 et 1960, enrichie par d'autres mouvements salafistes ou panislamistes.

1. Les Frères musulmans comme architectes idéologiques majeurs

Fondements de la stratégie discursive

  • Conception de la territorialité : Pour les Frères musulmans, toute terre islamisée (fut-ce par conquête) devient un "waqf islamique" inaliénable, interdite de restitution à une souveraineté non-islamique - Ce qui explique la revendication pesant sur Israël - Etat des Juifs /FNJ instauré par l'organe moderne du droit positif de la Ligue des Nations

  • Rejet du droit positif occidental : Le droit international moderne (traités, souveraineté, sécularité) est perçu en usurpateur ou colonial, concernant les territoires ex-ottomans ou andalous

  • Dans cet optique, les pays musulmans ont investi l'organe contemporain du droit positif de l'Organisation des Nations unis -Cheval de Troie qui accrédite les informations élaborées par leurs services de propagande -Dans cet effort, la République Islamique d'Iran semble avoir acquis une grande agilité en la matière

  • Objectif : réislamiser l’espace par étapes – d’abord culturellement, puis politiquement, parfois par les armes

Référence majeure

  • Ḥasan al-Bannā -fondateur, 1928- : discours de 1947 sur la nécessité de reconquérir al-Andalus, la Sicile, les Balkans et l’Italie, au nom de l’expansion de l’islam. Texte partiellement repris dans Majmūʿat Rasāʾil al-Imām al-Shahīd Ḥasan al-Bannā, Le Caire, 1965

2. Sayed Qutb et la notion de "territoire de la Jahiliyya"

Sayed Qutb (1906–1966), théoricien majeur des Frères musulmans, élabore une idéologie de confrontation totale entre l’islam et les sociétés sécularisées :

  • Le monde est divisé entre Dar al-Islam et Dar al-Harb.

  • Les lois humaines (ḥukm al-insān) sont un usurpation de la souveraineté divine (ḥākimiyya).

  • Les anciens territoires musulmans tombés dans la jahiliyya doivent être réislamisés, non pas reconquis par la force en premier lieu, mais reconquis idéologiquement.

Source  : Sayed Qutb, Maʿālim fī l-ṭarīq, Signes de piste / Jalons, 1964 :

"La souveraineté ne revient qu’à Dieu. Il n’est pas permis que l’homme légifère dans les affaires de la vie."

3. Institutionnalisation par l’OCI, Al-Azhar, et l’UOIF (devenue Musulmans de France)

Réseaux associés ou proches des Frères musulmans ont développé cette vision dans les instances internationales islamiques :A. Organisation de la coopération islamique (OCI)

  • Dans plusieurs résolutions depuis les années 1980, al-Andalus et les Balkans sont évoqués comme faisant partie de la mémoire islamique inaliénable

  • Exemple : résolution 17/7-C (1995) de la Conférence islamique sur la culture islamique, qui évoque la "mémoire historique de la présence islamique dans la péninsule ibérique".

B. Al-Azhar

  • Des documents diffusés dans les années 2000 présentent la Bosnie, l’Espagne et la Sicile comme des terres spoliées à l'islam

C. Union des organisations islamiques de France (UOIF)

D’inspiration frériste, cette organisation a encouragé une narration victimaire de la perte de l’Andalousie, comme modèle pour revendiquer des droits collectifs (statut personnel, éducation religieuse autonome, etc.)

  • ANNEXE III - CHIISME - REPUBLIQUE ISLAMIQUE d'IRAN
Usage d'oxymoron juridique

Une contradiction conceptuelle majeure : associer la notion occidentale de res publica à un système juridique fondé sur la sharîʿa relève d’une hybridation qui n’a aucun fondement rigoureux, ni historique, ni juridique, ni philosophique

1. Origine de la res publica :

  • Le terme latin res publica désigne littéralement « la chose publique », c’est-à-dire un bien commun géré par les citoyens dans un cadre politique autonome et rationnel

  • Cette notion implique :

    • un droit positif du monde

    • un régime politique fondé sur la citoyenneté 

    • la séparation stricte du religieux et du civil

    • une souveraineté du peuple ou du moins un pouvoir profane (un empereur, n'a pas forcément de pouvoir théocratique

2. Principes de la sharîʿa :

  • La sharîʿa est un système juridique hétéronome : elle prétend tirer son autorité d’une révélation individuelle divine (le Coran et la Sunna) au contraire de la volonté humaine

  • Elle s’applique de manière territoriale, religieuse et communautaire et exclut l’égalité absolue entre croyants et non-croyants

  • Le pouvoir politique (califat, émirat, imamat) de principe subordonné à l’autorité religieuse, ou du moins chargé de garantir le respect de la loi religieuse

Incompatibilités fondamentales :

ÉlémentRes publica (romaine ou républicaine moderne)Sharîʿa - La voie - Kampf
Source du droitHumaine, profane, rationnelleDivine, révélée
LégalitéVariabilité, révision par délibérationIntangible, fixée par Dieu
SouverainetéLe peuple / la nationDieu (ḥākimiyya)
Statut des citoyensÉgaux en droitInégaux fonction de leur croyance, religion, sexe, origine, etc.
Rapport à la religionSéparation (ou au moins distinction)Fusion droit-religion

 Exemples d’oxymores juridiques récents :

  • Des régimes comme l’Iran (République islamique), le Pakistan, ou certains projets du Hamas ou des Frères musulmans parlent de république islamique ou de démocratie islamique

  • De démagogie trompeuse - le peuple n'y ayant pas voix au chapitre sauf à défiler, orchestré en manifestations politiques non libres

  • Ces expressions sont des oxymores juridiques : elles juxtaposent un cadre profane et universel (république, démocratie) à une loi religieuse particulariste et théocratique

  • La doctrine islamique classique ne reconnaît pas la souveraineté populaire, la liberté de conscience, la liberté religieuse universelle, et l’égalité des sexes ou la laïcité


1. Primauté du droit divin sur le droit positif (fiqh contre qānūn)

La Constitution iranienne de 1979 (révisée en 1989) place la sharīʿa au sommet de la hiérarchie normative. Le Guide suprême (walī al-faqīh), qui détient la souveraineté ultime, est un docteur du droit religieux, non un représentant du peuple

2. Exportation de la révolution islamique : doctrine du « devoir d’expansion » (tamyīz)

L’Iran revendique une mission transnationale, visant à "soutenir les opprimés" (mustadhʿafūn) contre les "arrogants" (mustakbirūn), termes codés pour désigner les musulmans chiites minoritaires dans le monde et les États islamiques non chiites.

  • Cette logique dépasse les frontières reconnues par le droit international et entre en conflit avec le principe de non-ingérence

  • Son oppression interne sanglante -ses propres citoyens et ethnies présentes passées par profits et pertes, trahison de sa propre constitution

  • Source : Article 154 de la Constitution iranienne :

    "La République islamique d'Iran [...] entend soutenir la juste lutte des déshérités contre les arrogants dans tout endroit du monde."

3. Soutien militaire et territorial par des proxies chiites

Ingérences directes dans des pays de droit positif principalement - La RII organise un réseau d’acteurs non étatiques à qui elle délègue des fonctions quasi-étatiques sur des territoires :

  • Hezbollah (Liban) : contrôle effectif de régions du Sud-Liban

  • Houthis (Yémen) : administration parallèle à Sanaa

  • Forces de mobilisation populaire (al-Ḥashd al-shaʿbī) en Irak.

  • Milices chiites en Syrie, notamment à Al-Boukamal et Sayyida Zaynab.
    Ces groupes soutiennent une reconfiguration des territoires au nom d’une autorité religieuse supranationale

  • Mondialisation - Réseaux sociaux - Campagnes directes, notamment attisant l'antisémitisme contre la diaspora juive et les Israéliens, et autres immixtions, en élections et notamment à l'ONU

  • Soutien aux divers trafics - notamment de stupéfiants - concourant à une atmosphère de gangs et d'affrontements civils clivant les quartiers et banlieues populaires avec contestation des institutions républicaines de terrain, Police nationale, Sapeurs Pompiers, Secours, etc.

4. Territoires sacrés et extraterritorialité religieuse

Certains lieux sont considérés par Téhéran comme appartenant à l’Umma chiite et non à l’État souverain où ils se trouvent :

  • Nadjaf et Karbala (Irak)

  • Sayyida Zaynab (Syrie)

Cette logique sacralise des espaces en les extrayant symboliquement du droit positif de l’État hôte.

5. Opposition directe au droit international positif

  • Violation du principe de souveraineté des États (article 2 §4 de la Charte des Nations Unies)

  • Violation des frontières étatiques par des interventions religieuses militarisées

  • Refus du droit universel au profit du droit islamique comme droit supérieur

6. Discours des autorités religieuses : al-Quds et la souveraineté eschatologique

  • Le Guide suprême iranien déclare chaque année que Jérusalem est une terre islamique à libérer, non pas par droit des peuples mais par obligation religieuse

  • Cette vision nie le cadre juridique international (résolutions ONU, droit des traités) au nom d’une souveraineté sacrée

7. Appareil idéologique et académique pour justifier ce droit sacré

  • Création d’instituts dédiés à la diffusion du fiqh territorial chiite (ex. : Al-Mustafa International University)

  • Publications juridiques religieuses niant les frontières issues des accords Sykes-Picot - celles-ci n'ont pourtant pas force de droit. Au contraire de la SDN/l'ONU et mandats donnés aux alliés victorieux sur l'Empire turc allié du Reich vaincus ayant déclaré la guerre à la Triple Entente

  • Promotion d’un dar al-islām chiite, en concurrence avec les sunnites, mais avec des frontières floues, non reconnues par le droit positif

Conclusion

La République islamique d’Iran développe un territorialisme religieux théologico-politique, reposant sur la primauté du droit sacré et la négation du droit positif issu de la souveraineté étatique moderne. Ce paradigme est incompatible avec les normes du droit international public et se manifeste par une stratégie transnationale, doctrinale et militarisée, soutenue par des milices, un appareil éducatif religieux, et des fondations (bonyads) extraterritoriales.

  • ANNEXE IV - 

Etat des lieux de reconnaissance du territoire palestinien de droit divin - issu de la fiche wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_reconnaissant_l%27%C3%89tat_de_Palestine

État

Date

Drapeau de l'Algérie Algérie ; Drapeau de Bahreïn Bahreïn ; Drapeau de l'Indonésie Indonésie ; Drapeau de l'Irak Irak ; Drapeau du Koweït Koweït ; Drapeau de la Libye Libye ; Drapeau de la Malaisie Malaisie ;
Drapeau du Maroc Maroc ; Drapeau de la Mauritanie Mauritanie ; Drapeau du Sahara occidental RASD ; Drapeau de la Somalie Somalie ; Drapeau de la Tunisie Tunisie ; Drapeau de la Turquie Turquie ; Drapeau du Yémen Yémen
[28],[29]
Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan ; Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite ; Drapeau du Bangladesh Bangladesh ; Drapeau de Cuba Cuba ; Drapeau de la Jordanie Jordanie ;
Drapeau de Madagascar Madagascar ; Drapeau de Malte Malte ; Drapeau du Nicaragua Nicaragua ; Drapeau du Pakistan Pakistan ; Drapeau du Qatar Qatar ;
Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis ; Drapeau de la République fédérative socialiste de Yougoslavie Yougoslavie (puis Drapeau de la Serbie Serbie) ; Drapeau de la Zambie Zambie
[30],[29]
Drapeau de l'Albanie Albanie ; Drapeau du Brunei Brunei ; Drapeau de Djibouti Djibouti ; Drapeau de Maurice Maurice ; Drapeau du Soudan Soudan[29]
Drapeau de Chypre Chypre ; Drapeau de l'Égypte Égypte ; Drapeau de la Gambie Gambie ; Drapeau de l'Inde Inde ; Drapeau du Nigeria Nigeria ; Drapeau de l'Allemagne de l'Est Allemagne de l'Est ;
Drapeau des Seychelles Seychelles ; Drapeau du Sri Lanka Sri Lanka ; Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie : aujourd'hui Drapeau de la Tchéquie Tchéquie & Drapeau de la Slovaquie Slovaquie
[30],[29]
Drapeau de la Namibie Namibie ; Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Vietnam ;
Drapeau de l'URSS Union soviétique (puis Drapeau de la Biélorussie BiélorussieDrapeau de la Russie RussieDrapeau de l'Ukraine Ukraine)
[29]
Drapeau de la République populaire de Chine Chine[31],[29]
Drapeau du Burkina Faso Burkina Faso ; Drapeau du Cambodge Cambodge ; Drapeau des Comores Comores ; Drapeau de la Guinée Guinée ; Drapeau de la Guinée-Bissau Guinée-Bissau ; Drapeau du Mali Mali[29]
Drapeau de la Mongolie Mongolie ; Drapeau du Sénégal Sénégal[29]
Drapeau de la Hongrie Hongrie[30],[29]
Drapeau du Cap-Vert Cap-Vert ; Drapeau de la Corée du Nord Corée du Nord ; Drapeau du Niger Niger ; Drapeau de la Roumanie Roumanie ; Drapeau de la Tanzanie Tanzanie[30],[29]
Drapeau de la Bulgarie Bulgarie[30],[29]
Drapeau des Maldives Maldives[29]
Drapeau du Ghana Ghana ; Drapeau du Togo Togo ; Drapeau du Zimbabwe Zimbabwe[29]
Drapeau du Tchad Tchad[29]
Drapeau du Laos Laos[29]
Drapeau de l'Ouganda Ouganda ; Drapeau de Sierra Leone Sierra Leone[29]
Drapeau de la république du Congo République du Congo[29]
Drapeau de l'Angola Angola[29]
Drapeau du Mozambique Mozambique[29]
Drapeau de Sao Tomé-et-Principe Sao Tomé-et-Principe[29]
Drapeau du Gabon Gabon[29]
Drapeau d'Oman Oman[29]
Drapeau de la Pologne Pologne[30],[29]
Drapeau de la république démocratique du Congo République démocratique du Congo[29]
Drapeau du Botswana Botswana ; Drapeau du Népal Népal[29]
Drapeau du Burundi Burundi[29]
Drapeau de la République centrafricaine République centrafricaine[29]
Drapeau du Bhoutan Bhoutan[29]
Drapeau du Rwanda Rwanda[29]
Drapeau de l'Éthiopie Éthiopie ; Drapeau de l'Iran Iran[29]
Drapeau de la Guinée équatoriale Guinée équatoriale[29]
Drapeau du Bénin Bénin ; Drapeau du Kenya Kenya[29]
Drapeau du Vanuatu Vanuatu[29]
Drapeau des Philippines Philippines[29]
Drapeau du Swaziland Swaziland (aujourd'hui Drapeau de l'Eswatini Eswatini)[29]
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan[29]
Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan[29]
Drapeau du Turkménistan Turkménistan[29]
Drapeau de la Géorgie Géorgie[29]
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine[29]
Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan[29]
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan[29]
Drapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée Papouasie-Nouvelle-Guinée[29]
Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud[29]
Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan[29]
Drapeau du Malawi Malawi[29]
Drapeau du Timor oriental Timor oriental[29]
Drapeau du Monténégro Monténégro[29]
Drapeau du Costa Rica Costa Rica[29]
Drapeau du Liban Liban[29]
Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire[29]
Drapeau du Venezuela Venezuela[29]
Drapeau de la République dominicaine République dominicaine[29]
Drapeau de l'Argentine Argentine[29]
Drapeau de la Bolivie Bolivie[29]
Drapeau de l'Équateur Équateur[29]
Drapeau du Chili Chili[29]
Drapeau du Guyana Guyana[29]
Drapeau du Pérou Pérou[29]
Drapeau du Suriname Suriname[29]
Drapeau du Paraguay Paraguay[29]
Drapeau de l'Uruguay Uruguay[29]
Drapeau du Lesotho Lesotho[29]
Drapeau de la Syrie Syrie18 juillet 2011[29]
Drapeau du Soudan du Sud Soudan du Sud[29]
Drapeau du Libéria Liberia[29]
Drapeau du Salvador Salvador[29]
Drapeau du Honduras Honduras[29]
Drapeau de Saint-Vincent-et-les-Grenadines Saint-Vincent-et-les-Grenadines[29]
Drapeau du Belize Belize[29]
Drapeau de la Dominique Dominique[29]
Drapeau d'Antigua-et-Barbuda Antigua-et-Barbuda[29]
Drapeau de Grenade Grenade[29]
Drapeau du Brésil Brésil[29]
Drapeau de l'Islande Islande[29]
Drapeau de la Thaïlande Thaïlande[29]
Drapeau du Guatemala Guatemala[29]
Drapeau d'Haïti Haïti[29]
Drapeau de la Suède Suède[30],[32],[29]
Drapeau du Vatican Vatican
Drapeau de Sainte-Lucie Sainte-Lucie[29]
Drapeau de la Colombie Colombie[29]
Drapeau de Saint-Christophe-et-Niévès Saint-Christophe-et-Niévès[29

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